Chapitre 12

Après m'être souvenu de certains détails de mon passé, enfouis au fond de mon esprit, j'ai enfin réussi à me remettre les idées en place. Hors de question de douter à nouveau, il me suffit de repenser aux moments cauchemardesques qui ont suivi mon abandon.

Ainsi, que Theo me sorte des flammes ou même me sauve de la noyade, je ne lui pardonnerai pas. S'il avait réellement envie de me revoir à ses côtés, il m'aurait déjà apporté des explications. La seule raison pour laquelle je manque de céder lorsque je suis avec lui est qu'il me rappelle l'ancien Theo. Normal, il possède les mêmes yeux verts et ce même fichu rictus du bout des lèvres, qui me faisaient craquer. S'il on rajoute à cela que nous jouons les mêmes rôles qui ont attisés en moi ces sentiments, il est même étonnant que je ne sois pas raide dingue de lui. Seulement je suis différente aujourd'hui, les trois ans en son absence m'ont changée et ont attisé ma haine envers lui.

Ce qui me fend le plus le cœur est de constater ce qu'il est devenu sans moi. Je ne pourrais qualifier ceci comme de la jalousie puisque j'ai toujours su qu'il devait être comblé sans moi, ailleurs. Non, la raison pour laquelle je me sens déchirée de l'intérieur est qu'il a rompu sa promesse. Il m'a abandonnée alors qu'il savait la détresse à laquelle je serai confrontée, seule.

Bien évidemment, je ne lui reproche pas tout le malheur qui s'est abattu sur moi juste après son départ. Comment aurait-il pu savoir que maman nous abandonnerait ? Seulement le fait qu'il soit parti pour New-York me répugne. Sûrement ne voulait-il plus m'avoir dans ses pattes. Mon cœur bat la chamade. Je sais pertinemment que c'est la raison pour laquelle je me suis retrouvée seule. Puis-je réellement lui en vouloir ? Après une courte réflexion je me rends à l'évidence : bien sûr puisqu'il était toujours à mes côtés. Comment a-t-il osé m'inviter au bal de rentrée s'il savait qu'il ne viendrait pas ? Voulait-il se moquer de mes sentiments sûrement trop apparents ?

Mais malgré toutes les conséquences qu'avait ce geste, la douleur aurait été bien plus supportable s'il m'avait adressé un seul coup de fil, ou s'il m'avait seulement une lettre. Cette constatation me fait l'effet d'une massue. N'ai-je pas infligé la même douleur à mes proches en partant ? Aussi coupables soient-ils je me sens pour la première fois coupable de mon geste. Suis-je égoïste ? Me détestent-ils de les avoir laissés sans prévenir et de leur avoir menti ? Je tombe volontairement comme une massue sur mon lit. Je n'ai pas à me sentir coupable. Tout ce qu'ils m'ont infligé est bien pire, contrairement à Theo à l'époque, aucune promesse ne me rattache à eux.

Fichue promesse. Cette dernière date de plus de cinq ans et pourtant elle est gravée dans mon esprit si profondément qu'elle me fait encore mal aujourd'hui. Comment a-t-il pu l'oublier ?

Je me lève de mon lit afin d'allumer le poste de radio sur une station de musique en attendant Alia. Celle-ci est finalement rentrée de je ne sais où aux alentours de 21 heures, et sa seule envie était de retrouver son lit. C'est donc par envie de chasser Theo de mon esprit que je suis sortie, seule, au cœur de Broadway, ce sans but précis.

La musique abrutissante sortant de tous les sens envahit mes oreilles lorsque je déambule dans les rues et j'ai l'irrépressible envie de danser. L'air frais caressant ma joue et les rires des passants me remplissant de joie, je me sens libre à ce moment même, et rien ne pourrait déroger à ceci.

- Kiara ! m'interpelle une voix familière.

Lorsque je me retourne, c'est avec ravissement que je découvre Andy près de moi. Je ne saurais dire s'il s'agit seulement de l'intensité de son regard bleu ciel, ou lui en son intégralité mais je suis littéralement fascinée par lui.

A mon plus grand bonheur je constate que le beau brun ne semble pas du genre à tenter de combler les silences, car je ne suis pas d'humeur à vouloir bavarder de tous et de rien. Lorsque nous nous asseyons sur un banc, une légère brise me fait frissonner.

- As-tu froid ?

Avant même que je hoche la tête, Andy ôte déjà sa veste en cuir beige. Je m'aperçois alors que je n'ai jamais vraiment prêté attention à la façon dont il est habillé depuis que je l'ai rencontré. A croire que je ne parviens pas à détourner les yeux de son visage. J'ai l'impression d'être dans une de ces comédies romantiques que j'aime tant. Son seul sourire radieux me plonge dans une profonde euphorie et je ressens comme des petits chatouillements dans le ventre tant sa présence est agréable.

Je revêtis son cuir et frémis à la seconde. Le vêtement est imprégné d'une odeur d'eau de toilette masculine plus que ravissante.

- Cette couleur te va à merveille, déclare-t-il en m'observant.

Surprise, je pique un fard. Je le remercie, plutôt émue, tout en observant la lumière les pancartes électriques des différentes comédies musicales et pièces de théâtre jouées actuellement. Ce monde est décidément à la hauteur de mes espérances. Tous mes doutes à propos de mon départ s'évaporent au fur et à mesure que le temps passe.

- Voudrais-tu regarder une comédie musicale ? me propose Andy comme ayant lu dans mes pensées.

Nous nous apprêtons à entrer mais une affiche haut-perchée en face de nous attire mon attention.

- C'est Alia, non ?

J'ai donc raison puisqu'Andy la reconnait aussi. Je lui toucherai un mot dès demain. Mon cavalier et moi entrons cette fois-ci bel et bien dans le théâtre et après une courte attente nous nous retrouvons enfin assis.

- Comment cela se fait-il que nous ayons pu avoir de si bonnes places au dernier moment ? interrogé-je à la fois curieuse et amusée par la tournure que prend cette soirée qui s'annonçait déprimante aux premiers abords.

- Avoir des parents hauts placés peu avoir certains avantages, me confie-t-il en m'adressant un clin d'œil.

Le spectacle n'a pas encore commencé mais tandis que les lumières s'éteignent, mon attention est toujours captée par le garçon près de moi.J'ai déjà embrassé ces lèvres roses et parfaitement dessinées. Ai-je été la dernière ? Notre relation me semble soudainement ambigüe. Nous sommes pour la première fois au stade que l'on pourrait qualifier de premier rendez-vous et pourtant nous avons déjà dépassé l'étape du premier baiser. Le baiser de Romeo était sincère et intense mais ne suis-je pas en train de confondre les sentiments de Juliette avec les miens ? Le plus absurde est qu'il semble éprouver une attirance réelle pour moi. Lui-même, un être aussi parfait - et riche - s'intéresse à moi.

— Est-ce un rendez-vous ? lui demandé-je incertaine.

Il hausse les épaules.

— C'en est un si tu veux que c'en soit un, me concède-il finalement.

Pour toute réponse je le prends par la main.

- J'ai seulement une question... murmuré-je finalement alors que le spectacle commençait.

Il acquiesce et me regarde, attendant que je lui dise. Mais rien ne me venait, je n'arrive pas à poser la question, elle me paraît trop ridicule.

— Par rapport au baiser..., commencé-je finalement.

Il me regarde avec un sourire qui me fait fondre.

— Oui, moi aussi j'ai ressenti quelque chose.

Un sourire niait se dessine sur mon visage. Alors je n'ai pas rêvé, il s'est réellement passé quelque chose. J'avais peur de m'être fait des idées.

**************
Je tiens à m'excuser car mes publications ne sont pas aussi fréquentes que je le voudrais... J'ai écrit pendant les dernières vacances les quelques chapitres qui arrivent seulement ayant le bac de français qui approche je ne pense plus à publier ! Mais je n'arrête surtout pas cette histoire ! J'écris encore la suite mais à une fréquence moins régulière !
Bises,
Coralie

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