-37-

Installées sur le canapé de la salle de pause, le regard de Milo rivé sur la photo qu'elle tient dans ses mains elle prend une énorme inspiration avant de me la tendre.

Sans poser de question je l'attrape pour river mon regard vers ce petit garçon qui a l'air d'être un ange.

- Ce petit garçon c'est Loïs, enfin c'était. Loïs était mon petit frère, c'était un petit garçon charmant, aimant, marrant et surtout intelligent. On vivait heureux tous les deux avec mes parents, fêter Noël dans notre famille était ce que je préférais le plus. Mais, il y a deux ans de ça il a eu un grave accident. J'ai voulu lui apprendre à faire du vélo sans roue devant la maison sur le trottoir, c'était un quartier très calme, très peu de voiture roulaient ici, et quand elles roulaient c'était au pas. Il faisait bon, le soleil rayonnait et lui aussi quand je lui ai dit qu'il allait apprendre à faire du vélo comme un grand. Son sourire, je ne l'avais jamais vu sourire de la sorte, ça devait être le moment qu'il attendait le plus. Nous sommes donc allés dehors, j'ai pris son vélo qui attendait sagement dans le garage. Nous nous sommes mis sur le trottoir, il était tellement excité qu'il en avait oublié de mettre son casque. Je lui ai donc mis sur sa tête sans l'attacher et il a grimpé sur son vélo. Je lui faisais faire des allés et retours. Les premiers ont étés catastrophiques, dit Milo en riant. Il a trébuché quelques fois, rien de grave, les chutes que font tous les enfants quand ils apprennent à faire du vélo. Au bout d'une trentaine de minutes il arrivait a pédaler, il avait encore du mal à tourner son guidon mais il s'en sortait plutôt pas mal. Il était tellement heureux, je me souviens encore de ses cris de joies, "Milo regardes ! Regardes moi ! T'as vu ?! " s'écriait-il. Je lui ai répondu que j'étais fière de lui, qu'il s'en sortait comme un champion, puis mon téléphone a vibré, j'ai lâché Loïs du regard seulement une minute pour lire le message que j'avais reçu, seulement une minute... En une seule minute Loïs avait dévié sur la route et j'ai entendu une voiture arriver puis un bruit assourdissant, et le son des freins de la voiture. Quand j'ai levé les yeux pour comprendre ce qu'il se passait, je me suis écroulée, j'ai vu Loïs par terre, son corps avait été projeté à au moins cinq mètres et son casque lui a été projeté à au moins dix mètres. J'ai couru vers lui en pleure, en hurlant de douleur et de peur. Je me suis accroupie pour regarder son visage, regarder si son sourire rayonnant était encore là, mais non. Ses yeux étaient fermés. J'ai regardé autour de moi et j'ai vu la voiture s'enfuir. J'ai criée à l'aide, notre voisine a entendu mes hurlements poignants et elle est sortie paniquée en appelant les ambulances. Ce message, ce message venait de ma mère pour me dire qu'ils étaient sur la route du retour, finit Milo en pleurant.

Mon coeur se brise, mes larmes coulent sur mes joues et ma gorge se noue douloureusement.

- Quand les ambulanciers sont arrivés il était trop tard. Mes parents étaient anéantis, ma mère s'est écroulée par terre et pour la première fois j'ai vu mon père souffrir de douleur. Depuis je n'arrête pas de me tenir pour responsable de la mort de mon frère. Depuis trois ans cette idée me ronge. Avec mes parents ont a essayés de se reconstruire en restant dans la même maison mais c'était invivable, chaque pièces, chaque recoins de cette maison nous faisait penser à Loïs. Alors on a emménagé ici tout en gardant Loïs auprès de nous. Je voulais plus rester là bas, à chaque fois que je sortais pour aller en cours je revoyais cette scène, et ça tous les matins... Cette photo a été prise à sa toute première rentrée en primaire quelques mois avant sa mort... Pourquoi ? Pourquoi nous l'avoir pris ?

Je ne sais quoi dire, je comprend maintenant la réaction qu'elle a eu envers moi. Je savais qu'elle cachait quelque chose mais j'étais loin de me douter que c'était si immense...

Encore sous le choc de cette révélation je m'approche d'elle en attrapant fermement sa main pour la serrer dans la mienne. Je dépose mon regard dans le sien en la fixant.

- Milo, saches que tu n'y es pour rien. Ce n'est pas de ta faute, c'était un accident.

- Un accident que j'aurai pu lui éviter si je l'avais pas lâchée du regard, me répond t-elle en enlevant violemment sa main et en essayant ses larmes à l'aide de la manche de son pull.

La sonnerie retentit, Milo se lève précipitamment du canapé pour sortir de la salle. À mon tour je ressuis les larmes qui coulaient à flot le long de mes joues avant de me lever du canapé pour sortir de la salle et rejoindre ma classe.

Si seulement je pouvais la convaincre que rien n'est de sa faute...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top