Chapitre 13

Une semaine était passée depuis les funérailles de Rin. Une semaine qu'Obito passait tout son temps devant sa tombe, le regard dans le vide, la tête baissée, la gorge sèche, incapable de prononcer le moindre mot. Celles de Kakashi surviendraient quelques jours plus tard...

Ses camarades de promotion avaient tous tentés de lui faire retrouver le sourire, mais personne n'avait réussi. Personne n'avait vraiment le cœur à ça. Rin et Kakashi étaient leurs amis, leurs frères d'armes, leurs camarades, leurs rivaux. Et ils les avaient perdus à jamais. Désormais, seuls quelques mots sur les stèles de pierre grise leurs permettraient de se souvenir de leur sourire.
Celle de Rin était très fleurie, mais ce qui trônait devant son nom n'était pas de nature végétale. Il lui avait laissé ses lunettes orange, celles qu'elle lui avait offertes dans leur enfance. Car avec sa mort, disparaissait aussi sa précédente vie. Elle avait toujours été là, à chaque instant, et plus encore ces derniers jours. Ces quelques instants à partager leur amour commun avaient été merveilleux mais si courts... Son destin si cruel ne l'avait mené qu'à un futur où la mort était présente partout. Son corps n'était pas mort comme celui de Kakashi et de Rin, mais son cœur l'était lui. Sa vie passée s'effaçait peu à peu, laissant les rires de ses deux amis s'échapper dans les airs, rejoignant l'Au-delà.

Une silhouette féminine s'avança à pas lents, un bouquet de fleurs à la main, la mine terne et triste. Elle s'approcha de la sépulture pour y placer la gerbe et prit place à ses côtés, se recueillant elle aussi sur la tombe de la défunte.

- Obito... Promets-moi de ne pas sombrer dans le désespoir..., murmura-t-elle, la gorge nouée.

- ...



Flash-back :



Le soleil perçait à travers les branches des cèdres de la forêt du terrain d'entrainement numéro trois. De nombreux kunaïs et shurikens étaient fichés dans les troncs des arbres feuillus et quatre shinobis discutaient avec entrain de leur entrainement.

- Bien, tu m'as touché, affirma Minato en hochant la tête, satisfait.

- Ooooh ! Tu as réussi à blesser Senseï ! Tu es super fort Kakashi ! s'enjailla Rin en admiration devant le talent de son ami Chûnin.

- Je ne l'ai touché qu'une fois. Ce n'est pas si impressionnant que ça.

- Je... Je peux le faire moi aussi, vous savez ?! s'écria Obito, agacé de l'attitude de Kakashi et de l'admiration que lui portait celle qu'il aimait en secret.

Un poids vint s'écraser sur sa tête, le coupant dans son élan déterminé.

- Nice timing, n'est-ce pas ?

- Ugh !

- Kushina-san ! Ouais ! se réjouit la jeune Kunoïchi en se précipitant à la rencontre de la compagne du blond.

- Vous vous en sortez bien ?

- Uh. Plutôt bien, oui, acquiesça le Namikaze. On était sur le point de faire une pause.

- Ça tombe bien. Regardez, le déjeuner, dit-elle en désignant le panier repas puis en le tendant à la jeune fille. Voici votre commande, c'est spécial Kushina !

- C'est super ! J'adore les repas que vous nous préparez Kushina-san ! Merci !

La femme aux cheveux écarlates en eut les larmes aux yeux avant de prendre dans ses bras la jeune fille et la serrer contre elle à l'image d'une peluche.

- Ooooh !!! Tu es tellement mignonne ! Tu es une si gentille fille Rin, tu sais !

- Ah... Kushina, je crois que tu l'étouffes un peu, tenta Minato en s'approchant.

- Minato, ne sois pas jaloux ! J'ai bien le droit de la serrer dans mes bras alors qu'elle me fait un compliment ! Pff, quel rabat joie franchement, bouda-t-elle sous les rires de la jeune fille.



Fin du Flash-back



- Promets-le-moi Obito... en souvenir de sa mémoire... en souvenir des espoirs qu'elle plaçait en toi... en souvenir du dernier sourire qu'elle t'a fait...

Le brun serra les poings légèrement sous la vague de tristesse qui l'envahit soudain au souvenir du visage de sa petite amie, son amour de toujours.

- ... Je ferai de mon mieux, murmura-t-il finalement.

L'Uchiha sortit du cimetière à pas lents, laissant Kushina se recueillir seule. Qu'allait-il faire à présent ? Ses deux raisons de vivre étaient parties. On les lui avait arrachés sans aucune pitié, laissant un gouffre sans fond à la place de son cœur. Il n'avait plus aucune motivation, plus aucune source de joie, de rire, d'amour. Plus rien.
Etait-ce là le véritable visage du monde ? Le véritable système shinobi ? Avec ces engrenages, ces conflits tous plus inutiles, sanglants et barbares les uns que les autres. Kakashi avait toujours eu raison finalement. Ils ne pouvaient pas exprimer leurs émotions, parce qu'ils n'étaient que des shinobis. De simples armes, de simples pantins dirigés par les seigneurs des pays dans leur quête du pouvoir et les multiples corruptions qui sévissaient. Ce n'était pas la faute des ninjas, ce n'était pas non plus sa faute. Non. C'était la faute de ce système pourri jusqu'à la moelle. Il l'avait réalisé depuis déjà quelques temps, mais refusait de l'admettre tant la vérité le faisait frissonner. A présent, maintenant qu'il avait tout perdu, maintenant que sa vie n'avait plus de but, il ne pouvait nier l'évidence. Les racines de la corruption s'étaient enlisées profondément dans chaque pays, contaminant de leur venin putride tous les influents. Voulait-il devenir Hokage dans ses conditions ? Voulait-il vraiment s'engager dans les rouages politiques aux mécanismes malsains ?

- Obito ! Obiitooo ! s'écria une personne s'approchant de lui à grande foulée, le sortant de ses pensées.

Il s'arrêta pour laisser le temps au shinobi de le rejoindre. La Kunoïchi l'atteignit enfin, le regard déterminé, une petite lueur ravie brillant dans le fond de ses yeux.

- ... Shizune... ? dit-il d'une voix éteinte.

- Obito, il faut que tu viennes à l'hôpital ! C'est urgent !

- Hein ?

- Vas-y je te dis !

- Je n'ai pas vraiment la tête à ça là... rétorqua-t-il en soupirant et commençant à reprendre son chemin. Trouve quelqu'un d'autre. Je ne suis pas médecin-nin.

- Obito !

L'Uchiha ne lui répondit pas, replongeant dans son mutisme et l'ignorant totalement. La brune grogna entre ses dents, agacée par son comportement alors que la nouvelle était extrêmement importante. D'un pas déterminé, elle se précipita sur lui, saisi le col de sa veste de Chûnin et lui colla un baiser sur sa joue. Le jeune homme écarquilla les yeux de stupeur avant qu'elle ne s'écarte, le regard vif, prête à se faire entendre.

- Qu'est-ce que... ?!

- J'utilise les moyens du bord pour que tu m'écoutes et que tu fasses ce que je te dis, le coupa-t-elle vivement. Va à l'hôpital, c'est important. Vraiment.

- Mais qu'y a-t-il à la fin ? s'agaça-t-il.

- ... Kakashi... il est vivant.

- Kakashi... ?!

Sans attendre, il se rua dans l'allée principale de Konoha, courant aussi vite qu'il le pouvait sans prendre le temps de faire attention à ne pas bousculer les passants.

- Eh ! Tu pourrais au moins me remercier de t'apporter la nouvelle ! entendit-il Shizune se plaindre en criant.

- Merci Shizune ! s'écria-t-il en s'éloignant de plus en plus.

Son cœur battait à vive allure. Kakashi était vivant ! Son meilleur ami n'avait pas péri sous les coups de l'ennemi ! Il allait le revoir ! Il n'était plus seul !

Il courrait de plus en plus vite, le vent fouettant sur son visage qui reprenait des couleurs, le regard emplis d'espoir. Quelques instants plus tard, il arriva précipitamment devant la porte de l'hôpital et s'y engouffra sans prendre le temps de laisser passer ceux qui en sortaient.

- Hatake Kakashi, quelle chambre ? demanda-t-il avec empressement sans même saluer les gérantes de l'accueil.

- Hatake... Hatake... Ah oui, le shinobi qui s'est réveillé de son profond coma il y a quelques heures, réfléchit-elle en parcourant les données de l'hôpital. Chambre 215.

- Merci.

Obito reprit sa course folle, ignorant les cris de protestation des infirmières qui lui rappelaient l'interdiction de courir dans le bâtiment. Il monta les escaliers quatre à quatre puis traversa un long dédale de couloir, regardant les numéros rapidement, pour finalement arriver à la porte qu'il cherchait. Chambre 215. Patient : Hatake Kakashi.
Il s'arrêta et souffla un peu, reprenant sa respiration. Il se releva et fixa la poignée. Il était là, juste derrière cette porte. Sûrement perdu et désorienté. Ne sachant ce qui s'était passé à la fin de cette mission. Ne sachant si Rin avait été sauvée ou non.
D'un geste tremblant, le brun fit coulisser la porte et son regard se fixa immédiatement sur une silhouette, assise sur son lit, le visage tourné vers la fenêtre ouverte, les cheveux voletant souplement au gré de la brise de cet après-midi.

- Kakashi... murmura-t-il, les yeux vitreux sous l'émotion. Kakashi... Kakashi... !

Son ami se retourna, plongeant son regard onyx dans le sien, son masque absent de son visage angélique. Il était là. Il était bien vivant.

- Kakashi... ! sanglota Obito en se précipitant vers lui pour le serrer dans ses bras. Kakashi... ! Tu es là... ! Tu es bien là... ! Tu n'es pas mort... !

Le shinobi argenté eut un petit sourire et répondit à l'étreinte du brun qui pleurait à chaudes larmes, incapable de retenir ses émotions malgré la promesse qu'il s'était faite.

- ... Oui... Je suis de retour, Obito, lui répondit-il d'une voix douce.

- J'ai eu si peur... ! J'ai cru que je t'avais perdu pour toujours... ! gémit-il.

- On ne me tue pas aussi facilement, répondit-il avec un rire léger.

- Mais je t'ai ramené du champ de bataille, je ne sentais plus ton pouls... ! Ton cœur bat bien au moins... ? reprit-il en posant son oreille sur la poitrine du jeune Ninja Copieur pour vérifier.

- Ne t'inquiète pas, tout va bien maintenant. C'est fini. Je suis bien vivant.

- Oui... tu es vivant... soupira-t-il de bonheur en fermant les yeux, les larmes roulant encore sur ses joues, écoutant le rythme régulier et rassurant.

Son meilleur ami esquissa un léger sourire en frottant doucement de manière réconfortante une main sur le dos du brun, sa tête reposant sur son torse.

- Le poison qui s'est disséminé dans mon corps avait considérablement ralenti mon rythme cardiaque, c'est pour cela que tu ne l'avais pas senti. Les médecins-nin m'ont opéré pour extraire le fragment de lame qui s'était introduit dans mes vaisseaux sanguins et qui se dirigeaient vers mon cœur. Ils m'ont ensuite extrait le poison. Si tu ne m'avais pas ramené à temps, je serais mort à l'heure qu'il est.

Il sentit la prise du brun se raffermir sur sa tenue d'hôpital qui se mit à trembler légèrement. Son haut s'humidifia par les larmes qui ne cessaient de couler sur le visage de l'Uchiha. Ils restèrent quelques instants ainsi, silencieux, laissant leurs émotions s'exprimer, heureux de se retrouver après la terrible mission qu'ils avaient eu à remplir.

- Nee, Obito... Et Rin... ? interrogea finalement Kakashi dans un murmure.

Le Chûnin releva la tête, se dégageant de la douce chaleur du torse de son ami, essuya d'un revers de sa manche les traces de ses larmes, et baissa les yeux, le regard triste et douloureux en serrant les poings. Le silence du jeune homme fut révélateur.

- ... C'est de ma faute... Si j'avais été un bon commandant, un bon Jônin, elle serait encore parmi nous, se reprocha-t-il en fermant les yeux, les sourcils froncés par la culpabilité et la colère.

- Ce n'est nullement ta faute, Kakashi, le coupa Obito en secouant négativement la tête. Elle s'est interposée pour nous sauver. C'est elle qui a choisi de nous protéger.

- Mais si j'avais réussi à veiller sur elle plus tôt, elle ne se serait pas fait enlever ! rétorqua-t-il. Il n'y aurait jamais eu de problèmes et nous aurions pu rentrer au village tous les trois sains et saufs ! C'est de ma faute..., termina-t-il dans un murmure plaintif, en se prenant la tête entre les mains.

- Nous ne pouvions rien faire dans notre situation, Kakashi. Nous avions plusieurs ninjas de Kiri sur nous et nous devions éviter de nous faire tuer. Nous n'avons rien pu faire car nous n'étions pas en mesure de faire quelque chose.

L'argenté ne lui répondit pas, les yeux toujours plissés, et les lèvres pincées, face aux reproches qu'il se faisait mentalement.

- Mais... en revanche, si Minato Senseï avait été présent... Peut-être que les choses auraient pu être différentes grâce à son Hiraishin.

- ... Je ne suis pas assez fort...

- Ce n'est pas ce que je voulais dire, Kashi. Mais Minato Senseï aurait été d'une grande aide, c'est vrai.

- ...

- Néanmoins, je peux comprendre ta colère, ajouta-t-il en fermant les poings. Je me suis senti si impuissant en vous voyant mort tous les deux sous les coups des ninjas de Kiri.

- Les ninjas de Kiri... Que sont-ils devenus ? Comment as-tu fait pour leur échapper ?

- ... Je les ai tous tué. Jusqu'au dernier, répondit-il la mine sombre. C'était un véritable massacre. Un bain de sang. J'ai senti en moi un pouvoir bien plus grand encore que ceux de mon oncle Fugaku. Je n'ai pas cherché à comprendre sur le moment. Je voulais déchainer ma rage sur ces êtres nuisibles, en vous vengeant.

Kakashi le regarda, éberlué. Obito, le si gentil jeune homme, un peu maladroit, toujours en retard, profondément amoureux de Rin, devenir un monstre sanguinaire capable de décimer entièrement toute une escouade de shinobis adverses ? Comment était-ce possible ?

- Je sais... Je te dégoûte, pas vrai ?

- Non, non. C'est juste que... Enfin, je n'aurais jamais pu imaginer cela venant de toi.

- Hm...

- Quel est ce nouveau pouvoir dont tu m'as parlé ?

- Je ne sais pas vraiment... Je l'ai ressenti juste après la mort de Rin. C'est au niveau de mon Sharingan, je crois. Quelque chose a changé.

- Comment as-tu réussi sans Ninjutsu ?

- Je n'ai usé que de ma pupille, faisant apparaître de multiples blocs de pierre anthracites qui les ont écrasés, ou en faisant disparaître certains de leurs membres, il me semble. Je t'avoue que ce passage est un peu confus dans ma tête. Et vu l'atrocité de la scène, je n'ai pas spécialement envie de m'en souvenir.

- Oui, je comprends. Il faudra quand même en parler à Minato Senseï, peut-être qu'il saura t'aider. Si ce pouvoir se révèle être très puissant, il te sera grandement utile pour t'améliorer et tu pourras peut-être même devenir Jônin comme moi, termina-t-il avec un petit sourire.

Obito le regarda et lui rendit le sien, un peu gêné, mais reconnaissant de voir que son ami ne réagissait pas mal en apprenant ce qu'il avait fait.

- Obito... ?

- Hm ?

- ... ça va aller... ? lui demanda Kakashi, soucieux. Pour Rin...

- ...

- Je n'aurais pas dû poser la question...

- Non, c'est bon, ne t'en fais pas.

Il marqua une courte pause et soupira.

- Je ne te cache pas que chaque jour est une véritable torture. Tout me fait penser à elle, à ce que nous avons vécu, à ses rires, à ses baisers... J'ai l'impression de l'entendre tout le temps, je m'attends à la voir surgir à chaque instant... alors qu'en fin de compte ce n'est que le fruit de mon imagination...

Kakashi baissa le regard. Rin lui manquait à lui aussi et il s'en voulait terriblement, bien plus que ce qu'Obito pouvait penser. Le brun n'était pas au courant, mais lui savait que Rin était morte à l'époque dans laquelle il était allé. Il savait qu'il devait la protéger et que sa vie allait être menacée pendant la Troisième Grande Guerre Ninja, et pourtant... il avait échoué, lamentablement. Aucun des mots de son ami ne pourrait lui ôter le poids de la culpabilité et le goût amer que lui laissait la mort de Rin. Malgré ses quelques connaissances qu'il avait acquises sur son futur, et sur celui de ses coéquipiers, il n'avait pas pu changer son destin tragique.

- Je suis désolé... murmura-t-il.

- Arrête Kashi, le sermonna Obito avec un petit sourire triste. J'étais encore plus désespéré lorsque j'ai vu que tu étais parti aussi, mais à présent, ma peine a diminué de moitié si je puis dire. Je suis heureux que tu sois vivant Kakashi. Tu sais que je n'ai jamais eu de réelle importance aux yeux de ma famille, enfin de mon clan, et que mes parents sont décédés, tout comme ma grand-mère il y a quelques années.

- ... Uh...

- Notre rapprochement depuis ton retour de Rôran m'a fait extrêmement plaisir, je ne sais pas si tu le réalises. Nous nous sommes beaucoup rapprochés en peu de temps, compensant toutes ces années où nous passions le plus clair de notre temps à nous disputer, dit-il avec un petit rire las. Je veux que tu saches que tu comptes énormément pour moi, autant que Rin. Tu es comme un frère pour moi, ajouta-t-il en posant un regard plein de chaleur sur lui.

- Obito... dit-il d'une voix émue.

- C'est pour ça que ta mort était quelque chose d'impensable, d'inimaginable. Je ne pouvais pas te perdre toi aussi alors que Rin venait de mourir sous nos yeux. Tu es le dernier pilier qui me reste avant de sombrer dans la folie. Celle-là même qui m'a consumée avec les ninjas de Kiri.

Le cœur de Kakashi se serra sous l'émotion en entendant les paroles de son meilleur ami et il le serra dans ses bras aussi fort qu'il le pouvait, laissant une petite larme couler sur sa joue démasquée.

- Je serai toujours là pour toi, Obito. Tu es mon meilleur ami et je ne supporterai pas de te perdre moi non plus, chuchota-t-il, une boule se formant dans sa gorge. La seule raison pour laquelle je suis heureux aujourd'hui, c'est de savoir que j'ai au moins réussi à te sauver. Comment aurais-je pu vivre en vous ayant perdus tous les deux ?

Comment aurait-il pu en effet ? Comment son double du futur avait-il pu vivre avec tant de perte autour de lui ?



Flash-back :



- Tu ne sais pas ce que ça fait... Tu ne connais que la mort d'Oto-san... Tu ne peux pas savoir... Tu ne peux pas connaitre cette peur qui t'envahit quand tu t'attaches à quelqu'un et que tu ne redoutes qu'une chose... que cette personne disparaisse de ta vie... comme toutes les autres... comme à chaque fois...



Fin flash-back



Il le savait à présent. Il savait ce que l'autre Kakashi avait voulu lui expliquer lors de leur discussion devant la stèle des héros suite à la confession de Sakura. Cette peur, cette horreur, ce désespoir, ce sentiment de culpabilité. Il les connaissait à présent. Mais il connaissait également une chose que son double n'avait jamais pu connaitre. La joie de retrouver un frère.



Quelques heures plus tard



Les deux shinobis avaient passé le reste de l'après-midi à discuter et à passer en revue tous les souvenirs de leur équipe et de la présence de la jeune Kunoïchi brune partie trop tôt. Sa mort était un véritable drame pour eux, une plaie qui ne se refermerait jamais, mais le bonheur de s'être retrouvés dépassait en ces instants cette immense peine. C'était un rayon de soleil parmi la douleur qui enserrait leur cœur.

Un vent léger traversa la chambre de l'hôpital tandis que les deux amis discutait de la guérison du futur ninja aux mille techniques.

- Minato Senseï ! s'exclama Kakashi.

- Je suis heureux de voir que tu es de nouveau sur pieds, Kakashi.

- ...Uh... De justesse, mais je le suis, grâce à Obito.

- Je suis désolé pour Rin... J'aurais dû être présent, j'aurais dû au moins vous accompagner... Mais le Sandaïme m'a convoqué pour une mission d'une grande importance...

Le blond marqua une pause, les sourcils froncés par la culpabilité de n'avoir pas pu sauver sa troisième élève.

- Vous savez que quelques ninjas des pays voisins comme celui d'Iwa sont encore revêches et refusent le traité de paix que le Sandaïme a conclu avec le Tsuchikage. Sarutobi-sama a démissionné et m'a confié la responsabilité du village. Je suis le Yondaïme Hokage à présent.

- Félicitations Minato Senseï! Euh non, Yondaïme, se corrigea le jeune Ninja Copieur.

- Vous pouvez m'appeler comme avant. Après tout, certains au village pensent que je ne suis pas encore en mesure d'endosser de telles responsabilités efficacement.

- Senseï... ?

- Oui ?

- C'est la fin de notre équipe, n'est-ce pas... ? interrogea Obito dans un murmure.

- ... Nous formerons toujours une équipe Obito. Même si Rin n'est plus parmi nous, même si vous ne la voyez plus, elle nous accompagne dans chacun de nos pas parce qu'elle est ici, compléta-t-il d'une voix douce en touchant le cœur de ses deux élèves. Elle sera toujours là pour veiller sur vous et vous voir grandir. Je suis sûr qu'elle ne peut qu'être fière de ce que vous êtes devenus et de l'amitié qui vous lie désormais.

Les deux amis baissèrent les yeux, le regard douloureux emplis du souvenir de la mort de Rin.

- J'aimerais que vous intégriez chacun un service particulier de notre village car vous serez tous les deux mes bras droits.

- Un service particulier ? souligna l'argenté.

- Uh. Kakashi, j'aimerais que tu intègres l'ANBU. Quant à toi Obito, parce que ta maitrise du Ninjutsu n'est plus possible seul, j'aimerais que tu intègres la police de Konoha dont ton oncle est le commandant en chef.

Ils acquiescèrent non sans surprise sur leur visage, avant de se lancer un regard en coin.

- Qu'y a-t-il ?

- Nous voulions vous parler de quelque chose, Minato Senseï.

- Quoi donc ?

- Pendant cette mission contre Kiri, après la... après l'incident, j'ai développé un nouveau pouvoir au niveau de ma pupille, mais j'en ignore totalement la nature. Je voulais vous demander si vous aviez quelques informations à ce sujet.

- ... Un changement au niveau de ton Sharingan ?

- Uh.

- Eh bien, le mystère de ces pupilles a toujours été très bien gardé par ton clan. Mais tu sais bien sûr que les Sharingans se développent après une émotion forte que ressent un Uchiha. Peut-être que lorsque vous êtes témoins d'une scène qui est susceptible de vous marquer à vie, vous développez un nouveau pouvoir ?

- ... J'en ai eu l'impression.

- Il faudra que tu demandes à Fugaku. Il est le mieux placé pour le savoir après tout.

- ... Uh...

Le blond baissa légèrement le regard en proie à la réflexion. Son ami d'enfance, Fugaku, lui avait expliqué la face obscure de ce Dôjutsu ainsi que la nouvelle habilité que les Uchiha développait lorsqu'ils assistaient à la mort de l'être qui leur était le plus cher, mais ce n'était pas à lui d'annoncer à Obito qu'il avait connu le triste et cruel pouvoir du Mangekyou Sharingan. Comment pourrait-il lui annoncer que la mort de Rin était responsable de ce changement ?
Minato les salua et partit de l'hôpital, les laissant se reposer après le choc des émotions de ces derniers jours.

- Nous ne serons plus ensembles du coup, souligna Obito avec un petit sourire triste.

Kakashi ne répondit pas tout de suite, son visage reflétant la peine qui l'envahissait peu à peu. Minato Senseï ne les avait pas séparés sans raison véritable, autre que l'incapacité de maîtrise du Ninjutsu par le brun du moins. Non, il avait très certainement voulu les empêcher de ressasser les souvenirs terribles de cet incident et apaiser cette douleur qui disparaîtrait difficilement avec le temps, chose qui n'aurait pu être le cas en se côtoyant sans cesse, rappelant à chaque instant l'absence de la jeune fille brune.

- Je serai toujours là pour toi, Obito. Même si nous ne sommes plus dans la même équipe, même si nous ne travaillons plus ensemble. Je serai là.

Obito lui sourit chaleureusement et lui tendit son petit doigt pour lui prendre le sien, en signe de promesse.

- On sera toujours ami quoi qu'il se passe. Nous formerons toujours l'équipe Minato, en souvenir de Rin.

- En souvenir de Rin, acquiesça-t-il.

- Promis, dirent-ils en chœur.

Un doux alizé s'engouffra à travers la fenêtre de la chambre, transportant un doux arôme floral, si semblable à celui d'une Kunoïchi brune, scellant leur promesse à jamais.



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