Mes amis devraient arriver dans pas longtemps, cependant, je tourne en rond dans ma chambre, j'ai ouvert la fenêtre car il fait plutôt chaud en cette journée d'été. J'ai noué mes cheveux en un chignon approximatif et je porte un débardeur accompagné d'un short. J'entends quelques oiseaux chantonner, il n'y a pas de vent, le monde a l'air calme, rien ne se presse, alors que dans ma tête, tout est en folie.

Je jette des regards furtifs à mon téléphone, espérant recevoir un message de Lucie ou Raphaël. J'ai hâte qu'ils arrivent, que je puisse en discuter avec eux, j'ai besoin de leur aide. Je grimace voyant aucune notification sur l'écran, laissant échapper un soupir. J'entends enfin une voiture se garer, me précipite en dehors de ma chambre et on toque à la porte.

Mes parents lèvent les yeux de leurs téléphones en me sentant passer devant eux. J'ouvre la porte et vois Raphaël, debout, à l'air surpris en voyant que c'est moi qui ouvre, pour une fois.

— Salut, Lyane. Tu es sortie de ta chambre ?

— Ferme-la, je roule des yeux en esquissant un sourire. J'avais hâte, un peu, de vous revoir.

— Un peu ? il rit. Le bac est enfin passé...

J'hausse les sourcils, un sourire aux lèvres, il reprend rapidement avant que je dise un mot :

— On n'en parle pas, ok ?

— D'accord si tu veux. je ris devant son sourire gêné.

— Du coup, j'ai plus de temps, et faut que je te présente...

— Attends, rentre.

Il salue mes parents en passant, et nous allons dans la cuisine où je lui sers un verre de jus de pomme. La sonnette retentit, et j'accoure à la porte pour accueillir Lucie.

— Alors ? De quoi tu voulais parler ? demande-t-elle, curieuse.

— On va aller dehors, tu veux ?

— Bien sûr.

Elle m'offre un sourire sincère et nous rejoignons Raphaël dans la cuisine.

— Moi aussi je veux un truc. grogne mon amie en voyant Raphaël et son verre de jus. Je veux du jus d'orange si possible.

— A vos ordres, chef. dis-je en prenant un air sérieux.

Je me sers au passage et nous sortons par la baie vitrée. Le soleil éclaire rapidement nos visages. Les cheveux blonds de Lucie brillent à ce contact lumineux, sa souple chevelure retombe en belles boucles sur ses épaules et virevolte en suivant les mouvements du vent.

— Lyane, je te disais, reprend Raphaël. Je voulais donc te présenter mon ami, dès que possible.

— Pourquoi es-tu autant pressé ? demandé-je, observant son visage, dont les rayons du soleil fait ressortir les taches de rousseur.

— C'est lui qui l'est, je crois. Quand je lui raconte un peu ce que nous faisons, il me dit que t'as l'air très intelligente, et qu'il serait ravi de nous aider.

Je détourne le regard vers la pelouse verte de notre petit jardin, des oiseaux jouent entre eux, j'aimerais me sentir légère comme eux, avoir ma sœur à mes côtés et passer mes vacances d'été à faire autre chose que m'inquiéter... Mon cœur se serre à ces pensées, si seulement elle pouvait revenir, je serai si heureuse.

— Eh, je ne comprends plus rien, moi. T'as une touche ? s'exclame mon amie, en riant, me sortant de mes pensées.

Je grimace face à sa remarque. Raphaël aussi rit. J'arbore un visage blasé, croisant les bras sur ma poitrine. Lucie se reprend, s'excuse.

— De toute manière personne ne voudra de moi, et je n'ai pas que ça à penser. Tu diras bien ça à ton pote, Raphaël. De base je voulais parler d'un truc important, mais vous n'avez pas l'air prêts à m'écouter.

Ils se calment, je m'assois sur la terrasse, et eux, se placent en face de moi. Je leur raconte ce que j'ai appris, leur fait part de mes doutes et de mes questions sur la lettre que j'ai reçue.

— T'as pas peur que ça soit une blague ? hasarde Raphaël.

— Comment il pourrait savoir pour le bracelet ? Je pense que c'est réel.

— Tu as raison, Lyane, ajoute Lucie. Mais il est peut-être mal intentionné, imagine il prend l'argent et ne nous dit rien sur Eléonore ?

— S'il fait ça, s'écrit Raphaël, on le menacera de prévenir la police, et s'il ignore, on le fera vraiment.

— Ouais... Nous devons le rencontrer, je regarde mes amis un à un, un air déterminé dans les yeux. Il faut qu'on en apprenne plus.

Raphaël acquiesce, et Lucie reprend une gorgée de jus d'orange, déglutissant bruyamment. Je la fusille du regard, et elle me soutient le regard, je vois son visage s'illuminer, et elle s'exclame :

- Je vais bientôt danser sur scène, tu viendras ?

- Si je n'ai rien à faire, oui, bien sûr !

Mon amie fait de la danse classique depuis ses neuf ans, elle est très douée et gracieuse. Sa taille et son poids n'atteignent pas ceux des danseuses étoiles, et elle s'en veut. Pourtant, elle est aussi forte et belle qu'elles. Je l'ai déjà vu sur scène, elle brille de bonheur et de liberté.

Raphaël interrompt de mes pensées :

- Pour revenir sur la lettre, on devrait lui réécrire. Pour lui proposer un rendez-vous.

- On n'a pas son adresse, on n'a aucune idée d'où le retrouver.

- Ah oui, c'est vrai. Tu sais s'il t'a renvoyé une lettre ?

J'hausse les épaules, retourne à l'intérieur pour demander à mes parents. Ils me répondent qu'ils ne savent pas et me proposent de fouiller dans les dernières lettres reçues. Et, effectivement, il y en a une qui m'est adressée. Je rejoins mes amis en brandissant la lettre, un sourire collé aux lèvres.

- Je lis ?

Ils m'encouragent à commencer en me souriant. Je l'ouvre donc et commence à lire :

« Je suppose que tu as lu la lettre, et que tu t'es demandée si je disais la vérité. Je te propose que l'on se voie un jour, en face de chez toi. De l'autre côté. Oui, tu vois bien de quoi je parle. Je viendrais avec le bracelet pour que tu vois que je dis la vérité. Je te propose dimanche à dix-huit heures, demain. Viens sans argent, je veux juste te montrer que tu peux me faire confiance.

Anonyme. »

Je laisse un soupire m'échapper lorsque que je termine ma lecture, relève les yeux vers mes amis, il se lancent un regard avant de dire :

- Il faut y aller.

- Je sais, hesité-je. Mais imaginez il me kidnappe, ou me fait du mal.

- On vient avec toi. dit Raphaël d'un air déterminé, il regarde son téléphone. Ça te dit que je te présente mon ami bientôt ?

Je lance un regard complice à Lucie et ris en acquiesçant. Après tout, s'il a déjà vécu une disparition, il ne pourra que nous aider.