- 24 - palazzo ducale
Il hoche la tête puis nous sortons enfin de la cabine. À la sortie du bateau, nous découvrons le port aussi immense que désert. Seule une délégation de créatures en costume italien hors de prix semble nous attendre.
- Mes hommages monsieur, bienvenue en Italie ! dit l’un d’eux.
- Tout le plaisir et pour moi, réponde-je.
Et nous les suivons jusqu'à une gondole noire. Basse et légère pour être maniable, elle est propulsée par un seul rameur encapuchonné qui se tient debout à l’arrière gauche en ramant du côté droit. Pendant la totalité du trajet plutôt que d'admirer la ville qui est pourtant sublime, nous baissons le regard pour éviter de regarder les innombrables croix. Un des représentants me demande :
- Pourquoi baissez-vous tous les yeux ? Je n'ai jamais compris la raison pour laquelle les vampires fuient l'Italie !
- Je me trompe ou vous ne connaissez pas les faiblesses de mon espèce ? Et bien l'une d'elles est la vision de la croix. Cela nous brûle littéralement les yeux.
- Comment allez-vous faire pour mener une traque en plain Venise alors ?
- Eh bien, déjà pour commencer, je vais partir en repérage dans les canaux. Léonidas, tu viens ?
- Je vous rejoindrais plus tard, j'ai un excellent odorat, je retrouverais le chemin.
Quand je lève ma main gauche dépourvue de mitaine pour dire au revoir, les représentants du conseil voient le sigil du Léviathan qui lorgne et blêmissent en ricanant. Lors du passage sous un pont étroit, je me déshabille, histoire de ne pas mouiller mes vêtements. Je les tends à Lucian puis je reprends ma forme intermédiaire draconique simultanément avec Drelkar. À ce moment, ils palissent entièrement. Je leur lance tranquillement avant de plonger :
- Je n'ai jamais dit que j'étais uniquement un vampire.
Alors que je m'éloigne en nageant j'entends :
- Impur !
J'avais oublié que certaines créatures prônent les races pures et que les mélanges entre espèces et donc les hybrides comme moi sont des abominations à leurs yeux. Je trouve que c'est une façon de penser régressive ! Et cela fait longtemps que les mélanges sont monnaie courante. Nous venons à peine de nous enfoncer dans les eaux turquoise que j'étends dans mon dos :
- Ah enfin tranquille, ce n'est pas trop tôt !
Je suis aussitôt plaqué contre le fond de l'eau avec une violence folle.
- Tu veux ton énergie exacte ? demandé-je.
- Oui et de suite ! c'est à toi de respecter notre pars du contrat !
- Très bien, mais attend toi à ce que je sois gourmand à ma prochaine morsure !
Puis je me positionne à quatre pattes. Ma queue reptilienne levée, dévoile mon céans et mon dos cambré. Je me prépare à recevoir celui que j'ai invité entre mes reins. Avec une sauvagerie inhumaine, il s’aventure en moi tel un serpent malicieux. Cela ne me dérange pas, au contraire. Car j’apprécie fort bien la luxure et la douleur qui va avec. À titre exceptionnel, je reste passif, malgré le fait que je ne peux pas nier avoir pris mon pied. Je suis trop rancunier pour laisser passer ça. Je me vengerai ! En mettant une main sur ma postérieure ravagé, je murmure avec un gémissement tenant à la fois du plaisir et de la douleur :
- On le fouille ce canal ?
- Très bien merci pour la pitance, mon adorable petit frère !
- Je me vengerais ! Ne t'attends pas à ce que je sois clément à ma prochaine morsure.
- Oh ! je m'en doutais, mais cela en valait la peine. De plus, je crois que j'adore tes morsures petit frère...il semble que je sois masochiste à mes heures perdues, ha, ha, ha, d'ailleurs tu as quelque chose dedans qui fais planer je me trompe ?
- Absolument. Mon venin contient de l'endorphine. Pour ce fait, certaines créatures deviennent littéralement accroc aux morsures de vampire, tu ne savais pas ? Les Nosferatu portent même le surnom de « dealer l'orgasme ».
- Ah oui, intéressant... Alors il semblerait que notre contrat me soit plus profitable que prévu.
- Moi également. En plus d'avoir bon goût, ton sang contient presque autant de magie que celui de père ! Bon alors, ce canal ?
- Moui, on va le fouiller.
Puis nous commençons à retourner le canal Vénitien jusqu'au moindre recoin. Rien de suspect à signaler, dommage, mais bon c’est comme ça ! quand on remonte à la surface, nous émergeons sous un pont isolé. Vue l'absence de vêtement, nous serons abrités des regards curieux. De plus, je les ai donnés à Lucian dans le but de ne pas les abîmer. Aussitôt sur la terre ferme, Drelkar ou plutôt Léo reprend sa forme humaine. Je fais de même et me transforme en épervier pour me poser sur son épaule. Celui-ci hausse un sourcil curieux et surpris. C'est la première fois qu'il me voie sous cette forme. Je lui dis par télépathie :
[ - Tu ne savais pas que je pouvais prendre plusieurs formes ? Le dragon n’en est qu’une parmi tant d’autres.]
- En fait, j'avais déjà entendu tes compères vampires te surnommer l'épervier. Je me doutais que tu avais un rapport avec cet oiseau, il me reste moi aussi à te montrer quelque chose de purement démoniaque. Alors viens avec moi dans les cieux et ouvre le bec...promis pas de possession, que du partage, juré.
Peu rassuré, je m’exécute et ouvre le bec. Mon frère se transforme entièrement en une sorte de liquide noir à l'atroce goût qui s'engouffre dans ma bouche. Puis je sens sa présence pénétrer en moi. Il se faufile à travers mon organisme. C'est comme si mon corps à la température glacial se réchauffer, pour devenir brûlant. C'est intrusif, si étrange, cette sensation de ne pas être seule dans son propre esprit est tellement perturbante. Je me demande s'il m'entend ?
« Oui je perçois les pensées de mon hôte durant une possession et je peux également voir par tes yeux, mais ne t'en préoccupe pas, je n'ai pas l'intention de prendre le contrôle !
- Oh très bien ! J'aimerais bien que tu m'apprennes à faire ça !
« Sans problèmes, petit frère. Je te préviens, tu as deux sortes de possession. Une légère où tu projettes seulement ton esprit, réalisable à distance, et l'autre ou tu prends ta forme spirituelle et investie le corps de ton hôte. Celle que je pratique actuellement est plus poussée et dangereuse pour l'hôte ».
Je prends mon envole sans quitter l'horizon des yeux affaibli par l'omniprésence de symbole religieux. J'arrive devant un palais à l'allure gothique avec gravé « Palazzo Ducale » dans la pierre. En suivant l'odeur de Lucian, l'un de mes vampires est juste devant le bâtiment, une cigarette au sang dans la bouche. Celui-ci lève un bras point fermé, geste typique des oiseleurs. Toujours sous ma forme d'épervier, je me pose sur son poing, tandis qu’il me murmure télépathiquement :
[ -Bonsoir Sire. Les environs sont sécurisés. Des indices lors de votre excursion dans les canaux ?
- Non, aucun malheureusement et vous ?
- Rien de notable Sire. Et votre frère démoniaque ?
- Il n'est pas loin... Tu nous conduis aux quartiers qui nous ont été désignés ?
- Oh de la possession ! je comprends mieux. Je vous y mène de suite votre grâce. Ils nous ont donné des appartements au centre des quartiers des incubes. Dites-moi, puis-je terminer ma clope ?
- Je vous en prie, faite donc. D’ailleurs, j’espère que dans ces fameux appartements nous pourrons trouver du sang ?
- Ne vous en faites pas, les conseillers nous ont mis à disposions les prisons ou les créatures renégat sont enfermer. L’avantage, c’est que les cadavres ne foisonnent pas dans les rues de Venise.
- Sérieusement... Ce n'est pas une raison ! Notre hemophagie et le fait d'être responsable sont sans rapport. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai aucune envie de me faire arracher les crocs !
- Pareil Sire. Un vampire sans crocs n'est même pas considéré comme tel.
- C'est cruel, mais logique, ta cigarette ?
- Fini Sire, je vous conduis de suite.]
Marchant tranquillement, ce dernier arrive devant la garde, et montre un blason à l'allure militaire. Aussitôt, les surveillants lèvent leurs lances pour nous laisser entrer. Toujours sur son épaule, nous cheminons dans les couloirs grandioses dorés à l'or fin et au plafond peint par des maîtres. Toutefois, l'ambiance change radicalement quand nous arrivons dans les sous-sols en passant au travers d'un miroir. Pendant ce passage, je sens une onde magique me traverser de part en part. De l'autre côté, des surnaturels nous regardent passer jusqu'à ce que l'un d'eux nous arrête brutalement et dit :
- L'oiseau n’en ait pas un, n’est-ce pas ?
- Non, ce n'est pas le cas, conseiller Azrael...
- Et il pourrait ce transformé ?
- Sire ?
[ - Très bien, par contre c'est Lucian qui a mes vêtements.
- Oh ! c'était donc ça ! j'ai un jeans dans mon sac, je vous le sors Sire.]
Il me donne le fameux « jeans au tissu étrange et d'un bleu foncé à l'odeur d'indigo. Je le prends entre mes serres, m'éloigne dernière le pilier le plus proche, puis j'entreprends de me retransformer. En moins d'une seconde me voilà sous ma forme vampirique. Je remonte la boutonnière du pantalon et avec un sourire arrogant, je sors de derrière le poteau et m’incline en disant :
- Alexandre White, l'un des représentants du seigneur Azzo. Que puis-je faire pour vous conseiller ?
- C'est donc vous le chef de ses garnements aux longs crocs ?
- Exactement, pourquoi cette question ?
- Et bien, je ne m'attendais pas à ce qu'un impur puisse devenir un représentant. Les vôtres sont parmi les races les plus conservatrices. Demandez au démon en vous de sortir. Je suis moi-même un démon, vous ne pouvez rien me cacher, car je peux sentir n'importe quelle possession, même sans prise de contrôle.
- Léonidas, sort s'il te plait.
J'ouvre ensuite la bouche et un liquide noirâtre ruisselle d'entre mes crocs. À peine toucher le sol, il commence à onduler jusqu'à prendre la forme de mon demi-frère qui dit :
- Cela fait longtemps Az ! Pourrais-tu être plus respectueux envers mon petit frère ? S’il le voulait, il te dévorerait en moins de temps qu’il n’en faut, dit-il en passant tranquillement un bras autour de mes épaules.
- Tient tient Drelkar ! Je te pensais en enfer à coucher avec tous les mâles infernaux.
- Oui, ça m'a occupé un temps, mais bon j'ai fini par le suivre, tu lui montres ta langue petit frère ?
Je lui jette un œil curieux et tire la langue, dévoilant le sigil de mon contrat. Azrael enchaîne :
- Oui ça explique en partie ta présence, mais pas les penchants incestueux de toi et tes frères !
- Tu dis ça comme ! si les dragons du chaos étaient les seuls démons pratiquant l'insecte, sache que c'est très courent en enfer. Tu t'es trop habitué aux mœurs des mortels Az !
- Et toi tu es à demi mortel, cela ne te dégoûte pas ? dit le conseiller en s'adressant à moi.
- Pas à demi mortel, mais à demi vampire et son sang à extrêmement bon goût ! vous connaissez la réputation des vampires, nous sommes des opportunistes, quant au fait qu'il soit mon demi-frère, je m'en contre fiche. Léo, on va rejoindre mes vampires ?
- Léo ?
- Oui, Léonidas White, mon nom mortel.
- À ce propos, je te laisserais partir petit que si vous me montrez votre forme intermédiaire et que vous me donnez votre vrai nom !! dit-il en s'adressant à moi.
- Pensez-vous sérieusement pouvoir m'en empêcher ? Mais bon soit.
Mes écailles noires recouvrent la totalité de ma peau tel un tissage cauchemardesque et mes longues cornes noires et nobles recourbées vers l'arrière apparaissent ainsi que ma queue à l'allure létale. C’est avec un sourire à la dentition carnassière que je réponds :
- Mon nom démoniaque est Vickal, fils héritier de Léviathan. Je peux partir ou je dois faire couler le sang pour avoir la paix ? Au passage, mon voyeur de père peut très bien être en train de regarder. Aller, tu viens Léo ? dis-je en levant la main portant le sigil de père.
- Oui, je te suis Alex.
Puis en partant, je redeviens un vampire, cheminant dans les couloirs.
- Possibilité de me donner une cigarette ? D'ailleurs, je ne connais pas votre nom ! demandé-je au buveur de sang.
- Mon nom est Sirius Sire. Vous avez de la chance, c'est ma dernière, dit-il en me tendant une de ses cigarettes au sang, ainsi qu’un briquet ouvragé en or.
Je le remercie d'un signe de tête puis l'allume. Aussitôt que la fumée envahit ma gorge, je soupire de contentement. Ça fait une éternité que je n'ai pas fumer, c’est incroyable à quel point cela m'a manqué ! Très vite nous arrivons dans le grand salon du quartier des incubes. Mes vampires sont assis au bar, entrain de siroter des verres de sang, pariant des sommes astronomiques sur la prochaine position dans laquelle coucheront les incubes lors de leurs orgies sexuelles. Dans les canapés, je vois même que certain vampire dont Lucian ce sont joint à eux. Les Nosferatus et les incubes s'entendent particulièrement bien, mais dans mon cas, j'ai assez baisé pour la nuit. Je rejoins donc les vampires au bar et m'adosse contre le marbre. Ceux-ci m'adressent un bref signe de tête puis reportent leur attention sur la partouze démoniaque. Je ricane quand je vois Drelkar les rejoindre instantanément, cela ne m'étonne pas.
Puis je lorgne le poignet du vampire le plus proche de moi. Un des rares Nosferatus de la lignée de Tepes qui s’est joint à nous. Quand celui-ci le remarque, il me le tend en retroussant sa manche. Avec un sourire, je le remercie d'un signe de tête puis mords dans la chair de la pointe des crocs. Le sang à la saveur acidulé de la câpre parcourt mes veines... c'est incroyable la diversité de goût que peut percevoir mon palais vampirique. Je bois seulement une dizaine de gorgées, car je n'ai pas vraiment faim. C'est seulement de la pure gourmandise. Puis, les lèvres tachées de pourpres, j’adresse un sourire à celui qui m’a offert son hémoglobine. Enfin, je reporte mon attention sur les démons. C'est stupéfiant ! à quel moment on t-il penser à suspendre ce succube au plafond par des chaînes et à la prendre ainsi et surtout combien de queues peut-elle prendre en elle !
Et puis merde, je ne peux pas résister, je vais les rejoindre ! Rien que la vision m'a mis en érection.
Quand je sors de l'entrelacement de corps, il s’est écoulé deux heures. À quel moment je me suis dit que je ne finirais pas par avoir en moi à la fois Léo et Lucian ? C'était si prévisible ! Mon pauvre postérieur.... Une double pénétration par deux telle bête de sexe, aie. Ils veulent ma mort ? Alors que je suis plongé dans ses sombres élucubrations, je commence à somnoler la tête posée sur les coussins souiller de sang et de sperme, je sens un corps d'une chaleur intense se coller contre moi. Des jambes s'emmêlent avec les miennes. À l'odeur c'est Drelkar qui m'a simplement rejoint, son côté incube l’a poussé à chercher du contact. Bientôt sont souffle dans mon cou se fait calme, puis plus rien, il s'est endormi. Quant à moi, j'ouvre les yeux lentement et vois Lucian s'habiller.
- Ton entrée à Venise s'est bien passée ?
- Pas vraiment, mais rien d'inhabituel. Tu as l'intention de rester là longtemps, allonger de la sorte ?
- Pourquoi ? Selon toi, je devrais me lever ?
- Tu ne viens pas faire la tournée des bordels avec moi ?
- Tu as vu, l'état de mon... ? Un coup de reins de plus et je pourrais bien finir en cendre...
- Vue à quel point tu es bon, comment voulais-tu que l'on te résiste ?
- Je n'ai jamais dit que c'était ce que je voulais, mais là vous m'avez tout bonnement baisé comme un chien !
- Ah oui, c'est vrai... Tu viens chassée avec moi ?
- Non merci, je suis repu. Bonne nuit, je te suivrai la nuit prochaine !
- C'est une promesse ?
- Oui, mais pour un prédateur tu partages bien facilement tes proies Edrius.
- Oh ! c'est possible, mais même le plus irascible des fauves sais reconnaître ses frères, j'ai beau coucher avec toi de temps à autre je resterais ton frère de sang ad vitam aeternam*!
- Ad vitam aeternam mon frère !
Puis il passe un doigt essuyant mes lèvres tachées de sang puis le lécha en réfléchissant et dit :
- Ah c'est le sang de Drake on dirait de la câpre c'est un peu étrange, mais contrairement à toi je ne raffole pas du sang de vampire bien trop épais et froid.
- Ah oui tu trouves ? Pourtant le sang des créatures a souvent plus de goût que celui des humains par exemple Léo à un goût de chocolat.
- Et moi ?
- Indéfinissable toutefois la saveur la plus proche de celle de ton sang est le goût du kir, j'ai la dent sucrée, dis-je avec un sourire dévoilant mes crocs acérés.
- Je vois ça et je ne sais toujours pas comment le prendre ce n'est pas tellement viril d'avoir un goût de fruits rouges.
- Ah oui pourtant mon postérieur se souvient bien de la taille de celle-ci et c'était impressionnant.
- Vil flatteur, cela t'intéressait d'être au-dessus la prochaine fois ? Cela fait une éternité j'ai accueilli personne en moi et cela ne me manque, dit-il en passant une main lascive sur son fessier moulé de cuir.
- Volontiers ! dis-je avec un sourire endormi avant de sombrer pour de bon.
Et oui, je suis un obsédé, mais bon un vieil adage ne dit pas d'être à l'écoute de nos désirs ?
Mini lexique : *ad vitam aeternam : Cette expression est une écriture déformée de la version originale : aeternam. Littéralement, cette locution latine signifie pour la vie éternelle. C'est une indication temporelle qui sert parfois d'épitaphe sur les tombes.
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