27

Voici à peu près une heure que la fête a commencé. C'est une après-midi ensoleillée, donc les gens sortent sur la terrasse de la salle des fêtes. Il y a pour l'instant une cinquantaine de personnes, et j'en suis ravie, ça commence bien.

Les gens ont commencé à venir à partir de treize heures trente, et tout sera fini à vingt-trois heures. Les gens peuvent partir et revenir dans l'après-midi s'ils ont toujours leur ticket. En ce début, il y a plutôt des parents avec enfants, qui viennent, voir même quelques personnes âgées.

La musique envahit la salle, faisant danser des personnes. Ce sont des connaissances à Raphaël sur scène, ils jouent et chante super bien. Je me ballade dans la salle pour aller voir les personnes, et les remercier de leur venue, leur dire que ça me tient vraiment à cœur. Beaucoup me soutiennent dans cette histoire, certains me lancent des « N'abandonne pas, tu es forte, tu retrouveras ta sœur. ». Ça me fait sourire et me rappelle que je ne suis pas seule, je pensais vraiment que personne ne se souciait de cette disparition, mais j'avais tort, en partie.

Je rejoins Lucie et quelques-uns de ses amis de seconde, ma meilleure amie est déjà en train de danser comme si elle était seule au monde.

— Bonjour, Lyane, on est tellement désolées pour ta sœur, chérie, déclare une blonde à la voix haut perchée.

— Ouais, trop. Tu peux traîner avec nous plus souvent, si tu veux. On pourra même t'aider à la retrouver, pouffe une autre.

— Ça ira, merci, répliqué-je. Je n'ai pas besoin de votre aide.

— Les filles, laissez Lyane tranquille avec ça, intervint Lucie, en parlant fort pour se faire entendre. Je pense qu'elle en a marre qu'on lui répète ce genre de chose, depuis toute à l'heure.

— Ah oui, glousse la blonde de toute à l'heure. Désolée, chérie. Viens danser.

Elle me prend les mains et m'entraîne danser avec elle, tandis que je fais mine de pleurer devant Nicolas qui me regardait. Je vois celui-ci arriver vers nous, et je laisse échapper un soupir de soulagement.

— Les filles, excusez-moi, pardon. Merci. Je viens de demander un slow aux chanteurs, là-bas, déclare-t-il en montrant la scène du doigt. J'aimerais récupérer ma copine, merci, c'est très gentil.

Je fronce les sourcils, en laissant échapper un petit rire, la blonde lâche enfin mes mains. Au passage, je glisse à Lucie :

— Explique-moi comment tu peux être amie avec elles ?

— Ce sont elles qui m'ont adoptée, sorry.

Je soupire, puis rejoins Nicolas, et lui confie à l'oreille :

— Rassure-moi, t'as pas demandé un slow.

— Non, princesse, je te rassure. Je le réserve pour la fin de soirée, si tu veux toujours danser avec moi. Décidément, ta robe te va à ravir.

— Merci, très cher.

Il attrape ma main, et m'emmène près du buffet en courant, et commande deux verres de thé glacé.

— Un euro, s'il vous plaît.

J'arque un sourcil puis lève les yeux au ciel :

— Eh, c'est moi, Lyane, on avait dit gratuit pour nous, tu te souviens ?

— Ah oui ! Excuse-moi.

Le serveur, fils du maire, nous sert finalement deux verres. Nous allons donc nous installer sur la terrasse pour discuter, nous nous asseyons sur deux fauteuils côte à côte.

— T'aimes aller en soirée ? me demande-t-il.

— Bah, pas tellement, mais là c'est pour la bonne cause, puis c'est un clin d'œil à Eléonore, qui adorait sortir.

— Ah... Je vois. Dis-moi, c'est quoi ton rêve dans la vie ?

— Mon rêve dans... ? Je... Bah... Aucune idée, je n'y ai jamais vraiment réfléchi.

— Pourquoi ?

— Peut-être que je n'avais et n'ai pas le temps de penser à moi...

— Oh, dur... Je te promets, que je t'aiderais à trouver un rêve, et à le réaliser.

Je lui offre un sourire reconnaissant, même si je suis sûre que ça ne m'aidera pas. J'ai toujours vécu au jour le jour, je n'ai jamais pensé à mon avenir, ce que je ferai plus tard... ça ne m'a jamais attirée, je préfère avoir des surprises, mais bien sûr, en seconde les profs ont fait que de nous en parler : « Réfléchissez à un métier, sachez quoi faire comme études... ». Je déteste qu'on me presse à choisir quelque chose, et dans tous les cas, mieux vaut rester enfant que devenir adulte, je trouve.

— Et toi, demandé-je. Quel est ton rêve ?

— Voyager. Je veux beaucoup voyager. J'y accorde beaucoup d'importance car découvrir de nouveaux lieux, c'est comme découvrir une nouvelle facette de soi-même. Quand je pars loin, je change, je grandis mentalement. Ça me fait beaucoup de bien.

— Je comprends, je n'ai pas trop voyagé dans ma vie. Peut-être une ou deux fois avec mes grands-parents, en montagne. Mais c'est tout, mes parents n'ont pas l'argent, puis ont la flemme.

— Oh non... C'est trop dommage, la base d'une bonne enfance c'est de voyager, je trouve. Ça construit le cerveau, et ça te fait bien comprendre que tu n'es pas seul au monde. Tu rencontres, ou même juste vois, pleins de nouvelles personnes qui viennent de cultures différentes, c'est très enrichissant.

Après ce qu'il me dit, je regrette. Je regrette mon enfance, cloitrée dans la maison avec ma sœur et deux explosifs comme mes parents. Je regrette d'être née de ces parents, j'aurais voulu vivre ici, avec Eléonore, mais d'autres géniteurs. Tout serait si différent... Nous nous serions peut-être senties un peu plus aimées, plutôt qu'essayer d'avancer ensemble.

Nous continuons de discuter, jusqu'au début de soirée, où je le laisse avec d'autres personnes pour retrouver Lucie et Raphaël.

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