*Chapitre 8: Départ.*
Assise dans le canapé je fixe la fenêtre avec inquiétude. La dernière patrouille est passée il y a déjà plus dune heure. Deux en une journée alors qu'auparavant je nen avais jamais vu. Je sens le regard de Tyler peser sur moi.
- Pourquoi tu me fixes comme ça ?, lancé-je.
- Pour savoir à quoi tu penses.
Je ris, mais d'un rire froid, dénué de la joie habituel que cette action est censée apporter. C'est plutôt ironique de savoir que moi, qui ai la faculté de lire dans les pensées, ne veuille pas me servir de cette aptitude et que lui qui ne l'a pas cherche à savoir ce que je pense.
- Je pense que tu as raison. On doit fuir et rejoindre cette résistance.
Il me sourit.
- Je savais que tu serai d'accord.
Ma petite soeur est déjà retournée jouer avec le chat de Tyler. Quand je la regarde mon coeur se serre à l'idée de l'embarquer là dedans. Elle n'a rien fait pour mériter ça. Je me reprends. Ce n'est pas le moment d'être sentimentale. Alors pour me changer les idées je me tourne vers Tyler.
- Détrompe toi, je ne suis pas daccord avec lidée de te suivre mais cest ma seule option pour la sauver elle, dis-je en désignant ma soeur.
Tyler suit mon regard et soupire. Jai gâché son plaisir et honnêtement jen suis fière. Il avait lair trop heureux de mavoir convaincue.
- Je te propose qu'on prépare des sacs, repris-je, et qu'on parte en fin de journée. On se déplacera dans la nuit comme tu le faisais. Combien de temps il nous faudrait pour qu'on arrive au secteur G ?
Il semble réfléchir un instant.
- Si je me base sur environ douze ou treize heures de route. En faisant cinq heures par nuit... Il nous faudrait trois jours.
Je hoche la tête. C'est pas compliqué. Et si nous n'avons pas de problèmes alors tout sera simple. Je pars vers ma chambre récupérer mon sac de cours. Puis je retourne à la cuisine.
- On prendra seulement le nécessaire. Un sac de nourriture et un autre avec une trousse de secours et du change, au cas où.
- Une trousse de secours ? On part en voiture, me dit-il d'un ton amusé.
- Rappelle moi qui j'ai trouvé inconscient dans le zone de rationnement avec un chaton à côté de lui ?, lui retourné-je en lui jetant un regard espiègle, ou alors cétait de la comédie ?
- Ok tu marques un point, avoua-t-il.
- D'ailleurs pourquoi tu te ballades avec un chat ?
Il semble déstabilisé une seconde puis se reprend.
- C'est mon chat je me voyais pas l'abandonner à la maison.
Je hausse les épaules. Cet animal de compagnie est répandu de nos jours. Il est dit dans les règles de vie que chaque foyer se doit de posséder un chat ou un chien. Ce serait pour responsabiliser les enfants. Le notre est mort l'année dernière pendant l'hiver, enfin on suppose, il n'est jamais revenu à la maison. Mais nous navons pas survécu assez longtemps pour recevoir le nouveau. Le temps de justifier la disparition du nôtre, de faire la demande dun nouveau chaton, les explosions sont survenues.
- Bon. Au boulot.
Je commence à remplir un sac avec de la nourriture, bientôt aidée par Tyler. Je le laisse terminer pendant que je prépare le second sac. En dix minutes les sacs sont terminés. Nous navons pas grand-chose à embarquer. Il nest même pas encore midi que nous sommes déjà de retour dans le canapé, sans savoir quoi faire.
Alors je me lève sous le regard interrogateur de Tyler et me dirige dans le salon. Leanne a disparu des environs, sûrement en train de de jouer avec le petit chat dans sa chambre. Mais mes pas ne me dirigent pas vers ma soeur.
Cest devant la chambre de mes parents que je marrête, le coeur battant. Pourquoi est-ce si difficile de louvrir ? Ma main tremble alors quelle se referme sur le barreau douverture manuelle. Mais quand la porte glisse sur son rail un soupir de soulagement passe la barrière de mes lèvres.
Une première chose de faite, murmure conscience anxieuse.
Je passe le pas de la porte le coeur lourd, enregistrant chaque détail dans ma mémoire. Au cas où je ne reviendrais jamais ici.
Pas seulement au cas où, révèle fatalement cette voix dans ma tête.
Javance à pas mesurer, attentive à la moindre chose. Je récupère larme de mon père que je rangeais à chaque retour du centre de rationnement dans sa commode. Je contourne doucement le lit, observant la couverture soigneusement repliée par mes soins après que jai dormi, tentant de me souvenir la dernière fois que je my suis emmitouflée avec ma mère pour bouquiner. Un noeud à la gorge jouvre la commode de ma maman, y retrouvant la montre digitale de ma mère, entièrement chargée. Pourquoi ne la-t-elle pas sur elle en ce moment ? Peu importe. Je la glisse à mon poignet, lajustant à ma taille. Mon regard glisse sur la photo de notre belle famille qui trône sur la table de nuit, souriant fièrement à lobjectif. Les larmes me montent aux yeux, je tente de les contenir.
- Sisi ?, résonne la voix de Leanne depuis le couloir.
Sa petite tête brune rousse se penche dans lencadrement de la porte alors que jessuie les larmes imaginaires qui pointaient au coin de mes yeux. Leanne fronce les sourcils.
- Pourquoi tes ici ?, me demande-t-elle de sa voix enfantine.
- Pour rien ma puce ne tinquiète pas, lui dis-je, me composant un sourire.
Je la suis dans la cuisine pour un maigre repas avant notre départ définitif.
En fin daprès midi je suis assise en tailleur sur un canapé, ma soeur endormie contre moi. Tyler me fixe depuis quelques secondes et je sens que mes joues commencent à rougir. Incapable de continuer dans ce silence je lève les yeux vers lui.
- Comment as-tu appris à contrôler ton aptitude ?, lancé-je pour briser le silence.
Il me regarde d'un air hésitant.
- Seul. Sur la route. Je me suis dit que quitte à vivre avec je ferais mieux de l'apprivoiser.
Quelque chose ne tient pas dans toute cette histoire. Mais je préfère ne rien dire et continuer.
- Ça a été dur ?
- En fait non. Ça vient tout seul. Mais il ne faut pas en avoir peur et laisser faire.
C'est ça mon problème je suppose. J'ai peur de cette chose alors je la contiens. Mais plus je la contiens plus elle veut sortir. Je soupire.
- Je peux t'aider à utiliser la tienne si tu veux.
Suspect, dit soudainement conscience.
Je fronce les sourcils, surprise quil me propose cala. Il ma déjà poussée à essayer encore ce matin, mais de là à essayer de maider à la contrôler je ne comprends pas. Quel intérêt aurait-il à my faire parvenir ? Nous savons tous les deux que je sais quil me cache des choses. Quaurait-il à y gagner?
Très suspect, renchérit la petite voix.
Je ne suis pas rassurée face à tant dinconnues dans cette équation, pourtant je ne peux mempêcher dêtre curieuse
- Tu ferais ça ?, lâché-je à mon propre étonnement, comme si je ne contrôlais pas mes paroles.
Tu joues avec le feu chérie, il y a anguille sous roche et tu le sais !, mavertit conscience.
Je le sais bien, pourtant je suis intriguée par cette aptitude qui me caractérise, et je sais quil peut maider à en apprendre plus, il my a aidé rien que tout à lheure. Alors si en plus ça peut me permettre de le percer à jour autant en profiter.
Pense à ce quil a à y gagner, me conseille-t-elle.
- Bien sûr. Quelle question. Il lève les yeux au ciel.
Je souris. Amusée. Il me fait rire avec son air outré. Mais je me reprends rapidement, me rappelant tout de même que quelque chose cloche. Apprendre à me servir de ce pouvoir. Le percer à jour. Tourner les choses en ma faveur.
Une mission supplémentaire pour capitaine Sisi !, chantonna la petite voix.
- D'accord ça me va. Je veux bien.
Son visage s'illumine. Comme celui d'un enfant à qui on offre son cadeau annuel.
Je ris et lui fronce les sourcils.
- Pourquoi tu ris ? Tu te moques de moi ?, me demande-t-il avec une petite moue boudeuse.
- Tu aurais dû voir ta tête quand j'ai accepté ton aide. T'étais tout mignon avec ton sourire béat !
Je me tais en me rendant compte de mes paroles. Ses lèvres s'étirent en un sourire en coin.
- Alors comme ça je suis mignon hein ?, susurre-t-il.
Je me sens rougir violemment et ne réponds pas. À la place je regarde l'heure sur la montre de ma mère.
- On ferait mieux de partir. Il fera bientôt nuit.
Il reprend son sérieux et hoche la tête. Je réveille ma petite soeur en douceur et elle me regarde avec ses yeux fatigués.
- Hey... Ma puce. On va partir, lui dis-je d'une voix douce.
- Patir où ?
- Dans une nouvelle zone d'habitation. Une plus sûre et en sécurité.
- Mais on doit attendre papa et maman. Ils sont pas rentrés. Sisi ze veux attendre papa et maman, marmonne-t-elle avec une bouille boudeuse.
Je soupire. Je dois lui dire. Je n'ai pas le choix.
- Leanne. Ils ne reviendront pas.
Peut-être un brin trop violent pour une si petite chose, me fit remarquer la petite voix.
- Mais si !, s'offusque-t-elle.
- Non ma puce, murmuré-je sous les yeux dun Tyler attentif.
Ses petits yeux s'emplissent de larmes. Je me mords la lèvre. Je m'en veux terriblement. Alors que je sais pertinemment que je n'y suis pour rien. Mais quel manque de tact tout de même !
Je la prends dans mes bras et lui murmure des mots doux.
- Sisi ? Papa et maman... Est-ce qu'ils sont morts ?
Je suis choquée d'entendre ces mots sortir de la bouche de cette petite fille de cinq ans. Mais je finis par répondre par l'affirmative. Une fois ma soeur calmée je lui explique qu'elle devra être très silencieuse. Et très courageuse. Et elle semble comprendre.
À 19h nous sommes prêts. Sacs sur le dos pour Tyler et moi. Boubou à la main pour Leanne. Et le chat de Tyler dont je ne connais toujours pas le nom dans sa petite cage à la main de Tyler.
J'attrape la main de Leanne et Tyler attrape la poignée douverture manuelle de la porte. Soudain Leanne se défait de ma prise et sélance dans le couloir. Je me tourne, persuadée quelle est partie se cacher. Refusant de partir. Je mélance à sa poursuite, trouvant la porte de la chambre de mes parents grande ouverte.
Jentre, cherchant Leanne des yeux. Elle est en train de regarder un cadre entre ses mains. Notre photo de famille. Elle se tourne vers moi en souriant.
- Tu vois Sisi, Papa et Maman viennent aussi avec nous !, me dit-elle fièrement avant de repartir vers la porte de la maison.
Je reste bloquée dans la pièce, incapable de bouger.
Elle ne se rend pas encore compte Elle est encore trop jeune, trop innocente.
Je sens une main faire pression sur mon épaule. Je me tourne, croisant le regard de Tyler qui a sûrement assisté à la scène.
- Vous venez ?, nous crie Leanne depuis lentrée.
Tyler me fait signe de la rejoindre, me faisant passer devant. Je traîne les pieds arrivant devant la porte. Jatrrape la poignée et lactionne.
Elle coulisse et on s'élance par petites foulées dehors, pour permettre à Leanne de nous suivre en courant. On s'était mis d'accord avec Tyler sur le fait qu'aller vite était plus judicieux.
Ça y est. Nous sommes partis. Si j'avais su ce qui arriverait plus tard je ne sais pas si mes décisions auraient été les mêmes. Mais c'est trop tard. Ma décision est prise. Cest le grand départ.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top