26

— Vous avez dormi ensemble ?! s'étonne Lucie, au téléphone, lorsque Raphaël est rentré chez lui.

— Ben, pas vraiment. On était à même le sol, ce n'était pas très agréable. Et je te jure qu'on ne s'est pas touché !

— Mais même, c'est le copain de ta sœur !

Je ferme les yeux, puis inspire un grand coup pour essayer de me calmer.

— Alors, Lucie. Laisse-moi t'expliquer... On voulait juste parler au début, et qu'il rentre chez lui juste après, mais on s'est endormis à la place. Y'a rien de grave !

— Tu ne te rends pas compte, Lyane, hein. Déjà d'où t'appelles le copain de ta sœur en plein milieu de la nuit ?

— Mais, tu ne comprends pas ! J'avais besoin de quelqu'un à qui parler, la seule personne qui ne dort pas à trois heures du mat' c'est lui ! Et il n'est pas seulement « Le copain de ma sœur », c'est mon ami, et il déteste qu'on l'appelle par ce « surnom ».

— T'aurais pu attendre la matinée, pour m'en parler à moi... Je suis là aussi, j'ai l'impression de ne plus compter...

— Lucie... soupiré-je tristement. Tu sais bien que tu es ma meilleure amie, et en ce moment c'est compliqué, tu comprends. Devoir tout gérer en même temps, ça me fait faire n'importe quoi, je suis désolée.

— Ce n'est pas grave, je comprends.

Un silence s'installe entre nous, je l'entends soupirer, puis faire quelques pas. Je suis assise sur mon lit, regardant le ciel matinal à travers la fenêtre.

— Mais... reprends-t-elle. Faut quand même faire un choix au bout d'un moment.

— Quoi ?!

— Raphaël ou Nicolas ?

— Hein ? m'écrié-je. Mais n'importe quoi, tu ne peux pas me demander de choisir entre deux personnes !

— En amour.

— Ah... Bah Nicolas, murmuré en sentant mes joues rosir. Raphaël est adorable, mais déjà prit. Nicolas, il est drôle, gentil, attentionné... Puis nous discutons presque tous les soirs en message...

— Bah voilà, ce n'est pas compliqué.

Je peux entendre son sourire, imaginer le regard narquois qu'elle arbore fièrement. Même si je n'ai pas passé beaucoup de moments avec Nicolas, je sais qu'après avoir retrouvé Eléonore, nous pourrons en passer bien plus.

— Bon, relance-t-elle. A cette aprèm, prépare-toi bien. Nicolas sera là. Espérons qu'il y aura du monde et que tout se passera bien !

— Oui, j'espère... J'ai si hâte d'avoir l'argent, tu ne peux pas savoir.

— J'imagine... Bon, bisous.

— Bisous.

Elle raccroche, et je sens un grand vide en moi, toujours cette angoisse, cette peur de la solitude. Je m'affale sur mon lit, les bras étendus. Puis j'active une playlist et me laisse bercer par la mélodie et les paroles.

J'appréhende cette soirée, et si rien n'était à la hauteur ? Les gens pourraient nous rire au nez en disant que nous sommes idiots à penser que ça pourrait marcher. C'est ridicule, on n'aura jamais assez d'argent, jamais assez de monde, quatre ados perdus dans une grand salle des fêtes. Avec nos rêves brisés au sol, piétinés par nos doutes, et peurs.

Dans tous les cas, on ne peut plus reculer, il faut que nous fassions cette soirée. Il faut que nous gagnions un peu d'argent. Il faudra peut-être travailler et casser nos tirelires, vider nos poches, mendier à nos parents, à nos amis... Nous y arriverons, tôt ou tard, à retrouver Eléonore, la lumière de ma vie. Et tout ira mieux. Je me le répète toujours quand ça va mal, ça ira mieux.

Je me redresse alors, ayant retrouvé mon énergie. Je vais me préparer, manger, et y aller, retrouver mes amis.

J'enfile donc une robe de soirée bleu égyptien, qui tire sur le bleu marine. Elle m'arrive mi-cuisse devant, puis plus longue derrière, me créant comme une longue et belle traîne. Il y a de la dentelle de même couleur sur le haut de la robe. Je boucle mes cheveux châtains. Ces ondulations entourent mon visage pâle, que je maquille que de mascara et de rouge à lèvres mat. Je souris à mon reflet dans le miroir, il est rare que j'apprécie ce reflet. Mais cette fois-ci, j'ai l'impression de briller. Le reflet d'Eléonore me rejoint, il arbore un grand sourire sur son visage angélique. Je me retourne, pour voir si elle est bien là, mais non. J'ai simplement halluciné, j'ai rêvé. Une moue triste s'affiche sur mon visage, mais je me reprends et descends en sautillant, voir mes parents.

— Tu es magnifique, ma chérie, assure ma mère. Mais comment tu vas y aller, je t'emmène ?

— Non, ne t'inquiète pas. J'aurais pu y aller à pied, mais Raphaël, Lucie, et Nicolas viennent me chercher.

— D'accord. Tu prépares à manger ? Des pâtes ?

J'acquiesce, puis obtempère.

Après avoir mangé, je me remaquille correctement, puis m'occupe en lisant un peu. ^

Lorsque la sonnette retentit, je me précipite à la porte, et ouvre devant Lucie et Nicolas. Lucie porte une combi-short bleu marine simple, décolletée. Nicolas, lui, porte un jean noir, et un t-shirt rayé. Face à eux deux, j'ai l'impression d'en avoir trop fait. Je leur offre mon plus beau sourire, et les enlace un à un.

— T'es magnifique, murmure Nicolas.

— Oui, tellement, tu t'es mise sur ton trente-et-un. Si tu veux savoir mon avis, pleins de garçons vont t'inviter à danser...

Elle m'offre un coup d'œil plein de sous-entendus, pendant que Nicolas, la fusille du regard. J'explose de rire, et les remercie avant de courir rejoindre Raphaël, au volant de la voiture.

— Alors ? Prêt à retrouver Eléonore ? lui lancé-je, enthousiaste.

— Faut bien, j'ai hâte, mais un peu peur aussi.

Nicolas et Lucie nous rejoignent peu de temps après, et nous roulons, prêts à vivre un des meilleurs moments de notre vie.

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