19
Me voilà à nouveau debout, enfin remise de mes émotions. J'en ai assez de pleurer et de me laisser abattre à chaque obstacle. Si je veux devenir plus forte, il va déjà falloir que j'apprenne à prendre sur moi. Et il est grand temps d'avancer.
Tout à coup, un rire d'enfant parvient jusque mes oreilles, me sortant de mes pensées résolue. Ce gloussement est doux, pure, représentant l'innocence même.
Inconsciemment, je le laisse me guider au travers du néant qui m'entoure, passant devant plusieurs porte sans y prêter la moindre attention, comme hypnotisée par ce son angélique. Passant devant une certaine porte, cet éclat se fait plus net et précis, m'indiquant que c'est celle ci que je dois pousser si je veux savoir ce que cache ce rire d'enfant.
Alors, après un soupir, je pousse le bois de cette porte, laissant une lumière blanche m'aveugler. Mais, trop concentré sur le son de pure bonheurs que j'entends, je ne prête pas attention à mes yeux qui me piquent lorsque je papillonne pour m'habituer à la clarté de ce nouveau lieu.
Ce rire fait naître en moi une nostalgie étonnante et un sourire se pose sur mes lèvres. Sentir son passé crépiter devant sois, n'attendant que d'être découvert à nouveau est un sentiment grisant.
Je m'engouffre finalement dans ce nouveau lieu et me retrouve plongé dans un endroit que je connais bien. Un parc pour enfant. Celui près de chez ma tante. Mise à part celle que je suis aujourd'hui, il n'y a qu'un petit garçon, âgé de douze ans au maximum. Il est plutôt grand et son visage enfantin fait battre mon coeur rapidement. Je sens naître en moi une affection toute particulière pour cet enfant que me dit vaguement quelque chose.
Ses cheveux marrons sont en bataille et volent aux grès du vent, ajoutant chez lui un aspect mignon qui donnerait à n'importe qui l'envie de lui donner tout l'amour dont il a besoin. Fière de lui, il sourit de toute de ses dents en rigolant joyeusement en tenant doucement ses côtes entre ses bras. Et ce n'est que lorsque je croise enfin son regard que la ressemblance me frappe de plein fouet. Ce visage, ce regard à la fois rieur et distant...
« Pourquoi lui...? » les mots m'échappent, incapable de contenir mon étonnement.
Et soudain une petite fille lui saute dans les bras, tandis qu'il la rattrape rapidement pour la faire tourner dans les airs tout autour de lui. Cette petite fille... c'est moi. Celle que j'étais avant.
Je ne peux pas y croire. Tout ça ne peut pas être réel. Je ne peux pas avoir passer autant de temps près de lui sans me souvenir du mien qui nous unit. Je ne peux pas l'avoir j'ai de toute mes forces alors qu'il faisait partis intégrante de mon enfance. Tout ça ne tient pas debout !
« Joakiiiiiim... Maman a dit que tu devais pas te moquer de moi ! Et papa t'as dis de pas m'embêter.
— C'est mon rôle de frère, si je ne t'emebetais pas, tu t'ennuierais
— Méchant ! »
Et ce n'est qu'en entendant ce dialogue que je comprends que tout est bien réel, je ne vis pas un mensonge actuellement.
Tout ces derniers jours par contre, à le côtoyer, vivre à ses côtés, l'insulter et lui tenir tête comme une fille indisciplinée...
Jöakim est mon frère ainé, quatre années nous séparent l'un de l'autre... Et je me rappelle désormais de tout. Durant notre enfance, il était mon modèle. Je passais mon temps à l'imiter et à le suivre partout, j'étais devenue son ombre, lui qui veillaait sur moi corps et âme. Bien qu'il passait son temps à se chamailler avec moi, il était un frère exemplaire. Il se faisait punir à la place, se dénonçant pour des choses qu'il n'avait pas faite, il me consolait le soir, et s'est occupé de moi comme l'aurais fait un père, lorsque nous nous sommes retrouvés chez notre tante.
Lorsque je nous regarde plus jeunes je pourrais jurer sentir la chaleur de ses bras autour de moi. Mais je n'arrive pas à comprendre comment j'ai pu l'oublier lui, mon frère. Ni comment mon esprit a pu rayer de ma vie la personne qui était la plus importante pour moi, après mes parents...
Dans un sens, cette révélation ne m'étonne qu'à moitié. Je comprends au moins pourquoi son comportement avec moi, dans ce jeu ou nous nous retrouvons ennemie malgré nous, était parfait d'une bipolarité désarmante.
En imaginant la difficulté de sa situation, mon coeur se serre douloureusement. Il connaissait toute la vérité sans pouvoir m'en parler, ou sans le vouloir je ne sais pas trop. Il m'a laissé le haïr sans rien faire pour que cela ne change. Je l'ai oublié et il le savait. Joakim devait se sentir tellement seul en me voyant évoluer sans lui, ignorant sa présence. Il n'était qu'un fantôme qui me protégeait de loin.
Aussitôt, un autre souvenir assaille mon esprit sans que je n'au besoin de le voir sous mes yeux. Je me rappelle de la douleur que j'ai ressentis le jour ou j'ai découvert qu'il ne reviendrai pas de son école, qu'il ne rentrerait jamais pour revenir me soutenir comme il m'avait promit de le faire.
Un jour il a disparu. Tout simplement. Je me rappelle encore de ce morceau de papier posé sur mon lit. Je n'ai pas eu une seule explication convenable.
« Je dois partir si je veux pouvoir te protéger plus tard. J'espère qu'un jour tu comprendras. »
Maintenant je comprends. Il n'avait qu'un seul moyen de veiller sur moi dans ce jeu : y participer, peut importe grâce à qu'elle procédé. Pour lui qui ne possède aucun don, quoi de mieux que de devenir le présentateur ? Il a sacrifié sa liberté pour assurer ma survie. Qui sait ce qu'il a dû endurer durant toute ses années pour obtenir ce rôle que seuls quelques rares privilégiés peuvent obtenir ? Et moi, en guise de remerciement, je l'ai oublié.
Doucement, je sens mon corps s'envoler, avant que je ne me retrouve à nouveau dans cette longue allée de porte. J'ai l'impression de me rappeler désormais de tout, ces quelques simples vues ont suffit à débloquer tout le reste, comme s'il n'avaient manqué qu'une seule pièce du puzzle qu'est ma mémoire pour que je puisse me rappeler de tout.
Mais alors, pourquoi suis-je encore ici ?
Coupant court mes réflexions, une voix résonne autour de moi, me faisant vivement sursauter :
« Tu dois sûrement te demander pourquoi tu es encore ici, n'est-ce pas ? Tu es tellement prévisible Éléna. résonne une voix beaucoup trop déformée pour être réel.
— Qui êtes vous ? je hurle, tournant sur moi même pour essayer de voir si quelqu'un se trouve près d'où je suis.
— Je suis celle qui a créer cet espace temps, pour t'aider à retrouver tes souvenirs. Mais aussi pour te faire découvrir certaine vérité, qui t'on été dissimulé jusqu'ici. Des choses dont tu n'as pas pu te rappeler, étant donné que ce ne sont pas le même genre de souvenirs.
— Comment ça ?
— Et bien, je t'apprête à te montrer des choses bien plus récente. J'espère que je sera pas trop en colère. Et rappelle toi surtout qu'à ce moment précis, je ne te veux que du bien. Pour l'instant.»
Ses derniers mots se heurtent contre mon esprit. Et tout devient aussi limpide que de l'eau de roche. Cette voix, semblant féminine mais bien trop déformé pour que je puisse en être sure, appartient à la même personne qui ne cesse de m'envoyer des lettre. Seul tache sur ce parfait tableau : le fait que cette personne se soit sentie obligé d'ajouter « pour l'instant ».
D'une démarche peu assuré, je m'avance vers une nouvelle porte et l'ouvre sans trop me poser de question, laissant mon instinct guider mes actes. Je sens mon coeur battre à tout rompre contre ma cage thoracique, l'impatience faisant vibrer mes veines les unes après les autres.
Comme lors de ma première « vision » je tombe lourdement sur le sol et regarde tout autour de moi, apeuré et complètement perdue. Mon regard tombe alors sur un grand bâtiment et l'image de mon lycée remonte alors jusque mon esprit, confirmant mes doutes. Je suis devant l'école que j'occupais maladroitement, durant les rares moments où je ne devais pas me terrer quelque part où le gouvernement ne pourrait pas mettre la main sur moi.
Devant ce lycée, des élèves attendent l'ouverture des portes, leurs sacs posés sur leurs frêles épaules ou contre le sol. Alors, je me relève doucement, cherchant du regard un indice sur le souvenir que je m'apprête à voir.
« Éléna ! » hurle une voix derrière moi.
Par réflexe, je me tourne, essayant de voir la personne qui vient de m'appeler. Et même si je sais que personne ne me voit, je ne peux m'empêcher de chercher. Deux garçons passent alors aux travers de mon corps et je me retiens de leur hurler dessus, oubliant le temps d'une seconde qu'ils ne se sont même pas aperçu de ma présence fantomatique. Alors, je me contante d'observer la scène, avide de réponses.
Je les regarde alors se diriger vers une adolescente. Ses cheveux sont rassemblés en un chignon désordonnés sur le côté droit de sa tête alors que ses yeux verts émeraudes brillent d'une lueur joyeuse. Cette fille n'est autre que moi, lorsque j'hésite j'avais encore que seize ans.
Les deux garçons qui rejoignent celle que j'étais encore il y a peu sont légèrement plus grand que moi et je remarque que mes joues prennent une couleur rouge vive lorsque l'un des deux s'approchent de celle que j'étais à vant de déposer un chaste baiser sur mes lèvres d'adolescente.
À cet instant, ce souvenir me semble encore bien trop flou pour que je parvienne à le comprendre et les deux jeunes hommes maintenant dos à moi ne me reviennent pas en mémoire, comme s'il m'était inconnu. Mais une chose est pourtant bien claire : j'ai oublié l'homme que je devais aimer à l'époque.
« Éthan, tout le monde nous regarde. je crache sèchement, essayant de dissimuler ma gêne.
— Lui au moins, peut s'afficher avec toi. enchérit l'un des deux garçons, dont je j'aperçois ici que sa masse de cheveux blonds.
— Peter, ne commence pas tu me fatigues. »
Mon coeur loupe un battement à chaque nouvelles phrases que prononce ces trois adolescents. Peter. Ethan.
Mes pas me guident avec eux avec un empressement rare et je me met face à leu visage, espérant me tromper, espérant avoir mal comprit. Mais non. Tout est bien réel. Ethan et Peter se tiennent face au fantôme que je suis.
Les cheveux blonds de l'un volent à cause du vent qui règne tout autour de nous et ses yeux verts brûlent de tristesse et d'envie lorsqu'il me regarde. Toutes les émotions par lesquels il me faisait passer remonte en moi comme pour rire de ce que j'ai oublié, me brisant un peu plus que je ne le suis déjà tandis que des larmes coulent à nouveaux le long de mes joues. La joie, la tristesse, la rancoeur, la haine, l'amitié, l'amour... Tous mes sentiments passé me blesse un peu plus à chaque seconde. Et je sens mon coeur se briser complètement lorsque mon regard se pose finalement sur l'homme qui se tient à ses côtés. Ce garçon aux cheveux aussi noirs que la pièce dans laquelle je me trouvais quelques minutes plutôt et aux yeux bleus, presque électrique. Éthan est là, face à celle que j'étais avant et sa présence n'était qu'amicale...
L'intégralité de mon passé remonte finalement jusque mon esprit, me faisant comprendre que tout est bien réelle, que ce jeu n'est pas imaginaire et que j'ai, pour une raison qui m'échappe encore, perdue la mémoire.
Retrouvée cette mémoire, retrouvée l'entière capacité de mes souvenirs et me rappeler de chaque détails de mon passé me permets enfin de comprendre chacune de mes réactions. Celle qui était dictée par mon coeur et par mon âme. Je connais Éthan et Peter depuis mon arrivée chez ma tante, ils ont toujours été là pour moi et je les ai toujours aimés et apprécier à leurs juste valeurs. Et ses sentiments que je ne comprenais pas, aujourd'hui je parviens à mettre un nom dessus. Mon coeur dictait mes actions, il voulait que je me rappelle.
Mais pourquoi ne l'ont-ils rien dit, eux qui semble ne pas avoir oublié ?
Soudain, des images de Peter, serrant mon cou doucement remontent en moi. Pourtant je ne ressens rien, pas même de la colère ou de la tristesse. Je ne suis qu'incompréhension.
Une nouvelle fois, mon corps est happé vers le haut et je me retrouve à nouveau dans ce long couloir. Je me sens exténué, presque exaspéré par la situation. Je voudrais partir de cet endroit mais seul celui ou celle qui m'a conduit jusque ici peut savoir quand je sortirais de cet endroit.
Je sais que je suis assez forte pour supporter la vérité. Je n'ai plus rien à perdre maintenant, pas même un nouveau morceaux de mon coeur, lui qui a déjà été bafoué à de nombreuses reprise.
La même voix m'ayant parlé tout à l'heure résonne une nouvelle fois parmi la pénombre, confirmant de manière subtile que je ne suis pas encore sortie d'ici :
« Tout sera bientôt finit Éléna, encore un peu de courage. Plus que quelles vérités, et tu pourras sortir d'ici pour te venger... »
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