6

Je suis assise sur un rondin, scrutant le coucher de soleil derrière les arbres. Un ami de Raphaël nous joue des airs de guitare pendant qu'une fille blonde aux cheveux mi-longs nous chante des paroles en anglais. L'air est encore bon, les soirs d'étés sont les plus agréables. Le feu crépite, je fais chauffer mes chamallows, des groupes d'amis discutent, certains rient fort, des filles dansent (dont Lucie).

Je porte une robe courte, bleu cyan, avec des baskets blanches. Mes cheveux coupés aux épaules sont simplement lissés.

Je me sens comme déconnectée. Raphaël me rejoint :

— Salut, Lyane. Tu vas bien ?

— Oui, je me sens juste bizarre. je lui souris, me lève pour mais je dois toujours lever le visage pour le regarder dans les yeux. Tu ne trouves pas ça étrange de faire la fête alors qu'il nous arrive tout ça ?

— Si, j'ai l'impression qu'il manque un truc. Viens, on va marcher un peu.

On se dirige vers la petite forêt juste à côté, cet endroit me rappelle beaucoup ma sœur, mon cœur se resserre à sa pensée.

— Ce n'est pas pour moi les fêtes.

Je le fixe du regard, étonnée :

— Pourtant... Tu allais à des soirées avec Eléonore.

— Oui, j'y allais pour elle. Je ne suis pas si sociable que tu le penses, Lyane. Je suis même plutôt solitaire et réservé...

— C'est bien le contraire d'Eléonore.

— Oui, mais cette fille... Elle était adorable. Les contraires s'attirent, non ? C'est cliché comme phrase, mais ça marchait vraiment entre nous.

— Elle me parlait de toi, parfois.

— Vraiment ?

— Oui, je ris. Même que j'en avais marre, j'étais jalouse. Vous aviez l'air si heureux, j'avais l'impression que ça ne pourrait jamais m'arriver.

— Ne t'inquiète pas, l'amour vient à point à qui sait attendre.

Je ris, me tape le front du la paume de ma main et m'exclame :

— Arrête avec tes expressions déformées là ! En plus j'ai beau attendre, il se passe rien !

— N'y pense plus. La famille et les amis sont les plus importants...

— La famille, sérieux ?

— Pardon, je... suis désolé, je voulais pas.

— C'est pas grave.

J'observe son visage coupable, et émets rire.

— Fais pas cette tête, c'est pas grave j'te dis !

— Je m'excuse, pardon, pardon, pardon, pardon. Désolé.

Il explose de rire et je le rejoins rapidement. Il a l'air ridicule avec ce visage désolé.

— Eléonore avait de la chance de t'avoir.

— C'est moi qui en ai !

— Elle était comment avec toi ?

— Eh bien... Elle était angélique, super gentille. Toujours prête à apprendre, à tester de nouvelles choses, très attentive quand je parlais. Elle m'entraînait beaucoup dans des soirées.

Il a l'air tellement amoureux quand il parle d'elle, je comprends qu'il puisse souffrir lui aussi de sa disparition.

— Elle était très maniaque, elle s'amusait à ranger ma chambre tout le temps. Ça m'énervait parfois, puis elle faisait une bouille adorable et je me calmais. Elle était impulsive aussi ! Elle s'énervait beaucoup et très facilement, surtout au lycée. Il y a beaucoup de filles, ouais surtout des filles, qu'elle méprisait. Mais j'aime autant ses défauts que ses qualités.

Ça me fait mal qu'il parle d'elle au passé.

— T'as l'air vachement amoureux.

— Mh... Un mois sans elle c'est dur, hein.

On s'assoit à côté contre un arbre.

— Lyane ?

— Oui ?

— J'ai peur de ce qui a pu ou peut lui arriver.

— Moi aussi.

Ma main trouve la sienne, en signe de réconfort.

— Tu penses, comme ton amie, qu'elle est partie d'elle-même ?

— Ça m'étonnerait. Elle n'a aucune raison de partir, et je continue de penser qu'elle m'en aurait parlé.

— Peut-être qu'elle était malheureuse mais le cachait. Peut-être qu'elle ne m'aimait plus, donc elle ne m'en a pas parlé. Ça m'inquiète.

— Non... Elle t'aimait, fais-toi confiance.

— A notre dernière soirée, je t'avais dit qu'on s'était disputé avant qu'elle parte.

— Oui ?

Il lâche ma main, regarde le ciel, et raconte :

— Elle avait l'air assez préoccupée, elle buvait plus que d'habitude. Tu penses qu'elle voulait oublier quelque chose ?

— Je n'en sais rien... Peut-être.

— Puis elle m'a fait une crise de jalousie parce que j'ai parlé à une ou deux filles, ce n'est vraiment pas son genre. Si ça se trouve, elle cherchait un prétexte pour me fuir, finalement. Quand j'y repense, c'est bien possible...

— Il faut prendre en compte tous les indices. Donc oui, tout est possible.

Je soupire, et sens quelques gouttes de pluie. Nous décidons donc de rejoindre les autres. Lucie arrive en courant près de nous :

— Il va beaucoup pleuvoir, du coup on range tout. Désolée que ça n'ait pas duré longtemps.

Raphaël et moi sourions, en lui affirmant que ce n'est pas grave. Puis il ajoute :

— En plus, j'ai mon BAC à réviser.

— Oh ! C'est vrai, tu n'es pas en vacances, toi ! je m'exclame.

— Et oui, et c'est la semaine prochaine en plus.

— Bonnes révisions alors.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top