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Ça y est, la salle a été réservée. Ça se passera le samedi 6 juillet. Nous commencerons la fête en début d'après-midi, jusqu'à tard dans la soirée. Il faut que nous ayons un maximum de personnes. Nicolas et Raphaël font du bouche à oreille, en plus de ça, ils connaissent des personnes qui pourraient jouer de la musique et chanter. Lucie et moi travaillons sur des affiches, et en parlons sur les réseaux, en précisant pourquoi nous faisons ça. L'entrée est à deux euros par personne, je pense que nous ferons de quoi manger, et amènerons des boissons, pour leur en vendre. Le maire de la ville a décidé de nous aider, il trouve ça très intéressant de faire ça. Pour ce faire, il décorera en partie la salle, et achètera les boissons. Je ne crois pas qu'il sache que nous cherchons de l'argent pour sauver Eléonore, il doit penser que nous voulons juste gagner un peu d'argent en faisant la fête, comme tous les adolescents. Mais sa bonté joue en notre faveur.

Lucie m'a invitée chez elle pour cette journée, elle voulait qu'on passe du temps entre amies. Nous avons été au cinéma, puis à la piscine. Ce soir, je dors chez elle, et elle m'a proposée de dormir dans le trampoline, avec pleins de couettes et de coussins pour ne pas avoir mal au dos. Alors que j'observe les millions d'étoiles en pensant, mon amie est déjà en train de dormir paisiblement. De mon côté, j'ai été habituée à mettre du temps m'endormir. Je pense trop, mes pensées se bousculent et s'entrechoquent dans mon esprit. Tout me prend la tête, j'ai l'impression d'avoir toujours un raz de marée qui vient bouleverser ma tranquillité. Quand je suis entourée, j'arrive mieux à être calme et sereine, j'évite donc au maximum d'être seule. Même s'il y la présence rassurante de Lucie à mes côtés, je me sens seule. Alors je repense à cette belle journée, le film romantique que nous avons vu au cinéma, les oiseaux qui s'envolent loin du parc quand nous rions trop fort, les éclaboussures et les éclats de rire dans la piscine... Ces astres qui brillent dans le ciel, le confort de ce lit improvisé, la respiration paisible de ma meilleure amie qui dort. Tout a l'air si beau en surface, et pourtant... Derrière tout ça, les doutes et les peurs sont toujours là.

Je suis perdue, j'ai l'impression de ne plus avancer. Je ne sais plus si je retrouverais ma sœur. J'hésite toujours ; une seconde j'ai de l'espoir, l'autre je n'y crois plus. Que fais-t-elle en ce moment ? A quoi pense-t-elle ?

Je n'en sais rien, et ça m'effraie.

Lucie se tourne pour se coucher sur le dos, les yeux toujours clos. Le seul éclairage que nous avons est la pleine lune, mais j'arrive à percevoir les traits de mon amie. Ses cheveux bruns bouclés sont écrasés sur le trampoline et ont l'air bien emmêlés. Sur son visage légèrement bronzé s'épanouit un sourire, elle doit rêver de quelque chose de beau.

Toujours couchée sur le dos, je place mes mains sous mon crâne, en me remémorant le visage de Lucie quand elle était plus jeune. Nous nous connaissons depuis l'entrée au collège. Son visage était plutôt rond, mais ça n'a pas trop changé, elle a réussi à dompter ses cheveux qui maintenant forment de jolies boucles, alors qu'avant, ils étaient toujours semblables à un buisson mal entretenu. Je souris lorsque cette image traverse mes pensées. Lucie est vraiment une super amie, elle a toujours été là lors des moments difficiles. Je lui suis tellement reconnaissante d'être mon amie. Elle a toujours été mon rayon de soleil, toujours pleine d'enthousiasme, et de folie, elle sait te faire rire et oublier tes soucis. C'est pourtant une fille très capricieuse, qui obtient (presque) toujours ce qu'elle veut. Je l'aime tellement, et la voir heureuse, la voir sourire en dormant, ça allège mon cœur.

Ensemble, nous avons survécu à ces années collège en étant très discrètes. Toujours ensemble, peu de gens nous parlaient, mais ça ne nous dérangeait pas. Tant que nous étions là l'une pour l'autre. Dès la seconde, elle a commencé à vouloir se faire d'autres amis, alors je l'ai suivie. Mes ces gens-là n'avaient pas l'air de tant m'apprécier que ça. Je n'en avais rien à faire, tant que j'avais ma meilleure amie et ma sœur. Mes piliers.

Je sens mon téléphone vibrer plus loin dans le trampoline, alors j'essaie de l'attraper, en cherchant à tâtons. Quand je l'allume, je vois un message de Raphaël : « passe à la maison demain stp, faut que je te montre un truc ». Alors je réponds, en soupirant : « C'est quoi ton truc ? Je viens à quelle heure ? ». En attendant sa réponse, je me retourne sur le ventre, les coudes sur la couette et les mains collées à mon menton. Je regarde les quelques fleurs, mouvant sous le vent chaud. J'observe les rosiers, les arbres où dorment des oisillons. Un hibou hulule au loin, et le bruit du feuillage des arbres m'apaise. Mon téléphone vibre à nouveau, je jette un œil à la réponse de Raphaël : « Tu verras ;) passe quand tu veux, je serais toujours là. Allez, va dormir il est tard, bonne nuit :) ». J'esquisse un sourire, et écris : « Mdr tu me donnes pas d'ordre. Toi va dormir, mon chou, fais de beaux rêves. ». J'imagine déjà sa mine énervée quand il verra ce surnom.

Sur ces douces paroles, je ferme mes yeux et me laisse plonger dans le doux et sinistre monde onirique. 

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