𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 1 𝑀𝑎𝑚𝑎𝑛, 𝑗'𝑎𝑖 𝑝𝑒𝑢𝑟

Sans savoir pourquoi, je courais, je courais aussi vite que possible. J’avais peur et des larmes me brouillaient la vue. J’étais perdu, j’avais peur et il faisait noir. D’un coup, un bruit terrifiant me fit sursauter. Je poussai un cri de terreur avant de courir encore plus vite. En jetant un coup d'œil par-dessus mon épaule, je vis une créature immense juste derrière moi. Elle progressait rapidement, trop rapidement. Je compris qu’elle voulait me manger et qu’elle allait me tuer. Je criais après ma maman et mon papa pour qu'ils viennent me sauver. Je ne voulais pas mourir. Je sautai par-dessus les racines qui me barraient la route, mais après un tournant, je me retrouvais face à un mur. Un immense mur que je ne pouvais pas escalader. Je déglutis et me tournai face à la chose avant de me mettre en boule pour essayer de me cacher.
Alors que je fermais les yeux de toutes mes forces, une main se posa sur mon épaule, puis une autre sur ma joue. J’ouvris les yeux pour comprendre et tombai sur le regard de ma maman. J’étais de nouveau dans ma chambre, la porte ouverte laissant la lumière entrer. Je fondis en larmes pour de vrai et me blottis dans ses bras pour la serrer aussi fort que je pus. Ma maman était venue me sauver de la méchante bête.

“ Tout va bien mon chéri, maman est là. C’est fini. ” Dit-elle d’un ton doux.

“ Ma..Mam..an… Y…Y avait un monstre et…Et il me poursuivait… Et j’ai eu peur. ”

“ Le vilain monstre est parti, mon trésor. Tu es en sécurité et avec maman, rien ne peut t’arriver. ”

Elle se mit à me bercer dans ses bras. Sa chaleur et sa voix calmèrent mes pleurs et bientôt je pus relever la tête pour essuyer mes yeux avec la manche de mon pyjama. Je me répétais les mots rassurants de ma maman. J’étais en sécurité et il n’y avait plus de bête.

“ Merci maman… ”

“ Pourquoi ça mon chéri ? ”

“ T’es venue me sauver du monstre. ” Dis-je d’une petite voix.

Elle me sourit avant de se pencher pour déposer un bisou sur mon front. J’adorais quand elle faisait ça. Elle m’avait expliqué qu’elle faisait un bisou à mon moi de l’intérieur. Je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire, mais j’aimais bien. Elle me serra encore plus dans ses bras tout chauds. Je m’y sentais bien et j’entendais son coeur faire boom boom dans sa poitrine. Nous restâmes un moment comme ça avant qu’elle me relâche et que je glisse pour mettre ma tête sur son bidon tout rond pour faire un câlin à mon petit frère.

“ Tu te sens mieux mon ange ? ”

“ Oui maman, grâce à toi. ”

Sa main se posa dans mes cheveux pour les caresser. Je fermais les yeux, de nouveau fatigué. Puis je me mis à bailler.

“ Je vais te laisser te rendormir. Si tu as peur tu m’appelles, je laisse ma porte ouverte pour t’entendre. ”

Elle se redressa et m’offrit un dernier bisou avant de m’installer correctement dans le lit et de remettre la couette sur moi. Elle fit quelque pas vers la porte, me sourit et s’en alla. Cependant, dès que la porte fut fermée, la peur revint. Je crus voir la tête du monstre dans un coin de ma chambre. Elle me paraissait plus grande et plus effrayante que d’habitude. Je ne voyais presque rien, mais la lune éclairait très légèrement par la fenêtre, me laissant distinguer des formes et des ombres. Je posai mes yeux sur quelque chose en essayant de me rassurer. Il n’y avait pas de monstre dans ma chambre puisque maman l’avait fait fuir. Mais lorsque je voulus me tourner sur le côté, je perçus deux points brillants dans le noir. Ça ressemblait à… des yeux… Il y avait des yeux près de mon lit. Les larmes se mirent à me brouiller la vue et la peur me fit pousser un cri de détresse.

“ Maman ! Maman y a un monstre ! ”

Je tirai brusquement la couverture au-dessus de ma tête pour me cacher de la bête le temps que ma maman arrive. Il ne fallut que quelques secondes avant que la porte ne s’ouvre.

“ C’est pas bientôt fini ce cirque ?! Toya il est trois heures du matin, merde ! ”

Ce n’était pas maman qui était venue, mais papa, et il avait l’air très fâché. Je restai caché, je ne voulais pas qu’il me crie dessus, j’avais eu assez peur comme ça.

“ Enji enfin ! Tu ne vois pas que tu lui fais peur ? Il a fait un cauchemar, ce n’est pas de sa faute. ”

Maman souleva doucement la couverture que je lâchai, lorsque je vis de nouveau son visage rassurant, mes pleurs cessèrent. Mais papa lui prit le bras pour la faire reculer. Il était très énervé et à cause de moi, il allait faire mal à maman.

“ Il n’a plus l’âge pour pleurnicher à cause d’un cauchemar. ” Dit-il.

Sa voix faisait peur, elle était aussi forte que le tonnerre quand il y avait de l’orage. Je quittai mon lit pour venir serrer sa jambe. Je ne savais jamais comment faire pour qu’il se calme, mais je ne voulais pas qu’il se fâche après maman à cause de moi.

“ Il n’a que sept ans. C’est encore un enfant. C’ets normal qu’il ait peur du noir ou des cauchemars. ”

“ Déjà sept ans… Tu le protèges trop. Il ne grandira jamais avec une mère comme toi. C’est à cause des femmes comme toi qu’on trouve plein de pauvres cons dans les rues. C’est ce que tu veux pour ton fils ? Bah moi non. Il prendra ma place alors il a intérêt à devenir grand avant les autres. ”

Il me repoussa pour refuser mon câlin et quitta la chambre en entraînant maman avec lui. Je tentais de les rattraper mais la porte claqua juste devant moi. Je me retrouvai encore tout seul dans le noir. J’avais peur, j’étais triste et je voulais un câlin de ma maman. Je fis demi-tour pour me glisser dans mon lit puis sous ma couette pour ne pas voir les monstres dans la chambre. Je n’avais rien compris à ce que papa avait dit. Mais je ne voulais pas que maman arrête de faire ce qu’elle faisait pour moi. Je pris mon doudou dans mes bras pour le serrer très fort contre mon cœur. Un jour, maman m’avait dit que si j’avais très peur et qu’elle n’était pas à côté de moi, je pouvais serrer mon doudou, elle le ressentirait et ferait pareil avec le sien, comme ça on se ferait un câlin même de loin.
Sans vraiment m’en rendre compte, je me retrouvais au pays des rêves. Cette fois, pas de bêtes ou de monstres tueurs, je rêvais d'une balade en forêt avec maman et papa. Ils étaient contents et ne se criaient pas dessus. On se tenait la main et étaient heureux, je me sentais bien.

Une caresse sur ma joue me tira de mes rêves. Lorsque j’ouvris les yeux, je tombai sur ceux de maman. Elle me souriait tendrement. Elle avait toujours ce regard doux et tout plein d’amour pour moi. Je me sentais spécial et chanceux à chaque fois. Papa, lui, ne me regardait jamais comme ça. Il avait toujours l’air contrarié, sauf quand je ramenais de bonnes appréciations de la maîtresse. Là, il avait l’air fier de moi.
Je tendis les bras pour quémander le câlin que je n’avais pas pu avoir cette nuit et elle me prit dans ses bras sans hésiter. Je la serrai de toutes mes forces et fourrai mon nez dans son cou. Elle sentait bon ma maman, quelque chose comme une fleur, celle qui était sur la table de la cuisine. C’était ses préférées et elle sentait pareil.

“ Tu as bien dormi mon coeur ? ”

“ Mieux qu’au début. J’ai rêvé qu’on était dans une jolie forêt tous les trois. ”

Elle me souleva en me questionnant sur mon rêve. Elle me demanda des détails sur la forêt, sur nous. Elle faisait souvent ça le matin. On discutait de la nuit pendant qu’elle m’aidait à enfiler mon pantalon et mes chaussettes. Puis nous quittâmes la chambre main dans la main pour descendre dans la cuisine. Mon petit déjeuner attendait déjà sur la table. Je m'installai pendant qu’elle préparait quelque chose pour papa. Il dormait encore mais elle lui faisait toujours son manger avant de me déposer au bus. Maman, elle était gentille et elle s’occupait beaucoup de nous. Parfois je me demandais si elle n’était pas fatiguée de faire tout ça toute seule, alors je l’aidais quand je pouvais. On faisait le ménage ensemble le mercredi parce que je n'avais pas école et le samedi on cuisinait tous les deux. Papa, lui, il n’aidait pas beaucoup. Même quand je lui demandais de faire avec nous pour qu’on fasse quelque chose tous les trois, il ne voulait pas. Il disait qu’il avait du travail ou des trucs à faire.

“ Maman, pourquoi toi tu travailles pas ? ” Demandai-je en croquant dans ma tartine.

Elle leva les yeux vers moi, elle avait l’air surprise par ma question alors j'espérais ne pas avoir dit de bêtise.

“ Parce que je n’ai pas le droit. Le président a dit qu’il n’y avait que les papas qui pouvaient travailler. Moi, je m’occupe de toi et de la maison. ” Expliqua-t-elle en souriant.

J’hochai la tête sans vraiment comprendre. Je ne savais même qui c’était le président, ni pourquoi il avait le droit d’interdire des choses à ma maman.

“ Bah quand je serais plus grand, j’veux être président pour que plus personne t’interdise des trucs. Tu feras tout qu’est-ce que tu veux. ”

Elle pouffa doucement en glissant sa main dans mes cheveux. J’aimais bien quand elle faisait ça. Je fermais les yeux pour apprécier le contact.

“ Merci mon chéri. Je suis sûre que tu sauveras le monde plus tard. Ton âme est bonne et gentille. Tu penses aux autres. Garde ça, c’est précieux. ”

Encore une fois, je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire. Pourquoi était-ce précieux ? Elle changea de sujet lorsque papa descendit les escaliers. Je me levai pour le saluer, mais il ne répondit que brièvement. Depuis quelques semaines, il était plus froid et plus en colère que d’ordinaire.

“ On y va mon chéri, tu vas chercher ton sac. Je t’attends devant la porte. ” Annonça Maman.

J’acquiesçai avant de filer chercher mon cartable. Je courrai dans les escaliers pour arriver devant la porte. Je levai les bras bien haut avec un sourire et maman m’enfila mon manteau, puis elle m’aida à mettre mes chaussures. Nous quittâmes la maison pour nous rendre à l’arrêt de bus. Il n’était pas loin, mais elle disait que c’était dangereux dehors et qu’il y avait des gens méchants qui pourraient me faire du mal. Il était vrai que j’avais parfois vu des personnes bizarres dans la rue, mais elles ne me semblaient pas dangereuses.
Lorsque le bus arriva, maman me fit un bisou sur la joue avant de me souhaiter une bonne journée. Je fis de même, puis je grimpai dans le bus. Je trouvai ma place habituelle rapidement pour avoir le temps de la saluer par la fenêtre. Le bus se mit en route et le paysage changea. Notre quartier était lumineux et plutôt propre, mais sur le chemin, on passait par des quartiers plus sombres où les maisons étaient moches et semblaient en mauvais état. Papa disait que c’était les pauvres et les criminels qui vivaient là, qu’ils n’étaient bons à rien et qu’ils étaient un poids pour la société, mais moi, je voulais aller les voir pour les aider à rendre leurs maisons plus jolies.

Le bus s’arrêta devant mon école, me coupant dans mes pensées. Je me précipitai à l'extérieur. La pluie commença à tomber autour de nous. Je mis ma capuche pour ne pas que l’eau me mouille. Maman disait qu’il fallait faire attention parce qu’elle était sale. Alors je filai dans l’école puis dans ma classe. Je pris le temps de saluer mes amis et la maîtresse commença à parler. Elle portait un joli haut tout vert. Elle avait l’air de beaucoup aimer le vert, il y en avait un peu partout sur son bureau et dans ses affaires. Je l’aimais beaucoup parce qu’elle était très gentille. La matinée passa calmement, l’heure du repas aussi. Cependant, pendant la récréation, une conversation attira mon attention. Je tendis l’oreille pour être sûr de tout bien comprendre.

“ Mon papa il a dit que c’était mal d’avoir un deuxième enfant et que c’était illégal ! ” Commença un garçon de ma classe.

“ Le mien aussi il a dit ça. Je suis content de pas avoir de petit frère ou de petite soeur. C’est vraiment trop nul d’en avoir. Et puis c’est pas bien. ” Suivit un autre.

Quelque chose me tracassait, je ne comprenais pas pourquoi ils disaient des trucs pareil. Je pensais au ventre tout rond de maman. Moi j’avais vraiment très hâte d’avoir un petit frère et les entendre dire ça me mettait en colère. Je me levai et abandonnai les jeux que j’étais en train de faire pour m’approcher.

“ Pourquoi vous dites ça d’abord ? C’est super d’avoir un petit frère ou une petite sœur. ”

Ils se stoppèrent pour me regarder et se mettre à rire. J’avais beaucoup d’amis à l’école mais certains enfants ne m’aimaient pas. Ils en faisaient partie.

“ Non c’est nul mon père il a dit. Parce que c’est pas ce que le président il veut. T’es contre le président ? ”

“ C’est toi qu’est nul d’abord. J’suis contre personne. Et puis il a pas à décider de toute façon j’aurais quand même un frère. Il est dans le ventre de ma maman et il naît dans quatre mois. ” Rétorquai-je en les affublant d'un regard mauvais.

“ Bah ta maman elle a pas le droit et tu vas devoir le vendre ton frère, sinon tes parents ils vont avoir des problèmes. ” Reprit le premier.

“ Mon père, il a dit que les petits frères et petites soeurs hé bah ça sera de la cha…chaire à canon pour faire la guerre. ” Suivit le second.

La colère montait de plus en plus. Je serrais les poings et sentais mes larmes monter. Les propos étaient affreux et je ne voulais pas croire tout ce qu’ils disaient. Ma maman avait le droit de faire ce qu’elle voulait, j’avais hâte que mon frère soit là et on ne le vendrait jamais.

“ La ferme ! Tu dis n’importe quoi ! On fera rien du tout de mon frère parce que c’est le mien et que si le président il essaie et bah… hé bah… ”

Rien ne venait. Je ne savais plus quoi dire et mon esprit était embrouillé. Les larmes se mirent à couler le long de mes joues. Je courrai trouver la maîtresse pour lui expliquer ce qu’il se passait. Elle me consola avant que la cloche ne sonne. Lorsque nous retournâmes en classe, un des deux enfants demanda à la maitresse ce que le président avait dit sur les seconds enfants. Elle tenta d’esquiver le sujet une première fois, mais les questions affluèrent et elle fut obligée d’abdiquer. Elle toucha le grand écran mural et une phrase s’afficha. Elle se tourna vers nous et la lu.

“ La politique de l’enfant unique, qu’est-ce que c’est ? ”

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Et on s’arrête ici pour le chapitre 1. Ce ne fut pas de tout repos. C’est compliqué d’écrire du pdv d’un enfant de 7 ans. J’ai envie de faire de jolies phrases métaphoriques avec des comparaisons etc, mais après je me rappelle que le pauvre Toya a 7 ans. J’espère que j’ai quand même réussi le pari et que ce n’est pas trop illisible. Le texte sera bien plus beau lorsque Toya grandira. J’espère que ce premier chapitre vous a plu et vous donne envie de lire la suite. N'hésitez pas à me faire vos retours, ça me fait toujours plaisir.
Je remercie mon bêta Juteuxx pour son travail sur chacun de mes projets. Je serais complètement perdu sans ses corrections et ses conseils avisés.
Je vous dis à très vite,

C’était Son_of_Géo pour vous servir ~

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