39
_____
J'applique une dernière couche de rouge à lèvres, puis je me regarde dans le miroir tout en soupirant. Il y a beaucoup trop d'artifice sur mon visage, l'image de cette fille que je vois en face de moi ne me correspond tellement pas.
- Liah ! Dépêches-toi !
- J'arrive.
J'éteins les lumières de ma chambre avant de quitter cette dernière. Je traverse le gigantesque couloir avant d'arriver au sommet des escaliers et de me faire analyser de haut en bas par ma mère qui vient de m'appeler en hurlant il y a moins de deux minutes.
- Je me demande réellement ce que j'ai bien pu faire au bon dieu pour avoir une fille comme toi. Où as-tu mis tes boucles d'oreilles ?
Je me retiens de lui dire que je ne veux pas les porter car ces dernières pèsent très lourds et qu'elles me font mal.
- Je les ai oublié dans ma chambre mais je pe-
- Non, nous sommes déjà assez en retard comme ça. Il y a une paire dans la boîte à gants de toute façon.
Je hoche la tête puis je descends les escaliers pour rejoindre ma mère dans le hall d'entrée. Elle me regarde une dernière fois hautainement puis elle me fait signe de la suivre à l'extérieur de la maison pour gagner la Ferrari, conduite par mon père, qui se trouve en bas des escaliers. Je monte à l'intérieur suivit de ma génitrice qui s'asseoir devant moi avant que la voiture ne démarre en direction du centre de Toulouse.
Je glisse discrètement ma main dans mon soutien-gorge pour prendre le portable de mec. C'est les garçons qui m'ont appris cette technique de bledard hier après que je me sois rendu compte que la tenue quotidienne de Benjamin ne possède pas de poche. De base, Privat m'avait dit de le mettre dans une de mes chaussettes sauf que ça me gênait beaucoup trop pour marcher donc Ben a proposé dans ma culotte mais ce n'était vraiment pas pratique pour le récupérer en publique. J'ai donc opté pour la solution de Flo qui est dans mon soutien-gorge même si ça peut donner l'impression aux gens que je me tripote la poitrine.
J'allume l'écran et je m'empresse d'envoyer un message à mec.
20:13 demande à Privat où il est.
Sans surprise, il me répond dans la minute.
mec-20:14 pourquoi ? t'as un rendez-vous avec lui ?
20:14 ça ne te regarde pas donc ferme là et donne-moi sa réponse.
mec-20:14 c'est très contradictoire ce que tu es en train de dire, tu es au courant ?
Je prends une grande inspiration pour essayer de garder mon calme même si la seule chose que j'ai envie de lui faire à ce moment précis, c'est de lui encastrer sa putain de tête dans un mur. Sérieusement, pourquoi est-ce qu'il se comporte comme ça aujourd'hui ?
20:15 la vérité, dis-moi juste ce qu'il a répondu et après arrête de me parler.
Il me répond à l'aide d'une capture d'écran de la réponse de Privat qui est « on vient de partir ». Je m'étouffe avec ma propre salive et je pris intérieurement pour que la présence du « on » soit une erreur d'étourderie et non un mot qui définit qu'il va venir accompagner de quelqu'un ce soir.
Je ne réponds pas à mec, j'éteins le téléphone puis je le range dans mon soutien-gorge.
C'est une dizaine de minutes plus tard que mon père coupe le moteur de la voiture devant un grand restaurant que je ne connais que trop bien. Ma mère m'amenait souvent ici lorsque j'étais plus jeune pour manger avec mon arrière-grand-père qui était beaucoup plus horrible de ma mère au niveau relation humaine et communication que ce soit avec moi, avec elle ou avec toute autre personne qui osait lui adresser la parole.
Trois portiers se chargent de venir nous ouvrir les portes de notre voiture, comme si nous n'étions pas capables de faire ce grand de chose seul. Mon père donne les clefs de la Ferrari à l'un d'entre eux pour qu'il puisse aller garer notre voiture sur une place de parking pendant que les deux autres nous escortent jusqu'à la réception du restaurant.
Nous ne prenons pas la peine de nous présenter au réceptionniste, il nous donne directement le numéro de notre table qui, comme d'habitude, se trouve dans un coin un peu plus reculé.
Mon père tire la chaise de ma mère afin que cette dernière puisse s'asseoir. Elle ne le remercie même pas, elle se contente juste de regarder autour d'elle toujours avec cet air hautain sur son visage.
- Le garçon n'est pas là.
Je soupire à l'entente de son constat.
- Il avait quelques petites choses à faire avant de venir. Tu sais, c'est bientôt la période des examens donc-
- Tu prendras une salade, comme d'habitude ?
Je soupire et hoche la tête. A quel moment est-ce que j'ai bien pu me dire que lui raconter ça l'intéresserait ?
Nous patientons environ dix minutes dans un silence vraiment gênant, mes yeux posés sur la porte d'entrée. Je souris lorsque je vois Antoine passer la porte, mais ce sourire s'efface presque directement lorsque je vois Benjamin, Florian et Olivio derrière lui, habillés avec des tenues de soirée vraiment très classes.
Un soupir de soulagement s'échappe de ma bouche lorsque je vois un des serveurs accompagnés les garçons à la table juste à côté de la nôtre. Enfin, ce n'est peut-être pas une bonne chose mais c'est toujours mieux que de les avoir à table avec nous en sachant que Ben ne sait pas manger sans se mettre de la sauce autour de la bouche.
- Bonsoir, excusez-moi de ce retard, il y avait beaucoup de trafic sur la route. Dit Antoine en s'asseyant à côté de moi.
- Pourtant nous n'en n'avons pas eu.
Je pince ma lèvre inférieure à l'entente de la remarque de ma mère.
- Je viens tout juste de sortir d'un bloc. Une jeune fille avait besoin d'une greffe pour survivre, personne n'était à la hauteur pour cette opération sauf moi. En même temps vu le grade de mes parents, je ne pouvais être qu'à la hauteur. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi je suis encore obligé d'étudier alors qu'il est évident que je n'en n'ai pas besoin grâce à mon talent.
Ok. Il est exactement le PCRP que ma mère rêve que je fréquente. Vantard, hautain et beau gosse.
- Je suis d'accord avec vous jeune homme, à quoi bon continuer les études alors qu'il est évident que des personnes de notre rang n'en n'ont pas besoin ? Je me tue de le dire à Liah, mais elle veut à tout prix décrocher son BAC qui ne lui servira à rien.
- Je partage votre opinion Madame Travis. Nous en avions discuter avec Liah il y a quelques mois et je trouve cela vraiment dommage que votre fille soit obligé de fréquenter les personnes de « sous-catégorie » qui se trouve dans son lycée. C'est un véritable gâchis car elle pourrait déjà être votre bras droit à l'heure qui l'est si je ne m'abuse ?
Il est parfait. Vraiment parfait.
Je n'avais jamais vu ma mère aussi intéressée par une personne et ses paroles de sa vie. Ils partagent exactement le même point de vue sur mes études et sur mes fréquentations. Cependant, j'ai quand même dû faire signe à Antoine de se calmer car il commençait presque à convaincre ma mère de ne pas me faire passer mon BAC tant ses arguments étaient convainquant.
C'est lorsque les deux salades et les deux côtes de bœuf arrivent que mon père prend en main la conversation malgré le regard noir de ma mère. Je pense qu'il a sûrement dû comprendre que j'avais entraîné Antoine avant qu'il ne vienne ici, il commence donc à lui poser des questions simples.
- Quel âge as-tu ?
- Seulement 21 ans. Il répond avec un sourire vantard signifiant qu'il est blindé de thune à seulement 21 ans.
Ma mère enchaîne avec une question qui lui semble intéressante, selon elle.
- Combien gagnent tes parents par mois ?
Antoine déglutit. Je ne lui avais pas donné de réponse exacte pour cette question, mais il réussit à improviser et à répondre dans les temps à la question.
- Je ne pourrai pas dire combien est-ce qu'ils gagnent, mais je peux vous dire qu'ils gagnent vraiment bien leur vie. Enfin, moins bien que vous Madame Travis car votre compte en banque ne pourra jamais être aussi grand que celui de mes deux parents réunis, j'en suis persuadé.
Je m'étouffe avec mon verre d'eau lorsque je vois Florian lever son pouce en l'air dans notre direction. Antoine me donne de légères tapes dans le dos avant que je ne décide de me lever.
- Excusez-moi, je dois aller aux toilettes.
Mon père et Antoine hochent la tête alors que ma mère roule des yeux avant de poser une nouvelle question à mon PCR à laquelle il arrivera à répondre sans aucun problème grâce aux garçons.
En parlant de ces derniers, je fais un rapide signe de la main à Florian en me dirigeant vers les toilettes pour lui faire comprendre qu'il doit me rejoindre maintenant. Il comprend cela assez vite car c'est seulement deux minutes plus tard que nous nous retrouvons tous les deux dans le couloir des toilettes.
- Une oreillette ? Sérieusement ?
- Den a ramené de la weed cette aprem et Antoine s'est laissé tenter.
J'entre-ouvre la bouche tant son explication me choque. Pourquoi est-ce que Den a décidé d'apporter de la weed aujourd'hui alors que toute la bande savait pertinemment que ce soir était le soir où Privat allait devoir se faire passer pour mon mec et qu'il devait être parfaitement clean pour que tout se passe bien.
- T'es vraiment en train de me dire qu'il est défoncé ?
- C'est un bien grand mot. On lui a fait prendre deux douches froides et Wawad lui a préparé une la « Wawad's potion » pour qu'il est l'air dans son état normal devant tes parents.
Je cligne des yeux dû à mon incompréhension.
- La « Wawad's Potion » ?
Je le vois ouvrir la bouche, sûrement afin de m'expliquer de quoi il s'agit, mais je le coupe.
- Non, ne dis rien. Je ne veux même pas savoir ce que c'est.
Je plaque ensuite mes mains contre mon visage en prenant une grande inspiration.
- Ça va ?
Je retire mes mains de mon visage pour planter mon regard dans le sien.
- Super. Mon pseudo PCRP est à moitié défoncé devant mes parents et il répète mot pour mot ce que Benjamin et ton frère lui disent dans une oreillette qui va forcément se voir à un moment donné d'autant plus que vous êtes assis derrière nous et que vous êtes putain de suspect parce que vous ne faites que parler dans le vide. Mais putain Flo quelle question ? Bien sûr que ça va !
Il soupire avant de prendre ma main gauche dans sa main.
- Sois pas comme ça. Je suis sûr que ça va bien se passer, les gars prennent vraiment leurs rôles à cœur et puis on a commandé une bouteille de champagne si ça peut te rassurer. Il me dit avec un sourire.
Je hoche la tête.
- J'ai juste vraiment peur. Si elle voit que c'est un coup monté, elle m'empêchera sûrement de passer mon BAC, de sortir ou de faire le peu de trucs cools qu'elle m'autorisait à faire. J'ai peur Flo.
Et sans que je ne comprenne, j'enroule mes bras autour de son torse et je pose ma tête contre ce dernier en essayant de toutes mes forces de ne pas laisser une larme gâchée mon maquillage. Les mains de l'argentin sont posées dans mon dos sur lequel il frotte des cercles réguliers comme pour me calmer.
- N'est pas peur d'accord ? Je te promets que ça va vraiment bien se passer. Je-
Il se coupe lorsque la porte des toilettes s'ouvrent sur le parigot-marseillais. Je me dégage précipitamment de ses bras pour me diriger vers Ben.
- Ça se passe toujours bien ?
- Là-bas ? Il demande et je hoche la tête. C'est tranquille, t'inquiète même pas. Ils sont en train de parler des plateformes pétrolières de ta mère en Arabie Saoudite et comme Oli kiffe bien ça, bah j'suis venu voir c'que vous foutiez.
- On s'lavait les mains.
- Flo, tu me prends vraiment pour un mec con ?
- Bah il faut avouer que-
La main de Benjamin se plaque contre ma bouche.
- Ne dis rien.
Je lève les mains en l'air pour lui signifier que je ne dirai rien du tout.
- J'pense qu'on devrait y retourner. Oli ne va peut-être pas réussir à garder le sujet des plateformes pétrolières sur la table pendant 10 minutes. Flo lance, ne voulant visiblement pas que Benjamin parle de la scène qu'il vient de voir, et pour tout dire, ça m'arrangerait qu'il l'oublie.
- Ouais, t'as raison. Mais ne pensait pas que je vais oublier ce que j'ai vu vous deux.
Ah, merde.
Nous quittons donc tous les trois les toilettes selon des intervalles de 5 minutes pour rester discret.
La suite du repas se déroule vraiment bien malgré le fait que les garçons se soient fait virer du restaurant car ils ont occupés la table durant une durée beaucoup trop longue pour une simple bouteille de champagne. D'ailleurs, ma mère n'a pas raté une occasion pareille pour les critiquer et j'ai dû me retenir de rire lorsque j'ai entendu la réponse d'Antoine qui sortait obligatoirement de la bouche d'Oli tant elle était méchante, auto dénigrante et bien placée.
Un souffle de soulagement quitte ma bouche lorsque nous regagnions notre voiture et que ma mère m'annonce qu'elle apprécie plutôt bien Antoine.
Je viens de gagner mon billet pour passer des soirées pizzas-jeux vidéo avec les garçons ainsi que pour des cours de révisions BAC avec Florian et pour tout dire, je suis vraiment heureuse.
_____
♡ instagram : itsthepalmtree
- n'hésitez pas à voter et à commenter -
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top