Chapitre 14. Retrouvailles mouvementées.

Lyanna

Le 28 septembre 2020, à 17 heures

Je scanne mon badge avant de quitter l'entreprise, pour rentrer chez moi. Après une semaine où je suis restée dans ma chambre à ressasser de vieux souvenirs, j'ai décidé de reprendre le stage il y a trois jours.

Ça ne m'est pas utile d'être enfermée, il fallait que je sorte. Il n'y a rien de mieux selon moi que de plonger la tête dans des dossiers compliqués pour m'occuper l'esprit. Après la boxe, évidemment. J'ai facilement trouvé une autre salle de sport pour me dépenser. J'élimine les chances de le revoir comme ça. C'est parfait ! Il ne m'apporte que des ennuis.

Finalement, mon absence n'a pas été signalée par mon patron donc mon école n'est pas au courant. Tant mieux, car l'entreprise ou mon école peut choisir de me virer à tout moment. À condition qu'il soit question d'une raison valable et donc une absence non justifiée en n'est pas une.

Je marche sur une rue piétonne qui mène à la résidence. Comme chaque jour, mes écouteurs dans les oreilles, j'écoute le son qui y résonne, perdue dans mes pensées. La musique permet de m'apaiser et me transporte dans un autre monde bien meilleur que celui où nous vivons actuellement.

Toutefois, aujourd'hui est un jour différent des précédents. À quelques mètres de l'entrée de mon bâtiment, trois véhicules stationnent sur le parking accompagné de leur signalisation lumineuse qui attire les passants, y compris moi-même à regarder dans cette direction.

La mélodie qui défile dans mes oreilles est dominée par le son strident des gyrophares des camions de pompier roulant à toute allure sur l'avenue, espérant prêter main-forte aux secours déjà présents sur les lieux. Ils sont suivis de près par les voitures de police arrivant à leur tour.

Perdue, face à cette vision, je continue de marcher, en accélérant le pas. Les yeux toujours rivés sur l'entrée, je regarde des Hommes recouvrir certaines personnes placées sur des brancards à l'aide de draps blancs. Je retire mes écouteurs et laisse mon regard se porter sur chaque petit détail, essayant de déchiffrer la cause de cette situation.

Ayant une vue sur tout le bâtiment depuis ma place, je remarque deux voitures garées quelques mètres plus loin. Elles sont placées sur le bas-côté de la route, en face de la sortie de secours. Les Hommes chargés de secourir les blessés ainsi que les représentants de la loi alertés par les appels à l'aide des citoyens quelque temps plutôt, passent, eux aussi, les portes de l'entrée.

Au même moment, deux hommes masqués tenant fermement les avant-bras d'une autre personne sortent à leur tour de la bâtisse, utilisant la deuxième sortie.

On dirait la silhouette d'une femme, mais postée où je suis, je ne peux rien affirmer avec certitude. De plus, elle porte un sac sur la tête cachant entièrement son visage.

Elle est jetée sans aucune douceur dans la voiture, qui démarre doucement, espérant sans doute, ne pas attirer l'attention.

Les deux hommes sont placés de chaque côté d'elle, ainsi leur imposante carrure camoufle la petite silhouette de la jeune femme.

Devrais-je porter secours à cette personne en alertant les forces de l'ordre ?

Le problème, c'est que je n'aurais pas le temps de leur expliquer ce que j'ai perçu, que les voitures seront déjà loin. De plus, ils sont occupés à chercher les responsables ainsi que des réponses à cet acte abominable pour calmer la population terrifiée.

Puis, ne rien faire, fermer les yeux sur ce que j'ai vu n'est pas non plus une solution. C'est sûr que cette personne n'est pas montée de son plein gré dans cette voiture.

Elle est en danger et à sa place, j'aimerais être aidée. Deux ans, auparavant, pendant qu'il m'agressait, j'aurais aimé qu'une personne arrivée de nulle part mette fin à mon enfer.

Donc, c'est décidé, je vais les suivre pour voir ce qu'il se passe et où ils vont pour que je puisse prévenir la police.

N'ayant pas de voiture, je cours à travers les rues pour essayer de les rattraper. Je sais que je prends de gros risques en faisant ça, mais je n'arriverai pas à dormir la nuit en sachant qu'une personne est dans une telle situation d'insécurité.

J'arrive facilement à les rattraper puisqu'ils sont arrêtés à un feu rouge. De plus, les voitures roulent pendant un petit moment dans la ville avant de s'éloigner pour rejoindre la périphérie, située proche de la métropole. Heureusement qu'a cette heure-là, les routes sont bondées de voitures ce qui fait qu'il n'y a pas mal de bouchons. J'arrive facilement à les repérer puisque les véhicules possèdent le même modèle ainsi que la même couleur. Cette petite course dure environ dix minutes avant que les véhicules éteignent leur moteur près d'un vieux bâtiment en ruine, loin de toute civilisation.

Reprenant mon souffle, je les regarde entrer dans la bâtisse. Avant de pénétrer à mon tour, je leur laisse quelques minutes d'avance pour ne pas me faire repérer. Le problème, c'est qu'un homme armé est resté dehors, il garde l'entrée et surveille les alentours.

Je pourrais prévenir la police tout de suite, mais avant, je veux voir ce qu'il se passe à l'intérieur, je veux être sûr de l'ampleur du danger que la personne encourt.

Accroupie derrière une montagne de cailloux, je cherche une solution efficace pour éloigner l'homme de l'entrée. Une fois mon cerveau illuminé par une idée intéressante, je me mets en position pour exécuter mon plan.

Je me saisis d'une grosse pierre présente à côté de moi et la lance de toutes mes forces dans une des deux voitures.

L'homme averti par le son de l'alarme se redresse et positionne mieux son fusil. Tous ses sens sont en alerte maximale. Il est prêt à abattre toute trace de danger pour protéger les personnes à l'intérieur.

Il se déplace lentement examinant chaque recoin possible de son champ de vision. Placée où je suis, il ne me voit pas. J'attends qu'il soit au niveau des voitures, dos à moi pour courir vers l'entrée.

Je pourrais repartir, être tranquillement dans un café ou ailleurs, loin de tout danger, mais non, il faut toujours que je me mette dans des situations périlleuses.

Une fois prête psychologiquement, je cours le plus vite possible vers mon objectif. Une fois la porte passée, je me baisse pour éviter qu'on ne me voie depuis dehors, à travers les fenêtres.

J'entends du bruit plus loin. Je m'approche, d'une porte en bois, en rampant et tends l'oreille pour savoir d'où proviennent exactement ces sons. On dirait des rires. La chair de poule prend possession de mon corps, j'entends ma propre respiration s'affoler. Submergée par des frissons désagréables, je me relève prête à franchir cet accès.

J'ouvre la porte puis la referme derrière moi. Je n'ai pas le temps de descendre que des cris terrifiant à en percer mes tympans me font sursauter.

— Attends-toi à ce que chaque minute soit pire que la précédente ! retentit une voix sinistre.

Il reste une dizaine de marches avant la seconde porte qui me mènera tout droit vers ces hurlements d'agonie. Prise d'une frayeur sans nom, je ne peux pas me résoudre à descendre ses escaliers.

Le mieux que je puisse faire dans cette situation, c'est d'appeler la police. Je préfère rester dans ce couloir sombre et attendre sagement. J'ai peur de tomber sur l'homme de dehors si je venais à sortir.

Je sors mon téléphone de ma poche, baisse la luminosité au maximum puis j'éteins le son, je ne veux prendre aucun risque. Je m'apprête à composer le numéro des secours quand je reçois un message qui me fait automatiquement froncer les sourcils.

Je le relis plusieurs fois pour être sûr d'avoir bien saisi sa requête et examine chaque mot.
L'incompréhension se lit clairement sur mon visage.

« Sors d'ici discrètement et ne préviens personne ! Mes hommes sont sur place, ils vont sortir ma sœur de là, je suis en chemin.
- Matthew »

Putain, je n'y crois pas ! Sa sœur ? Anastasia ? Elle est en train de se faire torturer dans la pièce d'à côté ? Malgré tous mes efforts pour l'éviter, tout me ramène toujours à lui, c'est fou ! À croire que j'ai un mauvais karma.

Mon cerveau déborde d'interrogations sans réponse. Dont l'une qui me travaille plus que les autres.

Comment sait-il que je suis là, précisément dans ce couloir ?

C'est ce genre de choses dans les films qui me font flipper.

Il se passe quelques minutes avant que je ne reprenne mes esprits, je place ma main sur la poignée de la porte, l'entrouvre prête à me tirer d'ici, mais une lumière blanche, comme un flash me stoppe dans mon geste.

Je me tourne légèrement pour savoir d'où provient cet éclairage et tombe sur une caméra de surveillance. D'un coup, la lumière s'éteint. Ma vision se concentre une fois de plus sur la sortie. La porte est entrebâillée, je vois alors l'homme de dehors marcher en passant devant ma cachette. Ma respiration se bloque sous le coup de la peur.

Une fois, l'individu éloigné, l'air passe de nouveau dans mes poumons. Je n'en reviens pas qu'il vient de me sauver la vie. S'il n'avait pas eu en sa possession les caméras, on m'aurait déjà vu. Je n'avais même pas remarqué qu'ils y en avaient. Je ne suis pas assez vigilante. En plus, sans la lumière, je serais sortie et l'autre m'aurait aperçu.

Je souffle un bon coup histoire de ralentir mon rythme cardiaque. Cette fois-ci, je peux sortir sans crainte, ça me rassure qu'il ait le contrôle des caméras.

À peine ai-je fait quelques pas qu'une fois sortie du couloir, des coups de feu se font entendre. J'ai bien peur que ça devienne une habitude à force.

Je me précipite vers la sortie. Une fois devant, je sens une présence derrière moi, je n'ai pas le temps de me retourner qu'une main se pose sur ma bouche, m'empêchant de prononcer un quelconque son. Je sens mon palpitant accélérer anormalement.

— Je vais retirer ma main, mais ne fais pas de bruit. Je ne te ferai rien. Ordre du patron.

Je ne comprends rien à ce qu'il me raconte, mais je ne compte pas crier. Je sais bien que personne ne viendrait me secourir. C'est plutôt du plomb que je recevrai comme réponse à mon appel à l'aide.

Je hoche la tête et sa main disparaît aussitôt. Il attrape mon bras et me traîne à travers différents couloirs, avant d'enfin voir la lumière du jour.

C'est seulement à ce moment-là que je le reconnais, car il faisait trop sombre à l'intérieur. C'est son bras droit, Logan.

Si Logan est là, lui aussi doit être présent. Je regarde partout, autour de moi, c'est alors que je le vois sortir du bâtiment en ruine, avec dans les bras une femme blonde. Ça doit être Anastasia, sa sœur.

Il la place sur la banquette arrière de sa voiture avant de s'approcher de moi. La moitié de ses hommes repartent dans leur véhicule et quittent ce lieu.

Je ne sais pas pourquoi, mais je panique. Je n'ai rien à me reprocher, pourtant. Toutefois, rien que sa démarche me fait peur. Il émane de lui une puissance qui m'impressionne. Une fois à sa hauteur, je cache mon trouble en restant impassible.

— Qu'est-ce que tu fous ici ?

Ah, bah, ce n'est pas l'amabilité qui l'étouffe celui-là !

— Rien je m'en allais là, fis-je en passant devant lui.

Il m'attrape le bras avant d'annoncer :

— Tu vas nulle part. Suis-moi, on y va !

Je n'ai pas le temps de dire quoi que soit que monsieur se dirige vers sa voiture. Ah, parce qu'il croit que je vais le suivre gentiment, en plus. Il est fou lui.

Je commence à marcher dans le sens inverse de sa direction. Je sais qu'il ne va pas être très content, mais s'il avait ajouté un « s'il te plaît » je l'aurais peut-être suivie.

Enfaite non, je sais que c'est faux, mais, lui ne le sait pas donc ça va. Je ne fais que rarement ce qu'on me dit de faire, je déteste qu'on me donne des ordres. Heureusement, qu'au travail, on me laisse me débrouiller, sinon toute l'année, ça aurait été dur.

— Tu fais quoi putain ? Viens là ! cri-t-il.

— Va te faire foutre ! dis-je en faisant mon plus beau doigt d'honneur.

C'est sorti tout seul et je le regrette déjà. J'espère que ça ne va pas trop l'énerver.

Quelques secondes plus tard, je sens qu'on m'attrape par le bras pour me plaquer le dos contre le mur. Une douleur aiguë me transperce le corps, mais je ne montre rien. Je ne lui ferai pas ce plaisir. En plus, ce con continue de serrer mon bras. Mon regard tombe sur le sien et pour le coup, j'aurais mieux fait de me taire.

— Putain, arrête de mal parler avec ta bouche comme ça. Crois-moi, tu n'as pas envie que je passe mes nerfs sur toi !

C'est plus fort que moi, je ne peux pas le laisser avoir le dernier mot.

— Mais lâche-moi connard ! T'as pas mieux à faire là ? COMME T'OCCUPER DE TA SŒUR, PAR EXEMPLE ! hurlé-je.

D'un coup, je sens ma tête tourner vers la droite et une douleur au niveau de ma joue se fait ressentir. Par réflexe, je place ma main à cette emplacement.

Putain, il vient de me gifler ! Je sais que je suis allée loin dans mes paroles. Néanmoins, je ne le reconnaîtrai pas à voix haute et en plus, ce n'est pas une raison. Enfin, c'est un criminel, je ne m'attends plus à rien avec lui.

Par contre, je ne vais pas le laisser me frapper sans rien dire. C'est mal me connaître.

Je relève la tête et souris. Je sais qu'il ne comprend rien même s'il ne le montre pas. Je profite de sa surprise pour l'attraper par les épaules et envoyer mon genou dans ses couilles.

— On est quitte maintenant ! dis-je sans le regarder et je pars directement rejoindre sa voiture.

Sauf que lui n'a pas l'air d'accord avec cette option puisque je n'ai pas le temps d'arriver à sa voiture qu'il me balaye au sol. Je tombe face contre terre. À croire que sa fierté a été touchée.

Je m'apprête à me relever quand un coup de feu perce le silence, mais étant donné que je me suis étalée comme une merde par-terre, je ne vois rien.

Matthew est accroupi, il est caché grâce à la voiture, alors que moi, il n'y a rien pour me protéger. Je n'avais pas encore atteint la voiture. Je me prépare à me lever pour me mettre dans la même position que lui, mais ses paroles m'arrêtent immédiatement.

– Ne fais pas un geste, si tu veux vivre !

Finalement, je décide de l'écouter, ma vie est en jeu et il est le mieux placé pour savoir quoi faire et quand le faire dans ces conditions. Il sort son arme et se décale de la voiture après m'avoir transmis ses instructions :

– Quand je te le dirai monte dans la voiture.

Cette fois-ci, je ne vais pas faire la folle. Je ne me rendais pas compte du danger. Je ne connais pas cette vie où tu as toujours l'épée de Damoclès au-dessus de la tête. Il s'avance vers la roue avant de la voiture et commence à ouvrir le feu sur ses ennemis.

– Maintenant ! cri-t-il.

J'ouvre la porte conducteur, monte et me glisse jusqu'au siège passager. Je me baisse le plus possible pour éviter de me prendre une balle perdue. Les échanges de tirs cessent quelques minutes plus tard, quand Matthew se place derrière le volant et démarre la voiture en trombe.

À suivre...

———

Coucou, j'espère que vous allez bien !

Ce chapitre est un peu plus long que les précédents. Qu'en avez vous pensez ?

Alors les retrouvailles entre Lyanna et Matthew, bien ou pas ?

⚠️ Il n'y aura pas de chapitre la semaine prochaine.

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