Je vide le seau sur Hakyeon, avant de le recouvrir de farine. Il se tiens accroupis par terre, les bras protégeant son visage. Mais je ne vais pas le frapper. Je veux juste me défouler. Voir ce qu'il y a de si drôle à balancer de la flotte et de la farine sur quelqu'un qui nous énerve. Bien sûr, ce n'est pas le vrai Hakyeon. Mais il suffis de m'imaginer que j'ai affaire au vrai, au parfais, à l'insupportable Hakyeon.

  -Alors, qu'est ce que t'en dit? Ça va être chiant à enlever, hein ...

Je lance le seau vide par terre, et il tombe dans un fracas de plastique cassé et de métal. Ken et Ravi me regardent faire, en retrait dans un coin. Ils semblent habitués.
  Voir Hakyeon dans cette état là me procure une satisfaction indéfinissable. Je me sens enfin supérieur à lui. Lui faire du mal m'aide a combler cette blessure qui me ronge le coeur. L'espace de quelques instants, je me sens tout-puissant. Fier de porter dans ce monde le surnom de ''Leo'' . Je m'accroupis devant l'être trempé, sale et pathétique qui se tiens devant moi et lui saisis le col.

  -Maintenant, sois gentil et dit moi où est Hongbin.

  Il me regarde, les yeux larmoyants.

-Je... J'en sais rien...

Je resserre ma prise et rapproche ma tête. C'est étrange, de pouvoir enfin être aussi proche de lui, mais à la fois si loin ...

  - Fais gaffe à ce que tu dit. Réfléchis bien.

-Pas besoin de me chercher, je suis là.

Je me retourne, pour recevoir un nouveau poing de la part de Hongbin. Je chancèle et tombe pour de bon quand il m'en envoie un deuxième dans le foie.

-Combien de fois je t'ai dit de pas toucher à Hakyeon ? T'es bouché ou quoi? Tu crois que tu peux faire ta loi, comme bon te semble, et faire ton petit tyran?

  La colère me reprends aux tripes quand j'entends ses paroles. Il est devant moi, je peux enfin le frapper, lui aussi lui faire ravaler ses mots. Même si ce n'est pas vraiment lui. Je veux me persuader que j'irais mieux. Je lui répond par un direct droit à la mâchoire, suivit d'une prise de taekwondo. Il est à terre, sous mon contrôle. Je savoure cette victoire sur mon égo. Je suis obligé de m'arrêter quand quelqu'un me tire vers l'arrière. Ken me dévisage gravement, et je reconnais pendant quelques instant le Ken sérieux de mon monde.

-Arrête toi là, ils ont eu leur compte. Et je ne tiens pas à ce qu'on se fasse engueuler par les profs.

Nous partons, laissant au sol les deux victimes de ma colère. Nous nous arrêtons sur un banc, et je les regarde froidement . Après tout,eux aussi m'ont fait souffrir. Ils sont même la cause de mon malheur. Devrais-je les frapper ? Cette pensé quitte rapidement mon esprit quand je vois Ravi pleurer. Ce spectacle, tout aussi étrange que nouveau, me serre le coeur. Ma colère est passée, et je retrouve la raison.

-Pourquoi tu pleure?

Mes mots sortent cependant plus froidement que je ne l'aurais espéré. Ken me regarde durement, et prends Ravi dans se bras.

-Tu sais très bien qu'il déteste la violence , à cause de ce que ses parents lui font subir... Tu le savais très bien, et tu avais promis de ne plus frapper personne ...

Ravi cache sa tête dans le cou de Ken, qui lui carresse les cheveux pour le calmer. Je trouve ce geste tellement ... Inattendu. Surréaliste. Je découvre un Ravi faible, fragile, sensible, et un Ken attentionné... Je suis de nouvelle fois complètement déboussolé. J'ai du mal a réfléchir correctement. Je ne sais pas comment agir,je mélange les deux monde dans mon esprit ...

-Je ... Désolé ... Je sais pas ce qu'il m'a prit ...

  Sans attendre la réponse de Ken, je pars en courant. J'ai besoin de réfléchir. Et les ultrasons qui recommencent à me vriller les tympans ne m'aident pas beaucoup... Au bout de quelques lettres, je ralenti et me mets à marcher. Je m'arrête près d'une haie non loin de la grille de l'école , face à un spectacle étrange : Hyuk, le petit démon sans pitié qui aime faire souffrir les gens, occupé à carresser une tribu de petits chats. Je m'avance vers lui, intrigué, et parce qu'il y a bien une chose que j'adore par dessus tout; c'est les chats. Je m'accroupis près de lui et carresse un petit chat noir et blanc. Il sursaute quand il me vois et prends un air effrayé. Mais quand il s'aperçoit que je ne lui veut aucun mal et que je m'occupe des chats avec lui, il paraît se détendre. J'ose briser le silence,et la présence de ces petits êtres poilus m'aide a parler confortablement.

-D'où ils sortent ?

- Je ... Je les ai trouvé sur le chemin de l'école... Je ne pouvais pas les laisser là ... Mais promis, je les ramène chez moi après !

  Un petit rire viens franchir la barrière de mes lèvres. Il me regarde, surpris.

  -Ca ne me derange pas qu'ils restent là... Et puis tes parents seraient d'accord que tu ramène toute une portée de chaton?

  Son regard s'assombris. Je devine que j'ai touché, sans le savoir, un point sensible.

-Quelque chose ne va pas?

- C'est pas un problème ça ...

-De quoi?

-Que mes parents soient d'accord... De toute façon, personne m'attends à la maison ...

Je le dévisage, étonné. Ses parents sont morts? Ils travaillent? Qui s'occupe de lui?

- Comment ça ?

-J'ai pas très envie d'en parler. Surtout pas avec toi.

  Son visage se ferme, et je sais que je ne pourrais plus rien en tirer. Après tout, dans ce monde, c'est moi le méchant...
  Une douleur soudaine me transperce le crâne, m'obligeant à me courber en deux, la tête entre les mains. Pourquoi cette douleur apparaît elle comme ça?

  -Hyung ... Ça va?

  Je ne réponds pas et m'eloigne rapidement. Je dois rentrer chez moi ... Cette douleur m'y oblige... J'aurais déjà du prendre cette décision quand elle s'est manifestée plus tôt. Maintenant, j'ai peine à y voir, ma vue se trouble et je vacille. Mais des bras bienfaiteurs viennent me soutenir, et je m'effondre.

  Je me réveille dans le placard à balais. Comment y suis je arrivé ? Seul? Ou est ce la personne qui m'a aidé ? Et dans ce cas la... Comment aurais t'elle  su où me conduire?

  La tête pleine d'interrogation, j'ouvre la porte et remarque une inscription gravée dans le bois, que je n'avais jamais vu auparavant.

''Regarde ce qui t'entoure avec des yeux nouveaux"