☾Partie 3/4

L'homme me regarda fixement, toujours avec un visage impassible. Il me demanda d'une voix calme :

« - Pourquoi cela ? »

Je faillis m'étouffer de surprise :

« - Pourquoi cela ?! Mais parce que je n'ai aucune envie de risquer ma peau sur une planète inconnue, entourée de paranos comme vous ! J'ai commencé ma vie sur Terre et je compte bien la terminer là bas. »

Tout en parlant, j'essayais tant bien que mal de détacher mes mains et mes jambes, en gesticulant sur ma chaise. Mais la voix soudainement tonitruante de l'homme m'arrêta :

« - Tu ne peux pas retourner sur Terre, c'est impossible ! »

Tout en cherchant un moyen de défaire la corde qui entravait mes jambes, je relevais la tête : 

« - Qu'est ce qui m'empêche d'y retourner ? 

- Car dorénavant, tu n'existes plus aux yeux des gens. Ton identité s'est éteinte à partir du moment où tu as quitté la Terre. »

J'écoutais ses paroles, mais je ne les entendais plus. Mon ouïe s'était éteinte, tout comme mon identité, apparemment. Je le voyais remuer des lèvres, mais sa voix n'atteignait plus mon esprit.
C'était faux, il devait sûrement mentir. Tout d'un coup, l'image de Clyde me revint en tête. Si plus personne ne me connaissait, alors il ne se rappelait plus de moi non plus. En repensant à lui, je regardai à nouveau sa veste sur mes épaules, et eus un haut le cœur. Dorénavant, cette veste ne devait plus rien signifier pour lui, donc plus rien pour moi.

Mon ouïe était revenue, ainsi que ma voix:

"- C'est faux, vous mentez."

Il me regarda avec le même air de défi que je lui lançai et me répondit:

"- Très bien. Nous allons vérifier pour toi."

A ses mots, il sortit un téléphone de sa poche et tapa un numéro de tête. Quelques secondes plus tard, il me tendit le téléphone, qui était déjà en appel.

"- C'est le numéro de Madame Rossignol, dis-lui que tu as oublié des affaires à l'orphelinat. Nous verrons bien sa réaction."

Quand il eut fini de parler, la voix de Madame Rossignol retentit dans la salle, bien unique avec ses intonations chevrotantes:

"- L'orphelinat Saint Inverness bonjour ?"

En entendant cette voix si familière monter dans les aigus, j'eus un petit temps d'adaptation avant de répondre:

"- Bonjour Madame Rossignol, c'est Jo à l'appareil."

Silence de l'autre côté du fil.

"- Je vous appelle parce que je crois avoir oublié quelques affaires à l'orphelinat et je voulais vous demander s'il serait possible que je vienne les chercher demain matin."

Il n'y eu toujours pas d'agitation à l'autre bout de la ligne.

"- Madame Rossignol ?"

Cette voix soudain grave et si méconnue me fit alors sursauter:

"- Ecoutez, je ne sais pas qui vous êtes, mais je vais vous demander de raccrocher et d'éviter de refaire une de ces sales blagues, au lieu de quoi vous aurez la police au bout du fil. Et que l'idée de venir faire du mal aux enfants de l'orphelinat ne vous effleure même pas le cerveau parce que sinon, vous ne serez pas face à moi, mais face à votre cellule."

Après cette voix sèche et cassante, le "bip, bip" du téléphone me tira de mes torpeurs et je sentis le sol se dérober sous mes pieds. L'homme et les gardes me regardaient.

"- Je ne vous crois toujours pas. Madame Rossignol est de votre côté depuis le début, je le sais.

- Crois ce que tu veux, Jo. Mais sache que tu ne peux toujours pas rentrer sur Terre. Si tu préfères qu'on te le dises autrement, tu es prisonnière."

Ses paroles me firent entrer dans une colère noire.

« - Vous n'aviez pas le droit de me prendre ainsi, vous avez saboté toute ma vie ! L'égoïsme est sûrement la seule chose que vous connaissez sur votre planète ! Mon existence n'a donc aucune importance pour personne ? Aviez-vous la moindre idée de ce que je voulais faire plus tard ? Je veux retrouver ma planète, ceux que j'aime et surtout, une vie banale ! Laissez-moi partir ! »

L'homme m'interrompit : 

« - Tu n'avais aucune idée d'avenir et peu de personnes comptaient à tes yeux, à part pour ce jeune Clyde, tu l'apprécies énormément. C'est donc pour cela que j'ai décidé de te choisir. Et tu semblais si forte, je pensais que tu tiendrais le coup. »

La colère avait pris la place de la tristesse, et je me mis à tirer sur mes mains de manière furibonde. Je sentais le sang couler de mes poignets et tomber sur le sol, mais j'étais incapable de ressentir la douleur.
L'adrénaline était plus forte que celle-ci.

Miraculeusement, la ficelle céda et mes mains furent libérées. Je vis alors le liquide rouge couler le long de mes bras. Mes poignets étaient bien entaillés et la vue du sang me répugnait.
N'ayant plus besoin de la force, je me mis à détacher mes jambes en répandant mon sang sur mes habits.

Je ne prêtais pas attention aux personnes devant moi, mais je sentais le petit homme s'approcher doucement vers moi.

« - Ne me touchez pas ! »

J'avais enfin réussi à me détacher et je me levais de la chaise. Debout, ma tête se mit à tourner et j'eus du mal à me repérer, mais je me glissai contre un mur et me dirigeai vers le couloir. Tout au fond se trouvait la porte par laquelle j'étais entrée. Sans réfléchir, je fus devant elle en peu de temps et me mis à tirer la poignée, sans succès.

Le petit homme m'avait suivie, et je sentis sa présence derrière mon dos. Je l'entendis chuchoter quelque chose à un des gardes du corps, avant qu'il ne s'adresse à moi.

« - Te souviens-tu que nous sommes dans l'espace ? Si par malheur tu réussissais à ouvrir cette porte, tu serais emportée dans le vide intersidéral et tu mourrais, par manque d'oxygène. Tu ne peux pas t'échapper. » 

En entendant ses paroles toujours aussi calmes, je tapais ma tête contre la porte de fer et tombai par terre, le dos contre le mur. Comment avais-je pu oublier ça ?

Mais même assise, ma tête tournait de plus en plus, et je voyais flou. La nausée commençait à me gagner. Je vis une masse mouvante se diriger vers moi. C'était le petit homme. Je ne voulais pas qu'il me touche. 

« - Laissez moi, partez. Je veux partir. Ouvrez-moi la porte. » 

Je ne comprenais pas ce que je disais, ma langue était étrangement lourde dans ma bouche et ma salive se faisait rare mais je me remis difficilement debout. La lumière me semblait maintenant aveuglante et il faisait atrocement chaud.
J'avais l'impression de tourner sur moi-même. Ma bouche était pâteuse et la douleur de mon crâne était insoutenable.

Soudain, ma vue s'obscurcit, et je me sentis tomber lourdement. J'étais comme aspirée vers un univers noir. Auraient-ils utilisé des gaz toxiques pour me maintenir ici ? Mes pensées avaient quitté mon cerveau, mais je m'entendis lancer une phrase, avant de sombrer dans l'inconscience:

« - Ne me touchez pas, je veux partir. »

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