Chapitre LVII

Pdv extérieur

Assisse au fond de sa cellule, les jambes repliées contre sa poitrine, Kh'iarah attendait.

Cela devait désormais faire près d'une quinzaine de minutes que l'attaque avait débuté et que toujours aucun résistant n'était venu la chercher, que cela soit pour la transférer ailleurs ou même pour l'exécuter. L'officière ne savait pas s'il s'agissait d'un bon signe. Elle craignait que les rebelles ne cherchent à maintenir leur position à l'entrée de la base et que Hux ne décide d'ordonner un bombardement. La prison avait beau être souterraine, elle était malgré tout incapable de tenir face aux torpilles à protons du Premier Ordre.

Kh'iarah était donc terrifiée, mais elle gardait aussi espoir. Elle avait confiance en Armitage et espérait voir arriver ses troupes d'une minute à l'autre.

L'officière avait toutefois beaucoup de mal à comprendre la situation. Plus aucun bruit d'affrontements aériens ou terrestres extérieurs ne lui parvenait depuis un bon moment, les haut-parleurs avaient cessé de tourner en boucle les mêmes instructions et la base semblait être devenue silencieuse. Il ne restait plus que les sonneries étouffées des alarmes tandis que de rares groupes de soldats traversaient de temps à autre les prisons en courant.

Kh'iarah se demandait si le Premier Ordre avait réussi à prendre le contrôle de la base. Savaient-ils que de nombreux résistants s'étaient retranchés dans la prison ? Tout laissait présumer une victoire mais la générale craignait que les troupes impériales ne se fassent surprendre.

La situation ne tarda pourtant pas à se clarifier lorsque l'officière fut brusquement tirée de ses pensées par une violente détonation.

Kh'iarah sursauta puis se dressa immédiatement sur ses pieds et tendit l'oreille. Le bruit avait toutefois laissé place à un silence de mort, quelquefois interrompu par les bruits de pas lointain des résistants et le léger remuement des prisonniers. Les lumières des couloirs se mirent ensuite à vaciller puis s'éteignirent, plongeant les couloirs des prisons dans une obscurité presque totale.

Le cœur battant, Wayshley s'approcha doucement de la porte de sa cellule. Ce calme sourd la terrifiait. Elle essaya de regarder à travers la petite vitre mais ne put voir plus loin que ce que les rares voyants éclairaient encore. Des faisceaux lumineux finirent pourtant par émerger du bout du couloir et s'approchèrent. Une voix insulta quelqu'un ou quelque chose en sullustéen, puis une seconde voix rétorqua :

- Les câbles ont dû disjoncter. L'armoire électrique a été touchée tout à l'heure, c'est sûrement ce qui a explosé.

Le sullustéen bougonna une dernière chose et la discussion cessa finalement. Le groupe de résistants passa alors devant la cellule de Kh'iarah, l'éclairant rapidement de leurs fusils sur lesquels étaient fixées les lampes, tandis que la générale reculait poliment.

- Connards d'impériaux... marmonna l'un des soldats une fois la cellule dépassée. Si ça ne tenait qu'à m-

Le soldat ne put finir sa phrase qu'une voix lointaine cria quelque chose - chose que Kh'iarah ne put comprendre -. Cela fut néanmoins suffisant pour que la marche des rebelles se transforme en course. Les six soldats se précipitèrent en direction de l'appel et la lumière de leurs lampes ne tarda pas à disparaître au fond du couloir obscur.

Une nouvelle fois, un silence régna. Kh'iarah se rapprocha encore de la porte et regarda vers où les résistants étaient partis. L'officière refusait de croire que la détonation qu'ils avaient entendue provenait d'un problème technique, pas alors que le Premier Ordre avait lancé une attaque contre la base. Wayshley se sentit prise d'une énergie nouvelle face à cette pensée. Sa nervosité augmenta également, ainsi que le rythme des battements de son cœur. S'il s'agissait bel et bien de troopers, Kh'iarah serait peut-être bientôt libre et en mesure de retrouver Armitage.

Comme pour le lui confirmer, de nouveaux cris ne tardèrent pas à résonner, cette fois-ci suivis de nombreux coup de feu. Les affrontements durèrent ainsi plusieurs minutes, sans que la générale ne puisse discerner quoi que ce soit. Les couloirs de la prison restaient inéclairés, les alarmes diminuées ; seuls les bruits de combat et les mouvements des détenus - désormais agités - parvenaient aux oreilles de Kh'iarah.

L'officière tenta de chasser son agitation en faisant les cent pas, cependant elle ne parvint réellement à se calmer, frémissant à chaque nouvelle détonation. Combien de pertes ses troupes subissaient-elles ? Combien de troopers allaient perdre la vie pour elle ? Désormais angoissée, Kh'iarah alla se recroqueviller dans un coin de la pièce et attendit.

L'assaut parut durer une éternité, parfois entrecoupé de courte pause avant de reprendre, toujours plus bruyamment. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs longues minutes que les coups de feu finirent par baisser en intensité pour finalement cesser.

Est-ce terminé... ? se demanda Kh'iarah en relevant le menton. Silencieusement, elle se remit debout et s'approcha de la porte.

Des bruits de pas résonnèrent soudainement et un petit groupe de résistants passa à toute allure devant elle. La générale sursauta violement puis suivit du regard la lumière de leurs lampes, sautillant au rythme de leur course. Lorsqu'elles eurent disparu, Kh'iarah compta une dizaine de secondes avant que de nouveaux cris ne retentissent, suivis de quelques tirs puis de nouveau le calme.

Tout était si silencieux que l'officière entendait son propre cœur battre et résonner. Elle ne savait plus quoi faire ; devait-elle appeler et révéler sa présence ? Rester prudente et tranquille, comme les autres détenus ?

Un petit instant s'écoula sans qu'elle ne fasse rien d'autre qu'attendre et écouter le silence. Des bruits de pas frôlant le sol lui parvinrent alors aux oreilles. Une sueur froide parcourut le dos de la générale et ses épaules se crispèrent.

Calmement, Wayshley se dressa sur ses orteils et tenta d'observer le couloir, retenant sa respiration pour écouter. Les bruits de pas se rapprochaient doucement tandis qu'un léger cliquetis d'armure sonnait par mégarde.

Si l'officière avait pu précédemment douter, ce nouveau bruit était pourtant assez clair ; il ne pouvait s'agir que d'eux.

- Eh !! Je suis là ! se mit-elle à crier en tapant sur la porte de sa cellule. Aidez-moi !!

Face à l'absence immédiate de réponse, Kh'iarah se demanda si elle n'avait pas fait erreur.

De nouveaux faisceaux lumineux ne tardèrent pourtant pas à émerger de la pénombre, puis l'un apparut soudainement devant la fenêtre. Aveuglée, Kh'iarah se recula en se protégeant les yeux de son bras. Elle n'eut pas même le temps de s'identifier que la personne face à elle s'écriait d'une voix synthétisée :

- C'est elle !

D'autres bruits de pas arrivèrent, le faisceau de la lampe se baissa en direction du sol et Kh'iarah put alors reconnaître le casque familier des stormtroopers. Jamais elle n'avait été aussi heureuse de les voir.

- Générale, veuillez reculer de la porte, demanda le trooper qui l'avait trouvée tandis qu'un autre déposait quelque chose sur le boitier d'entrée.

Kh'iarah obéit et aussitôt le mécanisme de la porte explosa en plusieurs jets d'étincelle.

Les stormtroopers s'écartèrent ensuite afin de laisser passer leur commandant. Son casque et sa tenue avaient beau être sales et noircis, Kh'iarah n'eut toutefois aucun de mal à reconnaître son ami.

- Efrim ! s'exclama-t-elle dans un sourire.

- Générale, répondit-il avec retenue malgré son propre soulagement.

Le chef-trooper entra hâtivement dans la cellule et posa amicalement sa main sur l'épaule de Kh'iarah tout en l'inspectant du regard.

- Es-tu blessée ?

- Mon bras gauche a été malmené mais ça ira.

Efrim soupira et hocha la tête, rassuré.

- Content de l'entendre. Viens, ne perdons pas plus de temps.

Efrim lança un dernier regard dégouté à la cellule puis en sortit, suivi de Wayshley. Mission accomplie, songea-t-il avec satisfaction tandis qu'il lui tendait un blaster.

Il tourna ensuite son visage vers l'un de ses subordonnés.

- Joignez l'unité FL, demandez-leur de nous sécuriser un passage jusqu'à la surface.

Il s'adressa ensuite à un second soldat :

- Informez le Finalizer que la générale est sauve.

- Tout de suite commandant ! répondit le trooper en se mettant au garde-à-vous avant de se saisir de son comlink pour lancer l'appel.

Efrim reprit alors sa marche auprès de la générale tandis que les troopers se mettaient en formation autour d'eux. Ils n'étaient pas censés recroiser de résistants, mais cela restait de la théorie. Certains d'entre eux étaient certainement parvenus à cacher leur présence des radars et se terraient encore dans les prisons.

Les membres du Premier Ordre restaient donc sur leurs gardes, malgré l'objectif de sortir de ces souterrains au plus vite et de regagner la navette. Efrim se demandait justement comment allait le Suprême Leader. Son escouade n'avait toujours pas reçu de nouvelles et cela commençait à inquiéter le commandant.

- Où en est l'attaque ? demanda Kh'iarah tandis que le groupe remontait les souterrains.

- Plusieurs de nos croiseurs bloquent les accès à Arkanis, les résistants sont pris au piège.

Efrim ajouta ensuite en voyant que le visage de la générale ne se décontractait pas :

- Cela s'annonce très bien pour nous. Arkanis était déjà sous notre contrôle, mais nous pouvons désormais aussi compter les zones sauvages.

- Hux sera ravi... répondit Kh'iarah d'une manière pensive.

- Votre capture nous a fait gagner un temps précieux et nous a mené tout droit vers la Résistance. Ils ignoraient que nous étions si près du but, notamment grâce aux précautions du Suprême Leader Hux.

La générale fit un maigre sourire et, d'une voix indéchiffrable, répondit :

- C'est déjà ça. Heureuse d'avoir pu être utile.

Un silence lourd flotta quelques secondes puis Kh'iarah hésita avant de finalement demander :

- Hux est-il bien rentré de Geonosis ?

- Oui. Il a pu réintégrer le Finalizer.

Le visage de l'officière sembla se radoucir, son estomac se dénoua et elle put à nouveau respirer librement. Armitage se portait bien, c'était le plus important.

Elle ignorait toutefois la suite de l'histoire et Efrim s'interdisait de lui avouer si tôt, de peur de l'inquiéter. Il était néanmoins vrai que ce manque de nouvelles était assez étrange. Le commandant craignait que leur fuite se soit mal passée.

Jetant un rapide regard à la générale, Ach s'assura qu'elle ne le surveillait pas puis il se tourna discrètement vers son second.

- Comment va le Suprême Leader... ? souffla-t-il à voix basse.

Cela ne fut pourtant pas suffisant.

- Le Suprême Leader quoi ? s'offusqua Kh'iarah en s'arrêtant net. Vous ne savez pas comment se porte Hux ?!

Les deux soldats se lancèrent un rapide regard embarrassé.

- Où est Hux ?! répéta Kh'iarah avec inquiétude.

- Le Suprême Leader avait insisté pour nous accompagner, répondit calmement Efrim. Venir ici était malgré tout dangereux et il a dû faire demi-tour.

- Faire demi-tour ? Seul ?! Bon sang Ach mais qu'est-ce qu-

- Nous nous étions retrouvés pris au piège, il était bien plus sûr qu'il retourne à la navette plutôt que de prendre le risque qu'il soit blessé.

- Avez-vous perdu la tête ?! s'écria-t-elle, complètement sidérée.

Lui qui me reprochait de simplement partir me battre ! ajoutait mentalement l'officière. Elle ne pouvait croire que Hux avait été assez désespéré pour venir ici, malgré les risques que cela impliquait. De telles décisions ne lui ressemblaient pas !

- Où est-il maintenant ? pressa-t-elle.

- Nous sommes en attente de ses nouvelles.

Derrière la visière de son casque, Efrim soutenait le regard de la générale. Il avait bien conscience de l'ampleur du problème mais refusait de se reprocher la tournure de l'attaque. Qu'aurait-il pu dire face aux caprices du Suprême Leader ? Il n'avait qu'essayé de se sortir des situations qui lui avaient été données, aussi catastrophiques soient-elles.

La générale ne partageait cependant pas cet avis et fusillait du regard le chef-trooper.

- Appelez la navette immédiatement, ordonna-t-elle d'une voix sèche. Je veux que vous localisiez Hux.

Deux des soldats s'y activèrent tout de suite, sans discuter. Efrim, lui, proposait :

- Ne devrions-nous pas-

- Encore se séparer, scinder nos troupes ? coupa froidement Kh'iarah. Non. Nous allons aller le chercher et rentrer une bonne fois pour toute.

N'ont-ils aucune conscience ? pesta-t-elle mentalement. Armitage est leur Suprême Leader ! Comment n'a-t-il pas pu être arrêté plus tôt ?!

L'officière fulminait. Elle ne pouvait faire autrement qu'imaginer le pire et se mit inconsciemment à marcher, passant et repassant nerveusement devant le commandant Efrim.

- Je t'assure que s'il lui arrive la moindre chose, Ach, tu seras l'unique responsable ! lança-t-elle dans sa direction tandis que les troopers tentaient de joindre le Finalizer.

Le commandant ne répondit rien, toutefois il songea que Hux et elle faisaient vraiment la paire. L'officière tournait en rond de la même manière que le Suprême Leader, lorsqu'il était sur le point de perdre patience et qu'il se mettait à parcourir les pièces de long en large, les épaules raides et la mâchoire contractée. Kh'iarah ne semblait même pas en avoir conscience.

- Générale ! appela l'un des troopers en raccrochant son comlink.

Efrim s'approcha, précédé de l'officière. Elle avait beau tenter de rester droite et impassible, Ach lisait très bien sur son visage à quel point elle était inquiète et ce constat le désola.

- Alors ? demanda-t-elle impatiemment.

- L'escouade du Suprême Leader a été localisée près d'une sortie des souterrains, informa le trooper. Cependant...

- Cependant quoi ?!

Le soldat hésita, jeta un coup d'œil à son supérieur puis reprit :

- Cependant leurs capteurs n'indiquent plus aucun mouvement.

Le visage de l'officière perdit soudainement ses couleurs. Son estomac se noua de peur et elle ne trouva quoi répondre. Kh'iarah refusait d'y croire, elle refusait de penser qu'Armitage avait pu être blessé. Il existait beaucoup d'autres explications pour qu'il ne soit déclaré mort si tôt.

- Avez-vous d'autres informations... ? parvint-elle à articuler malgré sa voix légèrement tremblante.

- L'escouade a effectué une demande de renforts, il y a quelques minutes.

Le stormtrooper ajouta ensuite en tendant à la générale un datapad de poche :

- Ils ne devraient pas tarder à arriver sur les lieux.

Elle s'en saisit immédiatement et parcourut le petit écran du regard, analysant les plans des souterrains et les dernières avancées de l'escouade avant de reprendre espoir. Les capteurs étaient certes immobiles, cependant la sortie n'avait été plus qu'à quelques mètres d'eux.

Je suis certaine qu'Armitage a pu s'enfuir !! se répétait Kh'iarah avec optimisme. Elle avait la conviction profonde qu'Hux était vivant, sans même pouvoir déterminer d'où elle provenait. Peut-être était-ce encore la Force ?

Wayshley se tourna vers le commandant Efrim.

- Rassemble tes hommes, il n'y a pas un instant à perdre.

- Non, Kh'iarah ! Atten-

Efrim n'eut le temps de la retenir par le bras que la générale dégainait déjà son blaster et trottinait vers le dernier endroit où l'escouade avait été localisée. Les troopers furent alors contraints de la suivre, bientôt suivis d'Efrim.

Les caprices de Kh'iarah et Hux l'exaspéraient ; ils étaient bien plus incommodants que la nonchalance du commandant.

Pauvre Premier Ordre ! songea-t-il sarcastiquement en rattrapant la tête de groupe.

***

Allongé sur le dos dans la neige d'Arkanis, Armitage regardait les flocons tomber doucement. D'abominables douleurs traversaient chaque fibre de son corps et ses yeux brûlants ne demandaient qu'à se fermer. Il ne pensait cependant qu'à Kh'iarah et à quel point il avait lamentablement échoué ; jamais plus il ne la reverrait.

Hux se demandait pourquoi aucun renfort n'était encore arrivé. Et Kh'iarah ? Efrim avait-il fini par la trouver ? Armitage aurait tout donné pour la savoir en vie. Il était cependant loin d'elle, loin de tout et surtout loin de la navette. Le vaisseau n'apparaissait plus que comme une forme sombre, immobile et indistincte de l'autre côté de la plaine. L'officier savait que jamais il n'arriverait à se traîner jusque-là.

En songeant que tout était fini pour lui, ses yeux se remplirent de larmes et brouillèrent sa vue. Armitage essaya de mieux respirer mais sa bouche était remplie de sang et il s'étouffa, recrachant péniblement le liquide rouge.

Hux aurait préféré être abattu sur le champ qu'être laissé ainsi. Mais, par-dessus tout, il aurait voulu que Kh'iarah soit là. Il aurait tout donné pour entendre une dernière fois sa voix, contempler une dernière fois son visage. L'officier était pourtant seul, complètement transi de froid et déchiré de douleur.

Il pensa à la peine que sa mort risquait de causer à sa Kh'iarah. Il n'en doutait en effet pas ; il allait mourir. L'explosion l'avait frappé de plein fouet et des débris lourds transperçaient son côté droit, pratiquement déchiqueté. Cela aurait été un miracle que la déflagration n'ait pas touché d'organes vitaux ; perdre son bras serait un minimum. Armitage sentait d'autant plus son sang couler et imbiber la neige d'une couleur pourpre. S'il avait voulu espérer survivre, il aurait fallu qu'une aide lui soit apportée plus tôt. Il était maintenant trop tard et Hux le savait. Il allait mourir comme il se l'était toujours imaginé ; seul.

Une bourrasque balaya la surface de la poudreuse et glaça l'officier, renforçant l'irradiante douleur qui transperçait son corps. Armitage n'eut même plus la force de gémir. A la place, une larme coula silencieusement du coin de son œil avant de tomber dans la neige. Je n'aurais finalement jamais réussi à vaincre la Résistance... songea-t-il, la gorge complétement nouée. Mon père avait raison.

Ses regrets électrifièrent son cœur et, épuisé, Hux laissa ses yeux se refermer petit à petit.

Il ne tarda pourtant pas à distinguer une voix en train de l'appeler désespérément, une voix qu'il ne connaissait que trop bien et qu'il aimait par-dessous tout.

Kh'iarah...

Sa voix le ramena à lui.

Doucement, l'officier se força à rouvrir les yeux. Il entendait désormais la neige craquer sous les pas effrénés de la générale. Un instant plus tard, Wayshley se jetait à ses côtés.

- Armitage ! pleura-t-elle. S'il-vous-plait Armitage, tenez-bon !

Hux sentit l'officière le redresser puis l'entourer de ses bras pour le serrer contre elle, le visage enfoui dans ses cheveux roux. L'étreinte accentuait atrocement ses douleurs mais il ne s'en plaignait pas. Au contraire, Hux fit l'effort de lever son dernier bras fonctionnel afin d'enlacer Kh'iarah.

Tandis qu'il s'agrippait à son uniforme, Armitage laissa ses yeux se refermer et de nouvelles larmes s'en échappèrent. Elle était en vie, Kh'iarah était vivante. Rien n'aurait pu le rassurer davantage que de la savoir à ses côtés.

- Pourquoi a-t-il fallu que vous accompagniez Efrim ? demanda Wayshley d'une voix brisée. Vous êtes complétement stupide...

- J'avais peur pour vous... articula faiblement le Suprême Leader. J'avais peur, Kh'iarah.

L'officière fut secouée par d'autres sanglots et, serrant Hux encore plus fort, lui murmura :

- Je vais bien maintenant... Vous n'avez plus qu'à tenir bon et nous rentrerons bientôt chez nous.

Hux voulut croire ces mots. Il ne savait pas si Kh'iarah essayait réellement de le rassurer ou si, inconsciemment, elle cherchait elle-même à se persuader qu'il restait de l'espoir, cependant Armitage voulait y croire. Il ne se passait pourtant pas une seule seconde sans que les douleurs de son abdomen, brûlé et quasiment déchiqueté, ne le transpercent de souffrance. Hux luttait aussi bien pour rester éveillé que pour continuer à respirer correctement. Kh'iarah était son dernier réconfort, sa dernière raison de résister.

- Les renforts arrivent Armitage... chuchota Wayshley en essayant de réfréner ses pleurs. Accrochez-vous juste encore une peu.

- Kh'iarah...

De nouvelles larmes envahirent les yeux de l'officier et sa gorge se noua subitement. Il hésita alors un instant avant de reprendre d'une voix tremblante :

- Je vais mourir, Kh'iarah... J'ai peur.

La générale secoua résolument la tête puis serra le corps de Hux contre elle.

- Non, non, tout ira bien Armitage !

Incapable de retenir ses pleurs plus longtemps, Wayshley éclata tout à coup en sanglots, le visage enfoui dans le cou de l'officier.

- Je vous en prie Armitage, ne m'abandonnez pas... l'implorait-elle faiblement. Il faut que vous teniez bon...

Hux ferma les yeux, laissant échapper un soupir douloureux. Sentir Kh'iarah trembler contre lui tandis que ses larmes imbibaient le col de son uniforme lui brisait le cœur. Il aurait voulu la réconforter, lui confirmer que tout irait bien ou ne serait-ce que lui exprimer sa gratitude, seulement il n'en avait plus la force. Armitage était horriblement impuissant, aussi bien face à la souffrance de Kh'iarah que face à la sienne.

Il lui était pourtant impensable de partir sans avoir exprimé ses sentiments. Après quelques efforts, Hux parvint à articuler :

- Regardez-moi.

La générale tenta de l'ignorer, dissimulant ses pleurs dans le creux de son cou, mais Armitage réitéra d'une voix faible :

- Kh'iarah, j'ai besoin de vous voir...

Son ton désespéré transperça la jeune femme.

Wayshley serra alors une dernière fois Hux contre elle, s'efforçant par la même occasion de réprimer ses sanglots, puis elle releva le visage vers lui. Leurs regards se croisèrent et Kh'iarah fut affligée de voir combien Armitage souffrait. Son regard autrefois vif, fier et intimidant n'était désormais plus que vide, épuisé et torturé, tandis que son visage pâle était tiré de douleur. Et pourtant, lorsque leurs regards s'accrochèrent, les lèvres de l'officier trouvèrent le moyen d'esquisser un sourire amoureux.

- Merci, souffla-t-il.

Armitage leva doucement sa main jusqu'au visage de Kh'iarah et en posa la paume sur sa joue. Il sécha alors tendrement ses larmes et songea avec émotions à combien il l'aimait. Cette femme était définitivement la plus belle créature qu'il lui avait été donné de voir.

La douleur le consumait davantage chaque seconde, mais Hux se raccrochait au visage de sa compagne et l'observait, encore et encore. S'il devait partir, il voulait que ce soit sur cette image.

Ses paupières s'alourdissaient cependant de plus en plus et le visage de Wayshley commençait à s'estomper. L'officier sentait peu à peu la vie l'abandonner.

- Kh'iarah... trouva-t-il la force de murmurer. Il y a quelque chose que je dois vous dire.

Feignant un sourire, la générale chassa quelques mèches rousses du visage d'Armitage et répondit d'une fausse voix :

- Vous me le direz une fois de retour sur le Finalizer.

- Cela ne peut attendre.

- Armitage, s'il vous plait.

Hux savait que Kh'iarah avait peur, peut-être même davantage que lui, mais il savait aussi que le temps leur était compté. L'officier refusait d'agir une nouvelle fois en lâche.

Caressant lentement la joue de sa compagne, Hux réprima les derniers tremblements de sa voix et déclara :

- Je vous aime.

- Armi-

- Je vous aime, insista-t-il, cherchant à accrocher le regard de la générale.

Brusquement, un arrière-goût de sang se répandit dans sa bouche et le contraignit à tousser. Ses spasmes amplifièrent violement ses douleurs et coupèrent sa respiration, toutefois il persista :

- Je vous aime sincèrement, Kh'iarah.

Le visage tordu de tristesse, l'officière éclata de nouveaux en sanglots et reposa sa tête contre celle d'Armitage.

La douleur se fit toujours plus intense mais Hux l'ignora, levant sa main pour la passer dans les cheveux de la jeune femme. Elle lui chuchotait à présent, la bouche sèche :

- Je vous aime aussi... Je vous aime tellement.

Une vague de tendresse s'empara du cœur d'Armitage. Il savait que Kh'iarah aussi était sincère et rien ne pouvait le rendre plus heureux.

Désormais apaisé, l'officier put enfin lâcher prise. Il serra une dernière fois sa compagne contre lui, savourant la chaleur de son corps et inhalant son odeur autant que possible, puis il laissa ses yeux se refermer. Son étreinte se desserra alors lentement et les ténèbres ne tardèrent plus à l'envelopper.

Kh'iarah ne le lâchait pourtant pas. Ses bras maintenaient fermement Hux contre elle tandis que son visage restait enfoui dans ses cheveux roux. La jeune femme finit pourtant par s'inquiéter du silence de l'officier.

- Armitage... ? appela-t-elle.

La générale n'eut aucune réponse.

Elle releva son visage vers le Suprême Leader et constata soudainement qu'il ne bougeait plus, ni ne paraissait respirer.

- Armitage ? répéta-t-elle d'une voix tremblante, le regard affolé.

Kh'iarah essaya de le secouer mais Hux ne se réveilla toujours pas.

Tandis qu'elle réessayait vainement de le réveiller, appelant sans relâche son nom, un sentiment de panique s'empara de la générale et ses yeux se remplirent de larmes. Quelques secondes plus tôt l'officier l'enlaçait encore et lui parlait, il ne pouvait avoir cessé de vivre aussi simplement.

- Armitage ! Restez avec moi ! Armi-

- Il est trop tard, Kh'iarah.

La jeune femme sursauta et, le visage inondé de larmes, se tourna vers la nouvelle voix.

Efrim se trouvait là, debout, en retrait à quelques mètres, en train de les observer. Le reste de l'escouade attendait plus loin derrière lui.

- Ach ! implora Kh'iarah. J'ai besoin d'aide ! Armitage ne me répond plus, il-

- Tu sais bien que c'est fini.

Le commandant regretta le ton froid de sa voix. Il se devait pourtant d'être réaliste. Le corps de Hux était noirci de suie, ses vêtements déchirés et sa peau brûlée, transpercée d'éclats de métaux et parfois même déchiquetée.

La réponse d'Efrim fit toutefois frissonner Wayshley. Elle se détourna de lui et glissa délicatement sa main dans les cheveux de l'officier pour lui soutenir la tête.

- Armitage, réveillez-vous... souffla-t-elle dans un sanglot.

Evidemment, Kh'iarah n'eut toujours aucune réponse.

Le commandant s'approcha alors et vint s'agenouiller auprès d'elle.

- L'attaque doit se poursuivre maintenant que tu es sauve, informa-t-il doucement. Peavey a ordonné le bombardement de la base.

La générale ne répondit rien et continua d'observer son compagnon inerte. Après un petit silence, Ach posa une main amicale dans son dos et ajouta :

- Il faut que nous partions Kh'iarah. Je suis désolé.

- Je ne peux pas... bredouilla-t-elle faiblement. Je ne veux pas partir...

Efrim se redressa et lui prit le bras pour la faire mettre debout. Kh'iarah essaya de résister mais sa tristesse l'affaiblissait, l'empêchant de se dégager de sa prise.

- Tu ne peux rien faire pour lui, reprit-il aussi doucement que fermement.

- Non, Hux est-

Le commandant ignora les sanglots de son amie et se tourna vers ses soldats.

- Raccompagnez-la à la navette, ordonna-t-il malgré un pincement au cœur. Je vous rejoins dans un instant.

- Efrim ! pleura Kh'iarah. S'il-te-plaît, laisse-moi-

L'officière ne put finir sa phrase que deux des stormtroopers la saisirent par le bras et la forcèrent à reculer. Wayshley eut beau se débattre et leur crier de la lâcher, aucun d'entre eux ne céda. Elle se laissa alors faire, le cœur anéanti et l'âme brisée.

Tandis que les soldats l'emmenaient, traversant l'étendue neigeuse que Hux n'avait jamais pu terminer de franchir, l'officière ne cessa pas un seul instant de jeter des regards en arrière. Efrim sortait désormais son comlink de sa poche et s'agenouillait auprès du Suprême Leader, mais tout ce que Kh'iarah voyait était Armitage, dont la silhouette immobile reposait dans la neige.

*** ***

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