Chapitre 8 : Leader en détresse
Holly se réveilla brusquement. Si brusquement qu'elle se releva dans son lit, la peau moite et la respiration saccadée. Elle revoyait Lori qui souffrait péniblement tandis qu'on lui ouvrait le ventre, les mains de Maggie plongeant dans ses tripes pour récupérer le bébé qui peinait à survivre...Quel affreux souvenir... Elle en avait le souffle coupé.
Il faisait déjà jour. Plus question de se rendormir. En descendant du lit, elle s'aperçut que Laure n'était pas dans le sien, sûrement déjà en bas pour prendre le petit déjeuner. Holly rejoignit le reste du groupe, et s'assit à côté de Laure pour se verser des céréales dans un bol. Le bébé dormait paisiblement dans les bras de Kayla. Elle salua Holly quand elle entra en dernier, avant de reporter son attention sur la petite fille. Daryl et Oscar étaient les seuls qui n'étaient pas à table, faute de place, et mangeaient plutôt sur le côté, assis sur des marches ou appuyés contre un mur.
Les yeux du chasseur se posèrent un instant sur le bébé. Elle semblait aller bien, c'était rassurant. Ils ne l'avaient pas perdu. Ils avaient déjà perdu bien assez de gens hier...
Kayla souriait à l'enfant dans ses bras, la tenant soigneusement, comme si elle avait fait ça toute sa vie. Elle ressemblait à une mère. Daryl n'avait pas de mal à l'imaginer comme telle. Kayla serait parfaite dans ce rôle.
Il détourna le regard quand il réalisa qu'il la regardait depuis trop longtemps. Ce qu'il ressentait à son propos...était toujours flou pour lui. Mais incontestablement de plus en plus fort.
"Ça va ?" demanda Laure à sa fiancée quand elle arriva, fronçant les sourcils.
Son visage trahissait encore sa frayeur au réveil, et elle hocha la tête.
"Oui, juste un mauvais rêve..." murmura-t-elle pour que Carl ne l'entende pas.
Laure lui frotta doucement le dos dans une tentative de réconfort qui eut son petit effet.
Le grincement d'une porte grillagée s'ouvrant fut rapidement accompagnée par la voix de Rick.
"Tout le monde va bien ?"
Le groupe se tourna vers lui, légèrement surpris par son arrivée. Ils ne l'avaient pas vu revenir durant la nuit. Il paraissait assez stable, à part son regard un peu perdu. Il était propre, il s'était changé, pas d'armes à la main...
"Oui, tout le monde va bien." lui confirma Maggie.
"Et toi ?" demanda Hershel.
"J'ai fait du ménage près de la chaufferie."
"Il y en avait combien ?" demanda Daryl, assis dans les escaliers.
"Je ne sais pas. Une dizaine, une vingtaine... Je vais y retourner. Je venais voir comment allait Carl." Il tapota le dos de son fils.
Les yeux de Kayla se plissèrent légèrement. Il n'avait pas mentionné son bébé, juste Carl...
"On peut aller chercher les corps." proposa Glenn en se levant. "Tu n'es pas obligé."
"Mais si." contesta Rick. Il s'approcha ensuite de Daryl. "Chacun a un flingue et un couteau ?"
"Oui, mais on manque de munitions."
"Avec Maggie, on comptait aller voir, plus tard. On a repéré où trouver du lait et des balles." expliqua Glenn.
"On a nettoyé le coin du générateur. Axel essaie de le réparer en cas d'urgence." ajouta le chasseur. "On inspectera le sous-sol, aussi."
"Bien, excellent."
Rick n'en dit pas plus avant de se diriger promptement vers la grille du couloir.
"Rick, tu veux...?" commença Kayla en se levant, toujours le nouveau-né dans les bras. Mais il l'ignora complètement et partit. Holly soupira et le suivit.
Kayla baissa tristement la tête, plutôt inquiète.
"Il n'a même pas voulu la voir..." marmonna-t-elle sombrement.
"Peut-être qu'il a encore besoin de temps ?" suggéra Laure. "Une chose à la fois, je suppose." Glenn s'étonna presque de la voir plus bavarde qu'hier.
"Tu as peut-être raison..." soupira Kayla en observant le bébé. Elle espérait que c'était juste une question de temps. Glenn et Holly lui avaient dit à quoi avait ressemblé Rick, quand ils étaient partis le chercher. Il avait l'air d'être devenu l'ombre de lui-même. Elle voulait l'aider, mais ignorait comment s'y prendre.
Heureusement, elle n'était pas la seule à s'inquiéter pour lui, ni à vouloir l'aider. Holly trotta derrière Rick pour le rejoindre. Holly était plutôt douée pour rassurer les gens et les aider à se sentir mieux. Elle avait toujours des mots doux, gentils et optimistes à leur dire. Peut-être qu'elle arriverait à aider Rick.
"Rick !"
A sa grande surprise, il se retourna vers elle, et s'arrêta pour l'attendre, avant de marcher avec elle dans les couloirs.
"Je suis désolée, je voulais venir te voir hier soir mais...si tu ressemblais à ce que tu étais hier après-midi et dans le noir...je crois que j'aurais fait un arrêt cardiaque." gloussa-t-elle nerveusement. Elle arracha très difficilement un minuscule sourire à Rick.
"Ouais, je sais. Je m'excuse aussi, j'ai dû te faire sacrément peur. Mais je vais mieux, promis."
Holly hocha la tête. "D'accord. Viens me voir si besoin. Tu sais que je suis là pour toi." Elle posa une main sur son épaule.
Il la regarda fixement. "Merci." Il tapota sa main avant de partir.
Quand ils rangèrent le petit déjeuner, Carl se tourna vers Laure.
"Mon père...il devient fou, pas vrai ?"
Il paraissait inquiet et défaitiste. Laure se mordit nerveusement la lèvre. Carl lui avait semblé trop calme pour un enfant ayant perdu sa mère, qu'il avait dû achever, et un père totalement absent pour l'accompagner dans son deuil. Alors cette question, certes inquiétante, la rassurait un peu. Carl n'était pas indifférent à la situation.
"Je pense qu'il a du mal avec son deuil..." répondit Laure. "Ça ne veut pas dire qu'il va rester comme ça tout le temps." Elle continua de ranger la vaisselle.
Carl hocha lentement la tête.
"Si tu as besoin, tu devrais parler à quelqu'un en qui tu as confiance." lui conseilla Laure, se retrouvant un instant dans la peau de Holly. Troublant... "Ce que tu as fait n'était pas facile, c'est dangereux de tout...intérioriser."
"C'est ce que tu fais, toi, pourtant." fit remarquer Carl.
Cette petite merde perspicace... pensa Laure. Elle s'appuya sur le mur, les sourcils levés.
"Fais ce que je dis, pas ce que je fais ? T'en as déjà entendu parler ? C'est la phrase préférée des adultes. Et je ne fais pas exception." affirma-t-elle avec un ton dur. Elle soupira et commença à compter les provisions qui leur restait, il était important de garder les comptes pour bien rationner.
"Maman me manque..." marmonna Carl en baissant la tête. Peut-être qu'il cachait son envie de pleurer ?
Laure se mordit l'intérieur de la joue et se tourna vers lui, plus attentive.
"Et papa...papa me fait un peu peur. J'ai..." Il avala laborieusement, son visage toujours caché par son chapeau. "Je vais me retrouver orphelin ?"
Laure ferma les yeux comme si elle avait été frappée par une dure réalité. Elle laissa échapper un long soupir, sentant que ce qu'avait dit Carl lui avait demandé beaucoup de courage.
"Non, Carl. Tu ne seras jamais orphelin. Tant que tu seras dans ce groupe, tu ne le seras jamais." lui affirma-t-elle. Son ton était dur, une nouvelle fois, mais une dureté rassurante.
Le petit garçon repensa aux paroles réconfortantes de Kayla hier, lui promettant qu'elle serait là pour lui si besoin. Il pensa à Laure, qui l'écoutait et ne le traitait pas comme un gamin. Il hocha la tête, et trotta vers la porte du garde-manger.
"Carl." dit Laure en continuant de fixer les paquets de nourriture. Elle sentit sa petite présence se retourner vers elle. "C'est bien. Tu fais les bonnes choses." Il repartit après.
*****
Kayla avait confié la "p'tite dure à cuire" à Beth pour le moment. Elle souhaitait se recueillir un instant sur les tombes de leurs amis récemment perdus.
Cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas perdu des gens. Ils n'avaient perdu personne depuis la ferme. A force d'apprendre à se connaître, à force de survivre ensemble, leur lien était devenu plus fort. Et cela laissait place à plus de tristesse et de chagrin quand ils perdaient quelqu'un.
Elle regarda tristement les trois tombes devant elle. Trois tombes, mais un seul corps à enterrer. Peut-être qu'ils devraient chercher plus tard les corps de Carol et Lori. S'ils en avaient la force mentale...
Le coin de sa bouche se releva légèrement en apercevant une rose Cherokee au pied de la croix d'une des tombes. Cela lui permettait d'identifier à qui cette tombe avait été destinée. C'était une belle attention. Et elle devinait facilement qui en avait eu l'idée.
"Hey."
A l'appel de celui auquel elle pensait justement, Kayla se retourna et lui adressa un petit sourire en guise de salut. Mais devant le regard de Daryl, elle devina que son sourire était plus triste qu'elle ne l'avait voulu.
"Hey." dit-elle en retour, alors que le chasseur la rejoignait.
"Je croyais que tu t'occupais de la p'tite dure à cuire."
Le sourire de Kayla devint plus authentique en entendant le surnom. Il était bien parti pour devenir le nom officiel du bébé pour Daryl.
"Je l'ai confié à Beth." expliqua-t-elle. "Je voulais juste... Leur dire plus proprement au revoir."
Elle désigna les tombes d'un vague geste de la main. Daryl acquiesça simplement sans un mot. Ils restèrent quelques instants en silence. Kayla pensa simplement à tout ce qu'elle aurait voulu leur dire, et leur souhaitant la paix. Le chagrin était encore présent, mais elle ne pleurait plus.
"Avec Oscar, on va nettoyer les niveaux inférieurs, vérifier qu'il ne reste aucun rôdeur." déclara finalement Daryl. "Carl s'est aussi proposé. Tu veux aider ?"
Kayla y réfléchit. Elle voulait aider bien sûr, mais après hier, elle se sentait lassée de tuer des rôdeurs et voir des morts. Elle serait sûrement plus apte demain, mais aujourd'hui, elle préférait s'occuper l'esprit d'une autre manière.
"Désolée, je... Je pense que je vais plutôt faire l'inventaire de nos ressources, m'occuper du bébé, et peut-être prendre une leçon avec Hershel, s'il accepte." répondit-elle, avec un regard d'excuse. "Je n'ai...pas envie de gérer des morts aujourd'hui."
Daryl sembla comprendre. Il hocha la tête sans un mot, puis commença à s'éloigner. Mais au bout d'une minute, Kayla se retourna vivement et l'interpella.
"Daryl !"
Le chasseur s'arrêta et se tourna vers elle.
"Merci...de comprendre." Elle baissa les yeux un instant. "Je sais que je ne peux pas laisser le chagrin m'affecter autant et que je dois me reprendre vite, c'est juste..." Elle soupira, ne sachant pas s'expliquer.
Pourtant, le chasseur comprit.
"Ça fait longtemps qu'on n'a pas perdu de gens." compléta-t-il pour elle.
Kayla le regarda et acquiesça.
"Je sais que tu t'effondres pas, si c'est ce que tu penses. Tu vas te reprendre. Tu le fais toujours. Souvent plus vite que la plupart d'entre nous."
Les coins de sa bouche se relevèrent. Elle lui adressa un regard reconnaissant. Entendre Daryl lui confirmer qu'il savait qu'elle était assez forte l'aidait à se sentir mieux.
"C'est pareil pour toi." lui dit-elle. "Tu es sûrement l'un des plus forts d'entre nous, Daryl. Et tu as aussi le droit à du temps pour le chagrin."
Le chasseur ne répondit pas, mais elle savait qu'il comprenait ce qu'elle voulait dire. Elle sentit son cœur battre plus vite alors qu'ils partageaient un regard. Mais elle s'était habituée à ce sentiment.
Daryl brisa le contact visuel en premier, se détournant maladroitement en direction de la prison, ignorant la chaleur agréable qui l'avait envahi. Aucun des deux n'avait remarqué les silhouettes de Maggie et Glenn au loin s'arrêter pour observer la fin de l'échange, avant de repartir en soupirant et roulant des yeux.
*****
Un peu plus tard, Laure, suivie de Holly, se rapprocha de Maggie et Glenn, alors qu'ils se préparaient pour leur expédition. Elle se sentait un peu coupable d'avoir ignoré Glenn sans plus d'explication. Elle avait donc pris la décision de venir les aider dans leur petite expédition. C'était sa façon de s'excuser.
"Hey..." Elle fit connaître sa présence. Le couple se tourna vers elle, attendant qu'elle parle. "Je...voulais savoir si ça vous dérangerait que je vienne ?"
Ils semblèrent un peu étonnés. Ils se regardèrent un instant avant de lui donner une réponse.
"Non, bien sûr que non, monte." l'encouragea Glenn qui se mit au poste de conducteur.
"Tu porteras plus de trucs." Maggie lui fit un clin d'œil avant de se faufiler sur la banquette arrière.
Laure embrassa Holly. "Je reviens bientôt."
"Mets pas trop de temps. Je t'aime." Laure croyait déceler une lueur d'inquiétude dans les yeux de sa compagne. Comme d'habitude, même s'il n'y avait pas de quoi...
"Je t'aime aussi."
C'était fou comment parler à Holly lui paraissait plus simple qu'à n'importe qui.
Elle se glissa sur le siège passager, et Glenn démarra la voiture.
Le trajet se fit dans le silence, les passagères profitant du paysage. Glenn observa de temps en temps Laure, très discrètement. De par sa manière de bouger et de parler, il avait vite compris que Laure s'excusait indirectement de son comportement. Elle ne venait jamais en expédition s'il n'y avait pas de réel danger immédiat. Elle était difficile à décoder mais...après tout ce temps passé ensemble, il commençait à parler le "Laure".
"Tu es pardonnée. Tu l'as toujours été." lui dit-il, sans vraiment réfléchir. Prenant le risque de passer pour un crétin s'il avait imaginé tout ceci.
Mais le rictus amusé de Laure lui confirma ses soupçons. Il parlait le "Laure".
Au bout de deux heures, Glenn se gara dans le parking d'un magasin "Southern Discount". Plusieurs voitures y étaient à l'abandon mais Glenn réussit à slalomer entre elles pour passer. Les trois survivants sortirent, et Laure se mit immédiatement à observer les alentours. Pas un son. Pas un geste.
"Rien ni personne." déclara-t-elle, se tournant vers ses compagnons. Pour les surprendre en train de s'embrasser. Elle leva les yeux au ciel. "Je commence déjà à regretter d'être venue...."
Maggie et Glenn ricanèrent. Le jeune homme sortit la grosse pince de la banquette arrière et la tendit à Laure.
"A toi l'honneur." lui dit-il.
Laure plissa les yeux, attrapa l'outil et se dirigea vers les portes enchaînées du magasin. "Je vous préviens, si je me retourne et que je vous vois vous peloter, je me barre avec la voiture."
Elle les sentait sourire derrière son dos.
"Promis, ça n'arrivera pas." Glenn rougit un peu.
Quelques coups de pince, et les portes étaient libres. Mais en ouvrant la porte, Laure se baissa immédiatement pour éviter des oiseaux qui s'envolèrent. Le couple derrière elle, sursauta, et se baissa également. Sans s'y attarder davantage, elle laissa Glenn et Maggie s'y faufiler tandis qu'elle restait à l'extérieur pour surveiller, sa machette à la main, et la sangle d'un fusil à son épaule. Elle pensa distraitement qu'il fallait peut-être qu'elle apprenne à tirer avec un pistolet, ça lui serait utile. Elle se débrouillait avec un fusil et, même si ce n'était pas la plus grande fan des armes à feu, elle se doutait que tirer avec un pistolet lui serait indispensable d'un moment à un autre. Mais elle avait une certaine défiance envers les pistolets, surtout depuis qu'elle s'était fait tirer dessus par Shane...
Au bout d'un moment, ils sortirent, les bras encombrés par des paniers remplis à ras bord. Laure sourit largement, se précipitant pour les aider à porter et à ranger les paniers.
"Eh ben ! Sacré butin !" s'exclama-t-elle
"Tu l'as dit !" affirma Glenn, tout joyeux. "On a trouvé le gros lot en lait en poudre. Dieu, merci ! On a aussi des haricots, des piles, des saucisses cocktail, différentes moutardes..."
"Et regarde !" Maggie sortit quelque chose du panier. Un petit canard en plastique. "Un petit canard ! Pour le bébé ! Il lui faut bien des jouets..."
Laure renifla et lui prit un panier, la soulageant d'un poids, avant de le ranger dans le coffre.
"Les renards, c'est mieux."
Maggie lui tapa gentiment l'épaule, et Laure ricana, fière de l'avoir embêtée un peu.
"La route va droit à la prison. On peut être rentrés pour dîner." déclara Glenn, assez enthousiaste.
"J'apprécie le calme, ici." dit Maggie en profitant du soleil. "Là-bas, chez nous, on les entend toujours gratter à la grille..."
"Ça me manquerait presque..." admit Laure.
"C'est où "chez vous", braves gens ?" cria quelqu'un de l'autre côté du parking.
Les yeux écarquillés, ils se retournèrent brusquement, Glenn et Maggie pointant leurs armes vers l'inconnu et Laure tendant sa lame vers lui. Glenn ouvrit de grands yeux.
"Merle ?!" s'exclama-t-il de surprise.
Laure était comme frappée par la surprise. Merle ?! C'était lui ?! Le frère de Daryl ?! Merle laissa tomber immédiatement son pistolet, et leva les mains, un petit sourire sur son visage en reconnaissant Glenn. Il avait la figure pleine de sang... Ce type...revenait comme un boomerang ! Ou un fantôme du passé... Elle peinait à y croire. Mais les deux hommes se reconnaissaient entre eux. Il portait une prothèse équipée d'une longue lame à la place de sa main, ce qui coïncidait avec ce qu'ils avaient découvert sur le toit à Atlanta....
Elle ne se laissa pas distraire davantage, et garda son arme tendue vers lui.
Merle se mit à avancer avec un grand sourire, visiblement content de revoir Glenn.
"Hey ! Reculez !" protesta Maggie.
Merle s'arrêta. "Oui, d'accord. Du calme, ma belle ! La vache !"
"Tu as survécu..." marmonna Glenn, lui aussi complètement déboussolé par cette retrouvaille. Maggie se tourna vers son petit ami, confuse.
"Dis-moi, mon frère est en vie ?" demanda Merle.
"Ouais."
Il semblait soulagé, et sourit encore plus. Laure avait un mauvais pressentiment...
"Emmenez-moi jusqu'à lui, et on est quitte pour tout ce qui est arrivé à Atlanta." proposa-t-il. Laure n'aimait pas sa façon de sourire ni sa façon de les regarder. On aurait dit un prédateur attendant le bon moment pour choper sa proie... Elle redoubla d'attention.
"Tu peux toujours courir." lui renvoya Laure.
"Wow, trésor, calme toi. Je vais pas mordre, je veux juste revoir mon frère." Merle lui sourit. Elle était tentée de lui faire un doigt en retour.
Merle suivit le regard de Glenn jusqu'à sa prothèse. Il ricana en agitant légèrement sa lame intégrée, ce qui tendit un peu plus Laure. Un geste de travers, et elle lui coupait l'autre main !
"Ça te plait, hein ? Je suis tombé sur un entrepôt bourré de matériel médical. Je me la suis fabriqué moi même. Plutôt cool, non ?"
Laure soupira. "Super, Bob le bricoleur, mais ça change rien." répliqua-t-elle sèchement. "On t'emmène nulle part."
"Exactement." confirma Glenn. "On dira à Daryl que tu es là, et il viendra."
Le visage de Merle se décomposa. "Attends, juste..." Il avança de quelques pas, mettant tout le monde sur ses gardes.
"Non !" protesta Glenn.
"Minute ! D'accord ? C'est un miracle qu'on se soit retrouvé. Enfin, tu peux me faire confiance !"
Laure aperçut l'arme à feu à sa ceinture...
"Non, toi tu vas nous faire confiance. Tu restes ici." s'affirma Glenn.
Il y eut quelques instants de silence tendu... Merle les examina. Puis, soudain, il attrapa son arme, et tira vers eux. Heureusement, ils se baissèrent tous, et il ne brisa que la fenêtre arrière de la voiture.
Laure laissa tomber son fusil qui ne faisait que l'encombrer, et s'élança vers Merle. Elle ne se redressa que lorsqu'elle fût assez près pour agripper son arme, la lui arracja et la lança loin de lui. Surpris, Merle recula et tenta de la blesser avec sa lame. Elle se baissa une nouvelle fois mais fût surprise par son genou. Elle se le prit en pleine figure et tomba à terre. Alors qu'elle voyait vaguement Glenn et Maggie pointer de nouveau leurs armes vers lui, Merle tira ses cheveux en arrière et plaqua sa lame contre sa gorge. Elle sursauta. Glenn et Maggie la regardèrent avec de grands yeux.
"Lâche-la !" ordonna Maggie.
"Calmez-vous !" cria Merle. "Déposez vos flingues dans la voiture ou je vous jure que votre pote va se transformer en robinet..."
A contre cœur, il s'exécutèrent.
"C'est ça..." Merle sourit. "On va faire un petit tour..."
"Va te faire foutre." articula durement Laure, sentant du sang provenant de son nez couler jusqu'à ses lèvres. "On te ramène pas au camp."
"Non, je vous emmène ailleurs." dit Merle avec un sourire victorieux. Laure ne saurait dire si ça la rassurait ou l'inquiétait d'autant plus. "Montez à bord. C'est Glenn qui conduit." leur ordonna-t-il.
Ils hésitèrent un instant, testant la patience de Merle.
"Grouillez vous !"
"Non !" s'opposa Maggie.
Laure gémit quand elle sentit la lame s'enfoncer un peu plus contre sa peau.
Ses deux amis ne cédèrent et se dirigèrent vers les deux portières avant. Glenn claqua violemment la portière arrière, frustré. Merle obligea la grande femme à se lever et à s'avancer vers la portière arrière, derrière Maggie. Mais alors que Laure échaffaudait un plan pour reprendre l'avantage, Merle se précipita soudainement vers Maggie, libérant sa gorge de la pression de la lame. Maggie sursauta en sentant Merle la prendre en otage de la même manière que Laure, et Glenn faillit lui sauter dessus. Merle sourit de toutes ses dents en les regardant à tour de rôle.
"Je me sentais moins à l'aise avec l'autre guerrière." Il désigna vaguement Laure du menton.
Elle lui jeta un regard noir. Ils échangèrent leur place, Laure s'installant à l'avant et Merle avec Maggie à l'arrière. Laure tenta d'envoyer un regard rassurant à Glenn quand il se plaça dans le siège conducteur mais elle-même y croyait peu. Au moins, Glenn lui en était reconnaissant d'avoir essayé, et lui tendit un mouchoir qui était dans sa poche. Elle l'attrapa et le plaqua contre son nez ensanglanté.
Elle aurait dû ne pas se laisser surprendre par Merle. Elle aurait dû l'intercepter avant qu'il n'attrape Maggie. Si Maggie ne s'en sortait pas, elle s'en voudrait pour toujours...
Glenn commença à conduire sous les directives de Merle.
*****
Malgré ses yeux fatigués qu'elle frottait sans cesse, Holly remplit une assiette généreuse et entra dans les couloirs. Moins apeurée et plus confiante. La bonne odeur s'échappa des aliments chauds, creusant son propre appétit. Mais elle se promit de servir une assiette à Rick avant de manger elle-même. Elle prit une grande inspiration et, refoulant ses mauvais souvenirs, descendit dans la même pièce où Lori était morte. Il n'y avait plus de corps. Juste des traces de sang. Elle avala laborieusement sa salive et détourna le regard.
S'enfonçant un peu plus, elle essaya de contrôler ses tremblements pour rejoindre Rick. Il était là. Recroquevillé sur lui-même contre un mur.
"Rick..." dit-elle d'une voix douce pour prévenir de sa présence.
L'homme se tourna vers elle, les yeux vitreux. Elle mordilla sa lèvre inférieure, nerveuse de se retrouver de nouveau dans cette pièce. Elle s'accroupit près de lui et posa devant lui l'assiette encore chaude et des couverts.
"Je me disais que tu aurais faim. C'est important de manger, d'accord ? Tu me promets d'essayer au moins ?"
Rick mit un temps à lui donner une réponse, comme s'il devait déchiffrer ses paroles. Mais il finit par hocher la tête. Elle lui sourit faiblement.
"Merci. Je reviendrais plus tard pour reprendre la vaisselle, si tu veux."
Il ne répondit pas. Il n'allait pas tellement mieux mais au moins, il était plus calme. Elle supposait que c'était déjà ça de gagné. Elle se releva en soupirant, un peu attristée de le voir si abattu... Et elle retourna dans le hall où tout le monde mangeait.
Holly somnolait presque devant son assiette. Elle était épuisée. Elle avait passé sa nuit à faire des cauchemars au sujet de Lori, et aussi de Laure, ne revenant jamais de ces couloirs...Ses quelques tâches du matin l'avaient rincée. Elle mangeait peu, au ralenti. Elle se sentait prête à s'endormir même debout.
La présence d'une main se déposa sur son épaule. La jeune femme leva la tête vers Hershel qui la regardait avec une pointe d'inquiétude et un petit sourire.
"Vous tenez à peine debout, Holly."
Elle hocha la tête. "J'ai passé une mauvaise nuit." expliqua-t-elle d'une petite voix, lui rendant son sourire.
"Allez vous reposer, vous en avez besoin." lui conseilla-t-il.
Elle secoua la tête. "Non...non, non. Je peux tenir. Tout le monde travaille et...non, je ne peux pas me permettre ça."
Il la coupa en lui tapotant l'épaule. "Rien n'est urgent. Reposez-vous. S'il y a vraiment besoin, je vous réveillerais."
"Il a raison, Holly." renchérit Kayla de sa place devant l'étagère, faisant le tri dans leurs fournitures médicales. Elle lui sourit gentiment en ajoutant : "Et tu ne risques pas d'être efficace pour quoique ce soit, tant que tu es fatiguée."
Holly soupira mais se laissa convaincre. Elle rangea sa vaisselle puis se tourna vers Hershel. "Je suis désolée..." marmonna-t-elle.
"Ne vous excusez pas. Avoir des émotions, c'est encore la preuve que vous êtes pleinement humaine."
Elle sourit, ses paroles la rassurant. Elle quitta le hall, assurant à Beth que tout allait bien en surprenant son regard inquiet. Elle longea le couloir des cellules, gravit les marches et entra dans sa cellule commune avec sa compagne. Laure lui manquait depuis ce matin... Pas très motivée pour grimper l'échelle, et la présence de Laure lui manquant. Elle décida de dormir dans la couchette de sa copine. Les draps avaient son odeur. C'était réconfortant... Elle s'endormit en quelques minutes.
Holly se réveilla une heure plus tard. Certes, elle recommençait ses cauchemars. Mais ce n'était pas ça qui l'avait réveillé. Mais la main agrippant fermement son bras. Elle sursauta violemment en se redressant. Rick. C'était Rick.
Il tremblait de tout son corps, sa peau était moite, les yeux vitreux et des traces de larmes recouvraient l'entièreté de ses joues. Son regard, perdu, angoissé, la fixait.
"Rick ?" souffla-t-elle, le cœur battant encore la chamade entre son cauchemar et la visite surprise de son chef. Elle s'inquiéta immédiatement. Il n'était pas dans son état normal. "Rick, qu'est ce qui se passe ?" demanda-t-elle, de plus en plus anxieuse. Elle s'assit sur le rebord du lit mais Rick ne bougea pas, à genoux devant elle.
"Je l'entends encore." murmura-t-il.
"Qui, Rick ? Comment es tu même arrivé ici ? Tu as vu les autres ?"
Personne n'avait intercepté Rick, dans le hall ? Ou peut-être était-il passé par un autre bloc pour éviter le hall ?
"La femme du téléphone, Holly. Mais, parfois, c'est pas une femme...." marmonna-t-il en fixant ses yeux. Sa voix était basse mais tendue, peinant à articuler quand il allait trop vite.
"La femme du...téléphone ?" Elle fronça les sourcils. Il y avait un téléphone ? Fonctionnel ? Ici ?
"Oui, le téléphone dans...dans la chaufferie." marmonna-t-il lentement. Il se mit à serrer et desserrer ses doigts autour du bras d'Holly, comme un anti-stress.
"Y a...un téléphone dans la chaufferie ?" Il ne lui semblait pas en avoir vu mais...elle ne pouvait pas dire qu'elle avait vraiment fait attention. "Tu veux me le montrer ?"
"C'était pas n'importe quelle femme, Holly." Il ignora sa question et elle l'accepta. Tant que Rick lui parlait, lui expliquait, elle pouvait s'y tenir. "C'était Lori."
Elle cligna plusieurs fois des yeux. Lori ? Oh....Oh. Il avait halluciné.
"Et puis...avant c'était Amy...Et puis Jacqui et Jim..."
Elle ouvrit de plus en plus grand les yeux. Il avait gravement halluciné. Il n'allait pas bien du tout. De nouveau, les larmes commençaient à couler et il se recroquevilla de plus en plus sur lui-même. Elle s'agenouilla devant lui, les mains sur ses épaules pour garder un contact avec lui.
"Rick...Rick. Rick. Écoute-moi..." lui demanda-t-elle d'une voix douce et rassurante. Il continuait de sangloter. Elle se mordit la lèvre. Rick n'était pas du tout réceptif. "Qu'est-ce que Lori t'a dit ?"
"Elle regrettait.... Je regrette tellement aussi...Je l'aimais..." réussit-il à articuler difficilement entre ses sanglots de plus en plus violents.
Elle se doutait qu'il parlait du froid que le couple avait subi avant que...avant que Lori ne meurt. Ça devait lui peser lourd sur le cœur.
"Alors, fais en sorte de te racheter, Rick." lui proposa-t-elle doucement.
"Comment ?" Il leva la tête vers elle, plein d'espoir.
"Fais en sorte qu'elle ne soit pas morte pour rien." Elle caressa sa joue dans un geste de réconfort. "Lori a donné sa vie pour ce bébé. Et ce bébé a besoin de toi. Carl a besoin de toi. Si tu abandonnes tes enfants...tu abandonnes tout ce pourquoi Lori s'est sacrifiée. Relève la tête. Elle n'aurait pas voulu te voir comme ça..."
Elle sécha ses larmes. Elle espérait être assez convaincante. Ses paroles étaient portées par sa propre conviction Elle en était convaincue. Rick regarda dans le vide un instant et la jeune femme eut peur de le perdre à nouveau...
"Oui..." Il chuchota. "Lori m'a dit ça aussi...Elle m'a parlé de Carl et...du bébé..."
Holly hocha la tête et raffermit son ton, obligeant Rick à la regarder dans les yeux en dirigeant son visage vers elle. "Alors, suis ses conseils. Ses dernières volontés."
Rick hocha la tête. Puis, doucement, il déposa son front moite de sueur et brûlant sur l'épaule de la blonde. Il respirait lourdement, comme s'il avait couru un marathon.
"Je suis fatigué, Holly... Je ne peux pas perdre quelqu'un d'autre..."
Elle lui frotta le dos. "Je vais t'aider, Rick. Je te le promets."
Après un moment en silence dans cette position, Rick se calma doucement. Holly dégageait une sorte d'aura réconfortante et agréable qui pourrait détendre n'importe qui. Il se sentait...en sécurité. Pas physiquement, mais émotionnellement. Comme si elle était un pont et un bouclier à la fois. Attentive et rassurante, tout en le soulageant du poids de certaines sensations ou émotions. Il se sentait plus léger.
Lentement, il se releva, aidé par Holly. Ils descendirent les escaliers et se dirigèrent vers le hall. Hershel tenait le bébé, enveloppé dans une grenouillère blanche et rose. Kayla, Carl et Beth étaient encore à table. Ils étaient un peu surpris de voir Rick arriver par là, mais ne posèrent aucune question. Kayla le regarda avec attention, guettant le moindre signe de détresse. Rick s'approcha d'Hershel et prit le petit être dans ses propres bras. Une lueur d'espoir envahit l'amérindienne.
Rick regarda sa fille, l'observant attentivement. Puis, peu à peu, son regard se changea en admiration et amour pour l'enfant gigotant dans ses bras. Comme s'il était la clé de quelque chose. Holly sourit tendrement. Rick était sur la bonne voie. Kayla sourit également. Ils commençaient à retrouver le vrai Rick.
Ils sortirent à l'extérieur, Rick n'ayant pas revu les rayons du soleil depuis un bon moment. La petite troupe le suivit. Il observa à tour de rôle son fils, posté à côté de lui, et le nouveau né. Il sourit. Ça semblait si lointain...
"Elle te ressemble." dit-il à Carl qui gloussa.
Il se mit à observer les environs de la prison, fier et admiratif. Ils avaient commencé à construire quelque chose ,et ils iraient jusqu'au bout. Soudain, il fronça les sourcils, son visage plus grave. Il redonna le bébé à Carl.
"Tu la tiens ?"
"Oui."
"Super."
Il se mit à marcher en direction des grilles protégeant l'étendue d'herbe. Holly fronça les sourcils, essayant de regarder dans la même direction pour voir ce qui l'avait dérangé. Puis elle la remarqua. Cette ombre boitillante mais un peu trop propre pour être un rôdeur. Surtout avec un sac sur l'épaule et un panier rouge de super marché dans les mains. Les rôdeurs ne remarquèrent même pas sa présence. L'ombre se posta devant le grillage, observant Rick qui se rapprochait.
L'ombre était une femme avec un sabre.
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