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La mère de Florian et Olivio n'était pas présente aujourd'hui, la maison est donc à notre libre disposition pour le reste de l'après-midi.
Dans la voiture, les garçons avaient enchaînés chansons de rap sur chansons de rap comme lorsque nous étions allés en boîte et je dois avouer que leur bonne humeur et leur dire m'ont presque fait oublier la cause de ma présence dans leur maison ainsi que les propos durs de Joshua.
Dès que Florian eut ouvert la porte d'entrée, Yanis se jeta sur le poste télévisé pour sortir plusieurs boites de jeux vidéo. Il les regarde durant plusieurs minutes avant de regarder les gars.
- On s'fait un Fifa ?
- Chaud ! Répond Jeremy en s'installant dans le canapé.
Le regard de Yanis se pose sur Flo qui est à côté de moi, son portable à la main.
- Je joue aussi ! Et Wawad me dit de lui garder une manette au chaud, il arrive quand son cours sera terminé.
- Ok. Oli ?
- Commencez sans moi, je vais aller soigner Liah avant.
Yanis hoche la tête, il pose son attention sur la télévision qui vient d'émettre une mélodie qui semble être celle du jeu vidéo auquel ils s'apprêtent à jouer. Je sens la main d'Olivio s'enrouler autour de mon poignet pour me tirer à l'extérieur du salon. Nous passons devant sa chambre ainsi que, d'après le panneau qui se trouve dessus, celle de Florian.
Il pousse une porte qui se trouve au bout du couloir pour me faire découvrir une salle de bain vraiment minuscule composée d'une baignoire ainsi que d'un lavabo qui se trouve en dessous d'un miroir.
- Assis-toi là. Il me dit en me montrant le rebord de la baignoire.
Je hoche la tête et m'exécute.
Olivio me tourne le dos pour ouvrir le miroir, il en sort des flacons de désinfectant ainsi que des pansements avant de se tourner de nouveau vers moi. Il attrape un tabouret qui se trouve dans la pièce pour pouvoir s'asseoir en face de moi.
- Même si il n'est pas censé piquer, dis-moi si jamais ça te fait mal.
Je hoche de nouveau la tête. Il imbibe un coton de désinfectant puis il tapote ce dernier sur les plains causés par Joshua.
Je n'ose même pas imaginer la réaction de ma mère lorsqu'elle va voir sur le blog du lycée ou sur « je ne sais quel site internet », une photo ou une vidéo de moi en train d'insulter Joshua ou en train de littéralement me faire défigurer par ce dernier.
- Hey. Ça va ?
Je lève les yeux vers Olivio avant de froncer les sourcils.
- Tu pleures.
- Oh.
Je ne m'étais même pas rendu compte que des larmes coulaient de mes yeux. Je passe mes mains sur mes joues pour essuyer les quelques gouttes avant de prendre une grande inspiration et de sourire légèrement.
-Arrête ça, je vois bien que ça ne va pas depuis qu'on a quitté le bureau du dirlo.
- Je t'assure que ça va.
- Tu ne peux pas me la faire à moi Liah. Dis-moi sérieusement ce qu'il y a, on est ami.
Je ne sais pas pourquoi mais c'est à ce moment-là que mes nerfs lâchèrent. D'une part parce que tous les évènements de la journée sont en train de se bousculer dans ma tête et que je n'ose pas imaginer toutes conséquences de mes actes surtout lorsque ma mère aura rencontré mon proviseur. Et d'une autre part, parce que personne mis à part Maddi ne m'avait qualifié « d'ami » sans avoir hésité d'employer ce terme-là.
Olivio me regarde sans rien faire de plus que de me tenir la main en m'offrant un sourire de réconfort. C'est la première fois que je pleure en présence d'une personne autre de Maddi et je dois avouer qu'une boule s'est créée dans mon ventre à cause de la peur du jugement et du rejet.
- Je dérange ?
Nous tournons tous les deux la tête en direction de Jeremy dont seule la tête était visible entre le mur et la porte.
Olivio me regarde avant de me répondre.
- Non bro. C'est bon, entre.
- Yah s'est pris un coup de poing dans la joue par l'autre con et il s'est foutu de la glace dessus donc on s'est dit que Liah en aurait aussi besoin étant donné qu'elle s'est pris plus de poing dans la gueule que lui.
Jeremy tend à Olivio deux paquets de petits pois ainsi que des torchons.
- J'vais vous avouer qu'il a pris toute la vraie glace donc je vous ai apporté ce qu'on utilisait avant lorsqu'on n'avait pas assez de glace pour tout le monde lorsqu'on s'taper avec les videurs des boîtes de nuit.
Je souris à l'entente des références de Jeremy, ils devaient sûrement être reçus en boîte comme les gars que j'ai fait entrer samedi dernier lorsque nous y étions.
- C'est parfait Jerem.
- Merci. Je me force à répondre malgré la douleur qui me lance lorsque j'ouvre la bouche.
- C'est rien. Il sourit.
Jeremy partit ensuite me laissant de nouveau seule avec Olivio. L'argentin enroule les paquets de petits pois dans les torchons avant de les collés un contre ma joue droite et ma bouche et le deuxième sur mon œil gauche.
- Tiens celui-là. Il dit en exerçant une pression sur le premier paquet.
Je m'exécute.
- Maintenant dis-moi ce qui ne va pas.
- Non, je ne veux pas que tu me regardes avec de la pitié après ou que tu ailles le répéter.
- T'es ouf toi, jamais j'irai répéter quoi que ce soit alors que ça ne me servirait à rien. T'es cool sérieux donc je ne vois pas pourquoi j'irai crier sur tous les toits des réponses qui te ferai mal. Et pour ce qui en est du « regard de pitié », je te promets que je ne te regarderai jamais avec.
Je soupire en réfléchissant rapidement. Il a employé le terme « ami » avec tellement spontanément et avec tellement d'enthousiasme que je suis obligé de croire ses dires.
Je me mets donc à raconter à Olivio tout ce qui est en train de me tracasser en commençant par mon changement d'attitude et en finissant par l'entreprise de ma mère que je vais devoir récupérer dans quelques mois alors que je n'en n'ai aucune envie. Je lui suis rapidement parlé de mec qui, est un gars de Toulouse qui m'a volé mon téléphone et qui m'espionne tout le temps.
L'algérien ne m'a jamais interrompu, il s'est seulement contenté de lâcher des « oh » et des « mmh » lorsqu'il le fallait.
Il finit par prendre la parole quelques minutes après que j'eu finis de vider mon sac.
- Bah putain. J't'avoue que je n'aurais jamais pensé ça de ta famille. J'pensais que tu jouais un rôle juste pour te faire un style et pour te la péter comme disait Joshua, mais je n'aurais jamais pensé qu'en vérité c'est un putain d'entraînement pour avoir le sens des affaires tout en devenant riche, conne, hautaine et arrogante.
- Comme quoi les apparences sont trompeuses.
- Mais du coup tu faisais de l'athlétisme juste pour suivre les pas de ta mère et tu as décidé de changer parce que tu ne réalises que maintenant que ta vie destinée n'est plus celle que tu as envie de vivre.
- C'est exactement ça. Mon arrière-grand père qui a fondé l'entreprise ainsi que mon grand père et ma mère ont été champions d'athlétisme durant leurs années lycée et ma mère voulait juste que je suive les traces de anciens PDG de la « Travis Company » mais c'est un sport que je déteste plus que tout au monde. Et j'avais déjà réalisé que je ne voulais pas de cette vie-là mais je n'avais jamais réagi car je voyais tout ça dans un futur lointain sauf que maintenant entre le bac, les galas pour rencontrer mes futurs collaborateurs et les « conseils » de ma mère vis-à-vis de l'entreprise, tout devient plus concret et ça me fait vraiment peur.
- Et qu'est-ce que tu comptes faire du coup ?
- Comment ça ?
- L'année prochaine. Qu'est-ce que tu comptes faire si tu ne reprends pas l'entreprise de ta mère ?
Je hausse les épaules.
- Il faudrait déjà que j'arrive à lui faire comprendre que je n'en n'ai rien à foutre de son entreprise avant de m'intéresser au reste et puis de toute façon, tout le monde sait que j'aurais mon bac grâce à l'argent que déverse ma mère donc je pense que je ne mérite même pas d'aller dans une école supérieure.
- Dis pas ça, t'es plus douée que tu ne le pense. Il va juste falloir que tu fasses abstraction de tout ce que ta mère peut te dire et te concentrer sur le plus important. Je suis sûr que tu peux le faire.
Je lui offre un sourire avant qu'il ne me prenne les paquets de petits pois des mains.
- J'pense que tu auras quelques marques demain mais ça passera assez vite ne t'inquiète pas.
Je le remercie.
Nous nous levons tous les deux pour quitter la salle de bain afin de rejoindre les autres garçons qui sont en train de hurler à gorge d'éployée tout en jouant à leur jeu vidéo sur l'écran de la télévision.
Nous nous approchons d'eux pour nous asseoir sur le canapé. Je prends place entre Florian et Jeremy avant de poser mes yeux sur l'écran sur lequel sont diffusées les images d'un jeu de football.
La partie prend fin lorsque Yanis marque le but décisif de la partie. Florian est en train de sourire comme un con alors que Jeremy et Wahlid se mettent alors à l'insulter de tricheur, d'abruti et de connard.
Charmant.
- Vas-y, tu saoules Yah !
- Fermes là Wawad, tu dis ça juste parce que tu es la plus grosse des merdes à Fifa.
- D'où je suis la plus grosse des merdes à Fifa ?
- Wawad, fais pas genre t'es un monstre à Fifa, on a perdu parce que tu as marqué contre notre camp.
- Tu veux la jouer comme ça Jerem ? Est-ce que tu as vraiment envie d'être du côté de ces tricheurs de première ?
- Bah c'est-à-dire que c'est plutôt chaud de tricher à Fifa étant donné que c'est un jeu vidéo.
Wahlid fusille Jeremy du regard puis il pose sa manette violemment sur la table tout en se levant.
- Puisse que c'est comme ça, je m'casse.
- C'est ça, barres-toi connard !
Il adresse son majeur à Yanis qui vient de l'insulter avant de partir de la maison en claquant la porte.
- Quel con celui-là. Soupire Jeremy.
Je détache mon regard de la porte par laquelle vient de sortir Wahlid pour poser mes yeux sur Olivio qui se met à rire à la vue de ma mine déconfite.
-Hey détends-toi Liah, il déconne.
- C'était violent quand même.
- C'est d'la déconnade. On s'parle comme ça depuis qu'on est gosse. Explique Jeremy. Qui veut jouer à sa place ?
- Tu veux jouer Liah ? Me demande Olivio.
J'arque un sourcil.
- Moi ?J'ai jamais joué à un truc de ce style de ma vie. Je risque de marquer contre mon camp et Jeremy risque de m'en vouloir jusqu'à la fin de sa vie. Non sérieusement ça me fout trop de pression, joue à ma place.
- Attends, t'as jamais joué à Fifa de ta vie ?
Je tourne négativement la tête en direction de Jeremy qui vient de me poser cette question.
- Wah non mais t'as raté un truc putain ! Frère, explique-lui les règles, on peut pas la laisser dans cet état là.
Ni une ni deux, Olivio se met à m'expliquer les règles de Fifa pendant que les trois autres gars sont partis dans la cuisine chercher du pop-corn ainsi que des bières fraîches.
C'est après quinze minutes d'explications intenses de la part de Olivio que nous débutons le match. J'essaye de me débrouiller comme je peux malgré le fait que les garçons n'arrêtaient pas d'hurler des choses complètement incompréhensibles.
Vient le moment où le ballon se retrouve en ma possession et qu'ils se mettent à hurler encore plus fort d'un côté pour que j'arrête de courir et d'un autre pour que je fonce. Je cours en direction des cages avant de marquer sous les hurlements encore plus forts qu'avant, si c'est possible, des garçons.
Nous finissons le match plusieurs minutes plus tard, Jeremy et moi gagnons 4-1 malgré mon niveau très faible.
- Bien joué partenaire. Lâche Jeremy en me serrant la main alors que Florian et Yanis sont en train de faire la gueule sur le canapé. Oh c'est bon, ne râlez pas, c'est qu'un jeu.
- C'est qu'un jeu mon cul ouais. Crache Yanis avant de se lever pour partir en direction des chambres.
- Cherche pas, c'est un mauvais joueur. Me dit Olivio comme pour me rassurer.
- Je vois ça. Dis-je avant que mes yeux ne se posent sur l'horloge qui se trouve dans le salon et qui affiche l'heure de seize heures moins cinq. Bon, ce n'est pas que je n'apprécie pas votre compagnie mais je pense que je vais devoir rentrer.
- Je te ramène ? Florian me demande.
- Je veux bien oui.
Le grand frère de Olivio hoche la tête avant de se lever du canapé pour aller chercher ses clefs ainsi que des lunettes de soleil qui, je dois dire, sont assez moche mais qui vont sûrement lui être utile étant donné que cette après-midi du 19 avril est plutôt ensoleillée.
- Bon, à demain.
Je me lève du canapé pour faire la bise à Jeremy ainsi qu'à Olivio avant de me diriger vers la porte d'entrée où se trouve Florian. Je m'arrête devant cette dernière pour me retourner face aux deux garçons qui sont assit dans le canapé.
- Au faite Olivio, joyeux anniversaire. Je lui souhaite en souriant, sourire qu'il me rend immédiatement.
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excusez moi du retard de ce chapitre !🙆
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