____

Je n'avais pas vu le bâtiment du lycée de Saint-Sernin durant deux semaines et pour tout dire, rien ne m'avait manqué que ce soit les personnes le fréquentant ou cet immense hall, je n'avais d'ailleurs aucune envie d'y retourner mais je n'ai pas vraiment le choix étant donné que le BAC est dans moins de deux semaines maintenant.

Je quitte la voiture de ma mère en déplissant ma robe courte avant de partir vers l'intérieur du lycée en faisant claquer mes talons sur le bitume. Je ne fais pas de détour par les toilettes comme j'avais l'habitude de la faire il y a deux semaines. Ça ne sert plus à rien, je dois m'habituer aux vêtements que ma mère m'impose de porter maintenant que je vais devenir cheffe d'entreprise de la « Travis Company » de Los Angeles.

Je marche en direction de mon casier pour l'ouvrir et déposer mes affaires scolaires de l'après-midi que je viendrai chercher après manger. Je regarde avec une certaine haine les photos se trouvant au fond de mon casier affichant les visages de Florian, Olivio, Benjamin, Yanis, Léo, Antoine, Wahlid, Denshu, Jeremy et Maddi.

Je roule des yeux en soupirant avant de refermer la porte de mon casier en prenant soin de la verrouiller puis je me dirige à l'étage pour gagner la salle dans laquelle va se dérouler mon cours d'anglais, comme si j'en avais besoin.

J'entre dans la salle de classe et je suis surprise de trouver tous mes camarades à l'intérieur, je n'ai sûrement pas dû entendre la sonnerie ou alors, elle a sûrement sonné avant que je n'arrive dans l'enceinte du lycée. Il est vrai que je suis parti encore plus en retard que d'habitude de chez moi car je suis rentré ce matin à 6 heures de Los Angeles à la place de 8 heures hier matin pour la seule et unique raison que le pilote de notre jet privé était tombé malade à cause d'une intoxication alimentaire. Ma mère et moi sommes donc allés dormir dès que nous sommes rentrés expliquant donc mon retard ainsi que mes immenses cernes très voyants malgré la tonne d'artifices que j'ai mis sur mon visage.

- Quel honneur de vous avoir parmi nous Mademoiselle Travis. Je vous en prie, asseyez-vous.

Je sens clairement le foutage de gueule dans la voix de mon professeur d'anglais, mais je ne réplique pas, je me contente de m'asseoir au premier rang à côté du petit boutonneux de service Benoît.

C'est lorsque je me retourne pour poser ma veste sur le dossier de ma chaise que je vois l'expression d'incompréhension sur le visage de Jeremy, Olivio et Maddi. Je soupire avant de me retourner face au tableau pour écouter le cours.

Je pense que cette incompréhension ne correspond pas au fait que je ne m'assois pas à côté d'eux, ils ne sont pas totalement débiles, ils savent que c'est à cause de cette histoire de téléphone. Je pense donc que leur incompréhension vient du fait que je viens de réapparaitre comme une fleur après deux semaines d'absence totale de la surface du globe. Ils ont d'ailleurs tous essayé de me contacter, mais j'avais laissé mon téléphone chez moi car je n'arrivai plus à le regarder sans penser à Florian et aux gars.

Je passe une main dans mes cheveux en fermant un instant les yeux comme pour chasser toutes ces pensées de mon esprit, puis je sors mon bloc-notes afin de prendre le cours à l'écrit.

[...]

Je prends mon plateau en main avant de marcher vers une table dans le fond de la cafeteria, loin de celle des gars ainsi que de celle de Joshua et des trois autres cons.

Je m'installe en prenant une grande inspiration. C'est la première fois depuis le début de ma scolarité que je me retrouve seule, vraiment seule. J'essaye de ne pas m'attarder sur les nombreux regards posés sur moi, je sais que les gens me jugent et il y a de quoi. La « reine du lycée » qui tombe tellement bas qu'elle est obligé de manger seule parce que les mecs des minimes ont joués avec elle. Il y a de quoi critiquer et juger.

Je débute mon repas avant de sursauter lorsque je vois un plateau se poser en face de moi. Je lève la tête pour découvrir Luc, un sourire compatissant sur le visage.

- On peut ?

- « On » ?

- Ouais. Moi, Alec, Inès, Lyla et Nathan.

Je tourne la tête vers le petit groupe qui se trouve à côté de lui pour identifier directement les gens qui font partis du groupe de musique du lycée.

Je hoche la tête pour leur donner le feu vert, Luc s'installe en face alors que Lyla prend place à côté de moi. Je ne parle pas durant la moitié du repas simplement parce que je ne peux pas apporter d'avis personnel sur les quelques musiques qu'ils ont prévus de jouer lors du bal du lycée. Alec finit tout de même par avoir le dernier mot au grand regret des quatre autres qui n'étaient pas vraiment pour que la batterie soit placée à cet endroit dans le morceau. Néanmoins, ses arguments étaient vraiment trop convainquant pour refuser de bouger son solo.

- Sinon, Luc commence alors que nous entamons le dessert, pourquoi est-ce que tu as disparu pendant deux semaines ?

Je pince ma lèvre inférieure, je ne peux clairement pas lui dire la vérité car elle ne le regarde pas. Je me contente alors de rester vaste.

- J'étais partie à Los Angeles pour la construction d'une seconde entreprise « Travis Company ».

- Tu es allé à Los Angeles ? Demande subitement Inès. C'est mon rêve d'y aller, genre « Hollywood Boulevard », « Hollywood Sign », « Santa Monica » et tout !

- J'ai vu tout ça et je peux franchement te dire que c'est aussi beau que sur les photos, même encore plus.

- T'as tellement de chance.

Je lui souris. Nous continuons à parler de Los Angeles pendant le reste du repas avant que nous ne quittions la cafeteria une fois le dessert de tout le monde terminé. Je dois dire que ça me fait vraiment du bien de voir Luc comme ça, c'est un mec cool et qui ne se prend pas la tête, un peu comme les gars.

- Je vous laisse, il faut que j'aille fumer.

- Ca marche. Si tu nous cherche on sera sûrement en train de répéter, tu n'auras cas venir nous rejoindre dans la salle de musique.

Je hoche la tête avant de les saluer de la main. Je me dirige en direction de l'extérieur de l'établissement pour m'asseoir sur mon bac habituel, je sors mon paquet et glisse une clope entre mes lèvres avant de commencer à tâter la poche de ma veste dans l'optique de trouver mon briquet.

Je réalise soudainement que je suis en train de porter ma veste de chez Chanel alors que mon briquet se trouve dans Gucci. Je soupire avant de ranger ma clope dans mon paquet.

- C'est de ça qu'tu as besoin ?

Je tourne la tête pour voir Benjamin, debout à côté du banc, mon briquet aux couleurs du Stade Toulousain dans sa main.

Voyant que je ne réponds pas mais que je ne m'enfuis pas non plus, il prend l'initiative de s'asseoir à côté de moi en posant le briquet entre nous. Je le regarde un instant avant de récupérer ma cigarette dans mon paquet, de la glisser entre mes lèvres et de l'allumer avec le briquet. Je repose ce dernier entre nous deux et Benjamin imite mes mouvements pour également allumer sa clope.

- Il s'est passé quoi ?

Je tourne la tête vers lui en arquant un sourcil.

- Tu parles de quoi ?

Il semble assez choqué que je lui réponde, je pense qu'il s'était préparé à faire la conversation à un mur.

- J'te retrouve en train de fumer des spliffs avec un mec qui a failli te violer puis tu disparais comme a-s pendant deux semaines sans rien dire. Même pas à Maddi.

Je fronce les sourcils.

- Tu parles de quoi là ?

- T'es pas sérieuse ?

- Je ne pense pas que nous soyons en assez bon terme pour que je déconne avec toi.

Il soupire. Je sais que c'était une remarque assez méchante et peut être même vexante, mais il faut qu'il comprenne bien que je leur en veux toujours à lui et aux gars de m'avoir mentis.

- Dimanche soir, après que tu es découvert « tu sais quoi », Maddi a débarqué chez les Ordonez en disant que tu n'étais pas chez toi et qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où tu pouvais bien te trouver. Denshu, Yanis, Antoine et moi sommes donc partis à ta recherche dans tout Toulouse avant qu'avec Yanis, nous ne te retrouvions avec le mec à la casquette rouge, totalement défoncée et bourrée. Antoine t'a ramené chez toi et depuis, plus de nouvelle. Flo et moi sommes même aller alors voir ton père pour savoir ce qu'il se passait, mais il n'a même pas voulu nous répondre. Donc, il s'est passé quoi Liah ?

Je soupire. Je ne me souvenais que très vaguement des événements de cette fameuse nuit, mais maintenant que Benjamin m'en parle, tout me revient en tête.

- Pourquoi est-ce que je te le dirais ?

- Parce que nous sommes potes ?

Je lâche un rire.

- Non, nous ne sommes pas potes. Les potes se racontent tout et ne se mentent pas.

- Arrête de ressasser tout ça Liah. Je n'y suis pour rien, ok ? Nous avions dit à Flo de venir te parler mais il n'a jamais osé, il a donc pensé que voler ton téléphone serait la meilleure chose à faire. Il a fait une erreur mais c'est à lui seul que tu dois en vouloir et non à nous.

- Si, je vous en veux parce que vous ne m'avez rien dit !

- Mais nous avions promis de ne rien dire ! Et tu sais comment ça marche les promesses dans notre groupe ?

Je hoche la tête.

- Elles ne doivent jamais être brisées.

- Tout à fait ! Nous avions fait promesse de ne rien dire avant de te parler pour de vrai, on ne pouvait pas briser cette promesse même si nous avions promis de toujours être sincères envers Maddi et toi.

- Vous avez brisés la promesse de la sincérité.

- Non ! Nous avons toujours été sincères avec vous Liah, nous n'avons simplement jamais parlé de cette histoire ensemble.

Je souffle la fumée de ma cigarette en dehors de ma bouche avant d'écraser cette dernière sur le sol bétonné puis je me lève.

- Je ne peux pas encore te dire ce qu'il se passe, pas après tout ça.

Il soupire d'agacement avant de me voir partir, les larmes aux yeux.

___
🥶🍁