Chapitre 3 : Les détenus survivants

Désolée, j'ai oublié de publier un chapitre la semaine précédente. Du coup, je poste deux chapitres d'affilée pour me rattraper !

Chapitre co-écrit avec KatnissUG13.

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Il y eut un très court silence, durant lequel Kayla ne leva la tête qu'une demi-seconde pour regarder les cinq prisonniers derrière la vitre, avant de se reconcentrer sur Hershel. Elle laissait ses amis gérer ça, car pour l'instant, Hershel avait besoin de son aide.

"Vous êtes qui putain ?!" s'exclama Daryl en s'avançant, son arbalète pointant vers eux.

"Et vous ?" répliqua l'un des prisonniers.

"Putain mais qu'est ce qu'on en a à foutre ?!" cria Laure en bloquant les portes avec une barre de fer. "Hershel pisse le sang, faut se barrer !"

"Elle a raison." renchérit Rick.

"Glenn, viens ici et comprime son genou le plus fort possible." lui ordonna Kayla. "Appuie fort !"

"Sortez de là." ordonna Daryl aux prisonniers. Ils s'exécutèrent. "Doucement, pas de mouvements brusques."

"Qu'est ce qu'il a ?" demanda l'homme aux cheveux longs.

"Il s'est fait mordre."

"Mordre ?" Les yeux écarquillés, il sortit son revolver coincé entre son débardeur et son uniforme noué à la taille.

"On se calme."

A son tour, T-Dog n'hésita pas à sortir son arme, laissant Laure se charger des portes, et à la pointer vers le prisonnier qui dirigeait son canon en alternance sur tous les membres du groupe.

"Pas besoin de faire de dégâts." leur dit calmement Daryl. Ils devaient s'occuper d'Hershel et sortir de cette zone envahie, ils n'avaient pas besoin de problèmes en plus.

Alors que Glenn se relevait et contournait les prisonniers pour fouiller leur pièce, Kayla donna un autre bout de tissu propre à Maggie et lui demanda de faire la même chose que son petit ami. La pauvre fille était encore secouée par les sanglots mais également déterminée à sauver son père.

"Y a du matériel médical ?" demanda Glenn en passant la porte.

"Tu vas où, toi ?" protesta le grand homme noir armé. Il tenta de stopper Glenn en pointant son pistolet vers lui, mais le jeune homme l'ignora et entra tout de même. "Vous êtes qui ?" répéta-t-il.

"Pas les secours, apparemment." observa le blond.

"Faites une croix sur les secours." leur conseilla Rick alors qu'il redressait le buste de Hershel.

Glenn arriva avec un grand plateau à roulettes de cantine assez large pour faire office de brancard. Laure prit la place de Rick et, avec Daryl, ils soulevèrent le corps du vieil homme et le déposèrent sur le chariot. Les prisonniers les fixaient toujours avec de grands yeux choqués.

"T-Dog ! La porte !" cria Rick alors qu'ils faisaient rouler le brancard de fortune.

"N'ouvrez pas la porte !" s'opposa toujours le blond.

"On est équipé." leur assura T-Dog en enlevant la barre de fer.

Le premier rôdeur entra et Laure agrippa immédiatement sa tête protégée par un casque, la pencha vers l'arrière et la transperça depuis la gorge avec sa machette. Elle laissa tomber le corps vers la droite pour l'empêcher de bloquer le passage. Fort heureusement pour eux, il n'y avait visiblement pas autant de rôdeurs qu'ils l'avaient cru, de l'autre côté. Rick ne perdit pas une seconde et s'engouffra dans le couloir, tirant le brancard aidé de Glenn et Kayla. Daryl garda les prisonniers en joue jusqu'à ce que tous les autres soient sortis, avant de suivre son groupe.

Dans les couloirs sombres, Rick dirigeait précipitamment le groupe, et Daryl tirait à chaque fois sur le premier rôdeur qu'ils croisaient pour dégager le passage aussi vite que possible. Laure, elle, couvrait leurs arrières avec T-Dog.

"Hey ! Attendez !" s'exclama Laure, attirant l'attention. "Les autres types nous suivent."

Ils s'arrêtèrent quelques secondes pour fixer les ombres des étrangers sur les murs des couloirs. Rick, Daryl et Laure visèrent le sol de l'intersection avec les torches.

"Suivez les torches." entendirent-ils dire l'un des prisonniers, visiblement décidés à les suivre. Mais ils ne s'en préoccupèrent pas longtemps, donnant la priorité à leur ami inconscient. Rick les incita à se dépêcher alors qu'ils rentraient vers le bloc où les attendaient les autres.

Daryl ouvrit la première porte qu'ils traversèrent au pas de course.

"Doucement." s'enquit Kayla.

"Il perd trop de sang !" paniqua Maggie.

"Ouvrez-nous !" hurla Rick à leur groupe de l'autre côté de la grille séparant le hall des cellules. "C'est Hershel ! Carl !"

Aussitôt qu'ils furent devant la porte, Carl leur ouvrit sous les yeux de tous les membres du groupe, leurs expressions devenant horrifiées dès qu'ils virent Hershel.

"Oh mon dieu..." souffla Carol.

"Papa !" cria Beth.

Tout le monde suivit le brancard jusqu'à la couchette de Hershel, à l'exception de T-Dog, qui veilla à refermer la porte. Quand ils entrèrent dans la petite cellule, Lori était déjà là pour dégager la pièce.

"Il s'est fait mordre." expliqua brièvement Rick.

"Il va se transformer ?" s'enquit Beth, au bord des larmes.

"Tu as coupé ?" s'étonna Lori.

"Oui. À temps, j'espère..." murmura son mari.

Ensemble, Laure, Rick, Kayla, Glenn et Carol soulevèrent Hershel et le déposèrent sur le lit. Kayla et Carol commencèrent à enlever le tissu ensanglanté autour du membre d'Hershel sous le regard pétrifié de Holly, en partie cachée derrière le mur du couloir et la tête penchée dans l'encadrement de la porte.

"On a besoin de plus de bandages !" demanda Kayla.

"Il y en a plus." lui répondit Glenn.

"Faites-en !" ordonna Carol.

Holly se précipita dans le couloir pour partir à la recherche de n'importe quel tissu inutile, tandis que Lori envoya Carl chercher des serviettes dans sa chambre. La blonde attrapa des torchons et des écharpes qu'ils n'utilisaient plus depuis l'hiver, le cœur battant à tout rompre. Elle se sentait trop lente même si elle faisait tout à grande vitesse, risquant de se casser la figure dans les escaliers.

"Il va mourir ?" angoissa Beth. La pauvre adolescente tremblait et ne quittait pas son père des yeux.

"Non, ça va aller. Ça va aller." la rassura Lori en prenant son visage entre ses mains, avant de l'enlacer.

"Vous pouvez le stabiliser ?" demanda Rick aux deux femmes. A deux, elles pouvaient sûrement faire quelque chose...

"Il faut surélever la jambe..." murmura l'amérindienne, concentrée sur la blessure.

"Des oreillers !" réclama Carol presque en criant.

Rick se précipita dans le couloir immédiatement.

"Le sang traverse les draps." observa Maggie.

"On cautérise la plaie ? Je peux faire du feu." offrit Glenn.

Holly et Carl arrivèrent avec tous les tissus récoltés. Immédiatement, les deux femmes en prirent un chacune et les pressèrent fermement contre la plaie.

"Non, ça le tuerait !" s'exclama Carol.

"Ça ne boucherait pas les artères. Il faut panser, empêcher le gonflement et laisser cicatriser." expliqua Kayla d'une voix posée trahissant à peine son anxiété, concentrée uniquement sur son patient et mentor.

"Je vais voir s'il y a des draps encore assez propres dans les autres cellules pour qu'on les utilise." informa Holly en repartant.

Laure poussa un profond soupir en sortant de la chambre, préférant sortir que de rester figée dans la pièce comme une plante verte, à ne rien faire.

Elle fronça les sourcils quand elle remarqua Daryl dans le hall, fixant un point avec son arbalète chargée. En le rejoignant, elle s'aperçut qu'il visait l'entrée menant au couloir.

"Qu'est ce que tu fais ?"

Mais Daryl n'eut pas le temps de répondre que les prisonniers sortirent de la pénombre et semblaient redécouvrir la pièce, comme s'ils avaient du mal à la reconnaître.

"Ah ouais. J'avais oublié." soupira la femme.

"N'avancez plus." leur ordonna Daryl.

"C'est le quartier C. La cellule 4, c'est la mienne." expliqua l'hispanique. "Laisse-moi entrer."

"C'est votre jour de chance, les gars. L'état de Géorgie vous libère."

"Vous avez quoi, là ?"

"Ça te regarde pas."

"Me dis pas ça." Il reprit son arme. Daryl se redressa et Laure posa sa main sur sa machette à sa ceinture.

"Détends-toi." lui conseilla son ami, le plus grand et le plus musclé. "Le vieux a la jambe en vrac. Et puis, on est libre."

Profitant de leur interaction, Daryl se pencha vers Laure pour chuchoter.

"T'en reconnais un qui serait le père de Holly ?"

"Non, aucun."

"Pourquoi on partirait pas ?" continua le même prisonnier.

"Il a pas tort." incita Dixon.

"Je vais aller voir ma femme." se dit un autre tout haut.

"Des civils qui entrent dans une prison sans raison ? Je dirais qu'on a nulle part où aller." remarqua l'hispanique, définitivement le plus méfiant du groupe. Mais aussi la tête brûlée.

"Va vérifier."

"Et si on y allait ?" suggéra le blond.

"Non ! On ne part pas !" s'écria leur chef avec colère.

T-Dog entra, un pistolet pointé sur l'homme, qui sortit son arme et le visa en retour.

"Vous entrez pas non plus !"

"C'est chez moi, ici. Je vais où ça me chante."

"Plus personne en a quelque chose à foutre des actes de propriété, mon grand. Tu te prends pour qui ? Une racaille qui défend son territoire ? T'es ridicule." déclara Laure avec un reniflement méprisant envers l'homme.

Le visage de l'inconnu se tordit de rage, sûrement vexé et frustré qu'on le contrarie.

"T'as dis quoi, toi ?!" Il la pointa à son tour de son revolver, mais Laure resta détendue. C'était le genre de type à pas avoir le courage de tirer, ils faisaient juste semblant pour avoir l'air menaçant et obliger les autres à lui obéir.

"T'es sourd en plus ? C'est vous qui allez vous tirer. On a nettoyé la prison, on s'est démerdé pour éliminer un max de rôdeurs, on vous a sauvé les miches... Il s'agirait de montrer un peu plus de respect à ceux qui vous ont sortis de votre trou à merde."

La tête brûlée commença à faire quelques pas vers Laure qui demeura stoïque.

"Je crois que t'as pas bien compris, sale pute. C'est chez moi ! Tu te casses !"

T Dog et Daryl suivirent l'inconnu dans son mouvement.

"Je t'ai pas autorisé à bouger !" lui cria Daryl.

Les cris alertèrent une minute le reste du groupe, regroupé dans la cellule d'Hershel.

"C'est qui ?" demanda Beth d'une petite voix.

"Des détenus survivants." expliqua Rick. Devant l'expression effrayée de la jeune fille, s'empressa d'ajouter : "Tout va bien. Que personne ne bouge."

Il quitta la pièce et se dirigea vers les voix, mais Kayla y fit à peine attention, restant focalisée sur Hershel. Le sang-froid de la jeune femme était plutôt impressionnant pour la plupart. Quand ils la voyaient ainsi, il devenait assez évident qu'elle avait déjà vécu une telle situation d'urgence.

A vrai dire, intérieurement, Kayla était loin d'être calme. Oui, elle avait déjà été confrontée à des cas similaires, mais jamais avec un proche. Et surtout, alors que sa mission auparavant avait été d'assurer la survie des patients jusqu'à leur prise en charge à l'hôpital, maintenant, elle seule pouvait se charger des soins.

La jeune femme jeta un coup d'oeil à Carol à côté d'elle. Elle était reconnaissante de son aide, et se sentait moins seule pour gérer ça.

Alors qu'ils étaient maintenant en sûreté et que ses seules actions se résumaient à continuer de compresser et panser le moignon d'Hershel, Kayla ne songea que maintenant à ce que signifiait la présence de ces prisonniers survivants.

Ils avaient peut-être retrouvé le père de Holly. Ou sinon, ils allaient savoir ce qui lui était arrivé.

Rick lui avait demandé prudemment si cette dernière avait reconnu son père, parmi les morts-vivants qu'ils avaient tués en nettoyant la cour et le bloc C. Holly leur avait dit que non. La prison était vaste, ils avaient encore beaucoup d'endroit à fouiller... Mais le groupe n'avait pas vraiment cru à la possibilité que l'homme soit toujours vivant, surtout en voyant les lieux envahis. La rencontre avec ces détenus changeait la donne. S'ils avaient survécu, il y avait une chance que le père d'Holly également.

L'ancien policier demanda rapidement à Glenn de rester aux côtés et de faire le nécessaire si jamais Hershel succombait malgré tout, puis se précipita pour rejoindre Daryl, T-Dog et Laure avec les prisonniers.

"Ici c'est pas pour vous ! Retournez dans votre trou !" continua Daryl d'un air menaçant.

Rick arriva à ce moment en trottinant, se postant à côté de Laure et tendant la main dans un geste apaisant.

"On se calme, c'est inutile."

"Vous êtes nombreux ?"

"Trop nombreux pour vous." lui répondit Grimes.

L'homme armé commença à les observer plus attentivement.

"Vous avez braqué une banque ? Pourquoi vous l'emmenez pas à l'hosto ?"

Laure avait presque éclaté de rire tant l'idée d'emmener quelqu'un à l'hôpital lui semblait dépassée, maintenant. Mais ces types semblaient réellement sérieux. Ils échangèrent tous les quatre des regards confus.

"Vous êtes là dedans depuis combien de temps ?" demanda Rick.

L'hispanique ne s'attendait visiblement pas à cette question, mais répondit tout de même.

"Je sais pas...dans les dix mois."

Dix mois ?! Étonnant que ces types ne soient pas devenus complètement fous ou ne se soient pas suicidés. Mais ça expliquait peut-être pourquoi certains étaient à fleur de peau et d'autres craintifs. Et ça pouvait également laisser penser qu'ils n'avaient pas beaucoup d'expérience et de connaissance sur la situation actuelle.

"Y a eu une émeute." expliqua le plus grand. "Jamais vu un truc pareil."

"Attica, en plus barré." Le blond moustachu essaya de leur donner une comparaison, mais ils n'avaient pas de mal à l'imaginer. Ces "émeutes" s'étaient produites un peu partout quand les rôdeurs avaient commencé à se multiplier.

"Vous connaissez un certain Maël West ?" demanda Daryl.

Certains levèrent les yeux, fouillant dans leur mémoire.

"Seulement de nom, il était incarcéré ici." répondit le blond.

"Vous savez s'il est toujours en vie ? Ou s'il est mort ?" demanda Rick.

"Aucune idée. On l'a pas croisé." répondit le plus grand.

"Pourquoi vous demandez ça ?" leur chef plissa les yeux.

"On va dire qu'on est pas là sans raison." répliqua Laure.

"Ça vous parle des cannibales qui meurent et reviennent à la vie ? Un truc de ouf." demanda le plus jeune et petit du groupe.

"Un gardien nous a enfermés dans la cafétéria. Il m'a jeté ce gun et a dit qu'il revenait." continua celui aux cheveux longs.

"Ça fait 292 jours." compléta le plus grand.

"294 d'après moi." précisa le blond.

"Ta gueule !" lui aboya leur leader et il baissa la tête.

"On pensait que l'armée se pointerait d'un jour à l'autre." fini le grand costaud.

"Y a plus d'armée." Rick ne perdit pas de temps à tourner autour du pot.

"Comment ça ?" L'hispannique fronça les sourcils, comme s'il avait mal entendu.

"Plus d'hôpitaux, de gouvernement, de police...tout ça a disparu."

"En vrai ?" demanda le moustachu avec une boule dans la gorge audible.

"Sérieusement." confirma Rick.

"Et ma maman ?" s'enquit le plus grand.

"Mes enfants ?" demanda l'autre noir. Il semblait à bout de souffle à cause du choc. "Et ma femme ? Vous avez un portable pour qu'on puisse appeler nos familles ?"

Si elle devait être honnête, Laure se sentait un peu mal pour eux. Ils n'avaient même pas conscience que le monde avait chaviré, que cette émeute n'était pas la plus grave ni la seule du pays, que la situation était tellement plus désespérée qu'ils ne le pensaient... Ils croyaient que leurs familles allaient bien et d'un seul coup, ils se rendaient compte qu'ils n'avaient plus rien, ni personne. Peut-être regrettaient-ils alors la liberté que l'effondrement des civilisations leur offrait ? Bizarrement, elle sentait que leur leader n'en avait pas grand chose à faire, mais les autres paraissaient profondément touchés.

"Vous pigez pas, hein ?" fit Daryl, commençant à baisser son arbalète.

"Les gars, y a vraiment plus rien." Laure faucha l'air avec sa main en secouant la tête. "Plus de téléphones, d'ordis, de télé, d'internet... C'est un miracle si on trouve même de l'électricité."

"La moitié de la population au moins a dû être éliminée." continua Rick. "Probablement plus que ça."

L'homme armé baissa lentement son pistolet, le regard perdu dans le vide. Peut être qu'il comprenait enfin à quel point c'était fini ?

"C'est n'importe quoi." les accusa-t-il, voulant s'accrocher à tout type d'espoir.

"Venez voir par vous-même."

Laure monta les marches et leur ouvrit la porte, le soleil brillant fort. Un peu hésitants mais trop curieux, les prisonniers sortirent un à un, suivis des quatre membres du groupe. Ils descendirent les escaliers et passèrent le compartiment grillagé, observant la cour dans un bazar sans nom. Mais au moins, l'un d'eux se réjouit de retrouver le soleil.

"Seigneur, ils sont tous morts..." soupira l'hispanique en observant les cadavres un peu partout. "J'aurais jamais cru être content de voir ces grilles."

Ils s'éparpillèrent un peu dans la cour et le plus petit se tourna vers eux.

"Vous nous avez toujours pas dit comment vous êtes entrés."

"On a fait un trou dans le grillage, près du mirador." leur expliqua Dixon.

Ils ne quittaient aucun des inconnus des yeux, surtout celui au sang chaud. Au moindre mouvement suspect, ils étaient prêts. Ils ignoraient s'ils pouvaient leur faire confiance. D'autant qu'à la base, ils étaient en prison.

"C'est tout ?" demanda-t-il justement.

"Quand on veut, on peut."

"Les gardiens rôdeurs allaient pas vraiment nous jeter en prison." renchérit Laure, les bras croisés.

"Facile à dire..." marmonna l'ancien détenu.

Le plus costaud tapota un rôdeur du bout de sa barre.

"C'est quoi ? Une maladie ?"

"Oui, et on est tous contaminés."

Rick les a prévenus plus vite que nous... pensa amèrement la grande femme.

"Quoi ?"

"Comment ça ?"

"Comme avec le SIDA ?" demanda le blond.

Laure fronça les sourcils, un peu confuse.

"Si je te tuais d'un carreau dans la poitrine, tu deviendrais un de ces trucs." Daryl désigna le rôdeur à terre. "Pareil pour nous tous."

"Ça m'étonnerait que vous les ayez tous dézingués, Robin des Bois. Y a au moins cinquante corps !" clama le type aux cheveux longs. Il restait sceptique et méfiant sur tout ce qu'ils disaient. "Vous venez d'où ?"

"D'Atlanta." répondit honnêtement Rick.

Il s'approcha de celui-ci, qui se tourna vers lui.

"Et vous allez où ?"

"Nulle part, pour l'instant."

L'inconnu pointa un endroit plus loin. "Installez vous près de l'eau, vous y serez confortable là bas."

Rick hocha la tête. "On va s'en servir comme champ."

"On vous aidera à déménager."

"Ce ne sera pas utile. Comme Laure vous l'a précisé, on a décimé ces rôdeurs. La prison est à nous."

"Du calme, cow-boy."

"Vous avez fait sauter notre cadenas." renchérit le plus petit en se postant à côté de son chef.

"De rien." commenta Laure en haussant un sourcil.

"On vous en donnera d'autres." lui assura Rick.

"C'est notre prison. On était là les premiers."

"Je suis pas sûre que se terrer dans votre cantine vous donne le titre de propriété." Laure se posta à côté de Rick. "Surtout que nous sommes ceux qui vous ont libérés. Sans nous, vous auriez crevé là-dedans à un moment ou à un autre. Ça mérite une récompense, non ? Tout ce travail..."

Grimes sourit en tendant la main vers Laure, approuvant ses paroles.

"Elle est à nous. Pour le sang versé."

"On reprend nos cellules."

"Trouvez-en d'autres." répliqua Rick, pas prêt à céder quoi que ce soit après tant d'efforts et d'errance.

"C'est la mienne ! Avec mes affaires persos !" Il sortit de nouveau son arme et tout le groupe attrapa la sienne également.

Le blond s'interposa immédiatement. "Woah, si on essayait de s'arranger pour que tout le monde y gagne ?"

Les deux chefs se foudroyaient du regard et leurs membres se faisaient face.

"Je vois pas comment ça pourrait."

"Moi non plus." confirma Rick.

"Je passe pas une minute de plus dans cette cafétéria."

"Il y a d'autres quartiers." essaya de raisonner le moustachu.

"Ou tu peux te casser. Tenter ta chance en cavale." proposa Daryl.

Le leader adverse regarda ses gars puis le groupe de Rick.

"Si ces quatre tapettes y arrivent, on prendra bien un autre quartier."

"Avec quoi ?" demanda le grand costaud.

"Atlanta va nous trouver de vraies armes. Hein, chef ?" se moqua-t-il en regardant Rick. Il semblait plutôt arrogant, une attitude qui fit froncer les sourcils de Laure. Elle avait très envie de le baffer...

"Il reste quoi dans votre cafétéria ?" demanda Rick. "Il doit y avoir des réserves, pour avoir tenu presque un an."

"Ils ont pas l'air de se priver." fit remarquer Daryl.

"Il reste plus grand chose."

"Croyez-nous, c'est mieux que rien." leur assura Laure.

"On en prendra la moitié." conclut Rick. "En échange, on vous nettoie un quartier."

"T'es bouché ?" s'exclama le plus maigre. "On te dit qu'il reste plus grand chose."

Laure se pencha, durcissant le ton. "Et on te dit que c'est mieux que rien." Il la fusilla du regard.

"Et je parie que vous avez plus de nourriture que de choix." continua Rick. "Vous payez, on s'exécute. On vous libère un quartier. Après, vous y restez."

"D'accord." accepta-t-il, un peu à contrecœur.

"Et soyons clair." Le ton ferme, Rick s'approcha. "Si on vous voit dehors, si vous approchez notre groupe ou même si je sens votre odeur...Je vous abats."

"Tope la."

*****

Dans le bloc C, Kayla et Carol continuaient de s'affairer à soigner Hershel, Lori leur donnant un coup de main. Elles avaient déjà dû jeter quelques serviettes complètement imbibées de sang pour les échanger contre d'autres. Le saignement ne s'était toujours pas arrêté, mais il semblait néanmoins avoir diminué. Hershel n'avait toujours pas repris conscience, mais ce n'était pas une surprise.

"S'il s'en sort..." commença Kayla.

"Quand, il s'en sera sorti." la corrigea catégoriquement Lori. Kayla préféra ne pas se disputer sur ce point. Maggie et Beth semblaient avoir besoin de cette assurance.

"Il aura besoin de béquilles." continua-t-elle. "Et on devra l'aider avec sa rééducation."

"On aurait surtout besoin d'antibiotiques et d'analgésiques. De la gaz stérile..." fit remarquer Lori.

Kayla soupira. Elle avait pensé exactement la même chose, mais ne l'avait pas dit à voix haute, ne pouvant rien y faire de toute façon.

"Je sais... Mais nous n'avons plus rien."

"Il doit y avoir une infirmerie." rappela Carol.

"C'est même sûr. Sauf qu'on ignore où elle se situe, ni à quel point elle pourrait être envahie."

"On la trouvera." affirma Lori.

"Tu dois être morte de peur d'accoucher." déclara doucement Carol, songeant à leur deuxième problème médical.

"Regarde-moi. Tu trouves que j'ai l'air d'avoir peur ?"

"Je trouve que tu as l'air crasseuse." plaisanta faiblement la femme.

La plaisanterie stupide eut le mérite de faire apparaître de légers sourires sur les visages de Kayla et Lori.

"Toi aussi." rétorqua cette dernière, avant de se tourner à nouveau vers Hershel. "On va s'en sortir."

Kayla voulait qu'elle ait raison.

*****

Les prisonniers les conduisirent vers le réfectoire afin de procéder à la répartition de la nourriture. Plus vite cette affaire serait réglée, mieux ce serait.

"Le garde-manger est par là." leur indiqua le leader en entrant dans la pièce où Hershel s'était fait amputer.

Laure se demanda distraitement s'il allait bien, si Kayla et Carol avaient pu le stabiliser...

"Vous n'avez jamais tenté de sortir ?" demanda T-Dog.

Maintenant qu'ils étaient plus calmes, ils pouvaient observer la pièce plus en détail. Des tonnes de déchets s'empilaient dans un coin de la pièce, une corde à linge séchait leurs vêtements entre le mur et un poteau, et des couchettes de fortune étaient éparpillées un peu partout.

"On a essayé d'enlever les portes. Mais au moindre bruit, ces horreurs s'entassaient devant la porte et voulaient entrer. Les barreaux aux fenêtres arrêteraient même Musclor." leur expliqua un des prisonniers.

"C'est mieux qu'une cellule." commenta le moustachu, essayant de voir le côté positif.

"Je me plains pas." le joignit le plus grand. "Je fais du 50. Ma jambe gauche rentre pas dans la couchette."

"On l'appelle pas Big Tiny pour rien."

Laure ne pouvait que comprendre. Elle a toujours été plus grande que toutes les filles quand elle était gamine et adolescente, et encore aujourd'hui. Tout avait toujours semblé trop petit pour elle, même les lits de l'école maternelle.

"Vous avez fini de vous branler ?" cracha la tête brûlée, appuyé contre le cadre de la porte menant au reste du réfectoire. "Marre de poireauter."

Rick mit discrètement la main sur son arme. Laure ne pouvait qu'être d'accord. Il lui courait sur le haricot, et inspirait tout sauf confiance. Le groupe d'inconnus les guidèrent vers un compartiment dans le mur, où les étagères croulaient sous la nourriture. Ils observèrent leur réaction en entourant le garde-manger. Laure faillit laisser tomber sa mâchoire.

"Putain de merde..." murmura-t-elle malgré elle.

Ils n'avaient jamais vu autant de nourriture depuis des mois, ça paraissait même être un rêve. Et dire qu'ils avaient tenté de tout garder pour eux... Ils trimaient pour se nourrir de la moindre miette, et ils avaient tout ça... Heureusement qu'ils avaient insisté. Ils s'en seraient mordu les doigts, et Laure aurait mordu ceux de ces salauds.

Daryl laissa la lumière de sa lampe éclairer un moment les sacs de nourriture dans l'ombre avant de s'approcher du chef.

"Pas grand chose, hein ?"

"Ça part vite."

Daryl observait déjà de plus près alors que l'autre listait ce qu'ils pouvaient prendre en pointant les provisions du doigt.

"Prenez un sac de maïs, de thon..."

"La moitié, j'ai dit." rappela fermement Rick. "C'était notre accord." Il se tourna vers une porte fermée derrière lui. "Y a quoi dedans ?"

"L'ouvre pas." l'avertit un des prisonniers mais, trop tard, Rick l'ouvrit et la ferma aussitôt avec un réflexe vomitif. Ils se mirent à ricaner, leur valant un regard noir de Laure.

"Il voulait savoir !"

"La ferme. T'es lourd." répliqua sèchement Laure au chef qui perdit immédiatement son sourire.

"J'ai hâte d'avoir mon propre seau pour pisser." marmonna le blond.

Rick soupira, les mains sur ses hanches. "Bien. Daryl, prends les cartons avec la viande. T-Dog, prends ceux avec les fruits et les légumes et Laure, tu prends les féculents. Je vais prendre les sacs. Comptez bien et prenez la moitié." Il regarda le chef adverse dans les yeux. "Nous, on respecte les accords qu'on passe."

Tous hochèrent la tête et Laure se mit à compter, trier et ranger les boîtes de féculents sur les étagères en les empilant dans des cartons. Elle prenait la moitié de chaque comme l'avait précisé Rick. Tout était en boîte, ils ne pouvaient qu'espérer que ce soit encore bon. Elle souriait discrètement rien qu'à l'idée de manger un vrai repas ce soir. Quelque chose qui n'était pas arrivé depuis longtemps.

Les cartons remplis et redistribués, ils partirent les mains pleines et de bonne humeur, Rick se chargea de les couvrir pendant qu'ils traversaient les couloirs, au cas où il restait un rôdeur qui leur ferait une petite surprise.

Dans le quartier des cellules, Kayla et Carol n'avaient pas quitté la cellule d'Hershel. Glenn essaya de rassurer Maggie, et lui proposa d'aller voir comment allait Beth. Celle-ci s'était rendue dans sa cellule, et entreprenait de couper une jambe de pantalon de son père, en prévision, lorsqu'il devrait marcher en béquilles. Maggie eut un peu de peine à lui dire qu'il ne se réveillerait peut-être pas.

"Pourquoi es-tu pressée de baisser les bras ?" lui reprocha l'adolescente.

"Ce n'est pas le cas."

"On dirait que si."

"Je ne veux pas que tu aies de faux espoirs." dit calmement Maggie. "On n'est pas équipé pour faire face à ça."

"On a Kayla et Carol."

"Elles ne sont pas médecins."

"Kayla travaillait à l'hôpital."

"Elle était ambulancière, elle ne faisait que les premiers soins. Papa leur a juste enseigné deux trois trucs pour aider avec le bébé."

"Elles ont arrêté l'hémorragie." insista Beth, refusant de perdre espoir.

Maggie préféra ne pas insister. Elles entendirent alors des pas s'approcher. Les autres revenaient.

"Voilà la bouffe !" s'exclama joyeusement T-Dog devant le portail, Carl se précipitant pour ouvrir.

"Vous avez quoi ?" demanda le petit garçon, très curieux.

"Du bœuf en boîte, du maïs en boîte..." commença à lister l'homme. "Des boîtes dans des boîtes ! Et il en reste encore un tas."

"Une évolution ?" demanda Rick en passant devant la cellule de Hershel.

"Il ne saigne plus et n'a pas de fièvre." l'informa Kayla. "Mais il a du mal à respirer, son pouls est faible et il n'a pas rouvert les yeux."

Laure soupira en tendant les cartons à T-Dog et Carl, qui les rangèrent dans une cellule pas loin de celle d'Hershel, encore inoccupée. Rick tourna le dos à Glenn.

"Prends mes menottes et passe-les-lui." Glenn hésita une seconde avant de lui obéir. "On ne prend pas de risques inutiles." Kayla souffla légèrement mais laissa faire, sachant que c'était plus prudent. L'idée lui donnait simplement l'impression d'avoir déjà accepté le pire.

Elle savait qu'il y avait des chances que l'homme ne s'en sorte pas, encore plus sans médicaments... Mais cela ne voulait pas dire qu'elle abandonnait tout espoir.

Elle aurait aimé avoir eu plus de temps cet hiver pour apprendre plus... Bien qu'à vrai dire, à ce stade, ils ne pouvaient guère faire plus, sans matériel médical.

Rick rejoignit ensuite Laure qui prit les deux sacs dans ses bras et les déposa dans leur garde-manger.

"Tu es là !" s'exclama une voix derrière elle.

Laure eut à peine le temps de se retourner que Holly l'entoura brièvement de ses bras avant de la lâcher.

"T'avais peur ?" demanda Laure avec un petit sourire.

"J'ai toujours peur pour toi." Elle lui embrassa la joue.

"Tu vas devoir continuer alors..."

Holly fronça les sourcils. "Pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?"

"On va nettoyer un bloc pour nos nouveaux copains. Histoire qu'ils nous foutent la paix."

"Oh..." souffla Holly en serrant inconsciemment la main de Laure. "Si ça peut...éviter tout conflit, je suppose que c'est bien." Elle sourit faiblement en hochant la tête. Puis elle regarda Laure dans les yeux, l'air déterminé. "Je vais venir avec vous."

*****

Rick n'arrêtait pas de dévisager Holly alors que la blonde observait les armes devant elle, posées sur la table. Ses hachettes étaient toujours coincées dans sa ceinture mais elle préférait toujours avoir une arme à feu à ses côtés, au cas où. Laure l'imitait, juste à côté d'elle, ne semblant pas dérangée par le fait que sa petite amie participait à une mission assez physique et dangereuse, ce qui n'était pourtant pas dans ses habitudes. T-Dog et Daryl jetaient également quelques coups d'œil étonnés à la blonde, mais ne dirent pas un mot.

Rick sortit de ses pensées quand Tomas, le chef des prisonniers, attrapa un pied de biche sur la table.

"Pourquoi j'aurais besoin de ça..." Il sortit son arme à feu. "...quand j'ai ça ?"

"On ne tire pas, sauf si on est dos au mur." lui expliqua Daryl. "Le bruit les attire. Et ça les excite."

"On avance deux par deux. Daryl devant avec T-Dog. Laure et moi fermerons la marche." Rick les désigna chacun leur tour. "On reste groupé. Même si les rôdeurs sont tout proches. Celui qui s'écarte nous met en danger. Celui qui s'enfuit risque d'être pris pour un rôdeur et de prendre une hache en pleine tête."

"Visez la tête, plus particulièrement le cerveau." précisa Laure. "Là, ils seront définitivement morts."

"Pas la peine de nous dire comment abattre un homme."

Holly et Laure froncèrent les sourcils, se demandant comment on pouvait même encore considérer ces cadavres ambulants en décomposition comme des humains.

"C'est pas des hommes." T-Dog les ramena à la raison. "C'est autre chose."

"Rappelez-vous: on vise le cerveau." Rick insista sur ce point. Puis il se tourna vers Holly.

"T'es sûre que tu veux venir ?"

Holly hocha la tête. "Plus on sera nombreux, mieux ce sera."

Il jeta un coup d'œil à Laure qui haussa simplement les épaules. Effectivement, Holly savait désormais se débrouiller contre les rôdeurs, ce qui avait mis en confiance Laure. Rick ne saurait comment le décrire, mais ça le troublait que Holly se porte volontaire pour ce genre de tâches. Il espérait juste qu'il ne le regretterait pas, ils n'avaient pas sortis d'affaire Hershel pour qu'une autre personne mette sa vie en jeu et la perde. Cependant, il décida de se fier à Holly, à sa prise de confiance, et à son évolution au combat contre les rôdeurs. Ce n'était plus la même chose qu'à Atlanta.

"Tu risques de te casser les ongles, ma jolie." ricana Tomas.

Holly leva les yeux au ciel et l'ignora. Mais Rick, non.

"Je crois pas que cette conversation te concerne." répliqua sèchement Rick en lui lançant un regard noir. Il se retourna vers Holly.

"On a vraiment besoin qu'ils aient leur propre quartier." Elle soupira en glissant un pistolet dans un étui à sa ceinture et commença à se diriger vers la porte.

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