18

— Ça faisait longtemps quand même, affirme Lucie, assise en tailleur par terre.

Raphaël acquiesce, et un coup de vent chaud souffle par la fenêtre ouverte. Nous nous sommes réunis pour savoir comment nous pourrions gagner cinq mille euros. Nous ne savons toujours pas où est Eléonore, alors il faut trouver l'argent pour Amibal le plus rapidement possible. Je joue avec les plis de ma robe noire, robe qui appartenait à ma sœur, elle me l'avait donnée car elle ne lui allait plus. Mes cheveux châtains sont attachés en un chignon pour ne pas avoir trop chaud. Raphaël prend la parole :

— Il est temps qu'on gagne de l'argent, et cinq mille ça ne se gagne pas en trois jours...

— J'ai cent euros, moi, déclare Lucie en haussant les épaules.

— Je n'ai pas envie de vous faucher... C'est affreux de demander autant d'argent, soupiré-je en baissant les yeux.

— Pourquoi tu ne demandes pas à tes parents ? Ou au pire tu préviens la police, propose Raphaël, les sourcils froncés.

Je soupire suite à sa remarque. Mon regard se porte tristement vers la fenêtre, et le grand soleil qui illumine ma chambre. Je grimace en lui répondant :

— On n'a pas assez d'argent, puis je pense qu'ils ne me croiraient pas si je leur expliquais la situation, je parle de mes parents, hein, dis-je en fronçant les sourcils.

— Tu peux toujours essayer, soutient mon amie, qui s'assoit à mes côtés sur le lit.

Raphaël, un air déterminé sur le visage, soutient le regard de Lucie, en se tournant sur ma chaise de bureau.

— C'est une mauvaise idée, dis-je, sûre de moi. C'est trop compliqué avec mes parents, vous savez. L'argent ce n'est pas trop notre truc.

— J'ai une idée ! crie Lucie, en sautant de joie. Lyane, ta sœur aimait les fêtes ?

J'échange un regard interrogateur avec le blond, nous ne voyons pas où elle veut en venir. Ce dernier arrête de tournoyer sur la chaise, pour se concentrer sur Lucie qui s'illumine d'un grand sourire. Fière de son idée, elle continue :

— On organise une graaaaande fête avec une cagnotte ! s'exclame-t-elle, en exagérant et faisant de grands mouvements de bras. C'est trop une bonne idée, musique, boissons, pleins de gens, on danse, mais en même temps, on gagne de l'argent ! Vous en pensez quoi ?

Je jette un œil vers Raphaël, qui me rend ce regard joueur, et nous nous extasions :

— Super idée !

— Merci, merci, je sais.

Nous rions tous les trois, puis Lucie se stoppe d'un coup.

— Merde, il faut que j'aille à ma répét' de danse, je vais y aller ! C'est samedi le spectacle, vous viendrez ?

— Moi c'est ok, acquiescé-je en souriant.

— Normalement, c'est bon. Nicolas viendra aussi, dit-il en me regardant.

Lucie nous fait la bise et s'en va rapidement, l'air toute joyeuse.

Le silence s'installe dans la salle, mon cœur se serre en repensant à Nicolas. Il m'avait proposé de l'argent, il faut que j'en parle à Raphaël. Effrayée de briser le calme, je reste sans rien dire, observant Raphaël, ses cheveux blonds aux reflets roux sous le soleil, ses yeux bleus, surmontés de longs cils bruns, ses joues parsemées de tâches de rousseurs. Il a l'air si discret, et mystérieux, quand il ne parle pas. J'ai remarqué que finalement, je le connais peu. Un pincement m'étreint le cœur, peut-être qu'il est encore plus brisé que moi de l'absence d'Eléonore. Nous n'avons pas eu l'occasion de vraiment parler... Son regard est dans le vide, j'aimerais connaître ses pensées.

Finalement, je me décide à parler :

— Au sujet de Nicolas... Il... Il voulait nous prêter de l'argent.

— Je sais. C'est bizarre, d'ailleurs. Avant, il ne voulait jamais rien prêter, et là il est prêt à donner cinq mille euros.

— Sérieux ?! Il ne voulait rien prêter du tout ? Et t'en penses quoi ? demandé-je, la gorge nouée.

— Je ne sais pas... dit-il avec un haussement les épaules. Peut-être qu'il a une motivation qu'il n'a pas d'habitude. Genre Eléonore.

— Tu rigoles, là ! Ne sois pas jaloux, c'est juste que c'est une disparition et on a besoin de cet argent en urgence, c'est différent que s'il devait vous prêter de l'argent pour fumer, par exemple.

— Je ne fume pas.

— Je sais, c'est une image. Tu vois bien la différence. Toi aussi tu as différentes raisons de prêter de l'argent. Ne t'en fais pas, je pense qu'il n'a pas autre motivation qu'aider une famille dans le besoin.

— Tu as raison, mais j'ai trouvé ça étrange, quand même, qu'il cherche absolument à nous aider.

Je plisse les yeux d'incompréhension et fronce le nez, ce qu'il peut être borné, des fois.

— Ben, je trouve ça normal, moi aussi je serais prête à aider. Surtout qu'il a déjà vécu une disparition, donc c'est dur pour lui.

Il se lève de la chaise de bureau pour s'assoir à côté de moi sur mon lit. Sa main touche la mienne sans faire exprès, puis il demande, le regard charmeur et un sourire en coin :

— Sinon, comment c'était, l'autre jour ?

— Arrête de faire ton Nicolas ! rié-je.

Il explose de rire et reprend son visage habituel :

— Sérieusement, il n'était pas trop chiant ?

— Tu sais que t'as vraiment l'air d'une meilleure amie qui veut tout savoir, là ?

— Je sais. Aller, raconte ! Sinon je te balance un oreiller au visage, ou pire : je ne te prête pas mon maquillage.

Nous rions, comme si tout allait bien dans nos vies, comme si nous avions tout oublié. Même après les conseils de Lucie, j'ai dû mal à me laisser aller à être heureuse. Après quelques minutes, il reprend son sérieux et insiste encore. Finalement, je confie :

— Il était gentil, plutôt calme, par rapport à la première fois où je l'ai vu. C'était cool, et j'ai pu oublier pendant quelques instants tous mes problèmes.

— C'est de ça dont tu as besoin, de quelqu'un qui te fait oublier tous tes problèmes, remarque-t-il, l'air penseur.

— Merci Cupidon, mais toi aussi.

— C'est compliqué d'aimer quelqu'un lorsque tu as perdu l'être le plus cher à tes yeux...

Je baisse les yeux, un air triste sur le visage. J'ai si hâte de la retrouver, pour que nos cœurs soient à nouveau réparés. Il relève mon visage, forçant mes yeux à se noyer dans ses iris bleu océan, d'une voix douce, il articule :

— J'espère que tu seras heureuse avec lui.

Je secoue vivement la tête, puis me fige, sous ses paroles :

— Je... Non, on n'est pas ensemble.

Il hausse les épaules en souriant. Cet idiot m'a fait rencontrer Nicolas dans le seul but de me caser avec lui.

— Je comprends, maintenant. Tu m'as présentée à lui, juste pour qu'il ait quelqu'un pour assouvir ses désirs.

— Quoi ? Mais non. Déjà, c'est lui qui voulait te rencontrer, pour t'aider, et j'ai accepté car je voulais que tu trouve quelqu'un qui te plaise. Je voulais que tu sois heureuse.

— Mouais, bougonné-je en faisant la moue. Je te crois si peu.

Le silence retombe sur nous, pendant que nos pensées s'emmêlent, je me sens dépassée par les évènements. C'est comme si je me laissais juste pousser par le temps, et que je n'avais plus de contrôle sur ma vie.

Mon ventre brise le silence en gargouillant.

— Tu restes manger là, Raphaël ? demandé-je.

— Je veux bien, si ça ne dérange pas.

— D'accord, mes parents ont dit qu'ils commandaient des pizzas. 



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Coucou ^^

Qu'avez-vous pensé de cette partie ?

De l'idée de Lucie, bonne ou mauvaise ?

De Raphaël, et ce qu'il dit ?


Merci d'avoir lu :)

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