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Joey

Accoudée contre le bar dans la pénombre de la pièce qui est accompagnée de musique réglée à léger volume j'attends l'arrivé de ce Samy. En fouillant dans sa chambre pour trouver du fric j'ai trouvé des papiers qu'il ne voudrait pas que le monde sache, c'était du pur hasard. Un masque sur mon visage me savoir dans cet endroit une nouvelle fois me fait peur.

- Je suis ravi que tu sois de retour parmi nous ! S'écrit Milly le sourire aux lèvres.

- Je ne suis là que pour quelque temps, le temps de pouvoir tout te rembourser et après ça je ne veux plus jamais te revoir, lui dis-je en me redressant.

Milly affiche un sourire sadique en s'approchant de moi. Il attrape mes joues d'une seule main.

- Bon toutou, me dit-il a quelque centimètres de mon visage.

Je grimace et fronce les sourcils face à l'odeur de son haleine qui est un mélange d'alcool et de joints. Qu'il aille pourrir en enfer.

Il me relâche violemment quand il voit un client entrer. Quand je dépose mon regard sur lui je remarque que c'est ce Samy. Je ne l'ai vu que quelques instants mais un visage pareil on ne peut l'oublier.

En entrant dans le bar le jeune homme regarde un peu partout, un peu perdu il s'avance lentement jusqu'au bar en bois pour s'assoir sur un des tabouret  libre. A ses côtés un homme complètement bourré s'est assoupi sur la table du bar.

Je contourne le bar puis m'avance lentement vers Samy pour arriver jusque derrière lui. Je dépose délicatement ma main sur son épaule et m'approche de son oreille.

- Je suppose que tu es Samy, lui dis-je en chuchotant. Tu as ce que je t'ai demandé ?

Samy acquiesce de la tête tout en regardant autour de lui. Sans dire un mot de plus je lui attrape la main pour l'inciter à me suivre. Je ne veux pas faire cet échange ici, il nous faut un endroit plus tranquille. Le bar est la pièce principale de cet établissement. Au sous sol se trouve une salle de striptease, des chambres pour coucher avec les clients les plus généreux et nos loges. Sans dire un mot il me suit. Nous descendons les quelques escaliers qui eux aussi sont dans la pénombre et je sens son poignet se détacher de mon emprise.

- Je ne sais pas qui tu es et où tu compte m'emmener, ni même ce qu'est cet endroit mais dès que je te donne cet argent je me casse, dit-il.

J'esquisse un léger rire avant de me retourner pour lui faire face.

- Ne t'inquiète pas, je n'ai qu'une seule parole, si j'ai mon fric je serai une tombe, lui dis-je. Ah et si tu as peur de tomber dans ce réseau de prostitution ne t'en fais pas, le gérant pense que tu es simplement un riche client. Mais bon avec sa belle gueule il aurait attiré par mal de clients ceci dit.

Samy reste muet. Je me retourne pour continuer mon chemin. Nous devons passer par la salle de striptease pour arriver jusque dans ma loge. Toujours cette ambiance étrange et malsaine ce dégage de cette pièce, une luminosité légère, des hommes tous agglutinés aux pieds des scènes balançant des liasses d'argent devant des jeunes femmes qui se dénudent. Tous mariés et pères de familles. Chaque partie profite de l'autre, l'une profite de la perversité des hommes pour gagner leurs pains, et l'autre profite de la misère des jeunes femmes pour assouvir leurs désires et fantasmes.

- Cet endroit est horrible, me dit Samy d'un ton écœuré.

Après quelques longues secondes nous sortons enfin de cette salle et nous arrivons devant ma loge. Sans dire un mot nous entrons à l'intérieur. Ici la lumière est plus vive ça sera plus facile pour nous de faire l'échange et pour moi de compter si tout y est.

- Tu peux t'asseoir sur le canapé, lui dis-je.

- Non pas la peine je veux faire ça au plus vite, dit-il avant de sortir une enveloppe dans la poche intérieur de sa veste. Tiens, tout est là.

Je lui prends des mains avant de l'ouvrir pour faire le compte.

- Je ne sais pas ce qui te pousse à vouloir escroquer quelqu'un mais en voyant cet endroit je peux comprendre, me dit-il.

Je dépose mon regard sur lui en laissant échapper un rire nerveux.

- Tu ne peux pas comprendre ce qu'est de vivre dans la misère et de devoir faire ce genre de chose pour s'en sortir. Je suis désolée c'est tombé sur toi mais je n'ai pas le choix, ce fric j'en ai besoin.

- Très bien, moi ce fric j'en ai pas besoin, ce dont j'ai besoin c'est de ton silence car ce que je veux c'est avoir une carrière dans le basketball. Donc toi tu as ton fric et moi ma carrière, on est tous gagnants dans l'histoire.

Tout l'argent est dans cette enveloppe. Ce garçon est tellement blindé de thune que cet somme ne lui fait ni chaud ni froid.

Samy s'approche de moi un sourire en coin.

- Je sais qui tu es. Joey, c'est ça ? me chuchote t-il a l'oreille. Alors si j'apprends que t'as balancé je ferai de même car je suppose que ton petit copain n'est pas au courant de ce que tu fais.

Je sens mon cœur battre à vive allure, une énorme bouffée de chaleur s'empare de moi. Je reste muette et clouée sur place.

- Des yeux comme les tiens sont facilement reconnaissables, reprend t-il en s'éloignant de moi avant de quitter la loge sans se retourner.

Les larmes me montent aux yeux, je me tourne vers ma coiffeuse et prend place sur mon tabouret. Le miroir en face de moi je me regarde longuement avant d'ouvrir le premier tiroir et d'y sortir le porte de bonheur que mon amie m'avait offert. C'est un porte clef avec nos deux initiales, un "J" et un "P". En le serrant fort contre moi je m'effondre de tristesse.

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