Chapitre 38 : Jouer.

PDV Matia :

Je fixe Cassie, debout sur son estrade de fortune composée de trois tables accolées les unes aux autres.

Elle caresse l'assemblée du regard, les mains sur les hanches. Elle a l'air tellement sûre d'elle, pleine de prestance. J'irais même jusqu'à me demander qu'est devenue la jeune fille incertaine de notre rencontre, il y a quelques moi de cela.

Les gens sont venus nombreux. Bien plus que ce que j'aurais pu penser. Un attroupement commence à se former dans la salle de cantine. Je m'écarte, rejoignant le mur. Mes doigts glissent sur la surface plane et rassurante. Je n'ai jamais trop aimé les foules. Je m'appuie contre le mur, attendant que ma soeur démarre son petit discours.

- T'as l'air nerveux.

Je sursaute et tourne la tête. Liam me sourit gentiment et je croise les bras contre mon torse.

- Non ça va, dis-je en me donnant contenance.

Il s'apprête à rétorquer quand Cassie prend la parole.

- Salut ! Merci d'être venu aussi nombreux, commence-t-elle d'une voix forte, Si je vous êtes ici c'est que vous êtes prêt à risquer votre vie pour sauver notre nonde à nous. Notre futur. Sachez que ça ne va pas être simple, je décroche vite de son discours. Je sais déjà tout ce qu'elle a prévu de dire.

Ça va être dur. Faudra s'entraîner. On va se battre.

On y a pensé ensemble. On l'a écrit à deux. Enfin, elle écrivait et "j'écoutais".

Je longue le mur. Passant devant Liam pour rejoindre la sortie. Mais ce dernier m'arrête, attrapant mon poignet.

- Attends tu vas où ?, chuchote-t-il pour ne pas déranger le laïus de ma soeur.

- Voir si Hugo a besoin d'aide, dis-je vaguement.

- Je t'accompagne, je suis pas trop discours de motivation, répond Liam en lâchant sa prise.

Je hausse les épaules et reprends ma marche. Il m'emboite le pas. Nous marchons côte à côte dans le couloir. J'ouvre la porte de la salle de contrôle et entre.

La salle est vide à l'exception des ordinateurs et des bureaux. Le ronronnement des ventilateurs casse le silence pesant régnant entre Liam et moi.

- J'ai dû le rater dans la cantine, dis-je plus pour moi-même que pour mon acolyte.

Je me laisse choir devant un clavier et commence fouiller dans les fichiers de l'ordinateur.

- Tu cherches quoi ?, me demande-t-il alors.

- Une carte des environs pour dessiner quelques itinéraires, reponds-je, je ne sais pas où il les range.

- Et ça peut pas attendre qu'il revienne ?, dit-il d'une voix interrogatrice.

- Pas vraiment.

- Mais tu ne sais même pas où chercher !, s'exclame-t-il.

Je pivote sur ma chaise pour lui faire face. Il baisse les yeux vers les miens, debout devant moi.

- T'étais pas obligé de me suivre si tu veux pas attendre, j'aime pas rester inactif, dis-je.

Il se penche vers moi.

- Moi je pense surtout que tu ne voulais pas rester au milieu de toute cette foule, murmure-t-il a mon oreille.

Je sens le sang monter à mes joues. Je me recule jusqu'à ce que ma chaise butte contre le bureau. Pris au piège. Voilà comment je me sens.

- Pas du tout. Et même si c'était vrai en quoi ça te regarde ?, silfflé-je les lèvres pincées.

Un éclair de tristesse traverse ses yeux. Vous savez ce tout petit reflet qui ternie les yeux d'une personne blessée l'espace d'un court instant.

Je fronce les sourcils. La culpabilitée m'assaille. Je ne sais même pas pourquoi je me montre aussi froid avec lui. C'est qu'un mec lambda après tout.

Les paroles de Sisi me reviennent en tête : "J'ai l'impression que toi aussi tu la mets de côté ta petite vie sentimentale alors pas de commentaire chéri".

Je ferme les yeux rien qu'un instant, pour disperser les paroles provocatrices de ma soeur adorée.

- Ça me regarde parce que c'est moi qui m'en suis rendu compte. Je pense avoir un droit de regard du coup, me dit-il avec un petit sourire mesquin, toute trace de tristesse disparue, tu joues le mec détendu toujours souriant mais au fond t'es pas du tout confiant.

J'entrouvre les lèvres prêt à rétorquer d'une réplique cinglante mais rien ne vient. Le fait est qu'il a raison mais que mon ego m'empêche de l'avouer. Un sourire fière nait au coin de ses lèvres.

- Tu sais Matia j'ai pas l'air comme ça mais je sais bien analyser les gens. Ta soeur en est témoin. Et je sais aussi qu'un truc te dérange chez moi. Je sais pas encore si c'est parce que tu ne m'apprécies pas, il se penche un peu plus vers moi, ou si c'est totalement le contraire.

Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale alors qu'aucun de mes muscles ne répondent à mon envie de fuir.

Liam pose ses mains sur les accoudoirs de chaque côté du siège. Ses yeux me transpersent de part en part. Je serre les dents. J'avale difficilement ma salive.

- Alors ? Quelle option Matia ?, chuchote-t-il à quelques centimètres de mon visage.

Bien-sûr que je ne le déteste pas. J'ai aucune raison de le détester. C'est mon corps qui est repoussé par ce mec j'y peut rien moi !

- Je..., bafouillé-je.

J'ai bafouillé ! Moi j'ai bafouillé c'est un comble.

"Mat' bordel t'es où on va faire les groupes pour entraîner les volontaires !", m'engueule Cassie.

Sauvé par le gong ! Je me redresse, me cognant la tête dans celle de Liam.

- Eh Mat' ça va si tu voulais partir suffisait de me le dire !, s'exclame-t-il alors que je me lève en frottant mon front.

- Désolé Cassie m'appelle !, m'excusé-je en m'approchant de lui, faisant mine de vérifier sa tête où naît déjà un petit bleu.

Il me regard d'un air suspicieux, puis fini par soupirer. 

- T'aurais pu trouver une meilleure excuse pour me fuir, il dit d'un petit rire terne.

- Quoi ? Nan pas du tout elle me cherche pour les entraînements des volontaires, me justifié-je.

Il sourit faussement. Je jette un regard derrière moi, soudainement tiraillé entre l'envie de me justifier encore plus auprès de lui et celle de rejoindre ma soeur.

- Aller file, m'enjoint-il.

Je soupire et tourne les talons, appuyant sur le tableau numérique de la porte. Elle coulisse et je m'engage dans le couloir pour sortir.

Je m'arrête au dernier moment, passant la tête dans l'entrebaillement de la porte.

- Le contraire. Je pense que c'est le contraire la réponse, finis-je par dire malgré moi.

Puis je m'empresse de courir dans le couloir pour rejoindre Cassie au gymnase sans même attendre une réaction de sa part.

***

PDV Cassie :

Je me retrouve face à une bonne centaine de jeunes impatients, à attendre sur mon frère.

Je regarde ma montre pour la énième fois. Je suis sur le point de l'appeler encore une fois avant d'aller le chercher par la peau du cul.

Calme tes hormones miss, m'interpelle Conscience.

Au même moment le signal de l'ascenseur retentit et les portes s'ouvrent, révélant un Matia rouge pivoine.

Il me lance un grand sourire crispé et salue les gens.

- Votre serviteur est arrivé !, scande-t-il.

Je lève les yeux au ciel.

- C'est pas trop tôt t'étais où ?, persiflé-je.

- Hum... chez Hugo, répond-t-il vaguement.

Je soupire et m'avance vers le groupe qui s'impatiente.

- Ok on va diviser le groupe en deux pour commencer les bases, c'est à dire résister à une pénétration de votre esprit.

Suite à mes paroles ils commencent à se répartir de chaque côté du gymnase.

- Mettez vous en lignes ce sera plus simple, recommandé-je en jetant un coup d'oeil vers Matia qui semble faire de même.

- Cassie Allan !, hurle une voix que je reconnais instantanément.

Je me tourne vers la mère de Tyler poursuivie par ce dernier qui me lance des regards du genre "fuis tant qu'il est encore temps".

Elle se plante devant moi ses yeux lançants des éclairs à faire rôtir un poulet du place.

- Tu comptais me parler quand de ton petit plan ?, crache-t-elle.

- On a pas de temps à perdre vous avez attendu l'annonce alors j'estime que je vous ai mise au courant, dis-je d'une voix posée.

- Je vois, et bien sache que ton plan tourne au vinaigre car je vous interdit de le mettre à exécution, continue-t-elle.

Des murmures indignés résonnent derrière moi alors que Matia me rejoint. Le mécontentement se fait entendre dans l'assemblée.

Avais-je prévu cette réaction ? Absolument. Tout se passe-t-il comme prévu ? Totalement.

T'es diabolique Cassie Allan, sussure Conscience jubilante.

- Il est un peu tard. Et je crois que le choix ne vous revient pas. Il revient au groupe, dis-je soutenue par les murmure d'approbation derrière moi.

L'ascenseur s'ouvre sur Lyze et le reste de la bande qui accoure vers nous. Ils dépassent la mère de Tyler et viennent se joindre à nos côtés.

- Madame Irons, ou Black ou quel que soit votre nom, je pense que le choix nous revient à nous autant qu'à vous si ce n'est bien plus. C'est de notre avenir qu'il s'agit, dis-je d'une voix haute, les yeux plongés dans ceux de Tyler.

- Je veux pouvoir voir ma soeur grandir dehors sans avoir peur de la voir mourir. Je ne veux pas qu'elle ai peur d'être utilisée comme cobaye WorldCenter. Nous ne vous demandons rien. J'irai seule s'il le faut, les murmures s'amplifient derrière moi alors que mon regard est soudé à celui du garçon dont je suis malgré moi tombée amoureuse, je suis prête à tout, pour sauver les gens que j'aime.

Mes yeux ne quittent pas ceux de Tyler, et sur ces derniers mots il s'avance d'un pas.

- Maman. Tu ne les en empêchera pas, commence-t-il, tu ne nous en empêchera pas, termine-t-il alors.

Un sourire discret se glisse sur mes lèvres. Alors que sa mère se tourne vers lui avec un regard ahuri.


- Sophia, c'est à notre tour d'abattre nos cartes, dis-je.

Elle fini par soupirer et se retourne à nouveau vers nous tous, d'un regard vaincu elle balaie la pièce du regard.

- Très bien, alors je suppose que c'est à nous de jouer.

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