13

Il est seulement 18 heures, mais un nuage noir commence à progresser sur le jour, glaçant l'air. Lucie, Raphaël et moi traversons le pont qui nous mène de l'autre côté. Je sens l'angoisse monter, et les battements de mon cœur s'accélèrent. Nous allons rencontrer l'homme qui sait où est ma sœur, nous sommes sur le point de tout découvrir, de tout savoir, seuls nos pas vacillants brisent l'angoissant silence. La tension est à son comble lorsque nous arrivons sur le lieu de rendez-vous. Il n'est pas encore là, je me demande bien quand est-ce qu'il arrivera... Viendra-t-il au moins ? Je tiens fermement le bracelet que j'ai en commun avec Eléonore dans ma paume, je l'ai ramené, au cas où. Je sens toujours mon cœur battre dans ma poitrine, mes mains sont moites et ma gorge est sèche. Lesgrands arbres enveloppés dans la pénombre mouvent doucement à cause du vent.

Un bruit de pas venant de derrière nous fait sursauter, et s'accompagne d'une voix rauque :

- Je vois que tu n'es pas venue seule...

Dans d'autres circonstances, j'aurais répondu : « Bien vu, l'ami », mais la peur qui me sert le ventre lorsque j'aperçois cet homme m'empêche de sortir un mot. Ses cheveux de jais contrastent énormément avec son teint blafard. Il a des petits yeux bleu très clair, presque blancs. Il a l'air d'un vampire. Un frisson me parcourt l'échine, mes amis ont l'air dans le même état. L'homme, avance son corps grand et maigre vers nous, son regard plonge dans le mien, lit dans mon âme, me retourne le cerveau. Je déglutis difficilement, j'ai qu'une envie, partir. Je n'aurais jamais dû venir ici.

- N'ayez pas peur, les enfants. Lyane ? Tu ressembles si peu à ta sœur.

Pourquoi dit-il ça ? Il doit sûrement la connaître. Il l'avait déjà énoncé, mais j'ai du mal à me l'avouer. Eléonore connaîtrait un vampire, un fantôme comme ça ? Je ne peux bouger un seul muscle, l'homme se rapproche de moi, me montrant le bracelet dans sa paume. Je porte une main devant ma bouche, prise d'un hoquet de stupéfaction. Mon regard passe du bracelet de ma main, à celui que possède l'homme.

- Pourquoi parais-tu si surprise ? Je te l'avais dit, tu ne me croyais pas ?

- Qu...Qui êtes-vous ?! Comment connaissez-vous ma sœur ?

C'est dans ces moments-là que j'aimerais que mes parents sachent s'occuper de moi, qu'ils ne soient pas au bar. Ma voix tremble, Raphaël parle :

- Dites-nous. Pourquoi avez-vous son bracelet ?

- Ce bracelet... Si beau, si unique... Elle me l'a donné, répond l'homme d'une voix grave.

- Vous mentez ! m'écrié-je, avant de me calmer. Ce... Ce n'est pas possible.

- Je m'appelle Amibal, ami d'Eléonore, je sais où elle est, ce qu'elle fait, pourquoi elle y est.

- Un ami ? Je suis prise d'un rire ironique et méprisant, cet homme me dégoûte à mentir, à garder ma sœur cachée. Vous payerez pour l'avoir kidnappée !

- Attendez avant de me haïr, commence-t-il, en fixant un à un chacun de nous. Je peux vous aider, c'est mon seul but, je ne veux pas que vous perdiez votre sœur, vous la retrouverez. Si vous me donnez en échange cinq mille euros.

J'échange un regard paniqué avec Lucie, qui blêmit de plus en plus. Je ferme les yeux, passant mes mains sur mon crâne. Comment trouver autant d'argent ? Ce vampire, Amibal, est-il vraiment sincère ?

- Tends-moi ta main, Lyane.

L'entendre prononcer mon nom me fait tressaillir, mais je m'exécute finalement devant son regard maintenant calme et accueillant. Doucement, il y dépose le bracelet d'Eléonore, un sourire se glisse sur son visage.

- Tu vois, tu peux me faire confiance. C'est à vous de choisir, dit-il en reculant de quelques pas. Je vous laisse tout le temps dont vous aurez besoin. Laissez une lettre dans cet arbre si vous avez l'argent, nous nous verrons pour en discuter. Je vous révèlerais la vérité. Toute la vérité. Et vous rendrais la fille.

Puis il s'en va, aussi discrètement et rapidement qu'il est arrivé. Nous restons bouche bée, complétement bouleversés, sous la nuit tombée et la lune qui nous éclaire. Lucie court vers moi et m'enlace.

- C'est pas possible..., souffle-t-elle dans ma nuque. Cet homme est inhumain, je n'ai jamais vu aussi flippant. En plus d'apporter une nouvelle effrayante, sa laideur vient rajouter une couche. Je me suis cru dans un film d'horreur.

- Moi aussi, Lucie, c'était horrible. Tu ne peux pas imaginer mon état quand il disait mon nom.

Raphaël se masse les tempes, en faisant quelques pas. Nous décidons de rentrer, Lucie dormant chez moi, et le blond est rentré chez lui en scooteur. La nuit était plutôt mouvementée, nous n'arrivions pas à dormir, ressassant chaque souvenir de l'horrible apparence d'Amibal. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top