4 - Falling Apart
"Jisung !"
Figé de peur, Jisung sursauta en voyant la porte de sa chambre s'ouvrir à la volée. Sa mère le chercha du regard, affolée. Derrière elle, Jisung vit son père passer la tête par la porte ouverte de la maison.
"Qu'est-ce qu'il se passe, maman ?"
Jisung enfonça le talkie dans la poche de sa veste oversize avant de se lever. Soudainement, un bruit strident retentit dans le village. Jisung fut saisi de stupeur, le corps paralysé par la peur. Il reconnut l'alarme qui avait résonné lorsque le gouvernement avait déclaré l'état d'urgence. Son impression s'avérait.
"Oh mon dieu, Jinyoung, qu'est-ce qu'on fait !
- Il faut regagner le bunker, vite !"
Par mesure de sécurité, le refuge avait construit un bunker, sous terre, afin d'abriter les habitants face à une potentielle invasion. Jisung pensait le refuge protégé, suffisamment pour qu'ils puissent vivre en sécurité. Son corps agit de lui-même lorsque sa mère lui tendit la main. Il fila avec ses parents, et ce qu'il découvrit en sortant serra sa gorge d'une sourde angoisse. Malgré la nuit qui tombait, les villageois couraient dans tous les sens. Une panique générale semblait s'être infiltrée dans le refuge, poussant les survivants à crier et à courir pour s'abriter du danger. Jisung revivait là sa fuite de la ville. La peur comprima son corps, l'empêchant de bouger lorsque sa mère tira sur sa manche.
"Jisung, viens !"
La voix de son père le ramena à la raison. Il poussa sur ses jambes, prenant la suite de ses parents pour rejoindre le bunker. Dehors, c'était la cohue. Jisung eut du mal à talonner ses parents, ses mains engouffrées dans les poches de sa veste pour ne pas perdre le talkie et la lampe de poche qu'il gardait sur lui. Un cri aigu le fit tourner la tête, et il constata avec effroi que le corps d'une femme tomber à terre. Dans la course chaotique dans laquelle il était plongé, sa maladresse le rattrapa plus vite que son instinct de survie. Il trébucha en se faisant couper la route et s'étala de tout son long, les mains coincées dans ses poches.
"Mmh !"
Il se mordit la langue en tombant, et l'odieux goût du sang se répandit dans sa bouche. Il grimaça de douleur en tentant de se redresser, mais ses jambes tremblèrent tellement qu'il ne put que s'asseoir. Autour de lui, tout le monde avait déjà fui. Ses parents ne s'étaient pas retournés.
"Papa ! Maman !"
Jisung sentit une goutte de sang perler à la commissure de ses lèvres. Il l'essuya en se levant, et les cris lointains lui parvinrent à nouveau. Il frissonna d'épouvante en captant, malgré la pénombre, une silhouette se traîner jusqu'à la femme qui était tombée.
"Au secours !"
Son cri s'étouffa dans la nuit tombante. Jisung aurait voulu avoir le courage pour s'élancer, l'aider à se relever et détaler avec elle au bunker. Il était figé sur place, paralysé par la peur alors qu'il était spectateur d'une horreur sans nom. La silhouette d'un veilleur se jeta sur la femme, attrapant son bras pour y planter ses dents. Jisung fut saisit par la soudaine constatation qui s'imposait. Le refuge était envahi d'infectés. En tournant la tête, il repéra d'autres villageois fuirent des veilleurs qui couraient dans des mouvements désordonnés. Jisung aurait pu se croire plongé dans un film d'apocalypse zombie, mais tout cela était bien réel. Fébrile, il sortit le talkie de sa poche. Qu'importe ce que lui avait dit Minho. D'une main tremblante, il appuya sur le bouton qui lui permit de parler.
"Li-Lino... C'est... Le refuge tombe... Linoring..."
Un autre cri le fit sursauter, lançant son cœur dans une course folle. Il était seul, la nuit tombait, et la mort l'entourait.
"Minho, au secours... Les infectés sont là !"
Un grognement disgracieux retentit non loin. Il se tourna brusquement, braquant sa lampe de poche sur la silhouette qui rodait. Il la baissa instantanément en reconnaissant ce qu'il avait appris et, par chance si cela en était une, l'infecté fila prendre la course de retardataires qui couraient vers le bunker.
"C'est un cauchemar..."
Jisung comprit alors que ce n'était qu'une question de hasard s'il était toujours en vie. Il voulut rejoindre le bunker, retrouver ses parents et se mettre à l'abri. Cependant, les infectés se dirigeaient dans cette direction, sûrement attirés par le cri et la course des survivants. Son cœur se serra en pensant à ses parents, mais Jisung ne voulait pas courir vers une mort certaine. De toutes les forces qui lui restaient, Jisung fila de l'autre côté, longeant les maisons en cherchant un chemin sûr. En évitant les silhouettes étranges et les bruit de pas traînants, Jisung atterrit devant les portes du village, grandes ouvertes. La menace était arrivée par là, et Jisung comprit. Le chasseur était arrivé plus tôt car il avait été mordu. Cet homme égoïste avait tenté de se sauver lui-même, préférant éviter la mort et la transmettre à des innocents. Jisung retint son sanglot de frustration et de peur. Sa langue lui piquait affreusement, mais ce n'était pas le moment de faillir. Il devait fuir.
D'un dernier regard en arrière, l'écho des cris de terreur le poussant au bord du malaise, Jisung prit une longue inspiration avant de passer les portes pour sortir du village. Ses jambes furent prises d'un élan de survie, le dernier souffle qui poussa Jisung hors du refuge, dans les ténèbres de la forêt. Il se repéra grâce à sa lampe de poche, mais tout ce qui comptait dorénavant était de fuir le plus loin possible du danger. Il ne savait pas si la forêt était infestée, mais il n'avait plus le choix. Il devait fuir pour ne pas mourir.
Jisung ne sut pas combien de temps il courut, mais la saccade de son cœur et son souffle à bout ne l'arrêtèrent pas. Ce ne fut que lorsqu'il glissa sur un tapis de feuilles mortes que son corps plia sous sa course.
"Ah !"
Jisung chuta, ses fesses tapant durement contre le sol boisé. Perdu dans son affolement, il eut tout juste le temps de se rattraper, lâchant ce qu'il tenait en main.
"Merde, non !"
La lampe roula à côté de lui, mais le talkie glissa sur les feuilles. Il se redressa aussi vite qu'il put pour le récupérer, puis se plaqua contre un tronc d'un arbre, le souffle court. Autour de lui, le silence de la nuit était pesant, seulement coupé par sa respiration erratique. Il tata le sol jusqu'à retrouver sa lampe de poche qu'il éteignit. Les infectés réagissaient aux bruits, la plupart du temps. Cependant, il avait appris que, la nuit, de vives lumières pouvaient les attirer. Jisung tenta de calmer sa respiration, le talkie plaqué contre sa poitrine.
Son corps le faisait atrocement souffrir. Sa langue brûlait à chaque inspiration qu'il prenait, son bassin le lançait d'une vive douleur et ses jambes étaient crispées sous la tension. Jisung tendit l'oreille, faisant attention à chaque frémissement des feuilles. Le vent jouait parfois dans les branches, mais Jisung n'entendit aucun bruit de pas. Il était seul.
"Pourquoi..."
Quand sa vie prenait enfin un tournant plus lumineux, le voilà ramené à l'atrocité de la réalité et au pire cauchemar qu'il puisse vivre. Il se recroquevilla contre l'arbre, la simple pensée de ses parents livrés en pâture à des infectés brisant ses barrières. Il pleura silencieusement, maudissant l'égoïste charognard qui avait ouvert la porte au danger. Il y avait encore une infime chance que ses parents aient réussi à se mettre en sécurité dans le bunker. Dans tous les cas, personne ne semblait avoir suivi Jisung dans la forêt. Ce dernier pensa alors que, une fois le village désert, les infectés iraient sûrement chercher pitance ailleurs. Il ne pouvait pas s'éterniser ici.
Ses pensées furent rapidement étouffées par le grondement soudain qui secoua la terre. Jisung tendit la tête vers le village. Ses yeux s'écarquillèrent à la colonne de fumée qu'il découvrit, avant d'entendre une nouvelle salve de cris. Jisung ne pouvait plus le supporter. Il tâtonna son talkie jusqu'à appuyer sur un bouton.
"Minho... Je t'en supplie, Minho..."
Seul le grésillement du talkie lui répondit. Il eut alors la sourde angoisse d'imaginer Minho mort, transformé en infecté par celui qui avait mordu le chasseur. C'était le premier soir où Minho ne répondait pas, et le chasseur infecté semblait venir de son groupe. Jisung sentit toutes ses forces le quitter. À quoi bon survivre quand tout était perdu ? Il n'avait plus aucune chance, dorénavant. Le refuge était tombé, il n'avait aucune force de vivre et, seul dans cette forêt; n'avait aucune chance d'échapper à une horde d'infectés. Il laissa ses larmes mouiller ses joues, pelotonné contre l'arbre, le froid et la peur comprimant son corps. Il serra le talkie contre lui, jusqu'à ce que la panique le fasse sombrer dans l'inconscience.
La nuit courrait toujours lorsque Jisung se réveilla. La lune était si pleine qu'elle balayait la forêt d'une faible lumière pâle. Jisung n'avait pas senti le malaise l'entraîner dans un sommeil peu revigorant. Surtout, Jisung jugea que sa survie relevait du miracle. Il était toujours adossé au même arbre et, cette fois-ci, le silence plombait la forêt. Il n'y avait plus un bruit aux alentours, seule une lourde odeur de brûlé flottait entre les arbres. Jisung passa une main tremblante sur son visage en tentant de reprendre ses esprits. Les mains vides, il tata le sol pour retrouver la lampe et le talkie.
Il était seul. C'était bien la seule constatation qu'il pouvait faire. Il essaya de garder le maigre espoir que ses parents étaient encore en vie, ou que Minho faisait route vers le village. Il devait tenir encore quelques heures. Il se redressa tant bien que mal, le corps lourd, les jambes faibles. La forêt était sombre, Jisung n'avait jamais été habitué à s'y promener, mais son unique peur résidait en la rencontre funeste d'un infecté. Il ne connaissait par leur comportement ni leurs habitudes en dehors de ce qu'il avait sommairement appris. Ce faisant, il agit dans la plus grande précaution.
Jisung voulut retourner vers le refuge, et espérer y attendre les chasseurs. Cependant, l'invasion récente le poussait à s'en éloigner. Il avait déjà été chanceux d'être épargné, s'il voulait survivre jusqu'à l'arrivé de potentiel secours, il devait choisir un autre chemin.
"Je ne sais même pas où je suis..."
Accablé par la perte de son frère, Jisung n'avait pas fait attention à leur périple, quelques mois auparavant. Il n'avait aucune idée de sa situation géographique, et cela ne suffit qu'à rajouter à sa peur. Sa réflexion fut coupée par le soudain bruissement de feuilles, derrière lui. Pétrifié, il tendit l'oreille, cherchant à comprendre si c'était le vent qui lui jouait un tour. Le silence lui répondit pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'un bruit étouffé plonge son cœur dans son ventre. Un grognement.
"Pitié..."
Il souffla, assez bas pour qu'il soit le seul à l'entendre. Le froissement des feuilles au sol se fit plus fort, à mesure qu'il s'approchait de lui. Jisung était incapable de bouger, terrorisé, alors qu'un faible grognement accompagnait la marche d'une silhouette mollassonne. Ce ne fit aucun doute pour Jisung. Il tournait le dos à un infecté. Il n'avait sans doute pas encore capté sa présence, mais ce n'était qu'une question de temps. Jisung l'entendait approcher dans sa direction. S'il restait, l'infecté tomberait tout bonnement sur lui. S'il détalait, l'infecté l'entendrait et le prendrait en chasse. Qu'importe son choix, Jisung savait qu'il n'était pas assez maître de ses moyens pour s'échapper ou contrer le mort vivant sans se faire croquer. Les tremblements qui secouèrent son corps le firent presque tomber. Il dut retenir un sanglot pour ne pas faire de bruit.
Finalement, le destin allait choisir pour lui. Jisung était trop faible pour bouger, trop couard pour affronter la mort. Il allait sombrer dans l'atroce souffrance de se faire dévorer, avant même de savoir si son frère, son meilleur ami, ses parents, Minho, étaient en vie. Dans un regain de courage, un dernier souffle de prendre le dessus sur ses émotions, Jisung se retourna vivement, braquant sa lampe torche sur la silhouette qui approchait. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de lui, et ce que Jisung découvrit lui donna un haut le cœur. C'était la première fois qu'il se retrouvait nez à nez avec un infecté. C'était une bonne chose qu'il n'y survive pas, finalement, car le spectacle était d'une horreur qu'il n'aurait jamais réussi à retranscrire. Le monstre poussa un grognement aigu en sentant le faisceau de lumière braqué sur lui. Ses yeux étaient voilés, il fut sans doute incommodé par le soudain aveuglement, mais les infectés étaient rapides. Jisung fit un pas en arrière, tétanisé par la terreur, ses mains relâchant la lampe et le talkie. Il avait survécu, mais cela n'avait pas été assez.
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Je sais que j'avais dit always happy end...
Et ce sera le cas mdr, l'histoire va jouer avec vos émotions ~ ┐(︶▽︶)┌
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