-10-la naissance d'une faucheuse

Il est temps de mettre en action ma sinistre idée, me dis-je en survolant pour la première fois de jour la capitale anglaise. Mes yeux me picotent et je ressens un profond inconfort, quoique le soleil soit maintenant inefficace contre moi. Cela ne l'empêche pas d'être ma némésis, en comparaison des ténèbres reposant de la nuit, bien que pour moi c'est utopique. Ainsi, avant même d'avoir été métamorphosé en l'une de ces créatures, j'ai toujours été un oiseau de nuit, et un coureur de jupons à mes heures perdues. La nuit possède une liberté sans égale. L'espace d'un instant, sous le masque d'une soirée endiablé, nous devenons ce que nous voulons : un fripon devient un prince et un forban un gentleman, mais le contraire est aussi réalisable.

Parfois, je me demande ce que je serais devenue si je n'étais pas né en tant que l'héritier de l'une des plus vieilles familles nobles ayant juré fidélité à une couronne dont je n'ai pas même vu l'ombre de son porteur actuel. Mais mon serment a été brisé en même temps que mon humanité. Pourquoi un être appartenant à une race supérieur tel que moi devrait avoir une quelconque loyauté pour un homme, aussi bleu que soit son sang ? Je continue à m'interroger et à discourir avec moi-même, tandis que je traque depuis le ciel, l'odeur de l'Aconit, poison que les venator utilisent pour les lupins. C'est une senteur distinctive qui leur colle à la peau, ce qui n'échappe pas à mon odorat surnaturel.

Les éperviers sont des oiseaux qui sont parfois aperçus en Angleterre, même en plaine ville. Malgré les couleurs particulières de mon plumage, je ne me cache pas et vole très souvent au-dessus des boulevards, à ras des hauts-de-forme et des coiffures extatiques qu'arbore les mortels.

Soudain, parmi les odeurs d'eau de toilette et de cuir chaud, je finis par percevoir le parfum de la fleur tueuse de loup. Il ne me faut pas longtemps pour repérer un Venator en train de s'attaquer à une CatSidhe sous une forme à demi féline.

Quant à moi, je descends en piqué et avec une précision chirurgicale, j'enfonce mon bec directement dans la moelle épinière du chasseur. Une fois le venator paralysé définitivement, je m'adresse au minet par télépathie : [- ça va ta blessure chaton ?]
Il pointe aussitôt sa tempe et dit :

-C'était toi ? C'est étrange comme sensation et oui je vais bien merci, il est mort ?

[- Oui c'était moi, je suis incapable de parler sous cette forme, donc je profite du fait d'être télépathe. Et non, il n'est pas mort, mais ça ne se serait tardé. Ma salive est empoisonnée au cyanure. Les humains ne survivent guère plus d'une minute à une telle dose, tu as repéré d'autres venators ?]

-Venator est un terme uniquement utilisé par les vampires. Tu as un rapport avec eux ?

[- Sans importance, aurais-tu des informations pour moi ?]

Quand je constate que ce n'est pas le cas, je m'envole sans demander mon reste avec une vitesse qui n'a rien à voir avec celle d'un véritable oiseau et poursuit ma balade diurne.

Après que j'ai ôté la vie d'un dix-septième chasseur de la même manière, je décide de m'octroyer du bon temps en planant sur la capitale dans sa globalité et ses environs. Puis, une vingtaine de minutes plus tard, je retourne au manoir de mon frère quand le crépuscule s'étend et qu'il touche l'horizon. Étant donné que je n'ai laissé aucune marque de vampires sur les cadavres, je sens d'avance que les enquêteurs humains vont s'attacher les cheveux sur l'affaire de l'oiseau tueur. À condition qu'ils devinent qu'il s'agit d'un oiseau, vu qu'aucun mortel ne m'a surpris en pleine action. Ce constat me fait doucement ricaner, ce qui émet un son des plus étrange sous ma forme de rapace.

Quand peu après le crépuscule je me pose dans la volière de mon frère, celui-ci m'attend tranquillement, adossé contre le mur en train de siroter un petit verre de sang. Il me regarde de ses yeux rouges et argent me retransformer, arborant un grand sourire aux lèvres.

Une fois ma métamorphose finalisée, je me dirige vers une chouette tout en époussetant les plumes égarées sur ma veste, puis je la gratouille sous le bec.

- Bonsoir, Lucian, tu as des nouvelles croustillantes ?

-Non pas de récente. Je viens seulement de me réveiller. Par contre, on dirait que tu t'es bien amusé. Je ne sais pas si je devrais te faire une ovation pour avoir en grande partie nettoyé Londres de ses venator, ou te frapper pour avoir laissé tes restes derrière toi.

-Quels restes ? Il y'a juste de nouvelles attaques animales. Je doute que j'aie laissé autre chose que des vagues traces de cyanure et des marques de bec.

-Alors, il me reste que l'ovation, je te sers ? dit-il en désignant la carafe en cristal remplie d'hémoglobine posée à côté de lui.

-Volontiers, c'est quelle sorte de sang ?

-Sang de vierge, mon petit péché coupable.

-Oh ! je n'en ai jamais goûté. Est-ce très différent du sang de prostituée ?

-Eh bien, c'est plus sucré et bien plus dur à chasser. Sinon rien de flagrant. À vraie dire, le sang est bien meilleur quand on le boit à la source, lors de l'extase de notre proie. Mais là, vois-tu, j'ai été pris de fainéantise.

-Humm... me nourrir lors de l'extase, cela m'est arrivé une fois seule fois et c'était avec une vampiresse.

-Explosif n'est-ce pas ? Ce n'est pas surprenant, les vampires sont excellents au lit, à condition d'avoir des penchants masochistes. Pour nos partenaires, nous sommes en général très loin d'être doux et nous avons à pour ainsi dire du mordant. S'il y'a bien un endroit où nous sommes des monstres, c'est entre les draps.

-Tu es un vantard mon frère.

-Non, je suis seulement réaliste, mais je n'ai jamais dit être objectif.

-Et je ne t'ai pas non plus contredit que je sache, mais je n'ai pas forniqué avec assez de vampiresse pour le confirmer.

-Je serais prêt, à miser mon château de Venise, que dans quelques siècles tu seras parfaitement d'accord avec moi.

-Je n'aurais rien de valeur égale à parier avec toi mon frère.

-J'oubliais à quel point tu es jeune. Comme c'est étrange, tu n'as pas l'air perdu, ni de t'apitoyer sur ton sort comme la plupart des novices. Hum, disons que tu me devras un service.

- C'est normal que je ne m'apitoie pas. Malgré le fait que j'ai été transformé sans mon consentement, la morsure m'a sauvé la vie.

-Oh ! ça explique cela. Tu devrais le boire, il va finir par refroidir, dit-il en fixant le verre de sang. À quelle heure, les humains t'on-t-ils donner rendez-vous ?

-Le capitaine n'est pas humain, c'est un cambions. La rencontre doit se passer à deux heures du matin, il me semble. Penses-tu qu'ils ont été prévenus de ta présence mon frère ?

-Non, mais j'ai une lettre de Azzo. Étant également un de ses représentants, j'ai la chance d'avoir un passe-droit. Et pour le sang, ce n'est pas une demande, mais un ordre. Tes yeux sont entièrement rouges, si tu veux aller vadrouiller parmi les mortels, tu as plutôt intérêt à remédier à cela. Ce n'est pas que ça me dérange particulièrement, tes yeux écarlates sont adorables, mais je crains fort que ces idiots d'humains ne prennent peur en découvrant leurs couleurs vives.

-On dirait presque de la drague mon frère, je ne joue pas dans cette équipe-là.

À ses mots, nous sommes pris tous les deux d'un éclat de rire. Lorsqu'il incline sa tête en arrière, je peux voir enfin la boucle d'oreille en forme de dague identique à la mienne qui était cachée par ses longs cheveux d'une blancheur immaculée.

Le fou rire passé, je saisis tranquillement la coupe qu'il me tend. En effet, ce n'est pas transcendant, mais c'est assez bon. À vrai dire, aussi étrange que ce soit, je pense avoir une préférence pour le sang de lycan pour le moment, et puis je trouve cela regrettable de tuer une vierge pour seulement un peu de sang. Tant qu'à se nourrir de ce liquide divin, autant en profiter pour ce débarrassée des raclures de notre société. Je doute que ce soit la mentalité d'un héros avec des crocs, que plus celle d'un survivaliste* mon frère fini par me demander :

-Alors, quel est ton avis, plutôt bon n'est-ce pas ?

-Ce n'est pas ma préférence, mais en effet c'est vrai que c'est plutôt agréable en bouche. Dis-moi, est-il possible que j'emprunte ta douche, je pense en avoir besoin ? Demandé-je en regardant mes bras tout poisseux.
Mon frère me regarde de haut en bas, puis pouffe, c'est avec un sourire amusé qu'il dit :

-Effectivement, sauf si bien sûr tu veux faire mourir de peur la création toute entière. Il est absolument impossible de savoir quelle est la véritable couleur de tes cheveux, tellement ils sont recouverts de sang sécher. Pourtant ton gris cendré est magnifique, c'est dommage.

-Et probablement aussi, tape à l'œil que tes cheveux blancs.

-Pas des plus pratique pour un traqueur je te le concède, mais les teintures gène l'odorat.

Quand un assujetti arrive pour débarrasser la carafe vide, son effluve particulièrement appétissant emplit mes narines. Lorsqu'il passe près de moi, mes mâchoires claquent et mes crocs sortent volontairement juste à côté de son oreille. Le frêle domestique, à un brusque mouvement de recul, trébuche dans le tapis et vient taper sa tête contre le mur en béton. Ce qui a pour conséquence de lui éclater à moitié le crâne. Sous mon air amusé, mon frère a juste le temps de rattraper la carafe avant de me regarder d'un air lassé et finit par dire :

- Drôle, mais mesquin. Tu devrais lui donner la dose de ce mois-ci. Pas besoin de te dire d'où nos esclaves tiennent leurs quasi-immortalités.

-Oui je sais. Du sang de vampire ! finissons-en vite, bois et dépêche-toi dis-je en m'ouvrant le poignet à l'aide de la pointe d'un croc.

-Bien maître. Dis l'esclave en refermant ses lèvres sur la blessure sanguinolent.

Quand ses lèvres chaudes touchent ma peau glaciale, je grimace. C'est très désagréable. Étrangement, je préfère les fois où Azzo m'a mordu. Là, c'est juste dégoûtant et humide. Au bout d'un moment, ne tenant plus sous le calvaire, je lui arrache mon membre en sang, arrosant l'assujetti d'une gerbe de sang et essuie mon bras déjà cicatriser sur mon pantalon et dit à mon frère :

-je pense avoir maintenant une raison supplémentaire de prendre une douche, c'était un enfer.

-Certains vampires aiment nourrir les assujettis, il semble que tu sois à l'antithèse de ça, vu la tête que tu as faite. Sinon, c'est vrai que Azzo t'a donné la permission de pratiquer Amaranthe si tu le voulais ?

-Oui en effet, pourquoi cette question ?

-Voudrais-tu un peu du mien ? Pour me faire pardonner de ce coup fourré.

-Si tu me l'offres sans contrepartie volontiers.

Il enlève la chemise en flanelle qu'il porte, dévoilant un physique assez massif aux muscles digne d'un gladiateur. Sa cicatrice part de sa tempe et va jusqu'à dans son pantalon. C'est une balafre irrégulière qui traverse son torse en diagonale. De la griffe de son pouce, il fait une longue coupure sur sa gorge et d'un sourire il semble me mettre au défi. Soudain, avec un regard tentateur celui-ci me dit :

-Ne fais donc pas tant de manières, nous sommes frère. Aller vas-y, mord moi.

Je hausse les épaules et sans plus attendre, je lèche son écorchure et le mords assez brutalement. Il parait se crisper quand mes canines percent sa peau blanche. Puis, il se détend au moment où je commence à boire. Sur la pointe des pieds, il est bien plus grand que moi. Son hémoglobine à un léger goût ressemblant a de la rose. Vu que je n'ai pas vraiment soif, je bois juste une petite vingtaine de gorgé avant de m'arrêter et lui dit :

-Eh bien, tu as sacrement bon goût Lucian ! si tu veux réitérée l'expérience, ce n'est pas un problème de mon côté.

-À voir, cela ne me gêne pas du tout. Au moins, toi tu es bien plus doux que le seigneur Azzo. La dernière fois qu'il a bu mon sang, celui-ci m'a déchiqueté la gorge. D'ailleurs, j'en ai gardé la marque pendant deux jours !

-Ah oui quand même ! m'exclamé-je, dis-moi, pourrais-tu m'indiquer où se trouve la douche mon frère ?

- Une assujettie va t'y conduire, et ne la croque pas en chemin, s'éclaffe-t-il. Quand tu auras terminé ta toilette, ma fille prendra tes mesures et te confectionnera quelque chose d'adapter.

-Très bien, ensuite nous irons par le ciel. Un fiacre mettrait une éternité à traverser Londres.

-Comme il te plaira. Tu sais, la majorité des vampires jalouse les immortels qui peuvent voler. Je peux comprendre leurs convoitises à notre égard, qui ne rêverait pas d'avoir des ailes.

-C'est certain, de plus liée à l'endurance presque sans borne des vampires c'est des plus jouissif.

-Attend de copuler à trois avec ma fille et moi avant d'utiliser ce terme.

-Tant que personne ne touche à mon séant, j'attends cela avec impatience. Rétorqué-je avec un petit sourire en coin.

-Quelle pruderie mon frère. Dit-il en ricanant à moitié avant de finalement claquer des doigts.

Une esclave blonde, à la peau d'une blancheur nacrée qui rappelle l'écume, fait son entrée et me prie de bien vouloir la suivre jusqu'à une salle de bain. Elle est vêtue d'une robe rouge légère qui souligne ses formes parfaites. Au bout de quelques mètres, nous arrivons devant une porte en bois cloutée. Elle me fait signe de la main d'entrée à l'intérieur et je découvre une salle d'eau à l'ancienne.

Les robinets sont entièrement couverts d'or et le sol de marbre noir est tout bonnement luxueux et décadent. Voilà comment est cette pièce, extraordinaire comme le reste de cette demeure. N'ayant jamais été pudique de toute ma vie, je commence à me dévêtir devant l'assujetti et lui tends mes vêtements. Entièrement maculé de sang, cela n'en dissimule pas moins mon corps musclé et vigoureux.

Quasiment nu, je garde tout de même mon sous-vêtement, et lui dit : -va donc faire nettoyer mes habits, veux-tu ?
Puis je m'installe sur le bord de la baignoire à la taille monumentale. Quand je me rends compte qu'il n'y'a aucune éponge, une vampiresse brune magnifique, très, mais alors très légèrement vêtue passe la porte en portant une bassine et des ustensiles de toilette. Elle commence aussitôt à me laver le dos et je ne fais pas un geste pour l'arrêter. Cela ne semble absolument pas la gêner que je sois totalement nue. Je suis à peine caché par une volute de mousse. Ses mains blanches caressent ma peau et la douce odeur de lavande me faisant planer flotte dans l'air. Malheureusement, je n'ai guère le temps de m'éterniser.

À peine sorti du bain, un autre vampire à l'allure de tailleur prend rapidement mes mesures et m'apporte tout de suite un manteau de lainage noir entièrement brodé de fil gris cendré représentant des oiseaux. Des bottines de cuir noir lacées, ainsi qu'un pantalon de cuir noir à l'apparence très résistante, qui ne ressemble pas à la mode du XIX siècle m'attendent sur une chaise. Je remarque aussi qu'une chemise au col anglais grise anthracite et pendue à un cintre. Aussitôt, j'enfile ces sublimes vêtements et pour compléter ma tenue, le costumier me tend un haut de forme noir avec un ruban gris cendré.

Je n'arrive pas à y croire ! une de mes longues plumes striées est cousue au ruban. Le vampire s'incline, puis disparaît à son tour. Après un dernier coup d'œil dans le miroir, je m'en vais rejoindre mon frère sur la terrasse sans même prendre la peine de me coiffer. La métamorphose, les désordonne de toute façon. Mon cher frangin ne me voit pas arrivé, celui-ci est bien trop absorbé par son verre de sang et le paysage.

Ses yeux arborent la même couleur que le liquide qu'il savoure, c'est lorsque je m'assois dans le fauteuil adjacent du sien, et que mes griffes se posent sur sa gorge en lui entaillant légèrement la chair, qu'il remarque enfin ma présence et me dit :

-Je n'est ressenti aucune hostilité. Tu es très doué et je crois que tu as saisi l'un des points faibles des vampires. Quand on se nourrit, c'est comme si on était ivre... notre vigilance baisse drastiquement pour une créature au sens aussi affûté qu'un traqueur.
Je retire mes griffes dans le plus grand des calmes et lèche les pointes acérées tachées du rouge quasiment noir du sang vampirique. Une fois terminé, je demande à mon frère qui me regarde agir :

-Et si nous y allions ? nous allons finir par être en retard.

-Je te suis mon frère, mais j'ai raison de penser que tu aimes le goût de mon sang, n'est-ce pas ?

-As-tu déjà vu un vampire qui n'aime pas le goût du sang en général ? Ce serait juste absurde.

-Je suis d'accord avec toi sur ce point, mais en vérité, c'est parfois le cas. Mais certains vampires sont dégoûtés par le sang et leur nature vampirique. Cela frise le ridicule.

Je hoche la tête peu convaincue et commence à me transformer. Une fois sous ma forme d'épervier, je me perche sur son épaule tandis qu'il finit enfin son verre en râlant. Je crois qu'il vient de saisir mon message subliminal, exigeant de lui qu'il se presse.

Il pose enfin son verre sur son accoudoir et fonce pour se jeter dans le vide tout en se transformant en pleine chute en un hibou entièrement blanc. Je m'élance à sa suite avec mon plumage en grande partie foncé. La vitesse à laquelle je plonge, j'ai l'impression de devenir invisible, presque éthéré à côté de Lucian, qui lui, se détache dans le ciel nocturne, tel un étendard ou alors un fantôme aux grands yeux d'argent.

Nous valsons sur le vent tel des virtuoses sous la luminescence atmosphérique. Les lumières citadines ressemblent à une consternation de lumière dorée. À notre altitude, les astres solaires nous balais de sa douce lumière protectrice la Lucere* semble nous scruter indifférente de la noirceur de nos âmes.

Cette euphorie dure assez peu de temps, car nous arrivons assez vite à Scotland Yard ou je reprends ma forme humaine rétractant crocs et griffes. Je perche une paire de lunettes aux verres fumés pour cacher mes yeux rougeoyant à la lumière des flambeaux telle une bête apocalyptique, pour paraitre le plus humain possible. Lucian, lui, garde sa forme de rapace prétextant être tristement connu par les créatures de l'imaginarium* à cause du fait que la bête du Gévaudan est en réalité son familier.

Ne voulant pas me prendre la tête avec la réception humaine de la Scotland Yard, je me dépêche de parcourir les tunnels en passant par l'entrée de service. J'arrive devant le seuil et je tapote l'encadrement de la porte des bureaux de la BMS qui est grande ouverte. J'effectue un bref mouvement du menton en direction de mon frère et dis :

-Est-il possible de l'inviter en ces lieux ? Demandé-je poliment.

-Encore un vampire ? Dis le capitaine en haussant un sourcil.

-En effet, il s'agit de mon ainé.

-Tu peux entrer, je doute qu'un vampire de haut rang prenne le risque de nous tuer.

Je passe instantanément la porte, slalomant jusqu'à mon bureau qui est celui situé dans le coin le plus sombre de l'open-space. Mais alors que je suis sur le point de m'assoir, je sens le chef arriver et balancer un Times* avec comme gros titre du jour :

« La faucheuse est parmi nous ».

La photo ajointée est celle d'un des chasseurs que j'ai tués aujourd'hui, le capitaine me dit d'un air lassé :
-il me semble que tu as fait fort cousin, mais dit moi, pourquoi tu as l'air aussi fier de toi ?

-Eh bien, la faucheuse ce n'est pas mal comme surnom. Les mortels ont de l'imagination. Je crois que j'apprécie fort bien le sobriquet qu'ils m'ont attribué, mais comment as-tu deviné qu'il s'agissait de moi ?

- L'article parle de présence de salive et de cyanure dans les blessures. La seule créature qui pourrait avoir une idée aussi insensée que boire l'un des pires poisons du monde et survivre à cela et pour ma part un vampire. Et puis, il n'y a qu'un être aussi dérangé, capable de tuer en plein jour dans cette ville et de surcroit sans aucun témoin et de façon aussi précise. Dit-il en me fixant intensément.

-Je prends ça pour un immense compliments capitaine ! mon frère me dit qu'il va reprendre sa forme et vous dit de ne pas être choqué par cela.
Et mon acolyte décolle enfin de mon épaule, reprenant sa vraie forme. Il s'assoit tranquillement sur l'accoudoir de mon siège quand des cris de stupeur se répandent dans la salle. Mon frère dit juste :

- Auriez-vous l'amabilité de vous taire ou je dois appeler Asul pour le faire à votre place ?

-Le nom de la Bête du Gévaudan est donc "Asul" intéressant, merci d'empêcher ce monstre de dévorer mes hommes. Je serais prêt à parier que vous venez assister votre frère dans sa mission. Dis mon cousin, l'air le moins impressionné du monde.

-En effet, un ordre du maître des loups.

-Je dois vous informer que vous n'êtes pas le seul vampire à rejoindre l'équipe de votre lieutenant de frère.

-Ah oui ? Qui donc, vous piquez ma curiosité, dis-je en jetant un regard intriguer au capitaine. Mon ainé lui désigne le chat noir aux grands yeux bleus sur la cheminé et dit :

-il est déjà là mon frère. Dis-moi Dante, je dois te saluer ou te sauter à la gorge ? dit-il en s'adressant au félin, tandis que Lucian arbore des yeux rougis sous la colère et ses crocs sont pleinement visibles.

Mini lexique
*survivaliste : personne qui se prépare ou essaie d'assurer sa survie personnelle ou celle de son groupe.

*Lucere : vieux terme latin pour parler de la lune, c'est un mot à demi perdu au fil des siècles.

*créatures de l'imaginarium : Être qui qui n'existe que dans l'imagination terme utilisé par les créatures relevant de l'imaginaire des mortels et de leurs fantasmes pour ce désigné elle-même, en réalité ils sont parmi nous, mais chut. 🤐, Car parmi les monstres le moindre faux pas s'y paye au prix du sang...

*The Times : est un quotidien britannique de centre droit fondé en 1785 sous le nom de London Daily Universal Register.

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