Prologue
J'suis dans la voiture avec ma maman à côté de moi, au volant. On vient de sortir d'un de chez les amis de ma maman.
« Où on va ? demandai-je.
— Chez le psychologue, répondit-elle.
— Encore ?
— Oui, mais là, tu vas aller chez une autre.
— Cool, dis-je en m'installant sur mon siège pour faire un somme.
— Ne t'installe pas comme ça, tu vas t'endormir sinon, et faut pas que tu sois fatigué pour quand on arrivera chez le, enfin la, psychologue. »
Je me repositionnai en râlant moralement.
Quelle importance que je sois fatigué devant une psychologue ? Sérieusement ! Je jetai un coup d'œil noir à ma mère et fus surpris de réaliser à quel excès j'étais allé. Calme-toi, me donnant une claque mentalement, j'essayai alors de refouler cette haine. Elle était venue si soudainement et sans raison valable, le doute m'assaillit, me tournant vers la portière quelque peu, vexé que j'étais, j'abaissai mes paupières pour prendre le maximum de repos que je pouvais, en ouvrant de temps à autre les yeux et restant à l'écoute des mouvements de ma mère. Je ne voulais pas entendre son ton impatient.
Je devais somnoler quand soudain la voiture fit marche arrière. J'ouvris les yeux. Pour les refermer les deux secondes qui suivirent, j'aimerais tellement juste me reposer encore un peu. Pfff, c'est pas juste ! En plus de ça, j'avais de gros cernes qui dataient.
« Voilà, c'est ici.
— Ok, répondis-je en essayant de détacher avec peine ma ceinture.
— Allez, descends de la voiture pendant que je me gare. Pourquoi elle peut pas parler normalement ? Vas-y toujours, on est tout juste à l'heure. Aller, grouille !
— Oui, OK. » j'étais frustré, agacé, énervé lorsque je refermai la voiture. Calme-toi. Respire. Respire, expire, doucement. Bon, je devrais y aller. Sinon ma mère va encore me dire un truc.
Je descendis les marches et frappai à la porte.
« Entrez.
J'ouvris la porte.
— Bonjour, dit-elle, viens, je t'en prie, assieds-toi.
— Bonjour, grommelai-je sans cacher mon exaspération de ma voix.
Elle fronça les sourcils. Puis repris l'expression juste avant, son visage accueillant, ce qui, soyons clairs, m'exaspérait encore plus.
— Assieds-toi, reprit-elle en me montrant de sa main gauche une chaise devant elle. Un bureau nous séparant.
Je m'assis.
— Bonjour à toi.
Je daignai enfin à la regarder. Elle m'avait déjà dit bonjour, cette pensée m'agaça aussi vite qu'elle fût chassée par ma conscience.
— Comment tu t'appelles ?
— Inintéressant.
Je l'avais dit du tac au tac.
— Quoi ? Pardon ? dit-elle tout à fait étonnée de ma réponse.
— Mon nom. Inintéressant, dis-je en appuyant sur la dernière syllabe et en levant les yeux au ciel.
— Comment ça ? me demanda-t-elle.
— Je viens de vous dire, inintéressant.
— Inintéressant ? Pourquoi dis-tu que ton nom est inintéressant ?
Je la regardai dans les yeux. Elle a mis malgré tout un moment à comprendre que je disais tout simplement que mon nom était inintéressant. Hum. Elle a mis moins de temps que les autres, remarquai-je en consultant ma montre.
Je restais en silence un moment. A-t-elle fait une pause après le intéressant ? Mmm, il me semble que non. Quoique, peut-être… non, enfin…, non. Il me semble que non. Mais pourquoi mon intuition me titille comme ça ? Bon, non, la première impression est la bonne comme on dit ! Du coup elle doit être nouvelle dans le domaine pour ne pas cacher sa surprise, en effet, elle est jeune.
Combien de temps elle avait mis ? Je consultai à nouveau ma montre et calculai rapidement approximativement le temps perdu par mes pensées. Ça devait faire environ 2 minutes… mmm, une minute 30.
— Parce qu'il est inintéressant, répondis-je tout simplement d'un ton déjà ennuyé, m'affalant sur la chaise.
45 plus...
Tout de suite, je me redressai à nouveau, pour me donner une certaine contenance.
Donc, 45 plus 45… ça devrait me faire 90 si je rajoute environ 30 et que je retire 10…
Elle me scrupta quelques secondes. Comme tous les autres psychologues avant elle. Hum. Puis, finalement, reprit la parole :
— Et c'est quoi ton nom ?
Ouais ça devrait faire une minute 40 à peu près.
— Inéo.
— C'est un beau nom, moi, je trouve.
— Je n'ai jamais dit qu'il était moche, fis-je remarquer.
Pfff, elle n'est pas très futée. Quoique, il vaudrait mieux que je juge plus que la première impression. N'empêche que sa remarque est totalement nulle.
— Alors pourquoi dis-tu qu'il est inintéressant ? me demanda-t-elle, toujours avec sa voix douce, mais sur un tempo normal.
— Parce que je trouve que ce n'est pas intéressant, quand on voit pourquoi je me nomme comme ça, dis-je sans rien de plus et rien de moins.
Après tout, c'est elle qui s'intéresse à mon nom, pas moi.
— Et pourquoi tes parents ont choisi ce nom ?
Mmmm, pourquoi déjà ? Ah oui !
— Engie Ineo, vous connaissez ?
— Tu peux me tutoyer. Non, je le connais à peine. Il était dans le domaine de l'électricité c'est ça ?
En effet c'était un génie, j'avais quand même passé une après-midi, ou presque un weekend, à me renseigner sur lui par pure curiosité. Je souris finement pour la référence. Mon regard dans le sien s'intensifia, mes yeux se plissèrent sournoisement.
— Un génie. » les mots sortirent tous seuls. J'en fus le premier étonné, moi qui essayait de ne pas le dire.
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