Chapitre XXXVII
Pdv extérieur
Lorsque le vaisseau avait survolé la forêt, le groupe de soldats du Premier ordre s'était immédiatement agité.
Tandis qu'ils s'étaient mis à tirer des fusées éclairantes en direction du ciel afin d'attirer les navettes venues à leur secours, l'officière et le général, eux, s'étaient contentés de se dévisager en silence.
Ils appréhendaient la suite. Tous deux savaient qu'un point de non-retour venait d'être franchi, et aucun n'avaient la moindre idée de comment agir.
Armitage Hux était si terrifié qu'il regrettait presque ce qui s'était passé, allant à l'encontre de ce que son cœur affirmait. Avoir fait cela ne pouvait qu'être stupide. Mais il ne se sentait pas capable de traiter ce moment avec indifférence, il était tout bêtement prisonnier de ses angoisses. Ce qu'il avait ressenti le dépassait bien trop.
Quant à Kh'iarah, tout semblait aussi simple qu'impressionnant. Elle ignorait ce que cela risquait d'entraîner dans leur relation, toutefois elle pensait que tout ne pouvait que bien se passer. Elle ne s'imaginait nulle part ailleurs qu'aux côtés de Hux.
Cependant, peut-être qu'au contraire ils devraient oublier cette soirée au plus vite...
La lieutenante espérait évidemment que cela ne soit que le commencement, qu'ils pourraient continuer ensemble. Elle se demandait néanmoins si ce n'était pas trop beau pour être vrai. Le général roux n'éprouvait après tout pas obligatoirement les mêmes sentiments...
Tout leur avait semblé si rapide. Il y avait encore quelques minutes, l'officière le réconfortait puis l'interrogeait avec espièglerie avant qu'il ne se passe ... ce moment.
Justement, alors que le camp s'activait pour se préparer à l'arrivée des renforts venus les chercher, Hux s'adressa nerveusement à elle :
- Écoutez... Concernant tout à l'heure, je pense que nous devrions ...
Soudain, il se rendit réellement compte qu'il n'avait aucune espèce d'idée de ce qu'il devait faire. Ou voulait faire. Ce qu'il ressentait au plus profond de son être, cela, il préférait l'ignorer ; comme on le lui avait toujours appris. Il n'osait donc pas l'exprimer à l'officière.
Après une courte pause, il reprit d'une voix davantage assurée :
- Nous devrions faire comme si de rien n'était. Vous êtes quelqu'un de bien mais vous m'indifférez sincèrement, autant ne pas vous faire perdre plus de temps.
L'expression sur le visage de Kh'iarah changea en un instant.
Elle le dévisagea, stupéfaite de tant de froideur dans ses mots.
Le général, lui, ne ressentait simplement plus rien et ne pensait plus à rien. Sa peur étouffait tout, formant étrangement un énorme vide en lui. La seule chose qu'il arrivait à assimiler était le visage du lieutenant Wayshley en train de se décomposer lentement.
- Vous ne pouvez pas être plus clair.
- Effectivement. Considérez que c'était erreur, oubliez ce qu'il s'est passé ainsi que notre discussion. Je suis blessé et il est fort probable que le poison m'ait fait perdre la tête... Nous n'avons en vérité rien à faire ensemble.
- Comment pouvez-vous me jeter comme ça... ? demanda-t-elle le souffle coupé, sentant un sentiment de trahison comme elle n'avait jamais ressenti auparavant s'emparer d'elle.
- Vous espériez réellement que nous deux cela puisse marcher ?
Chaque mot que l'officier roux prononçait leur arrachait le cœur à tous les deux mais Armitage pensait faire ce qu'il y avait de mieux pour eux. Depuis quelques temps, il ne s'agissait que de cela à ses yeux.
Refoulant ses doutes et sa souffrance, il poursuivit toujours aussi insensiblement :
- Vous m'avez sauvé de la prison sur le Raddus, je vous ai ramenée puis vous ai offert une vie meilleure. Nous sommes à peu près quittes.
Sidérée devant son comportement, elle continua à l'observer silencieusement afin de chercher sur son visage le moindre indice qui lui indiquerait que le général mentait. Seulement, Hux réussissait à la perfection à garder son expression indéchiffrable.
Ne savant plus quoi dire et se sentant perdre le contrôle d'elle-même, le lieutenant Wayshley saisit la première occasion qui se présenta à elle pour quitter le rouquin quand un trooper les interpella à l'atterrissage des vaisseaux.
Cependant, à la grande déception de l'officière, il la suivit et s'installa dans la même navette qu'elle. Il la laissa tout de même enfin seule, et partit recevoir des soins pour sa blessure tandis qu'elle s'asseyait à l'arrière.
***
Enfin arrivés dans l'un des hangars du Finalizer, pendant que l'équipage se préparait à l'atterrissage, l'officière n'adressa pas le moindre regard au général qui vint s'asseoir à ses côtés, sans toutefois accorder la moindre attention à sa voisine de siège.
Kh'iarah était cependant sûre qu'il avait fait exprès de se mettre là, des tas d'autres sièges étaient libres mais il avait fallu qu'il vienne à côté d'elle ! Il osait la décevoir et venait maintenant à côté d'elle ? Sa colère prenait le pas sur sa tristesse à chaque nouvelle seconde.
L'officière ne chercha absolument pas à cacher l'agacement sur son visage. Elle ne put pourtant contrôler son angoisse l'instant suivant, lorsque les secousses habituelles des atterrissages se firent ressentir.
La lieutenante essaya de calmer sa respiration et de prendre sur elle, mais le général tourna alors sa tête dans sa direction et cela n'arrangea rien.
Il l'observa avec amusement avant de dire dans un rictus moqueur :
- Vous avez toujours eu aussi peur ?
- Je ne vois pas en quoi cela vous regarde ! cracha-t-elle, attirant l'attention de quelques officiers autour d'eux.
- J'essaye de savoir si vous vous êtes bien habituée aux routines des missions.
- Prenez-vous vraiment des nouvelles de toutes les recrues de votre vaisseau... ? Avec l'intégralité des informations que vous devez avoir, pas étonnant que vous n'ayez pas le temps pour des sentiments. Votre cerveau doit aussi saturer, non ?
Hux la dévisagea d'une expression qu'elle ne put déchiffrer avant de reporter son attention devant lui, ne pouvant s'arrêter de penser à ses paroles.
La navette atterrie pour de bon, et Kh'iarah se leva précipitamment de son siège, sans un mot pour le rouquin, pour se dépêcher de quitter le vaisseau.
Ayant suffisamment réfléchi à quel point il avait dû lui faire du mal, il s'activa pour la suivre mais avait maintenant beau regarder partout autour de lui, le général ne la vit nulle part et dut se résoudre à abandonner pour cette fois-ci.
Il comptait cependant s'expliquer avec elle à la première occasion venue, refusant de la laisser comme cela.
***
Tôt le lendemain, dès qu'il eut quitté sa chambre de soin où sa blessure avait été annoncée comme négligeable avec du repos, Hux alla immédiatement vers la cabine du lieutenant Wayshley.
A force de s'être mainte fois répété le chemin mentalement, s'imaginant, chaque soir où il n'arrivait pas à dormir à cause de ces angoisses qui lui tordaient l'estomac, venir la voir pour lui en parler. Il en avait tellement rêvé ; enfin parvenir à lui dire tout ce qu'il ressentait, pour elle et pour tout. Mais désormais, par sa seule et unique faute, elle ne voudrait peut-être plus jamais lui adresser la parole. Cette simple pensée lui tordit l'estomac. Cette nuit encore, il n'avait pu dormir et n'avait fait que penser à elle. Cependant, il était persuadé qu'il n'y aurait que dans ses rêves les plus fous que Kh'iarah lui pardonnerait. Mais il pouvait au moins risquer de s'expliquer, quitte à s'enfoncer davantage.
Arrivé devant la porte de sa cabine, Hux songea à faire demi-tour, comme il l'avait déjà fait de nombreuses fois. Seulement, là, il ne put fuir. Il n'avait plus le droit après leurs dernières discussions.
Paniquant intérieurement, Armitage toqua à la porte et se demanda ce qu'il était en train de faire.
C'est stupide, elle ne m'ouvrira jamais, cela ne sert à rien que j'espère... C'est fini. J'ai tout gâché... pensa-t-il avant que la porte ne s'ouvre pourtant.
Son courage s'écroula en un rien de temps, et tout ce qu'il souhaita fut partir en courant comme un voleur. Il n'avait cependant plus le luxe de laisser faire le temps.
Le regard de Kh'iarah se refroidit dès qu'elle le reconnu. Elle voulut refermer la porte, mais il se dépêcha de la retenir et demanda :
- Les officières qui habitent avec vous sont ici ?
- Déjà parties, répondit sèchement la lieutenante.
- Alors laissez-moi entrer.
Après avoir retenue une nouvelle fois la porte prête à se fermer, Hux commanda en plantant ses yeux dans ceux de Wayshley :
- Kh'iarah, laissez-moi entrer.
N'ayant au fond d'autre choix que d'obéir au général, elle recula pour lui laisser le passage libre, ne se gênant pourtant pas à lui montrer son agacement.
Il referma la porte derrière lui avant de se tourner vers elle qui l'observait, froidement et silencieusement. Le rouquin ne semblait pas non plus disposé à dire quoi que ce soit, paralysé par ce qu'il avait pensé oser lui avouer en venant ici. Et le regard de l'officière qui semblait autrefois le comprendre sans qu'il n'ouvre la bouche mais qui le toisait maintenant n'aidait pas.
Hux avait peur d'avoir perdu son estime pour toujours.
- Vous êtes venu ici simplement pour me dévisager... ? Si c'est ça, vous pouvez repartir, la « vie que vous m'avez offerte » demande beaucoup de travail.
- Non, je ne suis pas venu pour cela, répondit-il dans un souffle.
Décidant enfin de se lancer, Armitage n'arrivait cependant pas à dissimuler sa peur.
Il n'avait toujours eu que lui dans sa vie ; ce qu'il aimait et haïssait le plus était lui. Mais cette fois, continuer signifiait accepter d'y faire une place à quelqu'un d'autre, une personne qui aurait aussi bien le pouvoir de le détruire que de le sauver.
Une seconde plus tard, sa décision était prise.
- Je vous ai menti. Ce moment ... il a compté, Kh'iarah.
Wayshley le fixa, déconcertée, avant de bredouiller, oubliant toute possible démonstration de colère :
- Je ... je ne sais plus quoi dire, vous sembliez si ...
- Alors écoutez-moi.
L'officière attendit donc avec appréhension ce que ce général d'habitude si sûr de lui avait à dire pour être désormais les mains tremblantes et la gorge sèche face à une personne aussi insignifiante qu'elle – d'après ce qu'elle comprenait de leurs dernières discussions –.
- J'ai besoin de vous. Restez avec moi.
Kh'iarah ne sut quoi dire devant ses yeux si suppliants.
Il était toujours autant terrifié à l'idée de montrer une partie de ce qu'il ressentait qui, retournée contre lui, pourrait le faire souffrir plus que tout. Mais convaincu que s'il y avait dans cette galaxie une personne à qui il pouvait faire confiance, c'était bien le lieutenant Wayshley, il continua :
- Je comprendrai que vous vous éloigniez de moi et à vrai dire je vous le conseille.
- Hein... ?
- Croyez-moi, cela vous évitera bien des soucis et des souffrances, mais je suis connu pour être assez égoïste alors je vais l'être. Restez. Je vous demande de ...
Hux soupira, la respiration saccadée et le cœur battant, ne trouvant soudain plus les mots suffisants pour lui expliquer.
- Vous m'avez dit penser réellement vos paroles le jour où vous m'avez dit que je ... enfin que vous m'aimiez. Alors je vous demande juste d'encore m'aimer.
Il la dévisagea le souffle court, ne croyant pas un seul instant qu'il venait vraiment de lui dire toutes ces choses et ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin.
- J'espère avoir été assez clair. Il y a des choses que je suis incapable de vous dire, par lâcheté sans doute, mais, là, maintenant, je vous demande de continuer d'être présente pour moi. Je n'arrive même pas à vous dire combien je suis terrifié lorsque vous êtes loin de moi et combien je suis l'homme le plus heureux lorsque vous êtes à mes côtés.
Armitage fit un sourire timide, n'ayant jamais pensé dévoiler ce genre de sentiment à quelqu'un, avant d'ajouter :
- Je crois être devenu incroyablement faible face à vous et je déteste cela...
- Mais vous aviez dit ne pas ...
- Si vous refusez de rester, je vous prie de ne jamais regretter, de ne plus jamais penser à moi !! la coupa-t-il. Et ... vous auriez raison de faire ce deuxième choix. Si vous acceptez tout de même de rester, vous risquez de le regretter et me détester plus tard mais, pour le moment, c'est tout ce que je veux.
Il continua ensuite, plus tremblant que jamais :
- Choisissez entre sombrer avec moi, peut-être qu'ensemble nous pourrons nous aider à remonter à la surface même si je doute d'y arriver, pas seul en tout cas, ou bien soyez heureuse. Devenez une personne forte et juste, ne perdez jamais votre temps avec un pauvre type dans mon genre. Mais sachez que quelle qu'elle soit, j'accepterai votre décision et ferai tout ce que vous me demanderez. Je peux vous déposer sur la planète que vous souhaitez, vous donner plus d'argent que vous n'auriez l'occasion d'utiliser en plusieurs vies et vous faire oublier du Premier Ordre ainsi que de la Résistance. Vous pouvez tout recommencer à zéro, loin de moi.
Le général Hux s'arrêta, la dévisageant en attendant une réponse qu'il pensait ne jamais voir venir.
- Armitage... murmura Kh'iarah, émue par sa déclaration.
Des larmes lui montèrent aux yeux. Elle n'aurait jamais pensé voir le rouquin dans cet état, aussi tourmenté par ce qu'il lui demandait.
- Je vous en supplie, ne pleurez pas. Dites-moi combien vous me détestez, hurlez-moi que jamais plus vous ne m'aimerez après ce que je vous ai dit hier, mais ne pleurez pas. Vous valez mieux.
- Je ne pleurais pas.
- Si. Vous étiez sur le point de pleurer.
- Ça ne compte pas.
Ils se dévisagèrent, se demandant tout deux où cette discussion allait les mener, avant que Kh'iarah, ayant à son tour prit une décision dont elle n'avait pas eu besoin de réfléchir, ajoutait tristement :
- Et quand bien même je pleurais, il faudra vous y habituer maintenant que j'ai fait le mauvais choix et que vous devrez me supporter.
Le cœur du rouquin sembla s'arrêter avant de se mettre soudain à battre plus vite qu'il ne l'aurait cru possible.
- Répétez-moi cela lieutenant...
L'officière esquissa un sourire puis, plongeant ses yeux émeraude dans ceux d'Armitage en s'approchant de lui, disait :
- Général Hux, je vous pardonne ce que vous avez dit. La seule chose que je souhaite vraiment c'est vous savoir heureux et je veux rester avec vous, me battre pour le Premier Ordre, sous vos ordres.
Il ne chercha pas à savoir s'il avait bien compris le sens de ces mots qu'il se précipita vers elle pour l'embrasser comme il n'aurait jamais pensé oser le faire ici, les officières qui partageaient la cabine de Kh'iarah pouvant revenir d'une minute à l'autre.
A bout de souffle, le rouquin finit cependant par se détacher d'elle à contrecœur. Leurs yeux étaient pourtant, eux, incapable d'en faire autant.
- Il faut que j'aille sur la passerelle, je n'ai pas eu le temps de faire mon rapport à Kylo Ren hier.
Elle hocha la tête, un sourire sur les lèvres.
- Allez-y, je ne tiens pas à vous retrouver mort.
Il sourit aussi, puis l'embrassa longuement une dernière fois.
Armitage ne supportait pas l'idée de devoir se séparer d'elle si tôt, mais il dut néanmoins se résoudre à la laisser à sa cabine, heureuse et le cœur battant.
*** ***
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