Chapitre 11
Que dire de cette première nuit.
Hum...
Elle était affreuse et... effrayante.
Affreuse, des cauchemars qui ont hantés mon sommeil. La vision de leur corps au sol qui se réveillent et viennent ici pour me torturer de la pire façon. Une fille qui porte horriblement un trou au milieu de son front, celle de ma balle qui la tué, dirige le groupe de morts vivants. Ashley, qui a trouvé un couteau de boucher dans la cuisine, monte les escaliers grinçant de la plus douce et dangereuse des manières. En gros, un vrai film d'horreur.
Effrayante, car les yeux des dizaines de poupées en porcelaine, rangées devant moi sur un coffre, brillent dans la pénombre. Elles ont l'air d'être vivantes. Leur regard noir manifeste un semblant féroce. Elles ressemblent surtout à la poupée Chucky. C'est à ce moment-là que je regrette d'avoir accepté la proposition de Breeven.
En effet, hier soir, nous nous disputions comme des gamins sur celui qui dormira dans le canapé après avoir visité la seule chambre de la maisonnette, qui a l'air d'être servie par une fillette exorcisée. Breeven voulait se montrer galant en me poussant à accepter de dormir dans, je cite: " la pièce la moins glauque de cette baraque". En clair, le canapé du salon. Bien sûr, en tant que fille bien élevée, j'ai utilisé assez d'arguments convaincants pour lui prouver que cette chambre ne nuirait absolument pas mon sommeil habituellement lourd. Même si quelques heures auparavant, mon expression avait bien trahis ma trouille du paranormal. Têtue comme je suis, il a cédé.
Breeven dormait toujours lorsque j'ai descendu les escaliers. Son sommeil n'est pas plus perturbé pendant que je me prépare des oeufs brouillés.
Accoudée sur le dossier du canapé, je picore dans mon assiette en contemplant son dos qu'il m'offre tandis je me demande comment le réveiller en douceur.
Je contourne le meuble en posant au passage mon assiette sur la table basse. Mes fesses se posent sur ce dernier et je me penche vers la tête du garçon toujours plongé dans les bras de morphée. Mes yeux se posent quelques secondes sur le dos musclé mais je me force à reporter mon attention sur le visage de Breeven qui dort sur le ventre, ses bras croisées sous sa tête.
La douceur n'a jamais été un point fort chez moi. Donc je ne crois pas que son réveil le sera. Et puis... Je pense toujours à ma petite vengeance.
Je me lève et me dirige dans la cuisine. Il me faut une minute pour dégoter un verre et le remplir d'eau. Je sirote un peu en revenant dans le salon et m'approche une nouvelle fois du canapé, une idée derrière la tête. Pas la plus gentille en tout cas.
Mon bras se tend et un filet d'eau s'étale sur son visage paisible. Sera-t-il capable de me mettre au tapis pour se réveil brutal ? C'est certain.
Ses yeux marron chocolat s'ouvrent en un éclair. Ils brillent de... malice ? Sérieusement qu'est-ce qu'il va me faire ?!
- Tu m'as tellement trouvé beau que tu en a renversé le contenu de ton verre ? dit le revenant tout souriant.
- Tu pensais peut être que j'allais te réveiller comme dans la belle au bois dormant ? je rétorque en reprenant mon assiette encore remplis.
- Ça ne serait pas de refus. Et en plus tu m'as fait des oeufs brouillés, dit-il en me piquant l'assiette des mains.
- Ne touche... , je réplique tandis qu'il quitte son lit d'appoint et monte comme une flèche le premier étage. ...pas à mes oeufs, je murmure en fermant mes poings.
Pitié, faites que je puisse me défouler sur un autre Richard !
*
- Qu'allons-nous faire aujourd'hui ? me demande Breeven tandis que je le rejoins dans le salon après avoir pris ma douche la porte fermée à clé (on ne sait jamais ce que peut faire monsieur le macho quand il pète la forme).
- Nous devons ravitailler nos armes.
- Où comptes-tu trouver des recharges ?
- Chez moi, je réponds en me faisant une queue de cheval.
Il lève les sourcils.
- Chez toi ? s'exclame-t-il.
- Le commissariat de police est trop loin et ma maison est plus proche, je lui explique.
- Tu... tu as des armes chez toi, bégaie-t-il surpris.
- Pas les miennes, ceux de mon père.
Son air devient interrogateur.
- En fait il est policier et il garde ses armes personnelles chez nous au grenier, je lui précise.
- Ça explique que tu saches les utiliser mieux que nous tous, fait-il avec un sourire ultra bright.
- Oui, tous les matins en salle de tir pendant deux ans.
- Deux ans ! Pourquoi une si longue période ? Et surtout, tu es un peu trop jeune pour te servir d'une arme.
- Mon père veut que je sache me défendre et ça, depuis que nous nous sommes fait cambrioler, il y a deux ans. Mais je pense que ce n'est pas la vraie raison. J'ai l'impression qu'il me cache quelque chose...
- Où étais-tu pendant le cambriolage ?
Je soupire pendant que je me remémore les événements passés.
- A la maison. Toute seule. J'avais quatorze ans. Mes parents étaient partis avec ma petite soeur chez des amis, un soir. Je suis restée à la maison pour apprendre et m'exercer pour le brevet. J'étais déjà en retard sur les révisons. Il fallait absolument que je reste là-bas. J'avais entreposé quelques cahiers dans le grenier et j'y suis montée pour les chercher. Soudain, j'ai entendu la porte d'entrée grincer et j'ai tout de suite su que ce n'était pas mes parents. Il n'était même pas huit heures et personne d'autre que moi n'avait les clés. En faisant le moins de bruit possible, j'ai éteins la lumière de ma chambre et je me suis enfermée dans le grenier. J'ai envoyé un SMS à mes parents mais je savais bien qu'il était trop tard. En trente minutes tout à été retourné. Lorsque je suis descendu, la télé, les ordis, la WII U et nos DS 3D avaient disparus. Je n'ai pas été traumatisée très longtemps mais mon père si, à un tel point qu'un jour il m'a demandé de venir à son travail et pour apprendre à tirer. Je pense que ce n'est qu'une raison de plus, puisque quelques jour avant le cambriolage il me parlait déjà du projet de formation. Le mauvais événement à juste accéléré les choses.
- Wouah, fait-t-il, impressionné, ses sourcils arqués.
- Tu as raison, "Wouah" ! dis-je en exagérant.
- Et ta mère ? Elle le sait ?
Je souris vaguement.
- Si elle l'avait su, je ne serai plus de ce monde depuis longtemps.
- Et je n'aurai pas pu prendre le plaisir de te mener la vie dure, fait-il sur un ton théâtral.
- Tu es prêt, je lui demande pour changer de conversation en lui lançant son arme.
- C'est parti, allons casser des ados pleins d'hormones, conclu-t-il d'un faux air jovial.
- Hey, rappelles-toi la première mission, dis-je en le faisant redescendre sur terre.
- Ouais, j'ai compris on va chez toi, marmonne-t-il comme un enfant.
**
Nous continuons à marcher sous le soleil brûlant. Nos armes sont baissées mais nos regards scrutent le moindre mouvement dans le périmètre.
Cela me fait tout drôle de voir le changement d'atmosphère dès qu'il n'y a plus de voiture sur les routes, plus de camion poubelles et ses alarmes bien énervantes, plus d'habitants, plus de bruit de fond, plus de vie.
Blasée d'être encore un peu loin de ma maison, je shoote dans un ballon en mousse vert à moitié dépiauté par l'usure. Je le vois rouler à grande vitesse tout droit dans la rue.
Soudain, il s'écrase dans le vide et revient mollement vers moi comme s'il a rebondit sur un obstacle.
Intriguée, je lance un coup d'oeil à Breeven et remarque que lui aussi à vu ce passage bizarre.
Je m'approche de l'endroit où la balle a rebondi mais je ne vois rien. Il n'y a pas de mur. Juste la rue et rien en travers. Avec précaution, j'avance ma main et touche quelque chose. J'ai un mouvement de recul brutal et je trébuche sur la balle. Fichu ballon! Mon corps part en arrière et je me prépare à recevoir le choc du bitume dans mon dos, quand deux mains fermes et chaudes me prennent par la taille et me remettent bien droite.
Je remercie Breeven et reporte mon attention sur l'obstacle transparent. Ma main se repose au même endroit et cette fois si, je ne bouge plus.
- OK. Des murs invisibles à l'oeil nu bouchent donc toutes les rues, conclu Breeven en pointant son arme sur le bouclier invisible.
- Donc il est l'un des murs qui délimite le périmètre, dis-je en réfléchissant un peu plus.
J'ai surtout l'impression que ce n'est pas seulement un mur.
Breeven tire dessus et la balle ne le traverse même pas. Au contraire, il repart sur plusieurs mètres en arrière.
- Le mur monte très haut, Observe-t-il.
Conclusion Megan tu ne peux pas rentrer chez toi!
- Génial, je bougonne.
- Il faut nous trouver une autre planque, décrète Breeven. Loin d'ici puisque je suppose que les autres ont entendu le coup de feu et vont sûrement rappliquer ici.
- T'as raison, allons-y, j'acquiesce en faisant demi-tour. Mais à une condition.
Il soupire.
- Laquelle ?
- C'est moi qui choisis la maison.
- OK, capitule-t-il en prenant le ballon.
- Monsieur a prévu de faire un foot avec les autres sélectionnés ?
- Nan c'est pour éviter de se prendre un mur invisible dans la face, répond-il en me touchant la tête avec le ballon.
Il est pas bête ce petit...
- Enlève cette saleté de mes cheveux, je lui ordonne.
- Je sens qu'on va bien s'entendre toi et moi, dit-il tout heureux.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top