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— Je n'ai pas arrêté de penser à cette fête de toute la journée ! s'exclame Lucie en se brossant les cheveux devant le miroir. Ça va être trop bien, j'espère que Célestin m'invitera à danser !
— Au pire c'est toi qui l'invites, répliqué-je en posant une couche de mascara sur mes cils.
— Oui, mais ce n'est pas pareil... J'ai trop hâte quand même ! En plus sur l'affiche ils ont mis « buffet gratuit à volonté ».
— Oui, c'est trop bien !
Lucie et moi sommes en train de nous préparer pour la soirée du camping, ils en organisent une tous les mercredis soir, de dix-huit heures à minuit, mais il est possible d'arriver et de repartir quand nous le voulons. Tout le camping est donc invité à passer la soirée à faire la fête en extérieur. Lucie a absolument voulu y aller, donc nous avons accepté, de toute manière que pourrions-nous faire d'autre avec tout le bruit que ça fait.
— Lucie... J'aurais tellement aimé qu'Eléonore soit là... déclaré-je en fixant les murs beiges.
Mon amie pose ses mains sur mes épaules et plonge son regard dans le mien.
— Eh, ça va aller. Elle te regarde d'en haut, et elle est fière de toi, j'en suis persuadée. Profite à fond de chaque instant ici, n'y pense plus, elle ne t'en voudra pas, c'est certain. Alors, enfile ton plus beau sourire, et amuse-toi ce soir. Ne pense plus à rien.
— Tu as raison, marmonné-je en esquissant un sourire forcé.
Et nous terminons de nous préparer en discutant de tout et de rien.
L'heure est venue, je porte une robe courte noire, tout simplement, Lucie elle, ses cheveux aux boucles naturelles retombent à la perfection sur sa robe bleu marine. Raphaël, quant à lui, est simplement vêtu d'une chemise noire avec un jean de la même couleur. Nous avançons, tous les trois, vers le centre du camping, éloigné des mobil-homes, où a lieu la fête.
Lorsque nous arrivons sur place, je balaye le lieu du regard à notre gauche, l'espace de restauration, avec de nombreuses tables et chaises, et un grand buffet en préparation. Des haut-parleurs démarrent la musique, pas trop fort, qui est prêt à danser à dix-huit heures ?
Lucie saute sur place puis se met à courir, je me rends compte peu de temps après qu'elle a remarqué Célestin et ses deux sœurs, accompagné de Flavien. Raphaël me lance un coup d'œil, puis me demande :
— Tu penses que ça serait une bonne idée que je lui parle de ma peur de l'abandon ? Il pourrait voir qu'il n'est pas seul...
— Oui, c'est une très bonne idée, acquiescé-je en souriant.
Nous rejoignons donc nos amis, Célestin, habillé d'un short en jean avec un t-shirt blanc, nous fait une révérence. Eugénie tourne sur elle-même faisant voleter ses cheveux et son élégante robe blanche, Amanda, bat des cils en regardant ailleurs. Pour finir, Flavien a les mains dans les poches de son jean, souriant légèrement. D'ailleurs, il nous demande :
— Comment ça va ?
J'échange un regard étonné avec Raphaël et Lucie, puis décroche un sourire et répond :
— Ça va super, et toi ?
— Très bien, je me demande bien quelles musiques nulles ils vont encore passer, ce soir.
— Ne sois pas pessimiste, lui lance Eugénie en levant les yeux au ciel.
— C'est bon, je rigolais, réplique-t-il en lui donnant un coup de coude amical.
Amanda nous souhaite bonne soirée et court vers un groupe de personnes, faisant voleter sa robe derrière elle.
De plus en plus de monde arrive au fil du temps, nous nous dépêchons donc de trouver des places assises pour ne pas se retrouver sans table pour manger. Lucie s'assoit en face de Célestin et à ma droite, tandis que Raphaël est à ma gauche, en face de Flavien. Ma meilleure amie discute avec Célestin, mais je ne les écoute pas, préférant me concentrer sur les garçons, et Eugénie.
— Tu vas souvent dans des soirées ? demande Raphaël à Flavien.
— Dans le camping, oui parce qu'on est un peu forcé, sinon impossible de dormir avec le boucan que ça fait. Sinon de temps en temps, quand l'envie me prend je peux sortir.
— Et on peut dire qu'il n'en a pas souvent envie, commence Eugénie. C'est comme ses humeurs, ça...
— Oui, m'enfin bon, ce n'est pas important. Et vous, vous sortez souvent ? Vous êtes en couple ?
Nous explosons de rire, après sa remarque, en couple, quelle idée... Je secoue la tête puis essaie de me reprendre :
— Non, pas en couple. Et non plus on ne sort pas souvent. On n'est pas très soirée, nous deux, contrairement à ma sœur qui... Lucie par contre aime bien sortir, mais elle se retient parce qu'elle n'aime pas y aller seule.
— Il y a peu de temps, on a organisé une fête pour collecter de l'argent, c'était plutôt cool en vrai.
L'image de mon slow avec Nicolas, de ses paroles, de son baiser, tout me revient en tête aussi brusquement qu'une grande vague qui viendrait essayer de tout détruire. Je perds mon sourire, pourquoi sommes-nous tous si maladroits dans nos paroles ? Un rien peut me faire basculer sur une humeur négative. Je me redresse, me mords la lèvre, puis essaie de ne rien laisser transparaître. Eugénie pose ses coudes sur la table en bois, puis demande :
— Pour quelle cause ?
— Ça n'a pas d'importance, balayé-je en secouant la tête.
Je me lève, sous leurs regards étonnés, et décide d'aller choisir à manger au buffet, histoire de penser à autre chose.
Une heure plus tard, mon esprit s'est apaisé, et nous voilà décidons de troquer la pause repas contre un peu d'amusement, et rejoignons les autres personnes déjà en train de danser, dans le rire et la bonne humeur. D'ailleurs, Flavien a l'air de bien s'amuser, et de mieux s'entendre avec nous. Ce changement soudain m'a un peu perturbée, mais au final il peu se révéler très gentil.
Dans les environs de vingt-deux heures, la musique devient si forte que je l'entends battre dans mon cœur, mais ça m'empêche de penser, et ça fait du bien. Je me sens libre et légère, dans ma robe d'été, en train de danser comme s'il n'y avait personne autour. Les lumières des grandes guirlandes s'allument soudainement. Les guirlandes entourent les nombreux arbres qui nous entourent, c'est merveilleux à voir. Je ne peux retenir un sourire en voyant ce merveilleux tableau se dévoiler sous mes yeux. Les milles lumières scintillent partout autour de moi, dans une splendide danse endiablée. Je lève le visage vers le ciel noir d'encre, me sentant bien dans cette féérie, tout me paraît irréel en cet instant. J'ai l'impression d'avoir décroché de la réalité, d'être partie dans une autre dimension ou tout n'était plus que beauté et magie. Quelqu'un me prend la main, puis je tourne mes yeux vers Raphaël, qui m'offre un sourire à tomber. Une larme d'émotion coule le long de ma joue, qu'il s'empresse d'essuyer avec son pouce.
— Ça va aller, me murmure-t-il. Ça ira toujours.
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