Chapitre 21
Pour la première fois de ma vie, je n'ai jamais senti un tel soulagement, mais aussi une telle excitation en remarquant l'objet qui me fait face. Devant moi est garée fièrement la voiture de mes rêves. Une McLaren 720S.
Je n'y crois pas! Il fallait attendre d'avoir traversé toutes ces épreuves pour avoir la chance de découvrir comme un trésor cette voiture de course dans cette pièce cachée!
Je me mets à rire en constatant l'absurdité de la scène. Sans prolonger ma remarquable impatience, je descends, non pas par un escalier mais par un sol en légère pente vers le bas, pour rejoindre le bolide rouge. Les néons blanc visés au plafond haut se reflètent dans le pare-brise mais le reste de la pièce se tient dans la pénombre, peu éclairé par les quelques lumières.
En m'approchant de la McLaren, je remarque du coin de l'oeil une pièce voisine à ma gauche. Je délaisse, avec une petite moue triste, la contemplation de la voiture pour me tourner vers la pièce adjacente. À peine y ai-je mis un pied que mon visage s'illumine une seconde fois.
Émerveillée, je vois, accrochée sur tous les murs, la panoplie complète d'armes de guerre.
- Breeven! Je l'appelle de ma voix qui résonne entre les murs.
Il ne se fait pas attendre plus longtemps et me rejoint en même pas deux minutes.
- Je n'ai rien trouvé au premier étage, m'informe-t-il au moment d'entrer par la porte coulissante. Fais-moi voir ta... Oh putain de merde!
Soudainement, je n'entends plus rien sortir de sa bouche. Il a subitement arrêté de parler. Étonnée, je passe ma tête par l'ouverture de la salle des armes et le vois sous le choc.
Il siffle d'étonnement en apercevant la voiture.
- Pas mal du tout, commente-t-il, ébahi. On voit qui est-ce qu'ils sont connaisseurs de belles bagnoles.
Les étoiles plein les yeux, il s'approche et s'accroupit devant le capot. C'est très rare de le voir aussi comblé.
- Avec ses 720 chevaux on aura moins de chance de se faire tuer, dis-je sérieuse en me rappelant de sa vitesse de pointe.
- Espérons que la carrosserie soit assez dure, ajoute Breeven avec une fausse moue triste. Ça me tue de savoir qu'on risque de rayer la peinture.
Il caresse doucement le vernis avec ses doigts tandis que je m'adosse contre le mur en croisant les bras.
- La voiture vient à peine de sortir sur le marché et lui, il la fout ici, je grogne avec une pointe de jalousie.
- Woaw! Tu t'y connais en bagnole, remarque-t-il, les sourcils arqués.
Ne voulant pas lui dire que j'ai passé une bonne partie de ma vie à regarder Turbo avec mon père rien que pour partager un moment avec lui, je décide de me reporter à une personne qui ne m'est pas sympathique.
- Contrairement à Kim, je ne passe pas mon temps à me maquiller, je rétorque.
- Et tu as bien raison!
Sans pouvoir l'expliquer, sa dernière remarque me fait décrocher un petit sourire.
- Tu sais conduire? Me demande-t-il.
Je me mets à rire.
- Quelle question! Bien sûr que non, j'affirme en essayant de redevenir sérieuse.
- Tant mieux parce que moi oui, dit-il en me faisant un clin d'oeil.
Je lève les yeux au ciel pendant qu'il se met à inspecter la carrosserie.
- Mais si on a un problème tu dois savoir conduire...
Tout d'un coup, je me réveille et repasse en boucle sa dernière phrase. Oh non il ne va quand même pas faire ça ?
- Quoi? Non mais je rêve! Je m'exclame. On n'est pas dans une auto-école ici! Tu crois qu'on passera inaperçu avec ça dans la ville!
Monsieur m'ignore et se contente de sourire. Je ferme les yeux et souffle une bon coup. Après quelques secondes, je les ouvre dès que je suis sûre de ne pas aller le secouer comme un prunier.
- Et depuis quand tu sais le faire? Je lui demande en pointant du doigt la voiture.
- Ton père t'avais appris à tirer et mon oncle, que je considérais un peu comme un père, à conduire. Chacun son histoire.
Son ton était nostalgique. Pourquoi parlait-il au passé? Son oncle est mort? Probablement. Mais je ne veux pas m'éterniser sur ce sujet maintenant. On a bien plus important à faire.
- Rien qu'avec cet engin on a une bonne longueur d'avance sur les autres, me fait-il remarquer avec un petit air félin.
Je plisse les yeux et fait un sourire narquois. Dommage qu'il n'y a pas de champagne dans le frigo. J'aurai bien aimé fêter notre petite victoire.
- Je pense qu'il faut utiliser la voiture qu'au moment opportun, je rétorque.
Breeven fronce les sourcils.
- C'est-à-dire?
- Tu pensais te balader en conduisant à travers les rues et informer à nos adversaires que nous avons ce qui pourra également leur servir? Je lui demande. Ils risqueront tous de nous sauter dessus en nous tuant pour récupérer la bagnole et s'enfuir avec.
Breeven fait une moue sceptique.
- Je pensais nous approcher des cachettes des autres binômes en voiture, ce qui nous fera gagner du temps plutôt que d'y aller à pied, se défend-il.
Bon... c'est vrai qu'il y a de l'idée. Mais ce genre de voiture fait autant de vacarme qu'un tracteur! C'est sûr on ne passera pas inaperçu.
- Alors? Me demande-t-il, soucieux.
Je le regarde droit dans les yeux et conclu:
- C'est non.
Il soupire.
- Tu fais ce que tu veux de cette voiture mais je ne monterai pas dedans tant que je n'en trouverai pas l'utilité et que je ne serai pas assuré de revenir vivante, je reprends.
- Je suppose que je ne pourrai pas te faire changer d'avis? Affirme Breeven.
Je secoue la tête.
- Au moins j'aurai essayé, dit-il en haussant les épaules. Ou peut-être que je te ferai changer d'avis plus tard, ajoute-t-il avec un petit sourire.
En soupirant d'exaspération, mon regard se déporte vers le mur qui me fait face et voit...
Quoi? Oh non! Encore une nouvelle porte? Combien de pièce n'avons-nous pas encore trouvé dans cette maison?
Curieuse de tout de même savoir ce qu'il s'y cache, je contourne la voiture tandis que Breeven l'observe sous toutes ses coutures d'un air enfantin, tel un gamin avec son nouveau jouet.
Les mecs et les bagnoles... Une véritable histoire d'amour.
Lorsque j'atteins la porte, je commence à m'imaginer ce qui peut m'attendre derrière. Pourtant, rien ne me vient. On a déjà tout trouvé. Que nous faut-il de plus?
Arrivée devant la porte, j'ouvre le battant et cherche à tâtons sur le mur, l'interrupteur. Après avoir appuyé sur le bouton, des grands carrés de lumière, incrustés dans le plafond, éclairent une vaste pièce. Encore plus grande que les précédentes. L'aménagement qu'elle contient la sépare en deux.
La première partie comporte des machines de musculation et un petit espace dont le sol est recouvert de gros tapis de sport bleu. Je sens que Breeven va se sentir dans son élément...
La seconde, dans laquelle les murs sont couverts de petits carrés de mousse insonorisantes grises, est décorée par plusieurs cibles fixées sur le mur du fond.
- Une salle de tir, je murmure, abasourdie.
- Le soldat n'a pas fait ça à moitié, remarque une voix grave derrière moi.
Sans me retourner, je lui dis:
- Avec tout cet argent, ce n'est pas dans cette pauvre ville qu'il aurait dû s'installer mais aux Etats-Unis. Je me demande comment il a fait pour avoir autant d'argent. Il a dû recevoir un gros héritage ou gagner à euromillion...
- Au moins grâce à lui on est armés, relativise mon binôme.
Sans ajouter quoi que ce soit, il se dirige vers la salle de sport et commence à soupeser les haltères. J'en prends également une et ne mets pas longtemps à la reposer dans son emplacement.
Trop lourde.
Breeven l'avait remarqué et se met à détailler mon corps sans retenu.
Soudain, je me sens rapidement gêné. Sentant le rouge me monter aux joues, je tourne la tête mine de rien et me focalise sur les machines de guerre plutôt de que de croiser le regard du garçon. Personne ne m'a prêté cette attention particulière, c'est bien une première. Ne te dégonfle pas Megan. Courage, si par chance tu réussis à quitter la ville, tu ne le verras plus jamais.
Je laisse couler quinze battements rapides de mon coeur avant de me retourner vivement en le fixant et de lui lancer sèchement pour camoufler ma gêne:
- Quoi?
- Tu es trop fine, déclare-t-il sérieusement. Il va falloir te muscler un peu.
- En gros, si on est ici c'est pour me remettre à niveau. Je me trompe ?
Il éclate de rire sous mon faux regard froid. Mais je sais qu'il ne se moquait pas méchamment de moi. Enfin... j'espère.
- Plutôt pour augmenter nos chances de survie, rectifie-t-il en grimaçant.
J'arque un sourcil.
- Tu insinue que je ne suis pas capable de me battre?
- Avec une arme t'es la meilleure, mais sans, je dois être dans les parages pour sauver la vie de la princesse. Et puis si nous allons éliminer les sélectionnés, certains pourront nous tomber dessus par surprise et tu pourras les mettre K.O.
Je me rappelle les seuls moments où je me battais sans pistolet et les résultats n'étaient pas concluant.
Il a raison. Je ne suis rien sans balle.
- Je suppose que Monsieur ceinture noire de judo veut me faire un cours de défense à mains nues?
Il me sourit.
- Fait attention fillette tu commences à lire dans mes pensées, me taquine-t-il.
Je ris avec une telle force que j'ai l'impression d'exprimer ma joie pour la première fois depuis des années.
- Je te rappelle que sans tes muscles, je dois être deux fois plus attentive pour sauver ta peau et la mienne. Il va y avoir du boulot pour te faire un petit niveau de tireur en très peu de temps
- Si je comprends bien, mademoiselle compte me faire un cours particulier? S'esclaffe-t-il comme s'il n'avait pas fait attention à la phrase qui suit.
Son air devient soudainement malicieux. Oh non... Il va encore me sortir une connerie.
- Et si j'ai bien entendu, tu viens de me dire que je suis musclé?
J'aimerai oublier à quel point il peut être gênant.
Devant mon mutisme, il sourit, triomphant, en exposant à ma vue ses lignés de dents blanches. Comment se fait-il que je ne l'ai pas tué depuis longtemps?
Désemparée sans pour autant comprendre mon comportement, je braque mes yeux dans les siens et lui réponds de la manière la plus sérieuse possible:
- Non, tu as du mal entendre.
- Arrête je sais que tu l'as dit, m'enfonce-t-il, hilare.
- Alors, pourquoi me poser cette question?
- J'adore ce compliment. Et surtout quand je te coince dans tes propres paroles, m'explique-t-il.
Je plisse les yeux et lui rétorque froidement:
- Fait bien attention à toi, il y a des pistolets à gros calibres à quelques mètres de moi.
Ma menace ne lui fait aucunement peur, car il pouffe de rire en s'approchant des machines de tortures et se met à faire une petite séance de sport sous mes yeux.
En observant des shakers vides posés sur une table en verre dans le coin droit de la pièce, je me rends compte que j'ai faim. Cette pensée me rappelle que les aliments que nous avons dû chercher dans les autres maisons avaient été déchiquetés après l'explosion et l'effondrement des habitations.
Me voyant me servir de nouvelles cartouches de balles, Breeven me demande:
- Tu comptes tuer quelqu'un?
- Pas tout de suite...
Je me munie d'un petit pistolet que je place derrière mon dos, sous mon T-shirt Hollister (ça me change des vêtements à bas prix que j'ai l'habitude de m'acheter).
- Où vas-tu? S'enquit Breeven, soucieux.
- Trouver de la nourriture comestible, parce que manger des sardines en boîtes/riz midi et soir ce n'est pas trop ma tasse de thé.
Il se redresse rapidement et me rejoint dans la salle d'armement. En quelques secondes, il déniche des poignards en inox noir et les bloques dans la ceinture de son jean.
- Alors je viens avec toi, déclare-t-il en faisant craquer ses doigts. En espérant que nous réussirons à emmener les provisions jusqu'ici sans subir de problème techniques en cours de route.
Motivée, je prends brusquement plusieurs sacs à dos et me dirige vers l'entrée avec entrain.
- Allons-y tout de suite pour être sûr de revenir avant le coucher du soleil, je nous conseille.
***
Hello, hello! C'est les vacances! J'ai enfin un temps pour me concentrer sur l'écriture de mes chapitres! 😄 J'espère que ce chapitre vous a plu et que vous n'avez pas envie de me tuer (j'ai quand même mis un mois avant de le publier😂)
Une de mes abonnées ( Roudoudou360)serait ravie d'avoir des commentaires et avis constructifs sur ses oeuvres. Alors pour ceux et celles qui le veulent n'hésitez pas à passer voir ses écris.
Je vous fais de gros bisous et, je l'espère, à très bientôt! 😉❤
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