Amélia jette un oeil une dernière fois sur le papier où elle avait recopié les indications inscrites sur le banc du parc.

Puis elle regarde devant elle.

C'est un champ qu'elle voit.

Un champ enneigé, comme si le noir et le blanc étaient destinés à les accompagner toute leur vie.

Une rencontre hivernale de deux sombres personnages.

Cela donnerait un titre de vieux film.

Les quelques songes d'Amélia arrêtent brusquement leur passage dans son esprit.

Louis est bien là, debout au milieu de la scène pouvant s'apparenter à une carte postale.

Son dos lui faisant face, la jeune femme s'avance silencieusement jusqu'à lui.

Elle prend place à ses côtés, pouvant ainsi voir son visage à sa guise.

La froideur de ses traits n'étonne en rien Amélia qui se contente de son simple silence comme salut.

Ils sont seuls, au milieu d'un champ qui n'est pas le leur, sous le givre du ciel.

- Amélia ... Pourquoi êtes-vous venue ? demande enfin Louis, d'une voix lointaine.

Celle-ci le lâche du regard pour fixer l'horizon.

- N'étais-ce pas ce que vous attendiez de moi ? répond simplement la jeune femme.

- Je n'attendais rien d'autre de votre part. Mais vous ne me connaissez pas.

- Peut être. Mais je peux apprendre à vous connaître, ajoute-t-elle.

Louis ne peut retenir un regard à son égard.

- N'avez-vous pas peur ? murmure-t-il sans pouvoir s'en empêcher.

En sa présence, il semble être impuissant de lui-même.

Amélia se tourne vers lui, parcourant du regard son visage plus aussi ferme qu'avant.

Au delà du masque d'argile, elle distingue une touche d'humanité en sa personne.

Leurs regards s'unissent à nouveau, faisant implorer leur souffrance de pouvoir enfin se retrouver, comme de vieux amis après une longue séparation.

- Et vous ?

Aucun des deux n'osent un autre mot.