Chapitre 31
Si après mon départ je me sentais seule, ceci accentué suite à ma dispute avec Alia, ce n'est rien face à ce que je ressens à cet instant précis. Après le diner je me suis finalement éclipsée après avoir longuement remercié Marcus et Shirley pour ces belles retrouvailles. Et, ce matin je me sens complètement perdue. Que dois-je penser du comportement de Theo ? Dans la journée qui a suivie notre différend, j'ai finalement reçu un message de lui, monstrueusement froid dans lequel il s'excusait de son comportement. Je n'ai su quoi répondre alors je me suis abstenue. La meilleure chose à faire à mon avis, car je ne suis ni prête à le blâmer, étant donné que j'ai eu tout de même l'initiative d'aller le voir à la base, mais ni capable de lui pardonner. Son comportement à tout de même été déplacé, n'est-ce pas ? J'ai besoin d'un regard extérieur à la situation. Pas Elisabeth, mon amie est trop attachée à l'objet de mon tourment et je ne voudrais la blesser, elle qui est si fragile. Et Ian quant à lui associe trop Lise à mon ami.
Je m'arrête donc sur l'idée quoiqu'inattendue d'en parler à mon petit ami. C'était d'abord exclu mais je me suis rendue compte que je ferai alors une pierre de coup. En plus de trouver une oreille attentive à mes tracas, je pourrai tester son comportement et voir s'il tient assez à moi pour être jaloux. Car même si j'ai constaté de la rancœur envers Theo, je n'en suis pas nullement la cause. Je lui ai donc donné rendez-vous à l'angle de ma rue. Nous pourrons ainsi vaquer dans les rues et échanger sur ce sujet...
— Donc tu t'es embrouillée avec Theo car il t'a fait des avances que tu as refusé ? me demande-t-il après mes explications abrégées.
Je hoche la tête peu convaincue. Ce n'est pas réellement ce qui s'est passé puisqu'il y a eu une initiative échouée de ma part pour en arriver là mais le résumé est relativement correct étant donné le récit confus que j'ai énoncé. Je ne voulais en aucun cas évoquer le fait que j'ai éprouvé des sentiments pour Theo dans un passé proche, ou même lointain, mais en même temps j'ai besoin de réponses pour savoir si oui ou non je dois en vouloir à mon ami.
— Ca l'a particulièrement vexé, est-ce que tu penses que j'aurais dû être plus douce avec lui ?
Une fois prononcées je me rends compte à quel point mes paroles sont absurdes et inappropriées. Comment pourrait-il penser une telle chose ? Je suis tout de même en train de lui demander si son ennemi juré mérite mes faveurs. Il ne me répond pas et reste silencieux alors que nous marchons. Je jette un coup d'œil pour l'observer discrètement et constate que sa mâchoire est serrée. Si je voulais tester sa jalousie, elle a été prouvée. Je ne devrais pas en faire trop. Pourtant je ne peux m'empêcher de le trouver attirant ainsi. Je sais pertinemment que ce n'est certainement pas agréable pour lui cette situation dans laquelle je le mets mais je me sens flattée, pour la première fois je me sens importante pour quelqu'un. Aimée ? Si bien que je ressens le besoin d'en faire plus.
— Je n'ai pas envie de le perdre, je tiens tant à lui !
Il me presse la main d'une façon presque douloureuse mais je reste silencieuse et continue de marcher. Je veux le voir me désirer, qu'il me demande d'arrêter de lui parler et qu'il doit être la seule personne dont je recherche la présence. Au lieu de cela il reste silencieux, crispé mais sans le moindre bruit. Je prends une grande respiration, animée par une pointe de colère. Je veux qu'il me fasse vibrer. Je veux de la passion, de la souffrance suivi d'un amour intense. N'est-ce pas celui-ci le plus bel amour ? Un amour qui prend aux tripes et vous fasse trembler ?
— Mais dis-moi, tu tiens à lui comme à un frère ou est-ce autre chose ? me demande-t-il alors.
Nous y voilà enfin. De la jalousie, de la vraie jalousie. A cet instant précis je ressens le moment d'arrêter. Il est donc capable de jalousie. Même si j'imaginais un ton plus autoritaire de sa part, le voir me poser cette question me suffit. Continuer serait nous faire souffrir inutilement. Nous sommes un couple stable, ouvert l'un envers l'autre et je ne voudrais qu'une tension débile nous sépare. Surtout pour une question de fierté de ma part.
— Oui bien sûr ! chantonné-je alors fière.
Je doute de la sincérité de mes paroles mais ne laisse rien transparaître. Au fond il m'a posé une question importante pour répondre à mes préoccupations. Est-ce que je le considère comme un frère ? Qu'est-ce que cela impliquerait ? Que mon rejet a été trop brutal, ou alors que son comportement était bel et bien inapproprié ? Je n'arrive à imaginer une telle éventualité. Au fond de moi je sais que cela n'a jamais été le cas, que notre relation n'a jamais été fraternelle, qu'il y a toujours eu quelque chose d'autre. Mais peut-être cela peut-il changer, ce serait une preuve de maturité de ma part que d'abandonner tous mes sentiments vains pour mon meilleur ami. N'ai-je pas déjà commencé le travail, d'ailleurs ?
Mais alors que j'étais perdue dans mes pensées, Andy se stoppe net dans sa marche. Plus crispé que jamais il lève la tête vers moi, le regard aussi glacial et dur que le marbre, et pousse un long soupir rempli de sous-entendus que je ne comprends cependant pas.
— Je n'arrive pas à te croire Kiara, dit-il enfin.
Ses paroles agissent telles de violentes claques sur moi. Je me rends enfin compte que lui parler du problème était une mauvaise idée qui aurait due rester farfelue et inenvisageable comme cela avait été le cas au départ. Tester sa jalousie, non mais quelle idée ? Tout en sachant qu'il déteste Theo je n'aurais pu faire preuve de plus de bêtise.
Subitement il attrape fermement mon bras si fort que j'imagine déjà les bleus futurs. Moi qui avais peur de mettre à mal notre couple voilà que je l'ai mis hors de lui. J'ai tout ce que je mérite, on m'offre un homme parfait sur un plateau d'argent et voilà que je fais toutes sortes de tests sur lui. Il me tire violemment en direction d'une grande demeure. M'aurait-il emmené sans que je le sache chez lui ? J'ai la réponse à ma question lorsqu'il me lâche pour ouvrir la porte.
Je regrette tellement de m'en être prise à lui. Même s'il semble peu émotif et sang chaud, c'est certainement un être sensible avec cependant une grande pudeur. Il a la bonté et la politesse de ne pas exprimer ses sentiments hauts et forts comme je le fais trop souvent. Mais serait-ce alors la cocotte minute qui explose ? Aurais-je réveillé la bête qui sommeillait en lui ? Mon cœur bat la chamade. Je n'ai aucune idée de ce qu'il peut me faire mais dans tous les cas je serai docile, car tout est de ma faute. Je l'ai fait souffrir alors c'est maintenant mon tour.
— Suis-moi, m'ordonne-t-il d'une voix on ne peut plus ferme.
Je le l'écoute sans broncher. Lorsqu'il s'arrête enfin dans un grand salon majestueux, alors que je fuyais jusqu'à présent son regard, je lève finalement la tête pour y être confrontée. S'il avait été jusqu'ici froid et sévère, là le brun aux yeux bleus exprime plutôt de la douleur à cet instant précis. J'aurais presque envie de le réconforter en le prenant dans mes bras mais c'est certainement trop tôt. Là il faut que le conflit éclate. Que nous ayons notre première dispute. N'est-ce pas indispensable dans un couple ? C'est toujours mieux que l'indifférence.
— Tu n'imagines pas à quel point je t'aime Kiara. Je ne suis pas forcément habitué à exprimer ce genre d'émotions que je ressens actuellement pour toi mais elles sont bel et bien présentes ! me balance-t-il alors à ma plus grande surprise.
Alors que j'avais presque peur de lui il y a quelques minutes, voilà que je le trouve adorable. Je plonge dans l'océan de ses yeux à la seconde comme s'ils m'avaient été offerts par mégarde. Pour la première fois depuis que je l'ai rencontré, j'ai l'impression de lire en lui comme dans un livre ouvert. Et dans les profondeurs de son âme je perçois un mal-être presque omniprésent qui me surprend. Comment un être aussi parfait que lui pourrait ressentir un tel sentiment ? Même si l'atmosphère est plutôt tendue à cet instant précis, je suis ravie d'avoir découvert cet aspect de sa personnalité. Son émotivité, vulnérabilité, son humanité finalement. Mais en plongeant plus loin dans les profondeurs de son âme, je perçois autre chose que je n'arrive pas à définir. Une chose dont on empêche désespérément l'évacuation mais qui ne demande qu'à sortir.
— Mais si tu n'es pas sincère avec moi et que tu as des sentiments pour un autre je risque de ne pas pouvoir le supporter Kiara, me confie-t-il presque en un murmure.
Ses paroles font écho en mon esprit si bien que je sens le sol danser sous les pieds. Ferais-je subir à Andy ce que Sean m'a fait subir il y a peu ? Comment ai-je pu tant le blâmer si je reproduis ses actes sans scrupule ? Je me sens comme la plus mauvaise des personnes à ce moment précis. Même si je n'éprouve plus le moindre sentiment pour Theo à l'heure actuelle, le fait que j'ai pu envisager une relation avec lui alors que j'avais Andy me rend malade. Je suis une fille si égoïste. Égoïste au point de ne penser qu'à moi et mes états d'âme, quitte à même faire du mal à ceux qui m'entoure. En laissant libre cours à mes émotions je fais du mal à mon petit ami en l'utilisant comme un mouchoir en papier et à mon meilleur ami en le mettant sur une fausse route qui coûtera notre amitié à coup sûr.
À cet instant précis je juge que le moment est opportun pour le prendre dans mes bras. Je ressens le besoin de le rassurer, de lui promettre que je ne trahirai pas. Ou peut-être est-ce pour me rassurer moi-même car j'ai l'impression de ressembler de plus en plus à ma mère. Elle n'a jamais été d'une parole intarissable et a fuit sa famille dès qu'elle s'est sentie menacée. N'est-ce pas ce que je suis en train de faire ? Elle a trompé mon père, et ce avant ma naissance. Comment a-t-elle pu ? Comment est-ce que l'on peut si peu respecter son entourage et soi-même pour en arriver à partager son lit avec deux hommes différents dans un court intervalle de temps ? Peut-être est-ce excitant, elle se sentait certainement belle, désirée... Je ne pense pas en arriver à ce stade un jour. Néanmoins pour la partie fuite je lui ressemble en tout point. Et à l'heure actuelle mes proches doivent se faire un sang d'encre pour moi. Theo avait peut-être raison lorsqu'il disait que je devais les contacter. Rien que pour les rassurer. Mais ce n'est pas la question. La question est de savoir si oui ou non j'ai hérité du gène de l'infidélité de ma mère. Au fond je n'ai pas fauté à l'heure actuelle. La tentation à seulement été grande. Mais au fond de moi je sais que je n'ai aucune envie de lui ressembler et surtout de trahir l'homme que je serre entre mes bras.
— Je ne te trahirai pas fais-moi confiance, lui murmuré-je à l'oreille d'Andy alors que quelques larmes tombent sur mes joues.
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Je tarde à publier je le sais bien, mais c'est pour soigner ces derniers chapitres ! :D Enfin derniers je ne pense pas non plus, disons simplement que l'on a déjà dépassé la moitié de l'histoire ! Apres je ne sais pas encore la durée que ce que je prévois durera !
Que pensez-vous de ce chapitre ? De cette nouvelle facette d'Andy et de la réaction de Carrie ?
Y a-t-il des choses qui vous gênent ? N'hésitez pas à me le dire !
Bises,
Coralie ❤
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