Chapitre 13
- J'ai vraiment l'impression de vivre avec une fillette de huit ans, grommelle Breeven tandis que je m'extasie devant l'objet de ma soudaine joie.
Une villa.
- Une putain de villa ! je m'exclame en longeant l'allée jusqu'à l'entrée.
- Je crois que..., débute Breeven de son air sérieux.
- Nan, on la garde ! je le coupe en me tournant vers lui.
- Mais t'as vu la taille de la baraque ? réplique-t-il les sourcils froncés en la pointant du doigt.
- Ouais, elle est super, je jubile d'enthousiasme en frappant énergiquement des mains envahie par une vague excitation.
Mon premier rêve va se réaliser; celui de vivre dans une villa.
Je trottine jusqu'à la porte qui, comme je ne m'y attends pas, est composée de deux grands battants en bois foncés, sous le regard réprobateur de monsieur grognon. La dimension est exagérée, trop exagérée même. J'essaie de me persuader que le propriétaire a été animé par la folie des grandeurs. Ceci ne m'explique toujours pas pourquoi une telle mesure. Si c'est pour bien montrer où se trouve l'entrée, je m'en passerai bien puisque mon cerveau a la capacité de réfléchir.
Je hausse les épaules, dépassée par ce peu de logique de la part des riches. En plus, une villa en pleine ville.... Qui aurait l'idée de faire ça ? Au bord de la plage, oui. Mais pas au beau milieu de centaines de maisons. Je pense qu'il ne faut pas chercher à réfléchir. Les réponses, je ne les connaîtrais jamais.
Sachant que, bien sûr, nous n'avons pas les clés, je me retourne en suppliant Breeven du regard.
- Bon OK, cède-t-il en s'approchant. Dès l'instant où un danger arrive, on se casse, d'accord ?
Je soupire. Si ce n'est que pour ça, je n'ai pas le choix d'accepter. Pour ce qui est du danger, je peux très bien nous défendre un minimum, même si je ne pourrai pas tenir plusieurs heures à assurer notre survie. Je ne comprends pas qu'il ne me fasse pas pleinement confiance. J'ai tout de même fais mes preuves. A moins que son ego ne supporte pas qu'une fille protège ses arrières.
- D'accord, je réponds. Tu veux bien ouvrir la porte ?
Il hoche la tête et donne un de ses célèbres coups de pied. M'attendant à ce que, dans la seconde suivante, la poignée casse. La porte ne bronche pourtant pas. Même pas une marque, ni un petit craquement.
- Une porte blindée, commente Breeven dans un sourire faux qui en dit long sur son agacement.
- Oui, on ne dirait pas comme ça, je renchérie en me forçant à ne pas éclater de rire.
Je le vois contourner la maison.
- Tu fais quoi ?
- Un karaoké. Ça se voit, non ?
Je roule des yeux et le suis.
- Il va m'épuiser à un tel point que...
- Megan ! m'appelle Breeven de loin.
- Quoi !
- Viens voir !
J'accélère le pas afin d'atteindre plus vite l'arrière de la maison. Ma curiosité me pousse à vouloir voir la trouvaille de mon binôme.
Mes yeux vagabondent dans le jardin et se posent sur une immense piscine. Bouche bée, je m'approche de ce dernier.
Le soleil brille sur l'eau claire. D'un bleu qui me rappelle celui des iris de Carson.
Carson...
Qu'est-il devenu ? Deux jours sans voir sa bonne humeur m'inquiète. De toute façon, ce n'est pas comme s'il participait à l'expérience. Je ne le verrai sans doute jamais. S'attacher à moins de personnes possible m'aidera sûrement à moins souffrir.
Mon esprit se tourne sur mes deux amies, Marine et Elodie. Ont-elles trouvé un abri ? Ma famille est-elle à leur côté ? Peut-être pas. Je l'espère seulement. Je le souhaite de tout coeur. Combien de kilomètres me séparent d'eux ? Au moins une centaine. Il le faut. Leur sécurité n'est enclenchée qu'au moment où une distance maximale s'est immiscée entre eux et moi. Burngan ne pourra pas les retrouver. Les utiliser contre moi leur sera inefficace.
Je jubile d'avance.
- Dommage que je n'ai pas pensé à emmener mon maillot de bain, je murmure.
- On n'est pas au Club Med, me rappelle Breeven. Rappelle-toi que ce ne sont pas des vacances...
- Je le sais déjà ! Merci. Si ma famille ne risque rien, je suis tranquille. J'ai le droit de vouloir profiter de cette piscine parce que c'est sûrement la dernière chose dont je peux jouir avant de mourir.
Breeven baisse les yeux sans ajouter un mot. Il sait que notre temps est compté. Profitons en un maximum. Je n'ai jamais eu autant envie de baisser les bras que maintenant.
Je me retourne et observe la façade de la villa donnant sur le jardin. Que dire... c'est très transparent. En clair, des grandes baie-vitrées sont dispatchées sur le mur du rez-de-chaussée.
De l'extérieur on peut parfaitement détailler la cuisine américaine rouge écarlate dont l'îlot central me donne envie d'y préparer des gâteaux. La salle à manger, épurée de l'extrême, a également la belle vue sur le jardin fleuri et la piscine. Plus loin, je peux voir le salon au canapé gris ultra confortable à vue d'oeil et des crochets accrochées au mur, vestiges d'une télé géante écran plat sûrement...
J'approche ma main de la poignée et la saisis. Contre toute attente, la vitre coulisse. Y en a qui n'ont pas peur des cambrioleurs. Grâce au ciel, nous n'avons pas brisé le verre de la même manière dont les portes avaient été cassées par Breeven sur les autres maisons.
Je traverse la salle à manger sur la pointe des pieds pour ne pas salir le sol brillant. Astiqué par la probable gouvernante de cette riche famille. J'entends les pas de Breeven me rejoindre. Je sais ce qu'il nous reste à faire.
Je me précipite dans les escaliers en lançant par-dessus mon épaule droite.
- Je fais le premier étage !
- Bon, bah, je fais le rez-de-chaussée, bredouille-t-il.
Là où je me trouve n'est qu'un long couloir remplis de porte. Et pourtant, à ce que l'on pourrait penser, ce couloir n'est pas sombre. Bien au contraire, il est aussi lumineux que le reste de la maison. Je me surprends même à ne pas allumer de lumière lorsque je commence à ouvrir chacune des pièces contenant de large fenêtre.
Les pièces s'enchaînent et ma curiosité s'accentue. Je me promets de revenir aussi vite que possible dans la salle de bain contenant une douche à l'italienne et une baignoire-jacuzzi. Le lit de la chambre parentale fait tout juste deux fois ma taille. Le dressing collé à cette même pièce est surdimensionné. C'est avec des étoiles plein les yeux que je traverse le couloir en direction de l'aile droite de la maison.
Je franchis la porte de gauche et plaque une main sur ma bouche pour étouffer mon cri de stupeur. Après quelques secondes à reprendre mon souffle, l'énervement pique la place à la peur.
- Mince mais qui a eu l'idée de poser un mannequin devant l'entrée, je jure tout bas pour ne pas alarmer Breeven.
C'est en soupirant que j'empoigne le mannequin par le cou et le balance au sol. Sans lui prêter la moindre attention, je balaye la pièce du regard et je n'ai qu'un mot à dire pour résumer le thème de la décoration: Gossip Girl. De nombreux posters et accessoires sont dédiés à cette série. De plus, un long placard recouvert de miroir prend toute la longueur du mur à ma gauche. Je ne m'éternise pas dans cette pièce, voulant visiter l'autre. En espérant qu'elle soit plus sobre que celle-ci. Parce que sentir le regard du mannequin peser sur moi toute une nuit ne me dit rien de rassurant.
Je crois qu'il vaut mieux arrêter d'espérer, me dis-je en atteignant la chambre d'en face qui se révèle être celle du frère. La décoration n'a aucun lien avec une série, mais plutôt avec YouTube puisque des posters de Tibo InShape sont plaqués aux murs avec des punaises. Des livres et agendas à son effigie encombrent le bureau. Je repousse d'ailleurs mon envie de rire lorsque mes yeux se posent sur le sweat-shirt gris, oublié négligemment sur la chaise du bureau, où on peut voir écrit en grosse lettre " La petite veine sur le bibi ". Le mur qui me fait face est décoré en trompe l'oeil façon salle de musculation. Je crois que cette chambre va plaire à quelqu'un...
Les deux dernières chambres possèdent chacune une salle de bain privative. Comparée à cette maison-là, la mienne ressemble à une vieille cabane délabrée. Je me demande même si elle est encore sur pied puisque que je ne connais pas les limites de ces fous furieux de sélectionneurs. J'espère qu'ils n'utiliseront véritablement pas leur menace de s'en prendre à nos familles parce que... Non ! Je ne vais pas encore penser à ça. Mes parents sont partis alors je dois penser au but de notre présence ici.
Il ne me reste plus qu'une porte à franchir, la toute dernière, celle située au fond du couloir. C'est peut-être le meilleur pour la fin, qui sait.
Je pose ma main sur la poignée et pousse. Elle ne bouge pas. Génial.
Prochain but: trouver la clef. Elle ne doit pas être bien loin...
Je regarde l'encadrement de la porte en espérant la trouver accrochée à un clou. Rien à signaler. Youpi la vie !
Je pense que Breeven va en avoir marre de traumatiser des portes. Et je préfère que ses jambes soient encore valides pour nos situations dangereuses. Reste plus qu'à trouver une autre solution. L'intérieur de cette pièce devrait nous être utile. Autrement, elle ne serait pas fermée à clé.
Je me résous à l'ouvrir un autre jour. De toute façon, j'ai encore un peu de temps pour trouver un autre moyen et nous n'avons pas que ça a penser.
- Megan descend ! m'appelle Breeven. J'ai enfin trouvé quelque chose qui va nous être utile!
***
Merci d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous a plu même s'il n'y a pas beaucoup d'action (il faut bien que mes personnages aient un moment de pause les pauvres...).
Je vous fais un gros bisou et à mercredi prochain 😉
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