Prologue 1. Le parcours d'une vie brisée.

Le 27 août 2020, Lyon

J'étudie le commerce dans une école réputée située à Lyon, à quatre cents kilomètres de ma ville. J'entame ma troisième année dans ce domaine et j'ai eu vingt-et-un ans le mois dernier.

Au cours de ma formation en tant qu'étudiante, une année à l'étranger est organisée pour se familiariser avec un dialecte inconnu. Pour ma part, l'espagnol est une langue que j'affectionne particulièrement.

De plus, je pratique ce langage depuis de longues années. Avec mes parents, j'ai vécu pendant cinq ans en Espagne, à Badajoz, près de la frontière avec le Portugal.

Voyager est mon plus grand rêve. Avoir la chance de visiter des pays différents, découvrir de nouvelles cultures, approfondir mes connaissances, me balader sur la plage sans penser à mes démons du passé est pour moi un moyen de m'évader.

Alors quand l'occasion de partir une année s'est présentée à moi, je n'ai pas réfléchi et j'ai foncé sur mon PC pour trouver un pays ainsi qu'une entreprise qui accepterait de m'avoir à leurs côtés.

Toutes mes recherches sont centrées sur l'Amérique du Sud puisque je suis douée en espagnol, et surtout ce continent est ma destination rêvée.

Après plusieurs mois d'exploration, j'ai enfin fini par trouver l'entreprise idéale. Elle se situe en Colombie.

La firme pour laquelle je vais travailler pendant un an s'appelle Bancolombia. C'est une institution qui offre une gamme complète de produits et de services financiers à une clientèle diversifiée de particuliers et d'entreprises dans toute la Colombie.

Je ne sais pas vraiment pourquoi c'est moi qu'ils ont retenu comme stagiaire, étant donné que je ne suis pas la meilleure de mon école, même si je suis bien classée.

C'est sûrement dû au fait que je parle couramment l'espagnol, c'est un avantage pour la société.

Aujourd'hui, c'est ma dernière semaine en France avant mon grand départ vers l'inconnu. J'ai tellement hâte, même si ma famille et le peu d'amis qui me restent vont énormément me manquer.

J'ai grandi avec mes parents dans le sud de la France. Ma mère travaille dans un cabinet en tant que notaire, quant à mon père, il est chirurgien dans une clinique privée.

Grâce aux métiers de mes parents, je n'ai jamais manqué de rien. Malgré leur salaire conséquent, ils ne sont pas avides d'argent. Ce qui fait que j'ai vécu dans une bonne famille avec des valeurs et des principes.

Ce voyage est une expérience dont j'ai vraiment besoin, c'est nécessaire pour pouvoir me reconstruire face au cauchemar que j'ai subi, il y a de ça maintenant deux ans.

Avant cette épouvantable soirée, j'étais une fille joyeuse, souriante, qui aimait sortir avec ses amis et profiter de la vie sans se soucier du lendemain.

Mais tout a basculé pour moi le soir où je suis sortie un vendredi, avec mes amis et mon copain.

Le 8 juillet 2018, chez moi

— Lyanna, t'es prête ? On peut y aller ?

— Deux minutes, j'arrive mon cœur !

Je me regarde une dernière fois dans le miroir avant de mettre du parfum. La robe noire que je porte met parfaitement en valeur ma petite poitrine à l'aide du décolleté plongeant, en forme de V. Ainsi grâce au tissu près du corps, ça moule le peu de formes que je possède.

J'ai laissé mes cheveux lisses détachés. Quant à mes mèches brunes, elles tombent en cascade le long de mon dos. Mes talons, assez hauts, compensent ma petite taille, mon principal complexe.

Le noir qui dessine les contours de mes yeux en fait ressortir le vert, ainsi que la touche de jaune en bas de l'œil.

Une fois parfumée, j'applique mon rouge à lèvres mat, pour finir.

Ma petite pochette en main, je descends les escaliers pour rejoindre Nathan.

À ce moment-là, je ne pouvais pas imaginer le déroulement de la fin de soirée.

La fête se passait plutôt bien, j'avais bu, beaucoup, et mon petit ami aussi. En plus de ça, il avait abusé de stupéfiants.

Suite à ça, me voyant dans un piteux état, il m'avait gentiment proposé de me raccompagner en taxi jusqu'à mon appartement que je loue pour mes études.

Arrivée chez moi, je lui avais proposé de rester au vu de son état, je ne voulais pas le laisser partir comme ça. Je ne me doutais absolument pas de la suite des événements, car je lui faisais confiance.

Tout ce qui s'est passé était de ma faute. Si je n'avais pas autant bu, si je ne lui avais pas demandé de rester, si je l'avais repoussé plus fort rien ne se serait passé comme ça.

J'étais entièrement responsable. J'aurais dû avoir la force de le repousser, mais non. J'étais faible et je n'ai pas pu me défendre. J'étais spectatrice de ma chute vers les ténèbres.

Il m'a plaquée contre le mur de ma chambre avec brutalité, avant de m'embrasser sauvagement. Ses mains étaient fermement appuyées sur mes épaules.

J'avais posé mes mains à mon tour sur son torse dans l'espoir de le repousser, mais je n'y arrivais pas. Ma force face à lui était minime. Son haleine empestait l'alcool. Tout me répugnait en lui à cet instant.

Je lui avais dit non, que je ne voulais pas faire ça ce soir, mais il ne m'écoutait pas, trop concentré à me détruire.

— Arrête, je sais que t'en a envie autant que moi , laisse-toi faire, je m'occupe de tout, tu vas aimer tu vas voir, m'a-t-il dit.

En saisissant mes poignets d'une main, il les avait plaqués au-dessus de ma tête. Il en profitait pour embrasser mes lèvres, mon cou, ma poitrine, par la suite. Je me sentais souillée, humiliée.

Seul le mot « non » franchissait la barrière de mes lèvres, que je répétait en boucle, jusqu'à ce qu'il devienne plus qu'un murmure. Toutefois, mon destin était déjà scellé.

Ses doigts descendaient le long de mon corps, dans le but de me retirer rapidement ma robe.

En empoignant le bas du vêtement, il l'avait jeté au sol. Ma respiration s'était bloquée. Pétrifiée à l'idée qu'il n'y aurait aucun retour en arrière possible.

Il glissait ensuite sa main entre mes cuisses. Je sentais ses doigts entrer en collision avec mon sexe. Il me touchait, me dégoûtait. Mes larmes commençaient à couler le long de mes joues. Mes yeux se fermaient d'eux-mêmes.

Mon cerveau se déconnectait petit à petit. Je m'imaginais ailleurs, loin de ce cauchemar, sur une plage heureuse et souriante. Tous les moyens étaient bons pour s'évader de ce cauchemar.

Je sentais cette fois-ci que c'était plus gros et dur. Mon cœur s'emballait et tout mon corps restait pétrifié. Tétanisée, je n'émettait aucun mouvement, aucune résistance.

Il me pénétrait violemment et mes jambes se mettaient à trembler d'elles-mêmes, à cet instant. Ses coups de reins me brisaient à chaque fois un peu plus, aussi aiguisés qu'une lame de rasoir tranchant chaque parcelle de mon âme.

Je pleurais, je lui demandais d'arrêter, je lui disais qu'il avait mal compris, que j'en avais pas envie, pas ce soir mais il ne m'entendait pas, il ne s'arrêtait pas, il me faisait mal. Malgré mes supplications, il continuait.

La douleur physique que je ressentais n'était rien face au traumatisme de cet acte abject.

Au bout d'un moment, le calvaire s'était enfin terminé, je n'avais plus mal, physiquement. Néanmoins, à l'intérieur de moi, c'était l'inverse. Je ne ressentais plus rien mis à part du dégoût pour mon corps et de la colère envers moi-même.

Moi, qui étais la fautive.

Je lui en voulais pour ce qu'il m'avait fait, mais ma haine était dirigée contre cette vie qui m'a pris ma joie, mon innocence et puis par-dessus tout, la chance de me revoir heureuse.

Malgré, le nombre incalculable de douches que j'avais prises par la suite, rien ne s'était effacé. Ses mains, sa bouche, son corps, c'était comme si je les sentais encore sur moi.

Après mon agression sexuelle, j'ai changé. Je n'ai parlé à personne de ce qui s'est passée par honte, par peur d'être accusée de mentir. Terrifiée à l'idée que les gens croient que j'étais consentante, que finalement j'en avais peut-être envie étant donné que l'avais pas repoussé suffisamment.

Je n'ai rien dit telle la personne faible que je suis, je l'ai quitté par message, par peur d'être confronté à lui. Il n'a pas cherché à comprendre, car pour lui, j'en avais envie, j'avais soi-disant aimé ça. Il avait rien fait de mal.

Une semaine plus tard, il était de nouveau en couple.

Je ne suis plus la même personne aujourd'hui. Je suis sur le qui-vive en permanence, ajoutant à cela ma colère quotidienne envers les personnes qui m'entourent faisant décupler mon agressivité.

Mon entêtement n'as pas diminué en grandissant et ainsi je sais pertinemment ce que je ne veux plus être : trop gentille. C'est pour ça que je ne laisse plus personne me faire du mal ou oser me manquer de respect. Ma défense repose uniquement sur l'offensive.

Je ne fais plus confiance à personne suite à sa trahison. Je ne me laisse plus approcher de trop près par les hommes, j'ai peur d'avoir à revivre le même traumatisme. Je ne bois plus par peur de perdre le contrôle.

J'ai perdu presque tous mes amis à cause de mon comportement. Heureusement que je vis loin de mes parents comme ça, ils ne voient pas la personne que je suis devenue, un mur de glace qui cache ses sentiments et ses émotions.

Pour me canaliser et surtout pour apprendre à me défendre pour ne plus jamais à être faible, j'ai commencé différent sport de combat. La boxe reste le sport que je préfère pratiquer. C'est devenu le seul moyen d'être bien au moins pendant quelques heures de la journée, dans les premiers mois qui ont suivi ce drame. C'était ma seule sortie en dehors des courses.

La boxe et mon voyage en Colombie sont les deux seules choses à l'heure actuelle qui me font tenir et ne pas sombrer complètement.

Le fait de pouvoir voyager, mais surtout être loin de tout ce qui me rappelle ce que j'ai vécu est de loin la meilleure sensation que j'ai eue depuis les deux dernières années.

Plus que quelques jours et pour la première fois depuis cette nuit-là, j'ai l'impression de revivre, vraiment.

Finalement, cette histoire n'est que le prologue de ma longue vie...

À suivre...

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Salut ! Dites-moi ce que vous pensez de mon histoire en commentaire et si je peux améliorer certaines choses. N'hésitez pas, je prends en compte toutes les critiques constructives. ♡

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