Chapitre 13. Descente aux enfers.
Anastasia
Le 28 septembre, à 16 heures 30
Je sillonne les rues de ma ville à bord de ma jeep rouge. Selon moi, les grosses voitures surpassent, tous les autres types de véhicules, niveau esthétique, et ce, depuis longtemps.
Je me dirige vers le lieu où réside ma meilleure amie, Mia. Ce simple fait me donne envie de sourire. Elle est la seule en qui j'ai confiance, avec mon frère.
Arrêtée à un feu de circulation, je regarde la ville où j'ai grandi. Le téléphérique surplombe les rues piétonnes occupées par beaucoup de monde. Un groupe d'adolescents rigole, s'amuse et pendant un instant je les envie. Je n'ai pas eu la chance de connaître ça.
Medellín a connu mes peines, mes joies et tous mes souvenirs bons comme mauvais. Perdu dans mes pensées, il a fallu que le conducteur derrière moi me klaxonne pour me rendre compte que le feu était vert.
Je connais Mia depuis mon enfance. On était dans la même classe et de là s'est créée une belle amitié. Toutefois, le problème, c'est qu'aujourd'hui, je fais face un dilemme. Mes sentiments envers elle se sont développés au fil des années et un amour différent est né pour cette femme.
Deux possibilités s'offrent à moi dans cette situation. La première option, c'est que je pourrais lui faire part de mon ressenti. Paradoxalement comme deuxième solution, je peux aussi ne rien faire du tout.
Néanmoins, si je lui avoue mes sentiments, je prends le risque que ce ne soit pas réciproque. Mais par-dessus tout ce que je redoute le plus est le fait que notre amitié ne survive pas après ma révélation.
Ça fait des années que mon esprit est envahi par toutes ces interrogations et je me sens toujours aussi perdue à l'heure actuelle. De plus, personne n'est au courant pour ma sexualité même pas mon propre frère.
J'arrive finalement sur le parking de la résidence suivi de près par la voiture des hommes engagés par mon frère. Ils sont payés pour me protéger et accessoirement me suivre partout. Qu'est-ce que ça peut être pénible cette vie, parfois. Mais bon, je m'y suis habituée, je fais avec.
Concernant Mia, je compte faire comme d'habitude, me taire et profiter de chaque instant en sa présence.
Quand je la regarde, je sens les battements effrénés de mon cœur. Lorsqu'elle sourit, plus rien autour n'a de l'importance. Je suis prête à tout pour elle, je lui donnerais ma vie s'il le fallait. Elle est ma raison de vivre.
Il y a encore tellement de choses que j'aimerais lui dire, mais je ne le ferai pas, je reste sur mes positions.
C'est lâche, mais la perdre n'est pas envisageable, alors je refoule tous mes sentiments et je vis chaque moment avec elle comme si c'était le dernier. Ça sera mon seul et unique regret dans ma vie.
Je traverse le couloir pour rejoindre les escaliers menant à sa chambre, située au deuxième étage.
À peine ai-je toqué que la porte s'ouvre en grand sur la femme qui hante mes pensées le jour comme la nuit. Un grand sourire illumine son visage en me voyant. Elle me prend dans ses bras avant de me demander :
– Salut, ça va ?
– Très bien, au fait tu veux faire quoi aujourd'hui ? Demandé-je en entrant dans la pièce.
– On pourrait aller se balader dans le centre-ville si tu veux. propose-t-elle.
J'accepte avec enthousiasme sa proposition. Elle décide de se changer avant notre départ. Le corps plaqué contre le mur, j'en profite pour contempler discrètement son allure.
Elle est placée dos à moi, je possède alors une parfaite vue sur sa chute de reins où ses cheveux bouclés retombent justement à ce niveau. La couleur de ceux-ci est d'un noir brillant avec quelques reflets bleu métallique.
Mia se débarrasse de son legging pour enfiler à la place un jean ample. Par la suite, elle ajoute un petit top vert qui fait ressortir la couleur de sa peau métisse. Un sourire scotché sur le visage, je le regarde s'agiter dans tous les sens, pour faire au plus vite.
Une fois prête, elle se retourne, la mine enjouée avant d'annoncer qu'on peut y aller. Elle attrape son téléphone posé sur le lit avant de fermer la porte à clé. On marche dans le couloir pour rejoindre le rez-de-chaussée.
Avant de pousser la porte des escaliers, le son de coup de feu se fait entendre. Je retire vivement ma main de la poignée et tourne ma tête vers Mia.
Son visage affiche une mine inquiète et j'entends sa respiration s'accélérer. Je prends sa main dans la mienne dans une tentative pour la rassurer.
Je regarde partout, autour de moi, mais je ne vois aucune des personnes embauchées par mon frère. Je cherche mon téléphone pour envoyer rapidement un message adressé aux hommes chargés de ma protection.
Je ne le trouve pas dans mes poches, la panique commence à s'emparer de moi, je vois mes mains trembler. Je vide complètement mon sac sur le sol, dans un espoir de l'apercevoir, mais rien.
Désespérée, je cours avec Mia pour trouver un endroit où se cacher en attendant l'arrivée de mon frère. J'espère de tout mon cœur que ses hommes l'ont prévenu de la situation.
Arrivée au bout du couloir, on rentre dans un petit local sombre où des produits ménagers sont disposés, sur des étagères.
J'entends des portes claquées, des cris, des coups de feu, des bruits de pas s'approcher de plus en plus de nous. On se positionne tout au fond de la pièce, accroupie. Le dos appuyé contre le mur, mon regard reste planté dans celui de Mia, collée à moi.
J'ai peur. Je sais qu'ils viennent pour moi. Je prends le visage de Mia entre ma main et m'imprègne de chaque parcelle de son beau visage. Je remarque que de petites larmes bordent le coin de ses yeux.
Dans un élan de courage, je pose mes lèvres sur les siennes. En fermant mes yeux, les sensations sont décuplées. Je sens de la chaleur se propager dans tout mon être. Ses lèvres sont douces comme je les avais imaginées dans mes rêves. Le baiser est tendre, doux. Surprise pendant un instant, elle répond quand même au baiser en ouvrant légèrement sa bouche. Ma langue se fraie alors un chemin pour rejoindre la sienne. Le baiser s'intensifie, l'odeur de son parfum, sa langue caressant merveilleusement bien la mienne et nos soupirs langoureux me font perdre la tête. C'est à bout de souffle que nous nous séparons, un instant plus tard.
Elle me fixe de ses beaux yeux bleus, comprenant que ce baiser sonnait comme un adieu, elle ne retient plus ses larmes.
La porte s'ouvre en grand, dans un son bruyant. Trois hommes cagoulés sont positionnés devant nous. L'un d'eux, le plus impressionnant prend son téléphone, compose un numéro tout en me regardant.
J'essaye de calmer ma respiration irrégulière pour paraître impassible. Mes efforts sont vains quand j'entends cet homme prononcé ses mots :
– On l'a trouvé, on en fait quoi, patron ?
Je n'entends pas la réponse de l'interlocuteur, mais l'homme devant moi ajoute :
– Bien, patron, on s'en occupe.
Une fois sa conversation terminée, il sort une arme et je sais que je vis mes derniers instants en ce moment. Je ne suis pas stupide, Mia ne sera pas épargnée, mais au moins, on sera ensemble.
Je ferme les yeux m'apprêtant à mourir. Toutefois, un coup de feu résonne, puis plus rien. J'ouvre les yeux, paniquée par ce qui me fait face. Mia, allongée devant moi, se tient le ventre, en sang. Je sens mon cœur se briser devant cette image de Mia.
C'est en secouant la tête de gauche à droite, en répétant le mot « non » que j'appuie à mon tour mes mains sur la sienne, pour essayer de stopper l'hémorragie. Ses yeux essayent d'accrocher au mien, mais se ferment à plusieurs reprises. Une pluie de gouttes transparentes naquit de mes yeux gonflés. Pourquoi suis-je encore en vie ?
Je sens quelqu'un me tirer par le bras pour me relever. Je me retourne, le regard abattu vers ceux qui ont tiré sur Mia. L'espace d'un instant, j'avais oublié leur présence, plus rien autour de moi n'existait.
C'est le cœur lourd, le regard sombre, les jambes lourdes, la gorge nouée par les sanglots que je les laisse m'emmener où ils veulent, sans opposer de résistance. Sur le sol, des corps y sont disposés, du sang est étalé partout même sur les murs. Je reconnais les hommes de mon frère, un vrai massacre s'est produit ici.
Une fois mes mains attachées dans le dos, par une corde, la bouche bâillonnée par du scotch, un sac noir sur la tête, je monte dans une voiture. J'ai envie de hurler à gorge déployée ma tristesse. Pourquoi elle et pas moi ? Je n'arrive pas à réfléchir, mes pensées retracent sans cesse les événements qui se sont déroulés dans le local.
Quelque temps plus tard, ils me font descendre du véhicule. Je marche sans savoir où ils me guident, toujours la vue cachée. On descend des escaliers qui doivent mener à un sous-sol. Je sens une odeur de moisissure, lorsqu'on me pose sur une chaise. On me retire mes chaussures, mes vêtements. J'entends ensuite un bruit de câble grincé.
Tout d'un coup, je suis prise de frissons, j'ai la chair de poule. Mon cœur bat de façon désordonnée. La peur me submerge quand on me retire le tissu. La pièce est sombre et assez grande. Je baisse les yeux et lorsque je comprends leurs projets, je me débats du mieux que je peux. Les larmes aux yeux, je crie à m'en déchirer les cordes vocales. Mon hurlement accompagne les rires des hommes présents dans la pièce.
Je sais que si je suis là, c'est en rapport avec mon frère. Toutefois, je suis au courant de rien. Il ne parle jamais de ses affaires, ce n'est pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises d'en apprendre davantage. Il dit toujours : « Moins t'en sais, mieux tu te portes ». Alors, je ne serais pas d'une grande utilité pour eux. C'est la première fois que je me retrouve dans cette situation et je suis terrifiée à l'idée qui puisse me faire subir un tas de choses horrible.
– Silence ! Tonne la voix grave d'un homme.
Maintenant, aucun bruit ne résonne dans la pièce mis à part mes sanglots. Il me regarde avant de reprendre la parole :
– Si tu es ici, c'est à cause de ton cher frère. Tu n'es qu'un dommage collatéral, mais tu vas me servir de vengeance. Annonce-t-il, un rictus mauvais sur le visage.
Je regarde de nouveau ce qui se trouve autour de moi et tout mon corps tremble.
– J'aimerais bien voir la tête qu'il fera quand il saura ce qu'on va te faire. Ajoute-t-il, la mine épanouie.
Je suis assise, attachée sur une chaise suspendue à trois, quatre mètres en hauteur reliée par un câble tiré au maximum. En dessous se trouve un énorme tonneau rempli d'un liquide. Je pense à de l'huile. Ils vont m'ébouillanter ces monstres.
L'homme qui a parlé, le chef, je suppose, sors un téléphone qu'il positionne dans ma direction.
– Tu permets quand j'en garde un petit souvenir ? Me provoque-t-il.
Un homme appuie sur un bouton d'une télécommande et de nouveau, le bruit du câble résonne dans le sous-sol. Cette fois-ci, la chaise descend vers le récipient sous le regard attentif de toutes ces personnes.
Je ferme les yeux, pour contrôler ma respiration. Toutefois, mon cri de douleur perce le silence quand mes orteils touchent le liquide chaud. Je me débats, je hurle, je pleure, je supplie, j'agonise, mais rien ne s'arrête. La douleur est insupportable. La seule réaction que je perçois, c'est leur rire moqueur.
Ma chaise continue de descendre, doucement, pour que je puisse ressentir au maximum la souffrance. J'ai l'impression qu'on m'arrache les entrailles un par un. Le liquide est maintenant au niveau de mes mollets et je prie pour m'évanouir. Il faut que cet enfer s'arrête, je n'en peux plus.
À suivre...
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Coucou cher lecteurs ! J'espère que vous allez bien. ♡
Nouveau chapitre du point de vue d'Ana. Comment l'avez vous trouvé ? Mia morte ou pas ? Des idées pour la suite ?
On se retrouve la semaine prochaine pour la suite ! ✨
Merci pour les 300 votes ! ❤️
Bonne journée !
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