Chapitre 28 : Vide.

PDV Cassie :

J'étais en train de courir quand Matia est descendu dans le gymnase pour me prévenir qu'ils avaient réussi à attraper le jeune garçon qui errait dans les rues de la ville. Nous remontons au premier sous-sol, je suis encore essoufflée de ma course et toute transpirante.

- J'ai le temps d'aller me changer ?, tenté-je même si j'avais déjà la réponse.

- Tu t'en doute, Hugo a dit que c'était vachement urgent et qu'on devait "l'ausculter", me répondis mon frère.

Je soupire, comme si j'étais spécialisée dans les gens bizarres qu'on trouve dans les rues.

- Pourquoi tu es descendu ? T'aurais plus m'appeler, genre message mental comme d'hab, ou Hugo m'aurait envoyé un message sur ma montre, demandé-je.

Mais il hausse les épaules.

- J'avais envie de descendre, répondit-il simplement. Il a pourtant l'air préoccupé, mais je n'insiste pas, je sais que s'il avait besoin de parler il viendrait de lui même.

- D'accord, dis-je simplement.

C'est très frustrant de ne pas pouvoir lire dans les pensées de son propre frère alors que l'on peut sonder l'esprit entier d'un inconnu, enfin vous voyez ce que je veux dire.

Non chérie tout le monde ne peut pas lire dans l'esprit des gens comme toi, soupire conscience.

Je crois que c'est la seule chose qui me rappelle ce que c'était d'être normal, mais si je perdais mon pouvoir me sentirais-je normale à nouveau ?

Je n'ai pas le temps de finir ma réflexion car je suis interrompue par l'ouverture des portes de l'ascenseur qui se manifestent dans un "ding" significatif.

Nous nous engageons dans le couloir pour rejoindre la salle de contrôle. Nous entrons et Hugo nous attend en compagnie de Liam, Lyze et Marine. Ces deux dernières sont en train de débattre sur la façon dont on devrait s'y prendre.

- Moi je te dis qu'il faut juste l'aider, il a l'air tout paumé ce gosse !, dit Lyze, je la reconnais bien là.

- Et si jamais c'est une taupe ?, s'inquiète Marine les bras croisées.

- Et bien Matia et moi on le découvrira bien assez tôt, dis-je en m'incrustant dans la conversation.

Marine me souris légèrement inquiète et Lyze me regarde et lance une exclamation fière.

- Tu vois on craint rien on a les meilleurs psychos du monde, crie-t-elle.

- Parle pour elle ! Moi j'arrive encore à peine à maitriser la méthode de contrôle intermédiaire, rit Matia derrière moi.

- Classe le nom ! Mais ça veut dire quoi ?, demande Lyze alors que Marine semble préoccupée derrière elle, le regard porté distraitement sur les écrans des caméras.

- C'est le nom qu'on utilise pour dire "contrôle le pouvoir d'un autre par l'intermédiaire de cette personne", c'est plus pratique, répond l'intéressé.

Je quitte la conversation et m'approche de Marine qui semble perdue dans ses pensées.

- Hey, murmuré-je.

- Comment tu fais ? Pour ne pas flancher ?, me demande-t-elle tout bas, le regard posé sur Lyze.

- Comment ça ?, je continu sur le même ton, pour ne pas être entendue.

- Avec Tyler si loin, je ne sais pas comment je réagirais si..., elle ne termine pas sa phrase mais à voir le regard qu'elle porte à ma meilleure amie elle n'en a pas besoin.

- Je garde espoir, dis-je n'ayant aucune idée de ce qui me fait tenir.

Elle s'apprête à répliquer quand Hugo nous interrompt, roulant sur sa chaise comme à son habitude.

- Bon, il vient de s'endormir, dit-il en nous montrant un écran sur lequel on peut voir les images d'une caméra, filmant un jeune garçon d'à peine une dizaine d'années.

- Attendez on ne m'avait pas prévenu qu'il était aussi jeune..., dis-je sans quitter l'ordinateur du regard.

Personne ne sait quoi répondre à cette intervention, ce qui est plutôt logique en soit.

- Et tu veux qu'on sonde son esprit maintenant ?, demanda Matia pour casser le silence pesant qui pesait installé.

- Il dort donc ce sera plus facile je suppose, argumente Hugo.

Je hausse les épaules, il a sûrement raison je n'ai jamais comparé les difficultés que j'avais à entrer dans un esprit, mais si la personne dort ses barrières doivent être moins solides ?

Te poses pas trop de questions et vas y qu'on en finisse..., intervient conscience.

- Alors allons-y, dis-je, c'est quel dortoir ?

- Un des dortoirs de secours en dessous du gymnase, faudra prendre l'escalier, c'est le dernier au bout du couloir, nous indique Hugo.

- Ça marche, Matia et moi dîmes en coeur.

Nous sommes sortis de la salle de contrôle et avons rejoins l'ascenseur. Je trouve Matia étonnamment silencieux, une fois sortis de l'ascenseur nous rejoingons la porte de service qui le jouxte.

Je me rends compte que je ne suis jamais allée dans cette partie de notre bâtiment souterrain, même quand on y avait installé les nouveaux arrivants de notre dernière mission.

Nous descendons les escaliers et traversons le couloir sans un mot et atteignons la dernière porte.

J'actionne le tableau de commande et entre sans un bruit, à pas de loup, suivie de mon frère toujours aussi silencieux.

Le jeune garçon dort dans un des lits de la pièce, il semble paisible les yeux clots, la bouche entrouverte, l'empreinte de l'oreiller laissant déjà une marque sur sa joue.

"Je commence, dis-je à Matia mentalement"

Je sentis une petite pression sur mon épaule, réponse positive de Matia qui y avait posé la main.

Alors je laisse mon esprit s'écouler dans la pièce, s'insinuant dans celui de l'enfant allongé devant moi.

Mais à peine ai-je glissé dans sa tête que je suis assaillie par une multitude de pensées sans queue ni tête.

Tu m'étonnes qu'il avait l'air paumé ce gosse, on lui a foutu le bordel dans sa tête, et je reconnais bien là l'oeuvre d'un psycho.

À toi de jouer ma belle, m'encourage conscience.

Mais j'entre en terre inconnue. Comment arrêter un tel raffut ? Je m'engage dans ce brouhaha, tentant de ralentir cette effervescence de souvenirs et de pensées. Mais je me sens vite submergée.

C'est presque en me faisant expulser que je quitte l'esprit du jeune garçon endormi.

Essoufflée, je me tourne vers Matia qui me regarde, attendant que je parle.

- Ça va être compliqué je comprends pourquoi il n'arrivait pas à parler, dis-je en reprenant ma respiration tout en chuchotant pour ne pas réveiller l'enfant.

Il tourne les yeux vers le lit avant de les fermer. Il tente sa chance. Sa main se crispe légèrement et je le vois serrer la mâchoire. Il abandonne aussi vite que moi.

- On va devoir y aller à deux, décrète-t-il tout en continuant à parler tout bas.

Je fronce les sourcils en le dévisageant.

- On a jamais fait ça !, rétorqué-je.

Il hausse les épaules. Je hoche la tête. Après un petit temps de récupération nous nous lançons à l'assaut de cet esprit récalcitrant.

C'est étrange d'arpenter les rues des pensées d'une personne accompagnée de son frère jumeau. Je ne peux pas le voir ni le toucher, pourtant je sens sa présence près de moi.

Matia avait raison, la pression est déjà plus supportable. Je ne sais pas par quel moyen, ni quelle logique nous avons suivit, pourtant c'est doucement mais sûrement que nous avons calmé la tempête.

Ce garçon s'appelle Louis, et il a bien une dizaine d'années, il arpente les rues depuis deux semaines déjà. Mais tout s'arrête là. Rien. Le noir total. Le vide. Le psycho qui est passé par là à tout effacé. Ou tout caché.

*

PDV Omniscient :

Il ouvre les yeux une première fois, mais, assailli par la lumière il est contraint de les refermer. Au bout d'un petit moment d'accomodation il parvient à les garder ouverts. Il se redresse, regardant autour de lui.

Tyler se trouve dans une rue, il ne la reconnaît pas. Son cou le démange, en passant sa main sur sa peau il caresse une petite croûte laissée sûrement pas une seringue.

C'est le chaos dans son esprit. Il se lève, titube un instant. Son anxiété commence à laisser place à la panique quand il comprend qu'il est perdu.

Son rythme cardiaque s'accélère. Sa respiration s'emballe. Il se met à courir.

Il n'arrive pas à réfléchir, toutes ses pensées tourbillonent dans sa tête à tel point qu'il ne comprend rien. Il ne sait pas comment s'organiser. Il n'arrive pas à se souvenir. Le capharnaüm de son esprit l'assaille, il n'arrive qu'à retrouver son prénom. Le reste, paradoxalement, n'est que vide.










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