Chapitre XLIX

Pdv extérieur

La générale avait beau être fatiguée, elle ne pouvait trouver le moyen de dormir. Les bruits des machines médicales autour d'elle commençaient à l'énerver et elle se sentait horriblement inutile. Son corps était encore douloureux, pourtant elle s'ennuyait ainsi cloîtrée au lit.

Cela faisait un bon moment qu'Hux l'avait quittée et elle commençait à s'interroger. Il était certainement – comme à son habitude – très occupé, toutefois elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un mauvais pressentiment. A son réveil, il lui avait paru trop vulnérable, Kh'iarah doutait être la seule cause de son accablement.

Ennuyée, elle se redressa doucement en prenant garde à ne pas réveiller ses douleurs et alla chercher les vêtements propres qu'Armitage lui avait apportés plus tôt pendant son sommeil. Elle les troqua donc contre sa blouse et sortit de la chambre médicale.

Elle n'était restée alitée que peu de temps, cependant marcher lui paraissait déjà étrange et peu évident. Elle parvint tout de même à retrouver une démarche rectiligne, sans pour autant cesser de se tenir aux murs.

Elle ne tarda cependant pas à croiser au détour d'un couloir le commandant Opan, un officier proche de Hux qui l'avait assisté dans beaucoup de ses missions. En la voyant arriver ainsi, la mine affreuse et rasant les murs, le commandant eut un mouvement de recul.

- Bonjour, Opan, salua faiblement la générale.

- Bonjour Madame, répondit-il en effectuant une courbette respectueuse. Allez-vous bien ?

Si l'officier s'était voulu le plus neutre possible, il n'avait pu empêcher ses yeux de divaguer pour examiner des pieds à la tête un très court instant la femme qui se trouvait devant lui. Il avait entendu parler de son « accident », toutefois il n'aurait jamais pensé la croiser de sitôt.

- Oui, je vous remercie. Savez-vous où est Armitage ?

- Dans son bureau il me semble, dit Opan. Voulez-vous que je fasse venir quelqu'un pour vous aider ?

Kh'iarah refusa poliment puis le remercia, se courba à son tour en guise de salut, mais elle ne manqua que de perdre l'équilibre. Elle se rattrapa alors de justesse à un mur en retenant un rire tandis qu'Opan, gêné, tendait son bras vers elle sans ne plus savoir où poser les yeux.

La générale le salua une dernière fois puis s'en alla, de nouveau de sa démarche quelque peu instable. Elle se traîna ainsi jusqu'au bureau du Suprême Leader et remercia intérieurement les divinités de ne pas l'avoir fait rencontrer de nouvelles personnes devant qui se ridiculiser.

Elle toqua à la porte et attendit un instant, seulement Hux ne lui ouvrit pas. Elle était pourtant sûre de pouvoir ressentir sa présence. Plus les secondes passaient et plus Kh'iarah était envahie d'un très mauvais pressentiment, son cœur commença à battre plus fort et elle s'imagina tout un tas de scénario catastrophique.

Wayshley toqua une nouvelle fois, cette fois-ci plus énergiquement, mais resta sans réponse. Elle pensa que Hux devait simplement être trop occupé pour l'entendre et se permit donc d'entrer le code. Lorsque la porte s'ouvrit et qu'elle vit Armitage assis dans son fauteuil, les yeux fermés en train de s'appuyer le canon du blaster sur le dessous de la mâchoire, Kh'iarah resta figée. Cela ne dura que l'espace de quelques millièmes de secondes avant qu'elle ne réagisse et se précipite vers lui.

***

Pdv Kh'iarah Wayshley

- Armitage ! m'écriai-je désespérément. Arrêtez !!

Mon cœur brûlait de peur. A mes appels, Hux rouvrit les yeux. Il tourna son visage vers moi et m'observa accourir.

Je me jetai à genoux devant lui et le fis écarter l'arme de son visage, toutefois il ne lâcha pas le blaster. Son bras ne fit que retomber le long du corps, sa main tenant toujours fermement l'arme.

- Vous êtes fous ?! Pourquoi faites-vous ça ?! lui criai-je en ne pouvant m'empêcher de pleurer.

Plus aucune once d'espoir ou de fierté ne brillait dans son regard, et pourtant il semblait déterminé. Il me regardait d'un air presque indifférent. Le voir ainsi me faisait peur. Je ne savais pas s'il allait réessayer, ce qu'il comptait faire. Il semblait être redevenu le général Hux que j'avais croisé sur Corellia, celui sans émotion.

- Comment pouvez-vous oser-

- Je suis désolé... dit-il d'une voix tremblante. Je suis tellement désolé, Kh'iarah...

Mon cœur battit douloureusement à ces mots. Les yeux d'Armitage se remplirent de larmes, mais aussitôt qu'elles se mirent à couler il les essuya d'un revers de manche. Son regard redevint immédiatement vide.

- Pourquoi faites-vous ça... ? soufflai-je en ayant l'impression que l'univers entier s'écroulait autour de moi.

Il posa un regard glacial sur moi. J'étais terrifiée. Seule sa voix me rappelait encore un peu l'Armitage que je connaissais et que j'aimais.

- Je suis épuisé, dit-il cependant glacialement.

Je me demandai même s'il m'en voulait pour quelque chose.

- Jamais je n'arriverai à vaincre la Résistance.

- Armitage-

- Ils se sont enfuis, une fois de plus ! s'énerva-t-il. Tout est de ma faute. Kylo Ren, Snoke, mon père, ses amis... Ils avaient tous raison. Je ne suis qu'un bon à rien et un incompétent. Une honte.

- C'est faux ! Armitage, écoutez-moi, vous-

- Non, je suis incapable de diriger le Premier Ordre. Chaque défaite me ridiculise un peu plus. J'ai passé mon enfance à être humilié, et rien n'a changé depuis. Ma vie entière aura été ainsi. Je n'aurais mieux fait de ne jamais naître.

Secouée de sanglots, je fus incapable de parler. J'aurais eu tant de chose à dire, mais j'étais soudainement incapable de les dire. Tous les mots s'étranglaient dans ma gorge et aucun ne parvenaient à franchir mes lèvres. Il n'y avait que les larmes qui ne cessaient de dévaler mes joues.

Une petite étincelle parut alors changer dans le regard d'Armitage et il tendit son bras vers mon visage pour essuyer de son pouce mes larmes. Ses yeux étaient toutefois toujours aussi inexpressifs.

- Je suis désolé. Croyez-moi, vous êtes la meilleure personne que je n'ai jamais rencontrée. Et mes sentiments pour vous ont toujours été des plus honnêtes. Je regretterai pour l'éternité de vous faire cela, mais je ne peux plus continuer.

Armitage posa sa main sur ma joue et me regarda droit dans les yeux tandis que je pouvais ressentir toute sa souffrance à travers sa voix tremblante :

- Je regrette infiniment que vous ayez dû me voir ainsi. Vous ne méritez pas cela. Mais vous méritez aussi quelqu'un de mieux que moi, je ne me pardonnerai jamais de vous avoir entraînée dans cet enfer. Vous n'appartenez pas à ce monde... Vous n'auriez jamais dû me faire quitter les prisons de la Résistance.

Mon cœur se déchirait un peu plus à chacun de ses mots.

- Ne faites pas ça, ne partez pas... le suppliai-je tandis que de nouvelles larmes s'échappaient de mes yeux. Comment pouvez-vous songer à me laisser... ?

Hux m'observait toujours de haut, depuis son fauteuil, d'un regard vide. Sa main gantée caressait mon visage, mais aucune tendresse ne paraissait émaner de lui. Il ne dégageait plus que le dégoût et la haine qu'il éprouvait pour lui-même.

- S'il vous plaît... Soyez patient, tenez le coup. Tout s'arrangera, je vous le promets... !

- Kh'iarah... essaya-t-il de me stopper.

Sa voix était remplie d'une tristesse infinie qui me paralysa.

- Le Premier Ordre, nous... nous comptons sur vous ! Vous ne pouvez pas abandonner !!

Je m'étais mise à crier et avais pris sa main dans les miennes. J'étais désespérée ; il me regardait, m'écoutait, mais rien n'avait d'effet sur lui.

- La guerre est loin d'être finie et-

- Cela fait si longtemps que je me bats contre la Résistance... Jamais je n'arriverai à les exterminer.

Sa voix était aussi glaciale que plus tôt. Je craignais d'avoir véritablement perdu l'homme que j'aimais. Je ne savais plus quoi faire.

- Armitage, ne perdez pas espoir, je vous aiderai ! Je vous promets que vous y arriverez, je crois en vous et en le Premier Ordre. Vous devez juste être patient, ce n'est qu'une question de temps avant leur chute. Mais je vous en supplie ; n'abandonnez pas. Je serais avec vous jusqu'à la fin mais ne me laissez pas. Ensemble nous les vaincrons.

Ses yeux gris se remplirent de nouveau de larmes et restèrent tristement plongés dans les miens. Je n'étais pas sûre qu'Hux ait réellement prêté attention à ce que je venais de lui dire, il ne semblait que me dévisager.

Ses doigts s'entremêlèrent aux miens.

- J'aurais aimé que tout soit différent, que nous nous rencontrions ailleurs, loin de cette guerre, et que nous puissions vivre ensemble simplement... dit-il faiblement. Nous aurions vécu sur la même planète, nous nous serions rencontrés plus tôt. Peut-être aurions-nous été des amis d'enfance ? Nous n'aurions en tout cas jamais eu les mêmes problèmes qu'ici. Le Premier Ordre et la Résistance n'auraient jamais existé.

- Avez-vous entendu ce que j'ai dit ? Armitage, qu'importe le passé, vous avez pratiquement tout ce que vous avez toujours souhaité ! La Résistance n'est qu'un dernier minable obstacle. Je vous en prie, faites-moi confiance ; tout va s'arranger.

- Je ne me sens presque plus capable de soutenir le regard de mes amiraux... Il n'y a pas d'autre moyen pour que je trouve la paix. Je ne peux plus continuer à vivre dans mes échecs.

Les larmes au coin de ses yeux se mirent à couler et Armitage soupira tristement. Il me murmura alors :

- Partez, Kh'iarah. J'ai besoin de le faire seul. Pardonnez-moi...

- Je n'irai nulle part !! m'écriai-je. Comment pouvez-vous être aussi égoïste ?! Le Premier Ordre a besoin de vous, de son Suprême Leader ! Et moi aussi j'ai besoin de vous. Je vous aime Armitage, je ferais tout pour vous rendre heureux alors pitié laissez-moi une nouvelle chance...

Il détourna à ces mots le regard, mais je me redressai pour prendre son visage entre mes mains et le faire me regarder.

- Je vous l'ai déjà dit. Je vous aime de tout mon cœur, Armitage. Je vous aime.

Le lui redire le fit frémir. Il semblait complètement vulnérable. Il était encore une fois au bord des larmes.

- Kh'iarah, s'il-vous-plaît... Partez.

- Non, je ne vous laisserai pas seul.

Je le sentais devenir de plus en plus ébranlable et réceptif à ce que je disais, et je vis l'espoir de lui changer les idées, ne serait-ce que pour quelques temps.

- Armitage, écoutez-moi. Vous êtes un survivant ! Vous avez survécu à votre enfance, vous avez loyalement dédié votre vie au Premier Ordre et vous en êtes désormais le Suprême Leader. Vous êtes débarrassé de Kylo Ren, Snoke, votre père et je ne sais qui d'autre. Vos projets ont pu être ralentis, mais vous avez finalement tout réussi ! Soyez patient, la Résistance n'est qu'une dernière étape... Et moi je suis là, je ne partirai pas.

J'ajoutai en le regardant droit dans les yeux :

- Alors vous pouvez bien me tuer la première, car jamais je ne vous laisserai.

Ses yeux retranscrivirent sa souffrance et, plus tôt que je l'avais espéré, il lâcha prise. Mes mains dans les siennes, il se leva en me faisant mettre debout et se jeta dans mes bras après avoir posé le blaster sur son bureau.

- Aidez-moi... demanda-t-il faiblement tandis que je le sentais trembler et s'agripper fermement de ses doigts à mon uniforme.

Je le serrai aussi de toutes mes forces contre moi, contente de le voir perdre sa précédente détermination.

- Je ferai tout pour vous Armitage, lui dis-je tendrement. Vous savez toutefois ce que je pense ; vous devez vraiment prendre du repos. Cela vous ronge, vous aveugle. Vous perdez tout espoir et toute confiance. Vous ne pouvez continuer ainsi.

- C'est impossible... répondit tristement Armitage. Je vous assure que je fais mon maximum pour être avec vous, mais j'ai bien trop de chose à faire. Et je refuse de tout reléguer comme le faisait Snoke.

- Je ne parle pas d'avoir du temps pour moi, mais pour vous. Et le problème est là, la pression de tout contrôler seul vous ronge.

Hux soupira. Il se redressa légèrement pour me dévisager quelques secondes puis il laissa appuyer son front contre le mien et ferma les yeux.

- Je ne me sentirais pas légitime de mon titre si je ne fais pas ce qu'il faut. Je dois continuer quoi qu'il arrive, je ne sais simplement pas si j'en aurais le courage...

- Je suis là pour vous ! Vos hommes aussi. Vous n'êtes pas seul, Armitage, nous vous aiderons. Le Premier Ordre vaincra la Résistance. Et vous aurez enfin réussi. Regardez déjà tout ce que vous avez accompli... !

Il acquiesça puis ajouta d'une voix où transperçait son épuisement :

- Le Premier Ordre est toute ma vie, je ne supporterai pas de voir sa chute. Si mon armée meurt, je mourrais aussi.

- Je le sais bien, mais le Premier Ordre ne peut craindre la Résistance. Il ne faut bien sûr leur laisser aucun champ libre, mais il n'arrivera rien à votre Premier Ordre.

D'un geste du pouce, je balayai les dernières traces de larmes sur les joues d'Armitage. En le voyant aussi abattu, je songeai qu'il ressemblait à un enfant. Son passé douloureux l'avait fait grandir bien trop vite en lui laissant un grand vide dans le cœur.

J'entourai son visage de mes mains et relevai légèrement ma tête pour venir déposer un baiser sur ses lèvres.

- Mais je vous en supplie, ne refaites plus jamais ça, dis-je ensuite. Ayez confiance en vous, ou ne serait-ce qu'en moi, et tenez bon. Je vous assure que vous êtes quelqu'un de formidable, un incroyable stratège, et un grand Suprême Leader.

Il hocha de nouveau la tête et conclut faiblement en me regardant :

- Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle... Au moins pour vous.

Armitage leva sa main pour la poser sur ma joue et ainsi attira mon visage à lui. Il m'embrassa alors lentement, et ce fut comme si je devais comprendre à travers ce geste tout l'amour et la gratitude qu'il était capable d'éprouver et qu'il éprouvait pour moi.

Nos yeux se fermèrent naturellement et j'eus l'impression que nos âmes venaient de s'accrocher à celle de l'autre pour l'éternité.

Lorsque nous nous séparâmes pour reprendre un peu d'air, Armitage soupira de contentement et appuya encore tendrement son front contre le mien. Il me demanda alors après une petite hésitation :

- Est-ce pour moi ou pour le Premier Ordre que vous vous battez ?

Je pris le temps de réfléchir un instant avant de répondre :

- D'abord pour vous, mais je veux croire en vos projets. Je suis certaine que vous n'êtes pas aussi cruel que tout le monde le dit. Je vois bien comment vous êtes lorsque nous sommes ensemble.

Ma réponse dut rassurer et redonner un peu d'espoir à Hux car je vis clairement son visage s'apaiser. Il déposa alors un rapide baiser sur mes lèvres puis m'enlaça de nouveau, me tenant fermement contre lui comme s'il craignait que l'on m'enlève.

- Ne me refaites plus jamais peur ainsi... lui murmurai-je en fermant mes yeux et en laissant ma tête reposer contre celle d'Armitage. Je suis là pour vous alors parlez-moi si ça ne va pas.

Je lui demandai ensuite d'une petite voix :

- Promettez-moi de ne pas abandonner avant que cette guerre ne soit finie.

Hux hésita quelques secondes avant de me dire d'un air sincère :

- Je vous le promets.

Il embrassa mon front puis m'entoura encore de ses bras tandis que je faisais de même et me demandais ce qu'il serait arrivé si j'étais intervenue trop tard. Armitage dut apparemment penser à la même chose que moi.

- Kh'iarah, dit-il tandis que sa tête reposait contre la mienne. Vous êtes mon ange. Vous n'avez cessé depuis notre rencontre de me sauver. Je ne m'arrêterai jamais de vous adorer pour cela.

Sa déclaration me mit les larmes aux yeux et j'eus du mal à trouver quoi lui répondre. Je n'aurais jamais pu songer qu'il penserait une aussi belle chose de moi.

Il ajouta :

- Pardonnez-moi pour tout. J'ai honte de vous avoir fait peur aussi lâchement.

Je lui fis un sourire puis fermai mes yeux contre son épaule quelques instants, heureuse de me dire qu'il allait bien et qu'il avait retrouvé un peu de force.

Je craignais cependant dans un coin de ma tête qu'Armitage ne tarde à rechuter. Nous avions cette fois-ci évité le pire, mais je me demandais pour combien de temps encore. Je songeai qu'il était donc urgent de trouver une solution. Hux ne pourrait passer sa vie ainsi.

Détruire au plus vite la Résistance allait devenir une priorité.

*** ***

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