Chapitre 10 : Woodbury
La route avait été longue jusqu'à Woodbury, et le petit groupe de sauvetage n'arriva qu'à la nuit tombée. Cachés derrière une voiture et des buissons, Rick, Daryl, Kayla, Oscar et Michonne observaient silencieusement la petite ville avec attention.
Kayla était, à contrecoeur, un peu impressionnée surtout à cause du nombre de personnes vivant à l'intérieur. Michonne avait parlé d'environ 75 survivants, 75 personnes en vie et réunies dans une micro-communauté avec des habitations et des murs. Elle aurait même pû en être admirative, si leurs amis n'y étaient pas prisonniers sans raison apparente.
Bien que l'amérindienne s'assurait de rester calme et concentrée, l'inquiétude refusait de quitter son esprit. Ils ignoraient tout de ces gens, ni pourquoi ils avaient kidnappé Glenn, Laure et Maggie... Elle redoutait ce qu'ils pourraient faire d'eux.
Elle espérait que, dans la pire des hypothèses, ils n'arrivaient pas trop tard...
Elle avait essayé d'interroger Michonne pour en savoir plus sur cette communauté et par extension, à quoi s'attendre. Malheureusement, cette dernière n'avait pas beaucoup d'informations à leur donner, admettant qu'elle n'était pas restée longtemps dans cette colonie avant de partir.
Maintenant, le groupe regardait les barricades qui formaient les remparts de la petite ville, et le large portail bricolé devant. Ils pouvaient apercevoir deux ou trois gardes armés en haut des murs, munis de projecteurs allumés, balayant les abords de la ville.
Rick était resté silencieux les dernières minutes, réfléchissant sûrement à la stratégie à suivre. Kayla préféra ne pas le déranger, mais essaya elle-même de réfléchir au moyen d'entrer discrètement.
Soudain, Michonne fit demi-tour et commença à s'éloigner. Rick essaya de la rappeler et de la questionner, mais la femme l'ignora alors qu'elle s'enfonçait dans l'obscurité de la nuit. Leur chef jura entre ses dents, mais ne chercha pas à la poursuivre.
"Ok, il faut y aller..." commença-t-il à l'adresse des trois autres survivants, parlant bas par prudence.
Le groupe se répartit les fusils d'assaut qu'ils avaient emmenés, ainsi que les grenades lacrymogènes et fumigènes. Kayla jeta un coup d'oeil derrière elle, essayant en vain d'apercevoir la femme noire au sabre.
"Hum, et qu'est-ce qu'on fait avec Michonne ? Elle est partie ?"
"Je ne sais pas, mais elle ferait mieux de revenir. Le deal, c'était qu'elle nous conduise à Laure, Glenn et Maggie et qu'elle nous aide à entrer !"
"On pourra jamais fouiller tous les bâtiments." fit remarquer Daryl. "Pas avec tous ces gardes."
Alors qu'ils chargeaient leurs armes, une branche craqua derrière eux. Ils se retournèrent tous vivement en brandissant leurs armes. Mais ce n'était que Michonne.
"Par ici." leur chuchota-t-elle, leur signalant d'un geste de la suivre.
Daryl jeta un coup d'œil à Rick, attendant son approbation. Celui-ci n'hésita pas longtemps. Il était méfiant à propos de Michonne. Ils ne savaient rien d'elle, et la femme restait très renfermée. Mais elle était leur seule chance de libérer leurs amis.
"On y va."
Sur l'ordre de leur leader, le groupe de sauvetage suivit Michonne. Elle les conduisit vers une section du quartier dont les murs des maisons formaient les délimitations du côté ouest. Ils purent se faufiler à l'intérieur d'un des bâtiments par la porte arrière, qui semblait avoir été convertie en sorte d'entrepôt ou peut-être de salle à manger. Il y avait plusieurs étagères de conserves, ainsi que quelques tables et chaises. Les rideaux des fenêtres étaient tirés. La pièce était plongée dans le noir, mais le groupe n'essaya pas d'allumer de lampe. Ils ne devaient pas se faire repérer.
"C'est ici que tu étais prisonnière ?" interrogea Rick notre guide.
"Où on m'a interrogé." corrigea-t-elle à voix basse.
"Une idée d'où ils peuvent être ?"
Michonne secoua la tête, alors que Daryl allait jeter un coup d'œil derrière les rideaux. Kayla l'imita et fronça les sourcils en apercevant de la lumière dehors et quelques personnes dans les rues, se dirigeant quelque part.
"Il y a un couvre-feu, je croyais ?" dit Daryl en se tournant vers la femme noire, exprimant à voix haute ce que pensait Kayla.
"Ce sont des retardataires."
"On est trop exposé ici. Il faut bouger !" déclara leur chef, regardant discrètement à travers la vitre.
"Mais on ne peut pas errer au hasard. On se ferait rapidement repérer." fit remarquer Kayla. Elle se tourna vers Michonne. "Tu n'as vraiment aucune idée sur l'endroit où ce Gouverneur pourrait garder des prisonniers ?"
Michonne resta silencieuse quelques secondes avant de suggérer.
"Ils sont peut-être dans son appartement."
"Et s'ils n'y sont pas ?" rétorqua Daryl en revenant près d'elle.
"Alors on cherchera ailleurs." répondit-elle sans se laisser intimider par son ton plus dur.
"Tu disais que tu nous aiderais." lui rappela sévèrement Rick.
"Je fais ce que je peux !"
"Alors ils sont où ?"
Michonne ne répondit pas. Elle n'avait clairement pas la réponse. Les angoisses de Kayla augmentèrent. Elle était partie en pensant qu'ils pourraient agir vite grâce à la connaissance des lieux de la femme, mais celle-ci leur révélait qu'elle ne connaissait pas très bien cet endroit.
Rick leur fit signe. Daryl, Oscar et elle le suivirent sans discuter, s'éloignant un peu de Michonne pour parler en privé.
"Si ça se gâte, on la laisse derrière." chuchota leur chef.
Kayla fronça légèrement des sourcils, mais Oscar parla avant qu'elle puisse donner son avis.
"Tu crois qu'elle nous mène à un piège ?"
Le corps de l'amérindienne se tendit à la suggestion de l'ex-détenu. Elle...n'y avait pas vraiment pensé. Bien sûr, elle avait été sur ses gardes à son arrivée, mais savoir que leurs amis étaient en danger l'avait fait oublier la prudence. Michonne était la seule à savoir ce qui leur était arrivé, et elle avait été prête à la suivre aveuglément pour les sauver.
Et si elle faisait partie de Woodbury ? Si elle essayait de les attirer entre les mains de ce Gouverneur ? Si elle ne s'était pas échappée mais avait été envoyée, avec juste une balle dans la cuisse pour qu'ils la croient contre la communauté ?
Cela lui semblait tout de même un peu gros, elle n'avait aucune garantie qu'ils l'aident et la laissent entrer. Et son comportement distant et méfiant ne collait pas avec une mission d'espion envoyé pour les appâter.
Kayla secoua la tête. Elle ne voulait pas sombrer dans la paranoïa. Cependant, cela lui rappela de rester sur ses gardes.
"Un aveugle qui conduit des aveugles. On devrait se séparer." ajouta Daryl, en accord avec leur leader.
Soudain, ils entendirent quelqu'un frapper à la porte d'entrée, et le tintement d'un trousseau de clés. Rapidement, le groupe s'éloigna de la pièce principale, et se cacha dans le fond, derrière des étagères de nourriture. Kayla sortit son poignard et s'efforça de garder sa respiration calme.
Ils entendirent la porte être déverrouillée, s'ouvrir puis se fermer.
"Je sais qu'il y a quelqu'un. J'ai vu du mouvement dehors." déclara une voix masculine.
Des pas se rapprochaient. Kayla jeta un coup d'œil à ses compagnons, entassés avec elle derrière des étagères et un large rideau. Daryl avait son arbalète de prête. Rick avait sorti son revolver.
"Vous n'êtes pas censé être ici. Vous le savez."
La voix était plus proche. L'homme pensait probablement que des gamins étaient venus se cacher ici pour faire des farces... Il était presque à leur niveau. Kayla réaffirma sa prise sur son arme.
"Qui est là ?"
Dès qu'il fut à leur hauteur, Rick lui sauta dessus et le plaqua contre le mur d'en face, le canon de son arme dirigée vers sa tête.
"La ferme ! A genoux !" ordonna-t-il avant de relâcher sa prise. L'homme était tellement surpris par l'attaque soudaine qu'il tomba sur ses genoux dès que Rick s'écarta. Ce dernier s'accroupit à son niveau, continuant de le menacer de son arme à bout portant.
"Les mains dans le dos." Il jeta un coup d'œil à Daryl. "Attache-le."
Daryl s'exécuta et Kayla se rendit prudemment jusqu'aux fenêtres, jetant un coup d'œil furtif à travers les rideaux pour vérifier que personne d'autre ne venait. Les rues étaient presque vides maintenant.
"Où sont les nôtres ?" entendit-elle Rick demander à l'inconnu.
"Je ne sais pas."
"Vous retenez nos amis prisonniers ! Où ?!"
"Je n'en sais rien !" répéta l'homme d'un ton terrorisé.
Il avait l'air sincère, mais difficile de savoir si c'était juste un acteur ou s'il n'était réellement au courant de rien. Toute la ville ne savait pas forcément que des gens de l'extérieur avaient été capturés par leur chef et ses hommes de main.
L'homme ne leur apportant aucune réponse, Rick le bâillonna et Daryl l'assomma avec la crosse de son arbalète. Les hommes traînèrent l'inconnu inconscient dans un coin sombre de la pièce pour le dissimuler, puis rejoignirent Kayla.
"Les rues sont pratiquement désertes maintenant." les informa cette dernière. "Est-ce qu'on tente une sortie ?"
"On n'a pas le choix. On ne peut pas rester là."
Kayla réfléchit une minute. Voir cet homme qui avait semblé assez confus l'avait fait penser à quelque chose. Elle murmura à l'adressa de Michonne :
"Y a-t-il une zone de Woodbury qui est interdite aux civils ? Des bâtiments isolés ? Un endroit où semblent aller seulement les hommes de main du Gouverneur ?"
Michonne réfléchit quelques instants avant d'acquiescer. Kayla se tourna vers Rick.
"Alors je pense que c'est d'abord là qu'on doit chercher."
*****
A la prison, tout était calme. Beth s'occupait du bébé, que Carl et Rick avait nommé Judith. Holly montait la garde dans un des miradors, déterminée à être la première à voir le retour du groupe. Hershel était allé se reposer. Carol reprenait des forces, grâce à l'eau et la nourriture.
Néanmoins, en voyant Axel discuter avec la cadette des filles Greene, Carol ressentit le besoin d'intervenir. Elle demanda un mot à l'homme en privé, et il la suivit hors de la cellule.
"Il y a un problème ?" demanda-t-il.
Elle alla droit au but et déclara fermement :
"Ne t'approche pas d'elle."
Axel jeta un coup d'œil à la cellule dans laquelle se trouvait Beth avant de se retourner vers elle. Il comprit rapidement ce qui dérangeait Carol.
"Voyons !"
"Inutile de songer à repeupler la terre."
"Je ne pensais pas à mal." assura-t-il. "Je suis enfermé depuis longtemps, et il n'y avait pas de femmes, tu me suis ? Maggie est avec Glenn, Kayla avec Daryl, tu es lesbienne et Holly est lesbienne ET avec Laure... Je ne faisais que parler."
Carol cligna des yeux et sourit d'amusement à certaines des conclusions d'Axel.
"Daryl et Kayla ne sont pas ensemble."
Axel se tourna vers elle et fronça des sourcils, confus.
"Ah bon ?"
"Aussi étonnant que cela puisse être, non." confirma-t-elle avec un sourire.
Carol était certaine que ce n'était un secret pour personne dans le groupe qu'il y avait quelque chose entre Kayla et Daryl. Ils étaient très proches, et elle pouvait voir qu'ils s'aimaient plus que comme des amis. Pourtant, aucun des deux n'osait faire le premier pas. Glenn, Beth et Maggie ne pouvaient pas comprendre pourquoi, mais Carol en savait plus sur la situation qu'eux.
Elle savait que Daryl n'avait pas eu une vie facile, même s'il ne lui avait jamais dit. Il n'était pas habitué à avoir des gens sur qui compter, des gens qui tenaient à lui, et à qui il tenait, en dehors de son frère Merle. Son intuition lui disait aussi qu'il avait rarement dû ressentir des sentiments amoureux pour quelqu'un.
Et Kayla...avait été maltraitée par le dernier homme qu'elle avait aimé. Elle ne lui avait jamais dit explicitement, mais ce jour à la carrière, quand Ed était mort, ce moment qu'elles avaient partagé... Kayla l'avait comprise comme personne d'autre.
C'était suffisant pour que Carol relie les points. Elle n'avait pas besoin d'interroger Kayla là-dessus. Et elle savait qu'elle n'aimerait pas le ressasser.
Cela l'attristait que leurs expériences passés les empêchaient d'accepter pleinement ce qu'ils ressentaient. Elle s'était rapprochée de Daryl depuis ses recherches inépuisables de Sophia, lui prouvant qu'il était un homme bien meilleur que ce qu'il laissait croire... Et Kayla avait été là pour elle quand elle avait perdu sa fille, et elles étaient devenues encore plus proches durant leur errance, l'amérindienne lui apprenant les gestes de premier secours, et l'aidant à améliorer son tir. Ils étaient probablement devenus ses deux meilleurs amis.
"Et je ne suis pas lesbienne." corrigea-t-elle également.
Axel sembla tout aussi confus.
"Tu as...les cheveux courts."
Il leva sa main au-dessus sa tête pour souligner son propos. Carol arqua simplement un sourcil avec un mouvement de tête, comme pour dire "quel est le rapport ?".
"Holly et Laure n'ont pas les cheveux courts." lui rappela-t-elle.
D'ailleurs, Holly n'était même pas lesbienne. La blonde lui avait parlé de quelques petits amis qu'elle avait eu dans le passé. Mais Carol ne trouva pas judicieux de le préciser à Axel si c'était pour qu'il insiste auprès de Holly. Si Laure ne revenait pas.... Elle chassa rapidement cette idée sombre de sa tête.
Axel concéda son point d'un hochement de tête.
"Alors t'es pas lesbienne ?" demanda-t-il pour confirmation.
Carol ne prit la peine de répondre, le regardant simplement. Axel sourit alors.
"Tiens, tiens..."
Il s'appuya à la rambarde de l'escalier avec son bras, arborant à présent un sourire charmeur. Oh génial... Peut-être qu'elle aurait dû le laisser croire qu'elle était lesbienne.
"Voilà qui est intéressant."
"Non, pas franchement."
Elle s'éloigna mais lui dit par dessus son épaule.
"Et quand Kayla reviendra, n'en profite pas pour essayer de la draguer aussi."
*****
Laure serra son renard dans sa main intacte. Elle savait qu'elle souillait le petit objet avec son sang. Mais elle avait besoin de le serrer, l'anneau métallique enfilé autour de son majeur. Le bout de bois pointu qu'elle avait arraché au poteau s'était glissé dans sa ceinture, sous son t-shirt.
Elle fixait la porte, attendant que quelqu'un vienne lui ouvrir. Le sang s'écoulait de moins en moins. Elle avait jeté depuis un moment le bout de tissu qu'on lui avait donné, elle l'avait remplacé par la bande de tissus rouge qui entourait sa taille. Il était plus épais, il absorbait mieux le sang et bloquait mieux l'écoulement. Mais la perte de sang l'avait tout de même poussé à s'asseoir dans un coin.
La douleur était sourde, désormais. Elle était là, sans que Laure n'y fasse vraiment attention. Elle entendait vaguement la foule discuter, plus loin. Elle était presque sûre que ça avait quelque chose à voir avec ce qu'ils lui réservaient.
Elle serra plus fort son renard.
Le crissement de la porte métallique la sortie de ses pensées. Elle rangea immédiatement son porte-clé dans la poche de son pantalon. Deux hommes armés la regardaient. Celui avec le rictus amusé lui fit signe de se relever. Laure ne broncha pas, elle voulait sortir au plus vite.
Elle dû s'habituer de nouveau à ses jambes endolories, titubant un instant avant de retrouver son équilibre. Laure entendit l'un des deux ricaner dans son dos. Elle allait lui faire bouffer ses dents. Elle s'arrêta en s'appuyant sur le mur.
"Hey, avance." Elle sentit le canon d'un fusil contre son dos.
"Deux minutes." marmonna-t-elle en imitant un souffle coupé. "J'ai mal aux jambes."
Le deuxième ricana de nouveau. "Merle est allé un peu trop fort avec elle. Elle va pas tenir l'affrontement."
L'affrontement ? Contre qui ? C'était une sorte de combat de gladiateurs ? Laure était sûre qu'elle devait partir maintenant, désormais. Elle attrapa le pieu sous son t-shirt.
"Bouge-toi, feignasse. Le public t'attend." ordonna le premier d'un ton plus dur.
Elle fit soudainement volte face et lui planta le pieu dans la gorge. De petits jets de sang lui échappèrent ainsi que quelques sons gutturaux. Ses yeux étaient ébahis par l'horreur et la surprise, sa bouche toute aussi grande. Il tituba un instant vers l'arrière avant de s'écrouler sur ses genoux, puis à terre. Son comparse n'eut pas le temps de le voir tomber.
Pétrifié par la surprise, il fixa son ami mourir pendant quelques secondes avant de se rappeler qu'il devait maîtriser Laure s'il ne voulait pas y passer aussi. Trop tard. Laure profita de sa seconde de distraction pour attraper sa tête et l'éclater contre le mur. Le crâne déjà à moitié défoncé, elle continua de s'acharner en cognant trois fois de plus. Jusqu'à ce qu'il soit méconnaissable. Il s'écroula à côté de son ami.
Laure respira bruyamment, attrapant le fusil du premier. Elle ne s'en servirait pas tout de suite, elle devait être discrète, mais elle n'allait pas cracher sur une arme, que de plus elle maîtrisait. Elle s'empara également de leur couteau de chasse, ignorant leur pistolet. Elle savait à peine s'en servir.
Elle commença à trottiner, s'éloignant le plus possible de cette sorte d'arène qu'elle voyait désormais plus clairement. Ses mollets et ses cuisses lui faisaient mal tandis qu'elle foulait la terre poussiéreuse avec ses pieds. Mais elle devait partir.
Elle se rendit vite compte qu'elle n'avait aucune idée d'où se trouvaient leurs prisons. Aucune idée d'où se trouvaient Maggie et Glenn. Elle avait été si choquée par l'amputation de ses doigts qu'elle n'avait pas pensé à mémoriser le chemin en étant conduite à l'aveugle. Merde...
Laure observa la petite "ville" plongée dans l'obscurité. On aurait plutôt dit un quartier, assez bien entretenu. Mais pas une lumière en vue. Aucun bruit. Pas un mouvement. Tout le monde devait être à leur rassemblement de tarés, ou devait dormir. C'était le moment ou jamais de s'enfuir. Elle trouva vite la limite de la communauté, se trouvant nez à nez devant un mur construit avec un peu tout et n'importe quoi. Elle décida de le longer. Elle serait plus discrète qu'en se promenant en pleine rue, et elle trouverait plus facilement une sortie.
En trottinant, elle réfléchit à une solution pour trouver Maggie et Glenn. Aucun moyen de savoir où ils étaient. Et elle devait partir vite, avant qu'ils ne se rendent compte de son évasion, ce qui ne saurait tarder. Peut être devrait elle retourner à la prison le plus vite possible ? Aller chercher Rick et les autres pour revenir récupérer Glenn et Maggie ? Mais seraient-ils toujours en vie...
Oui. C'était sûr. Tant qu'ils ne diront rien, le Gouverneur aura besoin d'eux pour savoir où ils se trouvaient. Elle essaya d'être raisonnable et se persuada que c'était la meilleure option. Cependant, l'envie de fouiller cet endroit de fond en comble pour les retrouver la démangeait gravement. Or, c'était un coup à y laisser sa peau. Pour sûr.
Insatisfaite, elle grogna en sentant la douleur dans tout son corps l'attaquer comme des poignards. Elle sursauta en croisant un patrouilleur à un coin de rue. Il était tout aussi surprit qu'elle.
"Hey, mais-"
Il n'eut pas le temps d'en dire plus. Elle le plaqua au sol, une main sur sa bouche et l'autre appuyant la lame de son couteau contre sa gorge. Dans la chute, il perdit son pistolet qu'elle écarta plus loin avec son pied. Elle rendit compte à quel point sa vision était floue quand, même penchée aussi près du jeune homme, ses traits restaient vagues.
"Où sont mes amis ?! Ceux que vous avez torturés. Glenn et Maggie. Où sont-ils ?" grogna-t-elle aussi bas que possible. Elle libéra sa bouche.
Le jeune homme sanglotait, totalement pétrifié. "S'il vous plaît...Je sais pas qui vous êtes ni qui sont vos amis.."
Elle le coupa en le frappant à la mâchoire. Laure durcit son ton et attrapa le visage du jeune homme pour la forcer à la regarder.
"Je te le redemanderai pas. Où sont mes amis ?"
Il secoua la tête. Laure soupira lourdement.
"Dommage."
"NON, S'IL-"
Il n'eut pas le temps de la supplier d'avantage avant qu'elle ne lui fende le crâne avec son couteau. Elle se releva péniblement avant de se crisper en entendant une voix.
"Il se passe quoi, ici ?"
Elle roula sur le sol, se cachant derrière une poubelle avant qu'un autre soldat n'arrive dans la rue. Laure eut peur un instant de n'avoir pas été assez rapide à se dissimuler. Mais il marchait toujours tranquillement en demandant s'il y avait quelqu'un.
Il venait sûrement de voir le cadavre, car il se mit à courir en stoppant net ses appels. Laure serra fermement le couteau dans sa main. Les bruits de pas s'interrompirent.
"Putain..." lâcha-t-il dans un souffle horrifié.
Elle ne perdit pas de temps. Il était juste à côté d'elle. Elle lui trancha la gorge dès qu'il se retourna vers elle. Similaire à sa première victime, son visage traduisait sa surprise et son choc, ses mains essayant de recueillir le sang s'écoulant abondamment de son cou. Quand il s'écroula par terre, elle le laissa se vider de son sang tandis qu'elle continuait sa route.
Elle réajusta le fusil à son épaule, plus concentrée que jamais. Elle ne pouvait même pas interroger quelqu'un sans risquer de se faire prendre... Elle trottina encore un moment avant que son visage ne s'illumine en voyant une sortie. Une échelle avait été dressée contre le mur, permettant d'accéder à son sommet. Elle écarquilla les yeux en remarquant la présence d'un soldat surveillant l'extérieur depuis le haut du mur.
Elle se plaqua contre la façade de la maison sur sa gauche. Il ne pouvait la voir, mais elle pouvait garder un œil sur lui. Les idées s'enchaînèrent à toute vitesse dans sa tête, tandis qu'elle attrapa deux bouteilles en verre dans les poubelles à proximité.
Laure prit la première bouteille et la balança contre le mur à sa droite, juste après le visage où elle se cachait. La bouteille explosa en plusieurs morceaux, attirant l'attention du type. Il descendit de son échelle, abandonnant son fusil pour un pistolet. Il approcha prudemment vers la bouteille en morceaux. Laure saisit sa chance. Quelques pas suffirent pour qu'elle soit assez proche. Elle éclata la seconde bouteille sur sa tête. Il tombait raide sur le sol, permettant à la grande femme de lâcher un soupir de soulagement.
N'ayant pas de temps à perdre, elle accourut vers l'échelle. Mais en montant, elle sentit un violent vertige attaquer son crâne. Elle s'accrocha vivement à l'échelle pour ne pas tomber mais sa vision s'assombrit tant qu'elle crut qu'elle allait perdre conscience. Non...pas maintenant. Ce n'était pas le moment.
Elle serra les dents, s'empêchant de s'adonner à l'obscurité. Elle respira lentement et profondément, renforçant sa poigne pour garder un contact fort avec le métal de l'échelle. Pas question de perdre connaissance maintenant. Pas tant qu'elle serait en sécurité. Pas tant que Maggie et Glenn seraient en sécurité.
Elle sentit une larme lui piquer, la culpabilité creusant profondément dans sa poitrine. Même si elle savait qu'elle reviendrait les chercher, les laisser seuls la rendait malade.
Peu à peu, elle sentit le vertige se dissiper et sa vue revenir. Bien. Elle pouvait y arriver. Elle continua sa montée quand une voix l'interrompit.
"Tu penses aller où, comme ça ?"
Laure serra la mâchoire en reconnaissant la voix de Merle.
"Descends de là, ma grande."
Elle descendit lentement et se retourna vers lui quand elle atteignit le sol. Il tendait un pistolet vers elle, son sourire supérieur insupportable collé à son visage. Sa mâchoire se serra en voyant qu'il avait sa machette à sa ceinture. Ce salaud...
Merle se doutait qu'il la trouverait à une des sorties ou points de surveillance. Dès qu'il avait vu les soldats morts près de l'arène, il s'est dirigé vers la sortie principale, puis le premier point de surveillance, le deuxième...et le troisième avait été la bonne pioche !
"T'as voulu partir sans dire au revoir ? C'est pas cool. Nous qui avions justement préparé un petit quelque chose pour toi..."
Laure ne répondit pas et resta immobile, le fusillant du regard. Merle leva les yeux.
"Très bien. Allez, donne moi tes armes."
Il s'approcha assez pour qu'elle enfile la lanière de son fusil autour de son atèle puis lança le couteau par terre.
"Bonne fille. Maintenant-"
Il n'a jamais fini sa phrase. Laure attrapa sa main tenant l'arme et la tira vers elle. Merle tira à côté et elle lui inffligea un coup de genou dans le ventre. Merle tomba à genoux, le souffle court et les côtes douloureuses. Laure resta muette quand elle récupéra son fusil et son couteau. Elle devrait le tuer.
Une haine aussi destructrice qu'un ouragan s'empara de son corps. Ses doigts encore valides tremblaient autour de son couteau, prête à lui asséner le coup fatal. Ce type l'avait torturée, lui avait sectionné ses doigts. Elle devrait au moins le tuer. Elle en avait envie.
Mais elle baissa lentement son couteau. C'était le frère de Daryl. Daryl avait sauvé Holly à la ferme. Elle devait essuyer sa dette. Elle serra la mâchoire pour s'empêcher de commettre l'irréparable, contenir sa haine pourtant prête à exploser comme une bombe, et qui ferait autant de dégâts.
Merle ricana en s'apercevant qu'elle l'épargnait.
"Quoi ? T'as pas assez de cran pour tuer un homme ? T'es une mauviette ? Une lâche-"
Le son de sa voix était vraiment insupportable. Elle régla la question en lui infligeant un coup de crosse de fusil sur la tête. Il s'écroula à terre, inconscient.
"T'es pas un homme, Dixon. T'es un putain de chacal qui pue la merde." Elle lui cracha dessus. Pour faire bonne figure.
Elle tourna les talons et grimpa l'échelle jusqu'en haut. Une fois au sommet, elle transféra l'échelle de l'autre côté et descendit vers la liberté.
Plongée dans le noir, elle courut aussi vite qu'elle put.
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