Chapitre XLVIII
Pdv extérieur
La générale ne ressentait plus rien d'autre que de la douleur. Elle essaya de se concentrer sur les appels d'Efrim et la voix de Hux qui lui disaient de rester éveillée, mais ses paupières étaient bien trop lourdes. En les laissant se fermer, Kh'iarah eut l'impression que son corps pourtant paralysé de douleur flottait dans un vide infini et sombre. Seul le toucher d'Armitage, qui serrait dans ses mains celle de l'officière, la maintenait connectée à la réalité.
Les bruits de pas autour d'elle, les balancements de sa civière qui traversait les couloirs du Premier Ordre, les grincements mécaniques des droïdes médicaux qui l'accompagnaient, tout cela la berçait. Wayshley se sentait aussi bien coupée du monde que sensible au moindre petit bruit. Elle ne se rappelait pas avoir un jour autant apprécié le faible grondement du croiseur et, plus rarement, les alarmes d'urgences. Cette lointaine cacophonie la rassurait. Elle lui signifiait qu'elle était en sécurité.
La générale se souvenait encore du choc qu'elle avait subi lorsqu'un tir ennemi avait atteint leur chasseur. Elle se rappelait en détail des violentes secousses qui avaient pris le vaisseau lorsque ses commandes de tirs avaient explosé devant elle ainsi que de l'intense douleur qui l'avait envahie. Sa tête avait brutalement frappé son dossier, son buste avait été victime des éclats du tableau de bord détruit, puis elle avait senti Efrim perdre le contrôle de l'appareil tandis que ses forces la quittaient et qu'elle perdait connaissance.
Seul Efrim se souvenait du chasseur TIE qui les avait rejoints et avait détruit l'X-Wing ennemi de justesse. Le commandant stormtrooper était alors parvenu à reprendre le contrôle du vaisseau avant d'appeler Kh'iarah. Face à son manque de réponse, il avait accéléré et quitté le champ de bataille pour se poser difficilement en urgence dans un hangar de l'Eclipse. Alerté de leur problème, Hux avait abandonné son poste et accouru les retrouver. Ce n'était qu'à ce moment-là que la générale était revenue à elle.
Elle se retrouvait désormais attachée à la lointaine voix de Hux qui représentait sa seule source de lumière. Le visage inquiet de son compagnon lui revint alors en mémoire. Elle avait honte de ne pas avoir réussi la mission qu'elle s'était donnée et de ne pas avoir su revenir indemne.
Elle eut ensuite la lente impression de tomber dans un vide sans fin. Wayshley se sentait entre deux mondes, aussi bien consciente que piégée dans un cauchemar. Cela dura plusieurs longues minutes avant qu'elle ne puisse reprendre peu à peu conscience. Le rythme des pas réguliers de Hux avait cessé et elle comprit qu'elle était allongée, sans doute dans l'une des infirmeries du croiseur.
Des bruits résonnaient autour d'elle. Kh'iarah n'arriva d'abord pas à les distinguer, puis elle reconnut des voix, l'une semblant être celle de Hux. Cela l'enveloppa de calme et elle voulut parler ou tenter de bouger, ne serait-ce qu'entrouvrir les yeux, mais cela lui demandait un trop grand effort et elle dut abandonner.
Les trois personnes qui discutaient cessèrent ensuite leur échange et elle entendit des bruits de porte avant que le calme ne revienne. Elle distingua un instant plus tard les sons permanents des machines à bacta auxquelles elle était reliée.
La tête encore lourde, Kh'iarah eut l'impression que les ténèbres l'aspiraient de nouveau, sans qu'elle ne parvienne à s'en défaire, et elle finit par se rendormir.
***
Lorsque la générale Wayshley reprit connaissance pour la seconde fois, rien d'autre que le bruit des machines ne se faisait entendre dans la pièce. Elle battit doucement des paupières et sentit la lumière des néons au-dessus d'elle l'aveugler. Douloureusement, elle tourna sa tête sur le côté. C'est alors qu'elle le vit. De l'autre côté de la baie vitrée de sa chambre, Hux l'observait avec angoisse.
Son visage était déchiré de peur et de tristesse, et Kh'iarah songea que jamais il ne lui avait été donné de voir Armitage si vulnérable. Ses yeux verts-gris étincelaient et donnaient l'impression que la moindre parole aurait pu le détruire. Ce constat arracha le cœur de la générale, voir son compagnon ainsi lui était insupportable. Et en cet instant il ressentait la même chose.
Le Suprême Leader se sentait bien trop impuissant et coupable, même rester à son chevet lui avait paru insurmontable. Il ne voulait plus jamais la voir dans cet état. Hux avait été furieux lorsqu'il avait appris sa décision de partir au combat, seulement sa colère avait rapidement laissé place à sa peur de la perdre. Ses remerciements envers le commandant stormtrooper avaient été brefs à cause de la situation d'urgence au sein du Premier Ordre, mais Armitage lui était reconnaissait d'avoir ramené Kh'iarah. C'était un véritable miracle qu'elle ait survécu. Hux se demandait si la Force n'y était pas pour quelque chose, la légère cuirasse que la générale avait gardée après Coruscant n'aurait jamais suffi à arrêter tous les débris mortels ou à amortir le choc ; n'importe quel autre pilote y serait resté. Le Suprême Leader voyait décidément ces « injustes pouvoirs magiques » différemment avec elle.
Depuis l'arrivée de Wayshley, il s'était écoulé plusieurs heures. Tandis qu'elle se reposait, branchée à des cuves à bacta, et que les droïdes médicaux s'occupaient d'elle, Armitage avait dû retourner sur la passerelle travailler. Les troupes au sol du Premier Ordre avaient sérieusement réduit celles résistantes, cependant l'arrivée d'alliés de Mon Calamari leur avait permis de fuir. Les pertes impériales n'avaient pas été considérables, mais Hux refusait de considérer cette bataille comme une victoire. La Résistance lui avait une énième fois filé entre les doigts ; il regrettait de ne pas en avoir éliminé davantage sur Ajan Kloss.
Le Premier Ordre ferait bien entendu son maximum pour suivre leur trace, réduisant leur nombre petit à petit, seulement la technologie Mon Calamarienne pouvait brouiller les traces et Hux commençait à ne plus avoir cette patience. Diriger le Premier Ordre et traquer les rebelles étaient deux travaux épuisants bien distincts, qui tout deux le rongeaient.
La situation avait beau s'être ensuite stabilisée, ce nouvel échec lui pesait très lourd sur le cœur. Il se demandait d'autant plus s'il lui serait facile de couvrir l'irresponsabilité dont avait fait preuve la générale Wayshley et le commandant Efrim.
En s'éclipsant rejoindre Kh'iarah, il ne put s'empêcher de remettre en question toute sa vie. Il était épuisé. Tout ce qu'il aurait voulu aurait été de prendre Kh'iarah par la main et partir vivre quelques temps avec elle, loin de tout sur une planète reculée. Mais cela était totalement impossible, il ne pourrait jamais fuir ses responsabilités et le Premier Ordre. Tout ce temps, toute cette énergie... Il ne pouvait réduire en fumée toutes ces années qu'ils avaient sacrifiées pour le Premier Ordre. Il avait été le plus jeune général et était désormais Suprême Leader, néanmoins il n'osait être trop fier ; il avait encore beaucoup de chose à accomplir. Et il espérait bien que la galaxie soit un jour sous le contrôle complet de son immense empire.
Hux ne pouvait toutefois cesser de douter de lui. Kh'iarah était à ses côtés, elle l'aimait et le soutenait, mais si cela l'avait entre autres aidé à retrouver de l'appétit et à mieux dormir quelques temps, son poste de Suprême Leader venait de tout annihiler. Il n'avait pas perdu ses habitudes de général et ne se laissait aucun repos, se consacrant à sa fonction bien plus que Snoke ou même Kylo Ren pendant le court temps qui lui avait été donné, cependant cela était trop pour quelqu'un d'aussi haut placé. Hux ne pouvait tout contrôler. Cela le rongeait, et aussi bien lui que Kh'iarah le sentaient. Armitage ne voyait malgré tout pas ce qu'il pouvait changer ; il était piégé entre son devoir, ses objectifs et sa liberté.
D'autant plus que Wayshley lui manquait. Après sa promotion de générale, elle était venue s'installer dans ses appartements, cependant c'était tout juste s'ils parvenaient à se voir et à discuter le soir avant qu'ils ne dorment et qu'Hux ne doive déjà repartir. Ils se voyaient bien plus sur la passerelle de l'Eclipse ou du Finalizer qu'en privé.
Maintenant qu'elle était blessée, Armitage réalisait davantage combien il l'aimait et avait besoin d'elle.
Il était heureux de la voir se réveiller mais avait toujours aussi peur d'entrer dans sa chambre.
Lorsque leurs regards se croisèrent, sa gorge et son estomac se nouèrent. Il voyait bien que Kh'iarah souhaitait qu'il vienne ; ses yeux paraissaient l'appeler. Elle espérait qu'il viendrait la voir ou lui parler, peu-importe ce qu'il lui dirait. La générale voulait juste sentir sa présence à ses côtés et entendre le son de sa voix.
Kh'iarah tendit sa main vers lui et murmura faiblement :
- Armitage...
Hux continua de l'observer derrière la vitre, et ne sut quoi faire. Il se sentait incapable de la voir ainsi, même s'il voulait la rassurer.
Kh'iarah l'appela une dernière fois, sa voix se perdant dans un gémissement de douleur. Les médecins avaient beau l'avoir soignée et lui avoir donné quelques calmants, son corps et ses muscles la faisait toujours souffrir.
Cet appel fut la goutte de trop et le Suprême Leader franchit vivement la porte pour venir s'asseoir aux côtés de Wayshley. Cette dernière vit alors dans son regard qu'il était désolé et mal pour elle, et cette simple idée l'ôta d'un poids.
Armitage posa sa main sur la sienne et y déposa un baiser puis lui dit après avoir hésité un instant :
- Comprenez-moi lorsque je ne veux pas que vous partiez en mission. Imaginez seulement une seule seconde qu'Efrim n'ait pu ramener votre chasseur...
Kh'iarah ne répondit rien, trop faible pour parler.
Hux posa sa deuxième main sur la joue de la générale et lui dit en la dévisageant avec attention, ses yeux paraissant humides et étincelants :
- Plus jamais je ne vous laisserai prendre autant de risque. J'ai commis une terrible erreur en vous laissant y aller.
Elle allait essayer de protester quand il la coupa et ajouta tandis que sa voix se durcissait :
- Peu importe ce que vous diriez, je suis le Suprême Leader et mon choix est fait. Il est hors de question que je vous perde, Kh'iarah. Je ne peux même pas imaginer devoir vivre sans vous.
Les yeux de la générale se remplirent presque de larmes à l'entente de ces mots, touchée qu'il ait réussi à lui avouer cela et comprenant malgré tout ce que son compagnon pouvait ressentir. Pour elle aussi il était impensable qu'il arrive quelque chose à ce rouquin arrogant qu'elle aimait tant.
Il entoura alors la main de Kh'iarah des siennes et vint y appuyer son visage en y déposant de nouveaux baisers. La générale ne pouvait rien faire d'autre que sourire et tomber de nouveau amoureuse de son compagnon.
Wayshley tenta ensuite de se redresser pour mieux s'asseoir mais elle eut l'impression de devoir fournir un effort surhumain, d'autant plus que Hux la retenait.
- Non, restez allongée.
- Je veux être dans vos bras, riposta-t-elle doucement.
Sa demande, ses yeux... Hux ne put rien lui refuser. Il mourrait aussi d'envie de la serrer fort contre lui. Il l'aida donc à s'asseoir puis s'approcha d'elle pour l'enlacer. Les cheveux de la générale avaient beau sentir le brûlé, il retrouvait néanmoins son parfum habituel et cela le rendit très heureux. Il laissa ses yeux se fermer et l'entoura plus fort – tout en veillant malgré tout à ne pas lui faire mal – puis savoura la sensation de sa tête contre la sienne et des bras de Wayshley qui serraient sa taille. Kh'iarah se sentait tout autant apaisée.
Ils s'enlaçaient encore lorsque l'on toqua à la porte de leur chambre. Le Suprême Leader eut à peine le temps de se relever que la porte s'ouvrait.
Une officière entra, une tablette sous le bras, et annonça que l'amiral Peavey le demandait.
- J'arrive tout de suite.
Le regard de l'officière passa du Suprême Leader à la générale avant de revenir à son point de départ, puis recommença. A leur expression et à la posture de Hux, elle finit par comprendre qu'ils désiraient rester seuls un instant de plus. Elle les salua donc avec embarras et s'éclipsa.
Lorsqu'ils furent sûrs qu'elle était partie, Armitage se tourna vers Kh'iarah et se pencha vers elle. Il passa sa main dans ses cheveux et vint tendrement déposer sa bouche contre la sienne.
- Je vous rejoindrais dès que possible... souffla-t-il entre deux baisers.
Wayshley ne prit la peine de répondre et se contenta d'attirer le visage du rouquin à elle afin de l'embrasser plus passionnément. Hux ne put lui résister et se laissa entraîner, ne rêvant désormais plus que de se coucher auprès d'elle pour continuer infiniment ce baiser. Il dut pourtant se détacher d'elle à contrecœur un moment plus tard.
Hux caressa alors amoureusement les cheveux de sa compagne et l'admira quelques instants puis, une fois sa respiration retrouvée, lui dit :
- Reposez-vous. Je ne devrais pas être long.
La générale acquiesça et lui répondit par un sourire.
Armitage prit alors la main de Kh'iarah dans la sienne et y déposa un dernier baiser, puis il lui fit un petit sourire avant de tourner les talons et quitter la chambre.
***
Une fois son entretien avec l'amiral Peavey passé, le Suprême Leader avait dû convoquer une réunion de haut commandement et n'avait eu le temps de souffler. Cela faisait plusieurs heures qu'il n'arrêtait pas, et à peine était-il arrivé dans son bureau pour régler une dernière affaire qu'une montagne d'autres l'attendait.
Armitage se laissa tomber dans son fauteuil et observa avec abattement les documents empilés sur son bureau. La technologie du Premier Ordre était grandement redoutée pour son efficacité, et pourtant ce dernier venait encore de se faire ridiculiser. Comme l'avait craint Hux, la Résistance avait pu brouiller leurs traces et neutraliser le traceur impérial grâce à l'aide de leurs alliés. Ils venaient tout simplement de disparaître de leurs radars et ne tarderaient sans doute pas à relancer leurs ridicules attaques suicides.
Le Suprême Leader se demandait sérieusement combien de temps cette traque misérable allait continuer. Le Premier Ordre était supérieur numériquement et leur force de frappe était infiniment plus importante que celle de la Résistance mais cela ne suffisait jamais ; ils parvenaient toujours à leur échapper. Hux ne comprenait pas comment le Premier Ordre pouvait être si près du but sans toutefois parvenir à les éradiquer pour de bon.
Il se souvenait néanmoins des recommandations de Kh'iarah. Elle lui avait un jour conseillé de ne pas reproduire l'erreur de Kylo Ren qui s'obstinait à poursuivre la Résistance, au risque de s'épuiser et de tomber dans un piège trop bien calculé, mais plutôt de se concentrer sur son empire. Hux comprenait sa logique d'affirmer davantage le contrôle du Premier Ordre tout en laissant les résistants venir à lui sans pour autant les perdre de vue et ainsi décourager toute rébellion, cependant le Suprême Leader avait du mal à s'y résoudre. Il était épuisé et son unique souhait était d'en finir au plus vite.
Cette dernière bataille qu'il jugeait être un échec le blessait personnellement et lui faisait tout remettre en question. Armitage aurait voulu rejoindre Kh'iarah et se confier à elle. Elle lui aurait à coup sûr remonté le moral et donné des bonnes raisons de ne pas perdre espoir, seulement il avait encore beaucoup de travail et se sentait trop abattu pour se présenter à elle dans cet état. Il craignait de l'inquiéter.
Hux se sentait horriblement perdu, faible et vide. Il ne savait plus quoi faire et des milliers de pensées se bousculaient dans sa tête. Il revoyait encore Kh'iarah être extirpée du TIE en flamme par Efrim, se rappelait aussi la terreur qui lui avait enserré les tripes lorsque Kylo Ren avait découvert qu'il était l'espion, ou lorsque sa navette s'était crashée dans les Régions Inconnues avec Kh'iarah à son bord. Il se remémorait aussi la destruction du Surpremacy, le corps de Snoke gisant sur le sol, ainsi que l'explosion de sa très chère base Starkiller, de sa capture par les résistants, de l'assassinat de son père, de la violence et des humiliations qu'il avait subi toute sa jeunesse, de la mort de sa mère... Il ne comprenait plus à quoi sa vie pouvait servir.
Hux n'en pouvait plus. Il ne voyait plus le bout de la traque de la Résistance et doutait de lui. Et si sa vie n'avait que toujours été gâchée par le Premier Ordre ? S'il disparaissait, personne ne s'en rendrait compte. Sauf Kh'iarah. Mais n'était-il pas non plus un fardeau pour elle ? Il était à bout et se trouvait lamentable.
Armitage ne voulait plus continuer ainsi, à perdre tout ce qu'il avait pour le Premier Ordre. Son dernier échec sur Coruscant et l'accident de Kh'iarah avait été la goutte de trop, le déclic. Il était cependant bloqué. Jamais il ne pourrait partir, et personne ne lui en laisserait le choix. Hux avait d'autre part peur de se demander ce que serait sa vie sans le Premier Ordre, sans être Suprême Leader. Il y avait dédié sa vie, et avait tout donné de lui. Mais désormais il étouffait. L'énergie et la patience lui manquaient.
En observant les très nombreuses piles de documents sur son bureau et sa tablette qui ne cessait de s'allumer à cause des notifications, Hux crut devenir fou. Il était épuisé. Il ne voulait plus être un esclave du Premier Ordre.
Il frissonna et songea qu'il n'avait plus rien envie de faire, mais il n'avait cette fois-ci plus la force de lutter.
Son visage se décomposa et un poids lui comprima la poitrine. Avant cet instant, il n'avait jamais remarqué combien son bureau était froid et non-accueillant. La gorge complètement nouée, il eut beaucoup de mal à ravaler ses larmes. Sa tristesse et son épuisement lui enserraient le crâne et paralysaient la moindre pensée rationnelle, il ne voulait plus que quitter son corps, disparaître loin d'ici. Affalé sur lui-même, Armitage se demanda encore pourquoi il continuait de vivre ainsi. Il ne put toutefois distinguer l'ombre d'une réponse, il n'arrivait brusquement plus à penser et à se souvenir.
Hasardeusement, ses yeux se baissèrent sur l'un des tiroirs de son bureau. C'était là qu'il gardait rangé l'un de ses blaster, toujours chargé. Sans trop réfléchir, il ouvrit lentement le tiroir et se mit à observer l'arme. Il ne se rappelait plus exactement la dernière fois qu'il l'avait utilisée, ni l'effet que la tenir faisait. Ni l'effet de l'avoir sur la tempe ou devant le visage.
Son cœur se serra une nouvelle fois à la pensée que tout ce qu'il avait pu faire d'ignoble n'avait servi à rien. Et pourtant il était là, enchaîné à son titre de Suprême Leader et son travail aussi cruel qu'immoral.
Lorsqu'il tendit sa main vers le tiroir, son bras se mit à trembler. Armitage avait peur de reprendre son blaster, mais il voulait retrouver la sensation du poids léger dans sa main. Son poing se referma lentement sur la crosse. L'arme était petite, légère, mais elle avait tué un bon nombre de personne et brisé beaucoup de vie.
Ecrasé et mentalement tétanisé par son abattement, le Suprême Leader saisit mieux le blaster et le leva à la hauteur de son visage pour l'observer. Ses yeux se remplirent soudain de larmes et il eut beau les fermer, il ne put empêcher l'une des gouttes salées de dévaler doucement sa joue. Puis, tout aussi lentement, il vint appuyer le canon glacé du blaster contre le bas de sa mâchoire. Ce geste lui gela le corps et l'âme, Armitage n'entendait plus que son cœur battre bruyamment. La sensation de ses battements lui était horrible, et il se dit les haïr. S'il appuyait sur la détente, il n'aurait même pas le temps d'entendre le bruit, il ne ressentirait peut-être même rien. Néanmoins tout serait fini. Il ne serait tout simplement plus là.
Hux laissa doucement son doigt remonter en direction de la détente pour venir s'y poser délicatement. Il n'avait plus qu'à appuyer. Il pensa le faire, mais il s'agissait à peine d'une légère pression. Rien ne se passa.
Son cœur battait de plus en plus vite et la gâchette lui paraissait dure à activer. Hux n'avait pourtant jamais éprouvé de regret à tirer sur ses ennemis.
Tremblant et découragé de tristesse, il appuya le canon plus fort contre sa peau et ferma de toutes ses forces ses yeux. Il replaça alors son doigt sur la détente.
*** ***
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