-7-Scotland Yard
À la sortie de mon manoir attend un fiacre en bois tiré par une jument alezane. L'animal recule d'un pas quand elle nous voit arriver, mais s'immobilise assez vite sous l'insistance du cocher. Un peu comme les prunelles d'un animal, je remarque que mes yeux argentés renvoient légèrement la lumière de la lanterne accrochée à côté du conducteur.
Je devrais faire attention à ce sujet, me dis-je intérieurement tandis que je monte dans le véhicule.
Alors que l'hippomobile roule sur le dallage londonien, le vampire assis à côté de moi me passe une petite paire de lunettes au verre rouge sombre de forme ronde et à la monture d'acier. Je le remercie d'un sourire et perche celle-ci sur mon nez. Je dois avouer que j'ai plutôt fière allure en cet instant. Je crois en effet que je suis devenu bien plus arrogant, voire même narcissique depuis ma transition...
Étant perdu dans mes pensées, je me rends compte assez tard que nous sommes arrivés. C'est de façon instinctive que je me déplace sans le moindre bruit sur le dallage. À cette heure de la nuit, l'allée est quasiment déserte, seulement peuplée de rare passant et quelques Caliborgnon*. Adossé à la porte double de la Scotland Yard, se trouve un vampire que je connais que trop bien. Sorrow lui tend la main pour un salut viril. Sa poigne est ferme, mais pas trop. Il semble savoir précisément la force que l'on doit mettre. Enfin, je finis par lui demander : -ce n'est pas que je suis mécontentement de vous voir bien au contraire, mais que faite vous donc ici ?
-Et bien, il est possible que j'aie hypnotisé l'assujetti qui nettoyait la salle lors de votre petite réunion avec le maître des loups. Cela m'intriguait fortement. De plus, je m'ennuyais. Alors dans l'espoir de m'occuper, je me suis dit que devenir le compère de mon traqueur favori ce n'était pas si mal.
-Et bien les pouvoirs de ta lignée sont toujours aussi pratiques.
-De la part de celui qui pourrait me tuer en moins d'une seconde, je vais prendre ça pour un superbe compliment.
Le traqueur qui m'accompagnait fini par nous interrompre :
-On peut en reparler quand vous arrêterez de vous goinfrer de sang de femmes ! je suis sûr d'en flairez au moins six sur vous.
-On à tous nos petites lubies*, il me semble que la majorité des traqueurs ont un gout prononcé pour le sang des enfants tandis que nos codes de lois parlent du fais qu'il est interdit de se nourrir d'humains de moins de 16ans. Et puis, si les vampires ont des crocs, autant qu'ils servent pour autre chose que la décoration.
Le traqueur finit par me tendre une lettre ainsi qu'un badge étrange. Mon regard se pose immédiatement, sur l'inscription suivante : "Scotland Yard, Brigade numéro 87" puis, mes yeux me brûlent une demi-seconde et je vois l'exergue se transformé devant mes yeux en : "BMS" et en plus petits marquée en toutes lettres « brigade de la magie et du surnaturel » le traqueur ayant remarqué ma stupéfaction, me décroche un léger sourire et dit :
-Elle est enchantée pour que seuls les yeux d'un être magique arrivent à voir la réelle inscription. Bon je vous laisse présenter le badge au standard. Quelqu'un devrait vous emmener aux bureaux de la BMS au sous-sol. À l'instar des vampires, cette brigade particulière officie aussi de nuit, car c'est à cette heure-ci que les crimes surnaturels sont les plus nombreux.
-Et bien avec des traqueurs dans les environs plus besoin d'orphelinat. Dit-Sorrow en ricanant.
Je lui donne un léger coup de coude et nous entrons enfin dans le bâtiment. L'enceinte est principalement composée de bois. Notre allure particulière semble attirer l'attention. En parallèle, même en Angleterre où la peau de ses habitants est naturellement claire, celle des vampires se détache par sa blancheur de marbre...
Jusqu'au moment où Sorrow fait un étrange signe de la main face à l'assemblée. Ceux-ci retournent à leur occupation. J'ai le pressentiment que même si je dégaine crocs et griffes les policiers trouveront ça totalement normal, mais ne tentons pas le diable.
Nous nous avançons enfin vers le comptoir où dort à moitié un homme en uniforme à la fine moustache hirsute.
C'est en sonnant violemment sur la cloche d'accueil que nous tentons de le réveiller. Ce qui ne fonctionne absolument pas. Mais quand je jette brusquement l'objet contre le mur derrière lui, qu'enfin le standardiste se réveille hébété. Le bruit assourdissant l'a fait sursauter.
C'est avec un petit sourire comme pour me faire pardonner de cet acte impulsif et sans fondement que je lui tends le badge.
Celui-ci l'ausculte avec le plus grand professionnalisme. Puis, l'homme fait quelque chose qui me surprend. Sur un combiné, il compose un numéro de façon hasardeuse, puis échange quelques paroles en tenant l'outil de cuivre. Les téléphones ne sont pas censés être particulièrement coûteux à tel point qu'ils sont exclusifs à la haute noblesse ? Le policier fini par s'adresser à moi :
-Il veut vous adresser quelques mots sir.
Je hoche la tête et prends délicatement le combiné et entends soudain dire :
-Il ne verra point la lueur du jour qui est -il ?
-Le secret.
-Je vous envoie quelqu'un, ne bougez pas.
Ensuite mon correspondant raccroche. À peine, quelques secondes plus tard, un damoiseau aux yeux d'un bleu tirant davantage vers l'or, arrivent. Je ne peux pas m'empêcher de grimacer, car celui-ci à une odeur de chien mouillé. Après nous avoir longuement regardés, il nous fait signe de le suivre. Je suis étrangement peu surpris lorsqu' il nous fait passer par une porte dérobée. Une fois à l'abri des regards, j'arrête de respirer. J'ai remarqué que pour les vampires ce n'est pas essentiel ni automatique, on le fait surtout quand l'on veut se faire passez pour un humain ou flairé une piste dans le cas d'un traqueur,
Nous arrivons enfin dans un enchaînement de couloirs labyrinthiques. Même si aux vues des quelques coups de reniflettes que j'ai pu faire, seul l'un de ces chemins est utilisé couramment. Les autres ont des senteurs bien moins récentes. Je finis par demander à Sorrow: -je rêve ou il a bel et bien une odeur de chien mouillé ? Le sens-tu toi aussi ?
-C'est normal, c'est un Lycan et j'ai beau pas avoir un aussi bon odorat que vous autres traqueurs, il ne reste pas si mauvais. J'ai moi aussi arrêté de respirer à tel point que c'est suffocant. Oh et les Lycanthropes déteste que l'on utilise le terme chien. Les vampires et les loups-garous se détestent de nature. Ceux-ci se revendiquent protecteur de l'humanité, et pour eux tous les vampires ont une âme de meurtrier.
-Par rapport à notre alimentation ?
-Non ce n'est pas vraiment le sang qui leur pose problème, c'est plus notre façon de nous le procurée, pourtant on s'attaque en général au rebut de la société.
Ah ! nous parvenons enfin au bout de l'interminable dédale où se trouve une porte magiquement camouflée avec l'inscription BMS. Quand je tente de suivre le lycan, je suis arrêté par une barrière et en soupirant je dis d'une voix lassée :
-Est-il possible de m'inviter à entrer ?
-Oh ! j'avais oublié, vous pouvez entrer tous les deux. À condition de ne pas faire de nous, votre dînez bien entendu.
-Annoncé de cette façon, je passe pour un monstre infâme... Mais sois, je jure de ne mordre aucun de vous sans votre autorisation explicite.
-Très bien, vous pouvez entrer. Faites-vous la même promesse ? dit-il en se tournant vers Sorrow.
-En effet, même si je trouve votre question extrêmement vexante.
Alors que le Lycanthrope s'était obstiné à nous empêcher d'entrer, on entend une voix retentir de l'intérieur :
-Damian arrête donc de les torturer ! vous avez ma permission de pénétrer en ses lieux vampires.
-Enfin... Dis-je simultanément avec Sorrow.
Et nous pénétrons finalement dans les locaux de la brigade. Ceux-ci ressemblent davantage à un magasin de vaudou avec ses murs de pierre brute plutôt qu'un quartier général. Les meubles aux boiseries sombrent, trônent au milieu des étagères aux hauteurs différentes. Je remarque également des piles de dossiers ainsi que quelques herbes étranges. Des remèdes aux allures antiques et même quelques ingrédients à l'air organique siègent au milieu d'une table. Au centre des bureaux, se trouve une quinzaine de brigadiers en train de prendre ce qui ressemble être une pause-café sauf que rares sont ceux qui ont du café dans leur tasse.
Il est facile de deviner que la majorité des représentants de la loi en ces lieux n'est pas plus humains que moi. Celui qui a l'air d'être le chef se lève. Un homme de grande taille, aux cheveux d'un noir d'ébène et aux sublimes et inhumains yeux violets, me tend la main en disant :
-Je vous salue. Mon nom est Warren Clifford.
-Erwin Clifford. Assez étonnant que nous portions le même nom.
-Pas tant que ça. Je suis de la branche secondaire de la famille et l'un de vos lointains cousins c'est bien plus surprenant de croisez des vampires au cœur d'un poste de police, votre espèce à souvent une sainte horreur de la loi humaine de plus votre peuple est quasi absent de ce pays.
-La Roumanie a beau être le pandémonium des vampires* nous sommes présent dans le monde entier.
Et je serre enfin sa main tendue. Quand ma paume entre en contact avec la bague en argent de mon "cousin" je sens une violente brûlure et comme par reflex ressert brutalement ma poigne, lui brisant la dextre sous le concert de ses hurlements. Je me justifie par une unique phrase tout en regardant ma main encore fumante à cause du métal toxique :
-Votre bague elle m'a fait extrêmement mal.
Quelques instants plus tard, dans un dernier sifflement de douleur, les os se ressoudent d'eux-mêmes. De nombreux lycans se mettent à grogner depuis la table. Je réponds à leur provocation retroussant simplement ma lèvre supérieure dévoilant ainsi la pointe de mes crocs acérés. Avec un léger grognement suraigu propre aux vampires, le chef lève la main pour stopper l'affrontement visuel et dit :
-C'est compréhensible comme réaction, étant moi-même à moitié démon. Je comprends très bien votre logique. Quant à vous lupin, voulez-vous mourir ? Le vampire aux yeux bleus est l'un des plus vieux vampires londoniens. D'un simple geste, il pourrait vous faire revivre votre pire cauchemar en boucle. Quant à celui aux yeux d'argent, il s'agit d'un des représentants du vampire ancestral Azzo von Kltka. Celui-ci a beau être bien plus calme que les autres ancêtres vampire, fuir un traqueur est absolument impossible et leur seigneur est le plus douée d'entre tous.
J'échange un bref regard de connivence avec Sorrow surpris par cette soudaine flatterie et dit avec un léger rictus :
-Sans contée que j'ai beau être jeune pour un immortel, je sais me servir de mes crocs.
-Arrêtez vos conflits raciaux et revenons à la raison de votre présence vampires. Et vous garou, malgré votre répugnance vous auriez dû apprendre les symboles vampiriques. Cela pourrait vous retomber dessus, par exemple : la boucle en forme de dague que mon cousin porte à l'oreille est l'insigne des représentants des traqueurs des vampires puissants obéissant uniquement au vampire ancestral auquel ils ont juré fidélité.
-Bon trêve de louange Cousin, j'ai une lettre de mon seigneur. Je pense qu'elle est pour vous. Je n'ai pas la moindre idée de ce quel contient ou même si cela me regarde. Considéré moi comme un humble messager. Dis-je en lui tendant l'enveloppe couleur crème refermée par un cachet représentant un loup.
Le cambions décachette la lettre et la parcours rapidement des yeux. Après avoir fait plusieurs allées retour visuelles entre la feuille et moi qui danse d'un pied à l'autre d'impatience il finit par dire ébahie :
-Votre seigneur me demande de vous faire passez un pacte avec mère, et de vous embaucher dans ma brigade en tant que lieutenant.
-Mère ?
-Je parle de Lilith, la primo génitrice des vampires et accessoirement ma mère biologique. Certains vampires passe des pactes directement avec elle en échange de quelque chose toujours différent. Elle vous donne le pouvoir de vous transformer entièrement un l'animal.
-Quelle sorte de chose ?
-Et bien, en général mère vous demande une âme corrompue. Le principal problème c'est que lors de ce pacte, pour le seller, elle vous mord directement. Par contre, cela a pour conséquence d'être très violent pour votre organisme. En principe, seuls les vampires de très haut rang tente le coup et dans sa lettre, Azzo me révèle que vous êtes un vampire de quatrième génération donc cela devrait bien ce passez, apriori...
-Quant à moi, je ne vous suivrais pas dans cette entreprise Erwin je suis de la neuvième génération, j'ai donc toutes les chances de succomber. Dit-Sorrow en me regardant légèrement envieux.
-Très bien. Alors je ferais préparer le rituel. Je vais chercher cette fameuse âme corrompue.
-Bien sûr, ceci est pour vous au passage et à partir de maintenant appelez-moi capitaine en public. Dit-il en me tendant un badge de la fameuse brigade me présentant en tant que lieutenant dans ce qui est officiellement la brigade numéro 87.
Mini lexique
*Pandémonium des vampires : Référence au paradis perdu de John Milton, Le Pandémonium désigne en littérature la capitale imaginaire de l'Enfer, le terme est utilisé pour désigner un lieu où règnent corruption, chaos et décadence, voire confusion ou vacarme, notamment dans la langue anglaise.
J'utilise le terme de pandémonium des vampires pour dire que la Roumanie est leur fief. Elle leur appartint de façon indirecte, c'est également l'endroit où ils sont le plus nombreux.
*Caliborgnon : individu louche (terme injurieux)
*lubies : Idée extravagante, déraisonnable ou capricieuse, généralement soudaine et passagère.
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