Chapitre XLV
Pdv Kh'iarah Wayshley
Quand la nouvelle de la réussite de leur mission me parvint, un énorme soulagement s'empara de moi. Je ne savais pourquoi, mais cette opération n'avait cessé de me tenir en soucis. Et Armitage n'avait fait que me manquer.
Lorsque je pus me libérer, j'allai immédiatement le retrouver à ses appartements. La mission s'était terminée quelques heures plus tôt et leur retour s'en était suivi, je n'avais cependant pu trouver un moment de libre pour le rejoindre plus tôt. Je n'en voulais néanmoins pas à Hux de ne pas m'avoir, lui, rejointe. L'opération sur Ajan Kloss avait dû être éprouvante, et je n'aurais pas été étonnée de le trouver endormi, dans le cas où il était parvenu à vaincre ses problèmes de sommeil.
Je composai son code puis entrai. Immédiatement, Millicent accourut vers moi et vint se frotter et ronronner contre mes jambes. Pourvu qu'elle ne mette pas de poils sur mon uniforme, pensai-je en l'attrapant pour la maintenir contre mon buste. Elle frotta sa truffe rose contre mon menton et lâcha un petit miaulement, tandis que je l'emmenais avec moi chercher Armitage. Toutefois, il n'avait l'air d'être nulle part.
- Armi... ? appelai-je.
Cependant, seul le ronron de Millie me répondit.
Je la reposai donc, lui fis mes aurevoirs, puis partis reprendre les recherches de son joli maître. S'il n'était pas dans ses appartements, il y a avait de grandes chances qu'il soit tout simplement dans son bureau.
Il me fallut quelques longues minutes pour traverser les couloirs du Finalizer et atteindre son bureau. J'y toquai rapidement et actionnai la porte sans attendre.
- Quoi encore ?! rugit Hux à mon arrivée.
Je me figeai, restant à l'entrée, tandis qu'il relevait froidement ses yeux dans ma direction. A ma vue, son regard s'adoucit pourtant.
- Oh, bonjour Kh'iarah.
J'entrai et vins silencieusement m'assoir sur la chaise face à son bureau, mais il se replongea dans ses documents éparpillés sur le bureau. J'eus beau attendre quelques instants, il ne m'adressa pas de nouveau la parole.
- Armitage, j'aimerai que l'on discute.
Il lâcha un soupir fatigué mais, à mon soulagement, reposa immédiatement le document qu'il tenait. Se laissant retomber contre le dossier de sa chaise, il se saisit ensuite de ma main posée sur la table et entrelaça ses doigts avec les miens, caressant alors nerveusement ma peau.
Ses cheveux étaient décoiffés, son visage aussi blême que d'habitude – si ce n'est davantage – et ses yeux n'exprimaient aucune émotion autre que de l'anéantissement. La mission d'Ajan Kloss avait pourtant semblé être une importante victoire... Son état m'inquiétait vraiment un peu plus chaque jour. Si je me souvenais bien, tout cela avait commencé lorsqu'il était devenu Suprême Leader. Sous le règne de Kylo Ren, ses humeurs avaient déjà changé, mais cela s'amplifiait depuis quelques temps. Au commencement, Armitage s'était toujours montré doux et protecteur avec moi. Puis il était devenu possessif, jaloux, et se laissait maintenant ronger par ses responsabilités. Le pouvoir lui avait volé sa vie.
Les souvenirs de notre rencontre, et de la manière dont Armitage était à cette époque, me rassuraient toutefois. Ils m'aidaient à comprendre que cela pouvait n'être dû qu'à ses charges de travail, et non à moi. Tout s'arrangerait peut-être un jour, pour nous et surtout pour lui.
- Vous n'êtes pas venu me voir, ni n'êtes rentré vous reposer, dis-je après l'avoir dévisagé un moment.
Fermant les yeux, il soupira et me murmura tout en enfouissant son visage dans ses paumes de mains, tirant ensuite de celle-ci ses cheveux vers l'arrière :
- Pardonnez-moi...
Il replongea ses yeux fatigués dans les miens puis ajouta :
- J'ai beaucoup de travail.
- Comment pouvez-vous vivre ainsi depuis des années ? Rentrez et prenez quelques jours !
- Quelques jours ? Je n'ai pas le temps, Kh'iarah...
J'eus beau effectuer de ma main une petite pression autour de ses doigts et afficher un regard suppliant, il secoua la tête.
- Ce n'est pas possible. Je suis le Suprême Leader, bordel !
Chassant quelques mèches de son front d'un revers de main, Hux me lâcha ensuite et se replongea dans son travail.
Il me brisait le cœur. Je mourrais d'envie de l'aider, mais je savais qu'il ne m'en laisserait pas la possibilité.
Je m'approchai malgré tout de lui et vins me mettre derrière lui, debout, avant de poser mes mains sur ses épaules pour entreprendre de le masser, tandis que je déposais un vif baiser sur ses cheveux.
- Si je ne vous avais pas rencontré, je serais à coup sûr devenu fou... me confia Armitage dans un nouveau soupir.
Il laissa retomber la tablette qu'il tenait plus tôt dans ses mains et, faiblement, me dit :
- J'ai conscience de ne pas suffisamment vous rendre l'amour que vous me portez. Pardonnez-moi.
Je gardai le silence un instant. Je continuai de le masser, et le sentis enfin se détendre et décrisper son corps. Il aurait très bien pu s'endormir ici, sur sa chaise. Depuis combien de temps n'avait-il pas pris de moment pour lui, en dehors des rares que nous passions ensemble... ?
- Il y a quelque chose que j'aimerai que vous fassiez pour moi, annonçai-je plus tard, après quelques minutes.
A ces mots, Armitage se redressa, attrapa dans sa main l'une de celles que j'avais posées sur ses épaules et se tourna vers moi. Attentif, il me dévisagea alors tout en caressant de son pouce ma main.
- J'aimerai prendre part à la mission de sauvetage sur Coruscant.
- C'est impossible... murmura-t-il, soudainement effrayé.
J'avais déjà envisagé sa réaction. Je savais ce qu'il dirait de ma demande, cependant il fallait que je sache ce que je valais réellement.
- Lorsque j'ai rejoint les forces spéciales, vous saviez que j'allais devoir partir au combat. Maintenant que je suis générale, je dois d'autant plus prouver ma valeur. Vous ne pouvez me refuser de faire mon devoir, ma nomination venait de vous !
Tout en pressant davantage ma main dans la sienne, il se releva pour mieux me faire face.
- Si, je ne peux me permettre de vous y envoyer ! D'autres missions peuvent aller, mais celle-ci est pratiquement suicidaire !
- Je ne veux pas de traitement de faveur, Armitage. Si vous pouvez laisser nos troupes risquer leurs vies sur le terrain, cela doit aussi être mon cas.
- Mais je tiens à vous plus qu'à quiconque... ! Vous l'aviez vous-même dit ; vous n'aviez pas rejoint le Premier Ordre pour le servir, mais pour moi, pour être à mes côtés !
- Armitage, répondis-je en tâchant de rester le plus calme possible. Je ne suis plus une simple officière désormais, vous m'avez nommée générale. Ma vie a pris un nouveau sens ; je vous soutiendrai, certes, mais en contribuant à la grandeur du Premier Ordre.
- Mais-
- J'en ai aussi assez que vous me couvrez autant. Je veux mériter mes responsabilités.
Le regard plongé dans celui bleu-gris de Hux, je continuai :
- Et au cas où vous ne vous en douteriez pas, je sais très bien ce qu'il s'est passé pour l'officier Thanisson. Je sais ce que vous avez fait.
Ses yeux s'écarquillèrent et son teint blêmit. Je ne comprenais à vrai dire pas moi-même comment je parvenais à dissimuler l'atroce sort qu'avait connu mon ami, par la faute d'Armitage.
- Chaque jour j'essaye de vous pardonner, repris-je. J'essaye d'ignorer ce meurtre plus qu'injuste et cruel, mais je refuse que cela arrive de nouveau, de quelque manière que ce soit. Je refuse que vous contrôliez ma vie. Je déciderai de pour quoi je me bats, et de comment je me bats.
Désormais silencieux, il se contenta de me fixer d'un air aussi attristé que contrit.
- Ne perdez plus votre temps et reprenez votre travail, terminai-je d'une voix sans appel. Je saurai guider nos troupes sur Coruscant.
Après un dernier regard, je tournai les talons et quittai son bureau sans lui laisser la chance de rétorquer quoi que ce soit.
***
Pdv Armitage Hux
J'étais resté là quelques instants de plus, planté au milieu de mon bureau, encore sonné. Je mourrais d'envie de lui courir après pour la rattraper et tenter de lui expliquer une dernière fois que je ne pouvais pas l'envoyer en mission là-bas, mais je savais que c'était peine perdue. Sa décision était prise et elle ne changerait pas d'avis. J'avais néanmoins tellement de mal à me résoudre à l'écouter... C'était bien trop dangereux.
La voir aussi décidée et remontée contre moi me faisait du mal, je ne pouvais plus rien faire d'autre que l'écouter. Et même si cela avait pu paraître certain, apprendre maintenant qu'elle avait été au courant pendant si longtemps de la véritable cause de la mort de Thanisson me troublait grandement.
Je portai ma main gantée à mon visage et la passai dans mes cheveux, réfléchissant à toute allure. Sa demande me donnait un très mauvais pressentiment. Mais je ne pouvais lui refuser son devoir de générale et combattante des forces spéciales...
Je regrettais presque de l'avoir promue à ce poste. Si elle avait gardé son rôle d'officière sur la passerelle principale du Finalizer à mes côtés, à s'entraîner avec moi toutes les semaines en cachette, comme au début, mes doutes et craintes n'auraient jamais eu besoin de voir le jour. Mais elle était devenue très compétente, c'était indéniable, et je n'avais pu faire autrement que lui donner des responsabilités. J'en payais cependant le prix.
Je lâchai un soupir et m'assis à mon bureau, me saisissant ensuite de mon holopad. J'appelai Kh'iarah.
Rapidement, son visage fit irruption devant moi, le bleu de l'image m'empêchant toutefois de contempler l'éclat de ses beaux yeux. Cela me manquait, j'aurais bien eu besoin de réconfort.
- Suprême Leader, me salua-t-elle.
- Vous partirez avec votre escouade des forces spéciales et l'ancienne unité FN sur Coruscant, annonçai-je d'une voix monotone. Je vais transmettre les instructions au commandant Efrim, il vous accompagnera.
Un immense sourire prit immédiatement place sur ses lèvres. Il était rayonnant, et pas même la transmission tremblotante n'arrivait à l'altérer.
- Merci, répondit-elle simplement.
Je n'ajoutai rien. Mon cœur paraissait se consumer d'angoisse, j'aurais souhaité ne jamais avoir eu à accepter une mission pareille. C'était malheureusement réel, bien trop réel.
- Ne prenez aucun risque.
Elle hocha la tête comme à son habitude mais cela ne me suffisait pas, je voulais l'entendre le dire.
- Promettez-le-moi.
- Je vous le promets, Suprême Leader...
Je profitai une dernière fois de la vision de son visage si parfait, en détaillant avec attention chaque partie avant d'être attiré inexorablement par ses lèvres. J'aurais tant préféré qu'elle soit là plutôt qu'à travers ce fichu hologramme. Je l'aurais à coup sûr embrassée comme si ma vie en dépendait, mais cela était impossible. Je ne pouvais même pas lui dire au revoir comme je l'entendais.
Elle termina notre appel par un dernier sourire sincère puis me salua avant de raccrocher.
Je baissai alors la tête, essayant de me contrôler et de chasser définitivement le moindre de mes doutes. Je relevai ensuite le regard et tentai de joindre le commandant Efrim.
L'image d'Ach Efrim apparut alors, son casque bloqué sous le bras et les épaules droites tandis qu'il me saluait d'un signe de tête.
- Avez-vous bien été assigné à l'opération de sauvetage sur Coruscant ? demandai-je.
- Oui, mon Suprême Leader. Je comptais aller réunir mes soldats.
J'hochai la tête et enchaînai :
- Vous seconderez la générale Wayshley, qui sera aux commandes. J'ai à ce propos une requête.
Je vérifiai avoir toute l'attention du commandant, puis repris :
- J'exige qu'avant même que vous vous dévouiez à la mission, vous veilliez sur elle. Rien ne doit lui arriver.
- Bien entendu. Mais si je peux me permettre, Suprême Leader, Kh'iarah n'a pas besoin de protection particulière, tout comme elle n'appréciera pas votre initiative.
- C'est bien pour cela que je compte sur vous pour être discret. Laissez-la bien sûr diriger comme bon lui semble, mais assurez-vous qu'elle nous revienne en parfaite santé.
Même à travers l'écran de communication il m'était possible de sentir le scepticisme d'Efrim. Je ne lui demandai cependant pas de discuter mes ordres.
- Tenez-moi personnellement informé de l'avancée de l'opération, ajoutai-je. Vous serez en contact avec mon vaisseau.
- Bien mon Suprême Leader.
L'appel prit alors fin.
Je sentais mon estomac tordu d'angoisse à la simple idée que cette mission puisse être la dernière de Kh'iarah. Cela ne me disait vraiment rien de bon. Je devais toutefois lui faire confiance. C'était aussi ce qu'elle attendait de moi.
*** ***
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