-22-Le fugitif
Après l'acte, je regarde Lucian se revêtir. Je ramasse ses vêtements délicatement au sol avec ma queue reptilienne et lui tend. Empli de béatitude, je ne fais même pas attention à mon antre qui dégouline de semence rose. Après qu'il a enfilé ses bottes, il me demande :
-Et toi, qu'as-tu prévu de faire ?
-Aucune idée, sans doute prendre ma forme d'épervier et me balader en ville. Sais-tu que celui-ci est un renégat ?
-Lui ? Demande Lucian avec une mimique interrogative. Comment le sais-tu Erwin ?
-Il a encore son âme. On peut donc deviner qu'il vient d'une lignée de déserteur, tu ne m'en veux pas si j'en fais mon casse-croûte ?
-Oh, je t'en prie.
-Veux-tu que je te fasse une petite gâterie avant que tu t'en ailles ? dis-je avec un sourire pervers.
-Avec de telles dents ? Non merci, je tiens à ma virilité !
Ceci dit, je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. Puis de la pointe de ma queue, je relève l'incube et mets une impulsion d'énergie magique dans son âme pour qu'il ce réveil. Il ne lui faut pas plus de cinq secondes pour qu'il émerge.
-Tu es un mignon petit démon, mais tu es faible avec une âme. D'ailleurs, elle a l'air si délicieuse...
-Tu la veux l'archidémon ? Elle me pose que des problèmes j'en ai assez d'être un renégat ! du sang du sang et encore du sang. Voilà la seule chose qu'elle m'apporte.
-Tu veux mon corps en échange ou bien tu as eu assez d'énergie sexuelle avec Lucian ?
-Non, c'est bon, je suis repu.
-Eh bien, pas moi...
Puis je l'embrasse voracement. Au bout d'un moment, j'entrouvre la bouche et une vapeur trouble et noire s'engouffre dans ma gorge. Nous éprouvons tous deux une sensation de plénitude, mais ensuite mon partenaire finit par s'évanouir. Je profite du fait que l'incube soit dans le coltard pour m'approprier ses vêtements de dandy. Il est légèrement plus mince que moi et donc cet ensemble se retrouve vraiment près du corps sur moi. Ce n'est pas grave, je touvre tout de meme que ce pantalon met mon postérieur en valeur ! Ha, ha, ha... il se réveille et sans me retourner je lui dis :
-Fais attention, la première faim ne devrait pas tarder. Trouve-toi un humain et vite.
-C'est toi le démon noir ? Tu ressembles à un vampire, dit-il en plissant ses yeux.
-Je suis un hybride donc oui et oui. Pour informations, j'ai plusieurs formes.
-Un métamorphe ?
-Non plus rare, un polymorphe*
-Mais les polymorphes sont des créatures légendaires au saint de l'imaginarium !
-C'est vrai, mais j'ai seulement trois formes. Ceux des légendes se transforment en n'importe quoi. Alors, évite de me mettre sur un piédestal. Allez, bonne soirée et merci pour l'âme.
-Et les fringues, mes fringues !
-Je t'ai laissé ton caleçon, remercie-moi ! Aller, à la prochaine.
Puis devant ses yeux, je prends ma forme d'épervier en moins d'une seconde et m'envole par la fenêtre. Je ne sais pas trop, soit mes métamorphoses ne me font quasiment plus mal, soit j'ai acquis une résistance à la douleur titanesque ? Dans les deux cas, c'est une bonne nouvelle !
Vadrouillant plus qu'autre chose au travers la ville nocturne, je finis par m'allonger tranquillement sur les tuiles humides. Mes yeux d'argent dont la brillance concurrence celle de la lune vagabondent sur la ville nocturne. Tout à coup, je perçois un viol pédophile à ma gauche et un meurtre à ma droite. Pourtant je ne bouge pas. Après tout, je ne suis pas un héros, juste un monstre de cauchemar qui s'en enorgueillit des cris de douleurs. C'est comme être bercé par ceux-ci et par les sons citadins que je m'endors à la belle étoile avec une cigarette au goût de sang dans la bouche. Quelques heures plus tard, je suis réveillé de mon demi-sommeil par une odeur. Je dis donc sans ouvrir les paupières :
-Bonjour Warren.
-Bonjour, Erwin, sais-tu que les gardes royaux sont à ta poursuite ? Il te pense coupable d'avoir enlevé la princesse où est-elle ?
-Oh l'ange ? Elle est dans le makai avec son âme et sa virginité en moins, rétorqué-je en ouvrant un œil sans autre expression.
-Tu es un dépravé, un monstre...
-Merci du compliment. J'ai compris, je vais sortir des radars durant quelques années ! Y'a-t-il autre chose ou alors je peux me rendormir ?
-Oui autre chose, ramène là ! Tu es un archidémon, ramener un simple déchu serait simple pour toi !
-Pas envie..., de plus, père doit encore un peu m'en vouloir d'être parti au milieu du banquet de Lucifer.
Sans la moidre trace d'un au revoir, je saute du haut toit dans le plus grand des calmes en me transformant en épervier. Durant ma chute, je tourne une seconde autour du toit pour narguer mon cousin. Puis je prends la direction de la forteresse de wisman's. Quoi de plus hors de portée qu'un repère de vampire au cœur de la forêt ? Bien que je doive me résoudre à m'en aller, j'ai l'intime conviction que mon manoir va terriblement me manquer ! Mais j'y retournerais un jour, après tout l'éternité me donne bien le privilège de pouvoir prendre mon temps. Le temps de disparaître et de réapparaître à ma guise tel l'ombre, insaisissable et mortelle que je suis !
Je me doutais bien qu'un jour j'aurais dû disparaître pour éviter que les humains remarquent que je ne vieillis pas. C'est juste que c'est un peu tôt...
Quand j'arrive à la forteresse toujours dans les indécents vêtements volés à l'incube, les deux gardes vampires qui sont postés devant le portail me lancent :
-Le seigneur Azzo te cherche l'épervier ! Ce que tu as fait n'est pas joli...
- Je vois que ma petite sauterie avec la princesse est déjà arrivée à vos oreilles..., très bien, je vais aller rejoindre Azzo, réponde-je avec un petit sourire mutin.
Puis, avec les mains dans les poches, j'avance à travers les couloirs sombres qui ont l'obligation d'avoir un minimum de lumière pour que l'assujetti puisse circuler. Lorsqu'enfin je trouve le seigneur Azzo dans une sorte de salle d'entraînement prenant tout le sous-sol, je suis époustouflé par ce que je vois. Il est en train d'affronter seul une trentaine de traqueurs, un combat à main nue qui est d'une violence folle. Au bout de quelques minutes, le seigneur Azzo est le seul encore debout au milieu de ses adversaires, parfois gravement mutilés. Alors que le grand maitre cicatrise rapidement, celui-ci me demande :
-Tu participes au prochain combat l'épervier ?
-Avec plaisir, mon seigneur !
Avec un léger gémissement, je prends ma forme intermédiaire démoniaque. Face à lui, je n'aurais aucune chance sinon ! Je retire mes chaussures avant de pénétrer sur le tatami maculé de sang. Après un bref salut et un sourire, je me positionne en mode déffensive tandis que le seigneur Azzo dévoile toute dent dehors. Un vampire dans le coin lève le bras et donne le signal. Très vite le combat le plus dur de ma vie s'engage. Même si je suis plus puissant en termes de puissance pure, mon adversaire est monstrueusement rapide.
Je me dois donc de biaiser en utilisant non seulement mes griffes, mais également mes crocs et ma queue comme arme. Malgré le fait que mes écailles arrêtent la majorité des coups de griffes, je finis très vite au sol, marqué d'innombrables griffures mettant parfois mes organes à nu. Sous la douleur, je serre les dents très fort et reprends ma forme vampirique. Je me relève avec peine en titubant et dit :
-Merci pour le combat mon seigneur..., bégayé-je.
-Merci à toi l'épervier, cela faisait une éternité que je n'avais pas eu un combat aussi intéressant. Je te dois bien ça, après tout, c'est moi qui t'ai blessé, dit-il en s'approchant de moi à tel point que nos torses se touchent.
Puis, il incline sa tête sur le côté, indiquant que le message est assez clair !
Je ne me fais pas prier et plonge mes canines dans sa gorge. Je prends juste assez de sang pour accélérer ma régénération. Lui aussi est blessé, je me retire assez vite afin de ne pas l'affaiblir et lèche la plaie pour arrêter le saignement. C'est en contemplant ma chemise en lambeaux à la base blanche que je remercie le seigneur d'un signe de tête.
-Bon, il serait dommage de tuer un sirgoï aussi puissant que toi. Néanmoins, tu as mis un sacré bazar en ville et le fait que tu doives passer en mode fantôme ne m'arrange pas. Alors pour les prochains mois je vais t'envoyer avec une dizaine de traqueurs faire le nettoyage des venators de Venise et jouer les gardes du conseil de l'imaginarium. Ses membres s'inquiètent de la suractivité des chasseurs dans Venise, annonce-t-il.
-Je pensais que les vampires n'étaient pas rattachés au conseil ?
-Non, en effet. Toutefois, les démons le sont, donc tu arrives dans une zone floue.
-Je ne suis pas le seul démon qui ait été mordu, mon seigneur !
-Certes ! Mais tu es le plus puissant. En général, les archidémons sont immunisés au venin, par contre toi qui es à moitié humain tu n'as jamais possédé cette immunité démoniaque.
-D'où le fait, que l'étreinte ai été possible sur moi et ce n'est pas plus mal malgré que ce soit avec remords que je quitte la vie où je suis né puis mort, je suivrais les ordres mon seigneur. Un jour ou l'autre je reviendrais, l'éternité me laisse bien ce privilège.
-On gardait au chaud une autre identité pour toi l'épervier, s'exclame-t-il en me tendant un papier où se trouve un nom inconnu associé à ma photo.
Alexandre White, tel sera mon nom d'emprunt.
Juste à côté de celui-ci se trouve un titre de vicomte appartenant à la haute noblesse. Je demande alors :
-Ce n'est pas trop gros de faire passer un fugitif pour un vicomte ? De plus, sur cette photo j'ai les yeux verts et les cheveux noirs pourquoi ?
-Non, les White on bel et bien un fils qui a disparu il y'a de cela quelques années. En vérité, il a fini mort sous les crocs d'un vampire. Il aura fallu juste un peu d'hypnose pour faire croire que tu es lui, et après tout, tu es déjà un lord, alors qui de mieux que toi pour te faire passez pour un lord. Et pour les cheveux et les yeux, ça, c'est le rôle de la magie de Lucian.
-Génial, ce n'est pas comme si j'avais assez de sceaux sur le corps, Artus vient avec moi ?
-Oui, mais tes autres enfants resteront ici, le temps d'être formé. J'ai de surcroit un petit cadeau pour toi, va à l'écurie.
-Merci mon seigneur.
-Tu le dis comme ça, mais je sais très bien que tu es plus puissant que moi l'épervier, cela pourrait être toi le seigneur des traqueurs, enchaine Azzo.
-Vous êtes très bien dans ce rôle ! Quel intérêt aurais-je à vous détrôner grand maître des loups ?
Il a un léger ricanement et rétorque :
-Passe donc voir les tailleurs au passage, car ce que tu portes sur le dos est d'une laideur impossible. D'ailleurs je me demande comment as-tu fini par voler les fringues d'un incube ?
-Longue, très longue histoire, mon seigneur...
-Laisse-moi deviner, tu as coucher avec quelqu'un qui a déchiré tes vêtements ?
-En fait, oui...
Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase qu'aussitôt ce dernier est pris d'un fou rire et réussit a dire entre deux éclats :
-Lucian la déjà fait ce coup-là... seule différence c'est qu'il s'est baladé entièrement nu devant tous les antédiluviens à notre cours de Rome...
Sur ces mots je me pâme également et avant de disparaître je demande :
-Pourquoi moi, mon seigneur ?
-Tu es jeune, puissant et lié à aucun des clans de Londres, sans pour autant être un renégat. C'est un avantage, de plus les venators ont une peur bleue de la faucheuse.
Un petit sourire espiègle vient se dessiner sur mes lèvres. Je ne m'attarde pas et attrape un simple pantalon de cuir à l'allure militaire dans la buanderie avant de filer à l'écurie. Là-bas, un magnifique étalon d'un noir d'encre m'attend. Un licol est placé autour de sa tête, mais étrangement l'équidé ne sent pas comme un cheval, pas uniquement. Soudain, j'entends une voix provenir du coin le plus sombre de l'écurie :
-Nous avons mis longtemps à tenter d'inoculer des gènes de vampire à des animaux, créant certaine des pires tragédies de l'histoire. Azul, le chien de ton frère aussi appelé la bête du Gévaudan est l'un d'eux ! quant à ce magnifique cheval, c'est un croisement entre une jument de Diomède* et le propre familier du seigneur Azzo.
-Il est superbe ! murmuré-je en caressant son chanfrein. L'animal, lui, pousse doucement contre ma main, comme pour en m'en demander plus.
-Il n'a pas peur de moi ? Étonnant, en général les chevaux ont une peur bleue des vampires !
-Celui-ci a été élevé par des buveurs de sang et il est délicieusement carnivore. C'est surprenant qu'il ne vous ait pas mordu. Donner lui donc votre sang l'épervier.
J'observe longuement l'équidé, puis apporte ma main libre à ma bouche et enfonce un croc dans la pulpe de mon pouce et le tends à l'animal. Aussitôt, une langue chevaline le lèche et je dis doucement « Arion, c'est ton nouveau nom » la bête se transforme lentement en cendres argentées alors que ma hanche et le bas de mon ventre me brulent. En baissant mon regard et aussi légèrement mon pantalon, je vois un colossal tatouage représentant un cheval cabré qui commence au niveau de mon bassin et se termine jusque sur ma cuisse très musclée. Au vu des évènements, je ne me suis pas rendu compte tout de suite que j'ai mis mon engin et la moitié de mon fessier à l'air pour regarder la marque du cheval.
-Intimider ? Lancé-je sur un ton arrogant.
-Je ne suis pas intéressée par les hommes, l'épervier.
-Eh bien, tu n'as pas idée de ce que tu rates !
Je finis par me transformer en rapace et m'envole par la fenêtre en appelant par télépathie le seigneur Azzoc[
-Quand est prévu mon départ pour Venise mon seigneur ?
-Demain au coucher du soleil, pourquoi ?
-Pour savoir. Je vais chercher quelque chose dans mon manoir, mais rassurez-vous, je n'ai pas l'intention de quitter ma forme d'épervier en présence d'humains.
-Compris, si tu gardes bien ta forme animale ce n'est pas dérangeant. Quant à ton équipe pour Venise, as-tu des préférences ?
-Pas vraiment, je dirais peut-être des vampires solides qui ont le sens du combat et utopiquement être secondé par Lucian.
-Vous n'allez pas passer votre temps à écumer les bars vénitiens ?
-Bien sûr que nom votre grandeur, vous nous connaissez ! Nous allons juste faire couler les venators, m'exlamé-je en souriant.
-Vous êtes irrécupérable ton frère et toi. Si vous n'étiez pas aussi bon, cela ferait belle lurette que vous ne seriez plus mes représentants.
Sur cela, j'ai immédiatement un ricanement mental. Avant de couper le contact, je me dirige vers mon manoir cerné de policier et dépose ma chevalière derrière une brique descellée de la cheminée, et récupère la bague favorite de père que je n'ai encore jamais touché ! C'est un bijou en or blanc représentant, un ouroboros aux yeux de saphir. Je reste pendant un certain à l'admirer en repensant à ce que mon père disait. D'après lui, il avait cherché dans le pays entier des saphirs précisément du même bleu que ceux des yeux de mère et aussi des miens lorsque j'étais encore humain.
J'ai quelques scrupules quand je la glisse à mon annulaire, mais je me vois mal la laisser dernière moi.
Ensuite, c'est sans un son, sans un souffle, que je disparais en laissant pour seules traces de mon passage une agréable odeur de sang. Puis, je retourne à la forteresse de wisman's m'endormir sur une des poutres en hauteur de la salle de bal, juste au-dessus du lustre de cristal noir. Les tentures de la pièce sont tirées et l'endroit est désertique pour quelques heures, juste assez pour passer une journée tranquille !
Mini lexique :
*polymorphe : Zussi appelé voleur d'apparence, est une créature qui a la capacité de changer de forme à volonté. Il peut se changer en une personne, un animal, un objet, ce qu'il désire en fait. Il peut changer de peau à volonté, un peu comme un serpent qui pourrait muer sur commande. Les trasformations sont très douloureuses à chaque fois.
*juments de Diomède : Dans la mythologie grec les juments de Diomède sont des juments carnivores que le roi de Thrace, Diomède, nourrit avec la chair de ses hôtes.
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