Chapitre 14

- Une carte, je conclus avec le minimum d'entrain.

- Ne fais pas cette moue sceptique parce que tu ne sais pas à quoi elle va nous servir, se défend Breeven en dépliant la carte sur la table en verre du salon. Nous avons de la chance, c'est celle de notre ville, ajoute-t-il en suivant du doigt les routes.

- Où est-ce que tu l'as trouvée ? je lui demande.

- Dans le garage.

J'allais commencer à lui demander s'il y a un scooter mais il me coupe.

- Et il n'y a pas de voiture, ni autre engin de locomotion. C'est la même chose pour toutes les habitations.

Je hoche la tête, déçue.

- Revenons à la carte, dis Breeven en reportant son regard sur le papier.

Je repense au mur invisible placé dans l'une des rues.

- Ça va nous aider à délimiter le terrain.

- Et aussi de repérer les endroits où se trouve les groupes, complète-t-il.

Je m'appuie avec mes coudes sur la table.

- Le plus important c'est de connaître où s'arrête chaque rue pour éviter de se prendre des murs magnétiques dans la face, je reprends.

- C'est pour ça que nous allons noter sur cette feuille tout ce qu'on sait depuis le début de l'expérience.

- On va également devoir signaler où se situent les caméras de surveillance.

Je vois Breeven sortir un feutre noir de l'une de ses poches arrière avant de me le tendre.

- Les dames d'abord, m'incite-t-il dans un sourire en coin.

- Fais attention, tu commences à devenir gentleman, je le préviens en prenant le feutre.

- Je sais, c'est bien pour ça que tu m'aimes.

Je fais mine de ne pas entendre ses bêtises et me focalise sur la carte.

- Si je ne me trompe pas... le lieu de notre découverte est placé là, je murmure en cherchant et en pointant finalement de l'index une ruelle à vingt pâtés de maisons d'ici.

J'interroge mon coéquipier du regard pour avoir sa confirmation.

- Je te fais confiance, m'assure-t-il.

Je hausse les épaules.

- D'accord.

Je trace un trait exactement où se trouve le mur.

- Tu te rappelles où se trouve la caméra au lycée ? me demande-t-il en s'essayant sur une chaise.

Je ferme les yeux et me remémore la scène dans le second bâtiment. Oui. Je sais l'endroit exact où se trouve la caméra.

- Dans la cour, sur la façade du premier bâtiment, second étage, je précise fièrement.

Je regarde la carte.

- Le dessin du lycée est trop petit pour qu'on puisse situer exactement, je remarque. En plus, il y en avait sûrement d'autres et nous ne les avons pas vus.

- J'espère que nous n'avons pas besoin d'y retourner, admet Breeven. Le mieux serait de connaître parfaitement les lieux, les positions des caméras, toutes les portes de sortie et les cachettes pour être sûr de sortir vivant.

- Il n'y a sûrement plus personne au lycée. Ils ont dû chercher une maison comme nous. Et je préfère ne pas prendre le risque de regarder s'il reste encore des armes cachées dans les murs du lycée.

Nous mettons un bon moment à réfléchir sur des choses importantes que nous avons sûrement oublié d'évoquer. Le silence règne dans la villa pendant que nous fixons la carte, mon feutre encore en main, prêt à être utilisé.

Je commence à avoir faim. Sans me prévenir mon ventre se met bruyamment à gargouiller en résonnant dans la pièce par la même occasion. Bonjour le glamour !

Breeven, qui était sérieux pendant plusieurs minutes, ne met pas longtemps pour éclater de rire. Il se lève de sa chaise en se tenant le ventre de ses mains pour ne pas se plier en deux.

- Allons nourrir la bête, s'esclaffe-t-il en se dirigeant vers la cuisine.

Je soupire bruyamment. Combien de temps je vais encore le supporter ? Une aide divine ne serait pas de refus.

*

Après avoir mangé sans avoir été empoisonnée par le chef cuistot Monsieur le macho, (il a quand même réussit à me faire du riz-dinde sous prétexte que c'est son régime alimentaire de tous les jours pour la muscu), j'ai réfléchi et j'ai décidé de sortir seule de la maison pour continuer à repérer les frontières.

Petit problème, encore faut-il que Breeven accepte de me laisser sortir sans sa compagnie.

Après lui avoir fait part de mes intentions, voici sa réponse claire et précise:

- Non.

C'est bien ce que je pensais...

- Je ne serai pas toute seule, il y aura le ballon avec moi et mon arme. Et je te signale que nous n'en avons plus qu'une. Je compte bien ne pas user deux fois plus d'énergie pour nous protéger, tous les deux, avec les cinq balles qu'il me reste.

- Et je fais quoi ici ? La cuisine ? Le ménage ? Imagine que des groupes viennent ici. Je me défendrai comment ? Avec des poêles et des casseroles ? Ou bien je leur dis " Bienvenue dans ma modeste demeure, vous voulez quoi comme chambre ?!"

Mon dieu ! Nous voilà à nous disputer comme mes parents !

- Je ne veux pas rester à moisir ici parce que nous n'avons pas beaucoup de balles. Et ce n'est pas non plus en squattant cette maison, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, que les recharges vont apparaître comme par magie, je réplique. L'idée de laisser les autres sélectionnés s'entre-tuer entre eux était bonne, au début. Mais je pense que les autres groupes utilisent la même stratégie que nous. Alors j'estime que c'est à moi de venir à eux pour l'instant. Si je trouve d'autres armes remplies, je les récupérai et tu pourras partir avec moi. Mais là, pour ta sécurité, tu dois rester ici.

Il croise les bras et bombant le torse.

- Je fais comment pour savoir si tu es morte ? me demande-t-il toujours autant fâché.

- Si je ne reviens pas ce soir, alors ne viens pas me chercher.

- Et si tu restes là-bas en te vidant de ton sang. Comment je dois le savoir ?

- Eh bien... Tu me laisseras mourir pour ne pas que je devienne ton boulet.

Il me fallait du courage pour lui sortir ces mots-là. J'ai effectivement plus de chance de mourir si je sors seule. Combien de fois Breeven m'avait sauvé de la mort ? Deux fois. Et ce n'était pas prêt de s'arrêter. Mais il y a une chose à laquelle je n'ai pas pensé. Si je meurs, que fait Breeven ? C'est moi qui ai l'arme, il n'a que ses bras. Il a surtout intérêt à être excellent pour désarmer quelqu'un ! Il n'est pas ceinture noire de judo pour rien ! En espérant qu'il soit plus prudent que d'habitude.

Je vois son visage devenir inquiet. Je rêve ou Monsieur le macho s'est attaché à moi ? Ou peut-être qu'il a seulement peur de ce qu'il devra faire sans mes capacités pour l'aider. Oui, c'est sûrement ça.

Le silence règne une seconde fois dans la maison. Je décide de le briser en rassurant Breeven comme je le peux.

- Breeven...

Je m'approche de lui et plonge mon regard droit dans le sien.

- Le but de l'expérience est de survivre. Alors je survivrai.

A mes mots, je me tourne, prends le ballon et mon arme en me dirigeant vers la sortie. Arrivée à la porte d'entrée, je ne me retourne pas et me faufile dehors.

***

Houlala! Première petite dispute entre mes deux bébés! J'espère que ce chapitre vous a plu même s'il est un peu court. Ne vous inquiétez pas le prochain chapitre aura une taille normale 😂 Sur-ce, bonne nuit et à Dimanche 😉

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