Epilogue

Après nous avoir découvert, Alia nous a bien sermonnés pendant dix minutes. Aucune fois elle ne nous a reproché ce que nous avions tous les deux, seulement elle n'acceptait pas que cela se fasse dans le dos d'Andy. J'aurais dû mettre fin à cette relation il y a bien longtemps. Elle n'a jamais eu aucun sens, et n'a été qu'un prétexte pour ne pas avouer mes sentiments pour Theo, que je n'acceptais pas étant donné les antécédents.

J'ai alors promis au beau blond et à ma colocataire que j'allais mettre fin à ma relation avec Andy lors de la réception prévue. C'est donc maintenant que je dois jouer mon rôle décisif. Après tout, nous avions convenu que je fasse un choix après le spectacle.

Après m'être changée, je me dirige alors dans la salle de réception. Theo y est déjà depuis quelques minutes et je l'aperçois qui discute avec des gens du milieu qui le félicitent certainement pour sa prestation. Néanmoins, Andy est introuvable. Du regard, je cherche alors mon meilleur ami qui s'est volatilisé, mais quelqu'un me tend une coupe de champagne.

— Félicitation pour ta prestation.

Il s'agit d'Andy. Voici venu le grand moment. Pour me donner du courage, je bois d'une traite le verre tendu, mais lorsque je m'apprête à balancer mon discours, le brun s'éclipse, ayant une urgence. Le fait-il exprès ?

Quelques personnes que je ne connais pas viennent me féliciter pour ma prestation et je dois avouer que c'est extrêmement agréable de se sentir admirée ainsi. John me rejoint alors et me confie que nous n'avions jamais été si bons.

— Ta prestation particulièrement était remarquable, Kiara, souligne-t-il.

Je rougis à ce compliment, mais note ce prénom qui sonne faux aujourd'hui. N'ai-je pas toujours été Carrie ? Au fond j'ai voulu me créer une nouvelle identité ici mais cela n'a jamais fonctionné. Je n'ai jamais été cette Kiara que j'appréciais tout particulièrement. En venant ici et en fuyant ma ville natale, malgré les drames et les surprises, j'y ai trouvé encore plus que ce que j'imaginais. Je pensais réaliser un rêve en devenant comédienne, et même si j'ai réussi à combler ce trou dans ma poitrine, alors que je pensais qu'il resterait à jamais ouvert, c'est d'une manière inattendue que je l'ai fait. Et aujourd'hui je comprends que le théâtre est totalement contingent à mon existence, alors que la présence de Theo est nécessaire.

Une voix familière m'interrompt dans ma rêverie. Une voix dans un micro, et appelant mon nom. Que se passe-t-il ?

— J'aimerais profiter de cette réception pour dire deux mots à la femme que j'aime, commence Andy.

Les battements de mon cœur battent dorénavant à une vitesse incontrôlable, et mon teint a pris une teinte rouge écarlate. Qu'a-t-il préparé pour moi ? Compte-t-il m'humilier devant toutes ces personnes en racontant mon infidélité ?

Me voyant paniquer, le brun m'adresse un sourire chaleureux, qui sonne faux à mes yeux. Du regard, je cherche dans la pièce Theo, et le découvre près du buffet à l'opposé de moi, qui me dévisage sans laisser paraître aucune émotion.

— Kiara, aujourd'hui je suis un homme heureux, cette première représentation a été un succès, et ta prestation a été magistrale.

Je me tourne vers Andy, que je ne reconnais pas. Devant cette assemblée il paraît si jovial et extraverti, si sociable. Surtout, il me parle comme s'il m'aimait plus que tout, et si rien n'était arrivé. Du coin de l'œil, je remarque tous ces inconnus qui nous dévisagent avec de grands sourires, et là je crains le pire.

— Je ne vais pas passer par quatre chemins. Kiara, malgré tous les obstacles que nous avons traversés, je suis sûr que je t'aime.

Je ne loupe aucune de ses paroles mais n'arrive à comprendre la situation. Pourquoi dit-il cela devant tout le monde, et ce maintenant ? Alors qu'Andy s'apprête à continuer son discours, je me tourne vers Theo, qui a le teint blafard. Il est en colère et je le comprends. Il faut que je cesse ce massacre, mais comment ?

— Kiara, veux-tu m'épouser ?

Alors qu'Andy s'approche de moi avec certainement une bague, je ne peux détacher mon regard de Theo, qui quitte la pièce en claquant violemment la porte. Mon cœur bat la chamade. Que puis-je répondre à une telle question ? Evidemment que je ne veux pas accepter sa demande, qu'il a d'ailleurs certainement prévu pour m'empêcher de fuir.

Ne trouvant rien d'autre à faire, je décide de courir après Theo criant un ridicule « Attends ! » et laissant toute cette assemblée sans réponse. Il n'y a que lui qui m'importe à l'heure actuelle. Je parcours du regard tous les recoins par lesquels il aurait pu partir, et le retrouve au fond du jardin à fumer. Dieu qu'il est beau ainsi. Il semble regarder au loin, une légère brise remue sa chevelure blonde en bataille qu'à cette seconde même j'aimerais toucher. Vêtu d'une chemise, il en a remonté les manches, laissant paraître ses bras musclés. S'il savait comme je me contrefiche d'Andy et sa perfection suspecte, je pourrais me laisser enlacer par lui encore une fois. Mais là il est en colère et je le comprends.

— Il a tenté de me coincer, je te promets que j'allais mettre fin à notre relation, Theo !

Le blond se retourne, lâche sa cigarette et l'écrase du pied puis me fixe avec insistance, sans prononcer un mot. Nous nous observons ainsi pendant près d'une minute, mais Theo détourne les yeux en soupirant.

— J'aimerais tant te croire princesse, tout à l'heure je te suivais les yeux fermés, mais là c'en est trop ! m'adresse-t-il en haussant le ton.

Il s'approche doucement de moi et m'attrape la main. Tandis qu'il noue ses doigts aux miens, il approche par la suite ma main de sa bouche. Très lentement...si lentement que j'en crois qu'il le fait volontairement. Finalement il lâche ma main. Voyant ma frustration, il s'explique.

— Tu vois tu me fais subir la même chose, tu me laisses assez t'approcher pour que je te désire de tout mon être... Tu baisses ta garde, permet un moment d'intimité...puis me laisse de côté...

La douleur se ressent dans sa voix alors, cédant à une pulsion je le sers contre moi. Contre toute attente, il reste de marbre. Je me recule alors.

— Tu me fais tourner en bourrique, princesse, tu le comprends ?

Je hoche la tête, honteuse. Evidement que je m'en rends compte... Comment lui expliquer qu'aujourd'hui je suis sûre de mes sentiments ? Je sens que je vais exploser. Tous les sentiments que je refoule depuis des années semblent peu à peu refaire surface.

— Hier je me suis peut-être livrée à toi mais je n'étais pas sincère comme je le suis aujourd'hui, avoué-je.

Ses sourcils se froncent. Je ne sais pas si lui confesser ceci est une excellente idée pour lui montrer la sincérité de mes sentiments, mais pourtant telle est la vérité. Je ne me l'explique pas, alors comment pourrait-il le comprendre ?

— Theo, je t'ai attendu des années et des années, pourquoi faut-il que tu veuilles enfin de moi quand je ne suis pas disponible ?

Je vois défiler devant mes yeux tous ces moments que j'ai passé à pleurer dans ma chambre, me demandant pourquoi celui avec qui je passais tout mon temps ne me voyait pas autrement qu'une amie. Tous mes proches savaient que je craquais pour lui : seul lui l'ignorait. Emmy, Judy, que je laissais bien trop de côté pour passer mon temps avec lui était toujours là pour me consoler lorsque mon meilleur ami avait une nouvelle petite amie. 

— Je suis amoureuse de toi depuis que je suis au collège, au peut-être même depuis que je te connais, mais j'ai toujours été la bonne copine ! Tu passais ton temps à flirter avec toutes les filles, sauf moi... C'était tellement blessant...

Je ne rougis même pas à cet aveu. Les larmes me brouillent la vue, je devine sa silhouette devant moi mais n'ai aucune idée de la tête qu'il peut bien faire.

— Et lorsque j'ai enfin cru que tu partageais mes sentiments, tu m'as lâchement abandonnée !

Je me revois cette soirée-là, m'étant préparée pendant des heures et ayant tant d'espoir : attendre, attendre...

— Oui je sais, tu me diras que tu es pardonnable, d'accord, mais tu comprends ma frustration ?

Je laisse échapper un sanglot, et rapidement d'autres s'en suivent. Contre toute attente, je sens une présence m'enlacer.

— Respire doucement, me murmure Theo à l'oreille.

Je m'exécute et vite reprends ma respiration. Il est tout ce dont j'ai besoin. Sa chaleur corporelle vient réchauffer le froid que je ressens intérieurement et sa douceur apaise toutes mes émotions qui jaillissent de toutes parts. Il s'éloigne légèrement de moi et prend mon visage entre ses mains avant d'essuyer mes larmes.

— Oui je reconnais que je t'ai peut-être fait tourner en bourrique pendant quelques jours voire quelques mois, conclus-je finalement, mais tu l'as fait des années entières !

Pour toute réponse, Theo pose ses lèvres sur les miennes. Il rompt cet agréable contact une fraction de seconde pour s'excuser et me répéter qu'il m'aime et cela me suffit.

Je ne sais si je passerai ma vie à faire du théâtre, si je vais retourner dans ma ville natale ou bien voyager, mais tout ce dont je suis certaine c'est que je le ferai avec lui. Peut-être est-ce que ce sera difficile, peut-être est-ce que nous nous disputerons mais au fond de moi je sais que ma place est à ses côtés.


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Et voilà c'est fini... Je n'arrive pas à le croire ! Cela fait des années que j'ai cette histoire en tête, que je la peaufine, la modifie, l'imagine... Et voilà que j'ai posé un point final ! Enfin presque !

J'ai l'impression qu'il me reste encore des choses à exploiter, autant dans le passé des personnages que dans leur futur, qu'en pensez-vous ? Reste-t-il des questions importantes auxquelles je n'ai pas répondu ?

Je reconnais que cette histoire est loin d'être parfaite, il y a de nombreuses maladresses que je n'aurais pas dû laissé passer, mais j'espère au moins avoir pu transmettre une partie des émotions que j'ai cherché à créer au travers de Theo et Carrie ! :)

Quelles sont vos impressions ? Qu'avez vous pensé de cette fin ? Aviez-vous imaginé autre chose ?

Que pensez-vous des personnages, sont-ils assez cohérents ?

Je vous remercie de m'avoir lue jusqu'au bout car avec mes nombreuses modifications et hésitations j'en ai déçu plus d'un !

Je vous embrasse fort,

Coralie

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