Chapitre 4 : Le jeu de la mort

Je profitai de mon avance pour me rendre le plus vite possible vers ma destination. Je croisai Elise qui sortait de son bureau, l'air nerveux, et je lui chuchotai au passage :

« Je m'occupe des mails, je te rejoins après. »

Cette fois-ci, je m'efforçai de ne pas courir, pour ne pas attirer l'attention, même si je savais que le timing serait serré. Il fallait éviter de susciter les soupçons, cela pouvait compliquer la situation.

J'arrivai vite à l'administration, et entrai dans les bureaux en improvisant un alibi :

« Les gars, faut que vous montiez au cinquième, on a une urgence ! »

« De quoi ? », me lança l'employé en service d'un air absent.

« Ils ont perdu tous les dossiers du dernier mois, c'est une vraie catastrophe, allez-y vite. »

Il soupira profondément, mais finit par aller voir. Je devrais être loin dans cinq minutes.

Après qu'il fut parti, je pris sa place et repérai les messages en question sur son ordinateur, et je les supprimai définitivement. Priant pour que personne ne soit tombé sur la bombe avant Elise, je fonçai la rejoindre.

Je descendis quatre à quatre les marches de l'escalier principal, et me mis en quête de l'engin. J'arrivais à l'accueil du bâtiment, et réfléchit à toute vitesse sur les endroits probables où Silvan avait pu laisser sa bombe.

L'endroit était totalement ouvert et accessible, même aux non-swapers. C'était en fait une couverture pour l'Agence : on y avait installé une sorte de bureau d'assurances, qui n'intéressait pas grand-monde, ce qui était assez pratique. Peu de gens circulaient ici, ce qui en faisait la planque parfaite pour l'Agence. Mais apparemment, Silvan était plutôt bien renseigné.

Les étages supérieurs avaient, eux, été maquillés en logements. Mais n'importe qui pouvait entrer ici, par contre il fallait un code d'accès pour monter aux bureaux.

Le plus simple pour lui, c'était la salle de réunion, située au fond de la pièce principale, et qui n'était presque jamais occupée. Je m'y rendais à pas vifs, et fut soulagé d'y trouver Elise, en un seul morceau.

« T'as réussi ? », me lança t-elle dès mon arrivée.

Quelle question.

« Ouais, plus trace de nos mails. Je ferme la porte ici, et on est tranquilles. »

Je verrouillai vite les deux accès qui menaient à la salle, et m'intéressai enfin à l'objet qui trônait sur la table ronde au centre de la pièce. Il était cylindrique, fait d'un métal jaunâtre et disposait de quatre longs pieds qui le fixait solidement au plafond par un système de vis. Aucun mécanisme ne semblait permettre de le contrôler de l'extérieur, et nous restions donc quelques instants à le contempler sans trop savoir quoi faire.

« On le désamorce comment, ce truc ? », se demanda Elise à voix haute.

Je restai quelques instants sans répondre, essayant de trouver une solution. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort : et si ce truc était définitivement coincé ici ? On n'allait pas pouvoir le cacher éternellement...

« On peut le swaper. Débrancher des fils comme ça, nan ? », proposai-je sans assurance, jetant un coup d'oeil à Elise pour voir si j'obtenais son approbation.

« Essaye, on verra. »

Je me concentrai vivement, tentant de percevoir les mécanismes internes de l'engin, essayant de les dérégler mentalement...mais très vite, une évidence me vint à l'esprit :

« Pas possible. Il l'a lock. »

Il était décidément vraiment bon. Et vraiment flippant.

Soudain, une ouverture se fit dans la coque de métal, avec un léger et bref grincement, ce qui laissa apparaître une zone uniformément noire. Elise se rapprocha en vitesse pour l'examiner, tandis que j'essayais de comprendre ce que ça pouvait signifier.

La voix de Silvan Yorks retentit dans la pièce, ce qui eut le don de me glacer le sang :

« Vous avez été plus loin que je ne l'aurais imaginé ! Cette bombe est désamorcée, vous avez gagné le droit de me rencontrer. Retrouvez-moi à quinze heures précises demain, le lieu vous sera indiqué par mail. Seuls, sinon vous mourrez. »

Nous échangeâmes un bref regard. On venait de se sauver la vie, mais tout recommençait. Jusqu'à quand ce cinglé allait jouer avec nos nerfs ?

« On...fait fait quoi de ça ? », dis-je en pointant la bombe.

A ces mots, un déclic mécanique se fit entendre. L'ouverture noire s'illumina de vert, pour former quelques chiffres :

00:30

La voix trafiquée s'éleva de nouveau, nous faisant tous les deux sursauter :

« Voulez-vous que je vous débarrasse de ça ? Il suffit de répondre à une simple question. »

Nous restions sans voix, effrayés de voir que tout n'était pas encore terminé.

« Alors ? Vous ne voulez pas répondre ? »

Ce taré nous parlait en direct. Bordel, mais qui était-il ?

00:29

« C'est très impoli. »

00:28

« Vous me décevez. »

00:27

« J'ai réactivé la bombe. Vous voulez vous en débarrasser ? »

00:25

« Oui ! », hurla Elise, visiblement au bord de la crise cardiaque.

Heureusement, je me maîtrisais beaucoup plus. Je n'arrivais juste pas à prononcer un seul mot.

00:24

« Il suffit de répondre à une seule question. Quel bâtiment se trouve en face du vôtre ? »

00:22

Je mis mes méninges en route : il y avait un bar, si mes souvenirs étaient bons. Non, j'en étais certain.

« Qu'est-ce qui va se passer si on répond ? », demanda Elise nerveusement.

00:20

« Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir, ma chère.... »

00:18

Personnellement, je m'inquiétais surtout de ce qui allait se passer si on ne répondait rien.

« Qu'est-ce qui arrive si on se trompe ? », fis-je.

00:16

Aucune réponse.

00:15

00:14

Je regardais Elise, qui se mordait les lèvres. Elle semblait ne plus pouvoir tenir :

« Pourquoi ? », s'écria t-elle au bord des larmes, « Pourquoi vous nous faites ça ? »

00:12

Le silence s'étirait, tendu.

Je ne pouvais plus me retenir.

00:10

« Il y a un bar ! », criai-je en guise de réponse.

00:10

La minuterie avait stoppé sa course folle.

« Bonne réponse. », fit la voix nasillarde, « Profitez de ce que vous avez déclenché, maintenant. »

Les pieds qui reliaient l'explosif au plafond lâchèrent, tous en même temps. Dans un craquement sonore, la coque atterrit sur la table en la brisant presque. J'ai cru pendant une seconde que j'allais mourir, mais de nouvelles tiges métalliques se déployèrent en sortant de la structure, et à leur extrémité en sortirent quatre roues parfaitement circulaires, munies de dents pointues.

L'ensemble se suréleva en prenant appui sur les roues, qui se mirent à tourner si vite qu'elles scièrent le bois de la table. L'engin était parti à une allure folle vers l'entrée de l'Agence, et rien ne pouvait le stopper.

Il traversa la porte comme si elle était faite de papier, pulvérisant des échardes aux alentours, nous forçant à nous réfugier à terre. Il parcourut comme une flèche la salle de l'accueil, et brisa les vitres pour en sortir, se retrouvant dans la rue à filer vers le bar.

Je pus le voir entrer dans l'édifice, j'attendis quelques secondes, puis...l'enfer se déchaîna dans la rue, une énorme boule de feu sortit du bar en calcinant le trottoir d'en face, envoyant des débris enflammés dans toutes les directions. Les passants s'enfuirent tous, paniqués, et je ne pus que regarder Elise, paralysé par ce qui venait de se passer. Le jeu de la mort venait de débuter.



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