Chapitre LVI
Pdv extérieur
En descendant de la navette, l'air glacial secoua immédiatement Armitage et s'infiltra sous son long manteau noir. La neige craquelait sous chacun de ses pas et restait marquée de l'empreinte de ses bottes, ensuite recouvertes par celles des soldats qui l'escortaient.
Le Suprême Leader traversa prestement la courte distance qui le séparait du commandant Efrim. Son visage complètement fermé, ses épaules raides, ses enjambées rapides ; tout laissait entrevoir sa fureur. Hux n'aurait été prêt à se calmer qu'une fois sa compagne adorée retrouvée.
A l'arrivée prompte de l'officier roux, le chef-trooper ne perdit pas plus de temps et lui fit son rapport. La base rebelle avait été nettoyée de tous résistants, à l'exception des prisons souterraines dont une porte blindée bloquait l'entrée. Efrim attendait donc l'autorisation et la venue du Suprême Leader pour donner l'assaut, ce que Hux approuva très vite.
- Nous avons posé des explosifs sur la porte, termina le commandant. Nous pourrons entrer lorsque mes hommes la feront sauter.
- Est-ce vraiment sans risque pour l'infrastructure ? Nous ne devons pas prendre le risque de blesser Kh'iarah.
Efrim hocha négativement la tête.
- Nous avons étudié les plans ; cela est sans danger. Nous n'attendons plus que vos ordres.
La nouvelle rassura tout de suite Armitage et fit envoler ses doutes.
- Alors il n'y a pas de temps à perdre. Lancez l'assaut, commandant.
Ach Efrim effectua une rapide courbette puis se détourna de son supérieur pour se saisir de son comlink et transmettre ses instructions aux troupes sur place. Il ordonna ensuite à ses hommes de se tenir prêts au départ et revint vers Hux.
- Tout devrait être bon. J'ordonnerai de faire sauter la porte lorsque mes troupes et moi-même seront entrés.
- Parfait.
Efrim marqua alors une légère hésitation avant de demander nerveusement mais poliment :
- Et vous, Suprême Leader ? L'attaque pourrait mal tourner, ne devriez-vous pas attendre dans la navette... ? Je vous tiendrai au courant de l'avancée de la miss-
- Non, le coupa froidement Hux. L'attaque ne doit pas mal tourner. Faites tout votre possible pour sauver Kh'iarah et ne vous occupez pas de moi.
Le commandant sut que c'était peine perdue et serra les dents en signe de défaite. Pour lui aussi Kh'iarah comptait, et il comprenait que la situation puisse rendre Hux malade, mais agir ainsi était irréfléchi.
Ce n'est après tout pas mon problème, songea-t-il en s'éloignant de l'officier roux. Tant qu'il ne meurt pas.
Un soldat lui tendit son casque et Efrim l'enfila. Il fit ensuite un signe de mains à ses troupes qui le suivirent immédiatement. Armitage ne tarda pas non plus à les suivre. Avant de prendre les devants de la marche, le commandant demanda malgré tout à cinq de ses soldats d'escorter Hux et de tout faire pour qu'il ne lui arrive rien pendant l'opération. Efrim ne voulait surtout pas découvrir ce qu'il adviendrait de lui si, sous son commandement, le Suprême Leader venait à être blessé. Ou pire, s'il mourait. Kh'iarah serait d'autant plus dévastée.
Efrim, suivi de Hux, mena donc l'escouade à travers l'étendue neigeuse qui les séparait de la base rebelle conquise puis ils entrèrent. Les snowtroopers qui avaient combattu pour la prise de cette base et qui étaient maintenant en faction se mirent au garde-à-vous à leur arrivée, le corps droit et le regard fixe, mais le Suprême Leader et ses hommes passèrent rapidement sans même un regard. Ils continuèrent ainsi leur route vers les souterrains et ne mirent que quelques courtes minutes avant d'atteindre la porte blindée.
Efrim alla alors rejoindre l'un des soldats, s'entretint avec lui un moment, puis acquiesça.
- Faites sauter la porte et libérez le passage jusqu'aux prisons, ordonna-t-il. Exfiltrer la générale Wayshley est notre priorité.
Son interlocuteur agréa et partit avertir ses propres troupes de l'assaut. Ach Efrim rejoignit quant à lui Hux pour lui demander de reculer et de se mettre à l'abri le temps qu'ils ouvrent la voie.
- Donnez-moi une arme, commanda ensuite l'officier roux.
- Une arme ? N'êtes-vous pas censé-
- Donnez-moi un fusil blaster ! perdait-il patience. Mon pistolet ne servira à rien contre les rebelles !
Efrim ravala ses contestations et s'exécuta, allant lui chercher un F-11D. Le commandant comprenait un peu mieux pourquoi Qiu et Sanby n'avaient jamais apprécié Hux ; il était cinglé. Ce que Kh'iarah lui trouvait restait un mystère. Aucun dirigeant raisonnable n'aurait foncé de cette manière tête baissée en enfer pour l'un de ses généraux. Efrim reconnaissait être touché par l'intérêt que Hux portait à Kh'iarah, mais le Suprême Leader n'en restait pas moins fou. Il mettait tout le monde en danger.
Le commandant jeta un coup d'œil pour s'assurer que Hux s'était bien mis en retrait et constata que c'était le cas. Efrim alla alors se mettre en position près de la porte avec ses hommes, attendit quelques secondes, puis fit signe à l'un des soldats de lancer l'explosion.
La porte vola en éclat, dispersant violement les débris aux endroits calculés, tandis que les stormtroopers traversaient la fumée et s'avançaient. L'arme en joue et les lunettes thermiques activées, les premiers à entrer abattirent rapidement les rebelles et ouvrirent ainsi un passage au reste des troupes et au Suprême Leader.
Ils avancèrent vite mais prudemment et rencontrèrent de nombreux résistants qui tentaient de les ralentir. Les membres du Premier Ordre ne s'étaient pas doutés qu'autant de soldats ennemis se trouvaient dans les souterrains, de l'autre côté de cette porte blindée. Ces survivants devaient probablement être les derniers de la Résistance. Pourtant, Hux n'avait aucun plaisir à les voir tomber ou être contraints de se rendre. Sa seule obsession en cet instant était de retrouver sa Kh'iarah.
Les soldats à l'armure blanche continuèrent d'avancer et atteignirent bientôt l'entrée des prisons. Toutefois à peine se furent-ils engagés dans la large pièce qui y menait que les rebelles ouvrirent une importante salve de feu sur eux. Les stormtroopers et Hux s'abaissèrent et se mirent à couvert derrière des caisses mais plusieurs soldats furent touchés.
Afin de les dissuader d'approcher ou de se relever, les résistants continuèrent de déverser le flot de leur munition. Les tirs lasers déferlaient dans tous les sens, créant un capharnaüm et une cacophonie terrifiante. Derrière son abri, Hux tremblait et serrait son fusil contre lui, inhalant les relents de chair brûlée des corps perforés par les lasers. L'odeur lui retourna le ventre et lui fit réaliser l'horreur dans laquelle il s'était mis. Risquer sa vie ainsi ne lui ressemblait pas.
- C'est une vraie fourmilière !! cria l'un des soldats tandis qu'Efrim essayait de jeter un coup d'œil par-dessus son abri.
- Suprême Leader, repliez-vous ! haleta-t-il en se remettant à couvert lorsque l'ennemi tira une nouvelle rafale. Prenez quelques soldats et retournez à la navette, nous ne pouvons pas vous protéger ici.
Hux essaya d'analyser la situation. Il aurait naturellement voulu fuir, mais il avait aussi la certitude que Kh'iarah était ici, sur cette planète et dans cette prison. Il ne pouvait se résoudre à partir et laisser ses troupes faire alors qu'elle était si proche. Tout le sang-froid et l'insensibilité qu'il avait appris à forger au fil des années volaient un peu plus en éclat. Kh'iarah hantait son être, quand bien même ce n'était pas le moment. Seulement l'officier devait se rendre à l'évidence ; rester ne ferait que ralentir ses troupes. Hux était trop important pour prendre part aux combats, venir là avait été une erreur.
Armitage jeta à son tour un coup d'œil par-dessus sa cachette. Il faudrait quelques minutes à ses troupes pour contourner les rebelles et parvenir à les éliminer, rester ici à couvert était donc trop risqué.
- Vous me tiendrez au courant de l'avancée de la mission, ordonna Hux avant de faire signe à trois des stormtroopers qui l'entouraient de le suivre.
Efrim ignora sa directive et se contenta d'annoncer froidement :
- Partez, nous vous couvrons.
Le Suprême Leader jeta un dernier coup d'œil aux soldats qui l'accompagneraient puis, tandis que le commandant Efrim et ses hommes se redressaient pour riposter, Hux se leva et courut vers la sortie.
Deux des stormtroopers parvinrent à le suivre, mais les tirs rebelles reprirent trop vite et le troisième soldat dut se jeter derrière une table renversée afin d'éviter d'être touché. Il allait alors crier à ses camarades et au Suprême Leader de continuer sans lui, cependant Hux se retourna et tira à son tour en direction des rebelles, permettant ainsi au soldat de se relever et de les rejoindre. Armitage atteignit l'un des résistants à l'épaule puis au thorax et en élimina finalement un second avant de se résoudre à partir.
- Merci ! soupira le stormtrooper tandis que Hux et lui reculaient hors de la zone de tir. Je ne m'en serais pas sorti sans votre intervention.
Armitage baissa ses yeux vers le soldat et se contenta de lui répondre d'un signe de tête cordial. Mentalement, l'officier songea malgré tout avec satisfaction qu'il n'avait rien perdu de ses aptitudes. Il accéléra ensuite le pas et, tous sains et saufs, les quatre membres du Premier Ordre purent reprendre leur route.
Ils remontèrent en sens inverse les galeries souterraines cependant ils durent comme à l'aller rester sur leurs gardes, de peur de rencontrer de nouveaux résistants. Deux des stormtroopers ouvrirent la route et le troisième resta en arrière pour protéger le Suprême Leader, mais à peine eurent-ils traversé quelques corridors et postes de commandement vides que des voix retentirent. Les quatre se mirent aussitôt à couvert dans un renfoncement de leur couloir puis l'un des troopers sortit la tête pour regarder ce qui se passait.
- Des résistants... chuchota-t-il. Ils sont six, quatre à 1 heure et deux à 11 heures. Ils ont des fusils blaster et des armes lourdes.
Le soldat se remit à couvert et fit face à Hux.
- Devons-nous les attaquer ?
- C'est trop risqué. Combien de temps cela nous prendrait de les contourner ? demanda le Suprême Leader.
Un second stormtrooper répondit :
- A peine plus longtemps que retrouver l'entrée de la base. Il y a une seconde sortie à l'Ouest, mais nous allons devoir être très prudents ; le chemin est exclusivement souterrain et nos troupes n'ont pas encore eu le temps de le ratisser.
- Très bien. Faisons-cela, conclut Hux.
Le groupe sortit discrètement du renfoncement et firent demi-tour, en quête du nouveau chemin.
Ils progressèrent rapidement et silencieusement, éliminant ou signalant de temps à autre la position de résistants, puis arrivèrent aux derniers embranchements de couloirs. Ils n'avaient alors plus qu'à déverrouiller une porte lourde et, une fois dehors, traverser une longue étendue neigeuse avant d'enfin atteindre la navette. Cependant à peine firent-ils un pas de plus qu'un tir laser fusa sous le nez du premier soldat.
- Reculez !! hurla-t-il en ouvrant le feu aveuglément et en se repliant vers une alcôve du mur.
Hux se précipita avec les autres soldats vers le renfoncement d'en face et échappèrent de peu aux tirs ennemis qui cessèrent aussitôt.
- Bordel... ! souffla l'un des trooper en jetant un coup d'œil à son arme. C'était moins une... !
A ses côtés, le Suprême Leader soupira et laissa sa tête appuyer en arrière. Il ne comprenait décidément pas comment ces rebelles parvenaient à être aussi tenaces et dérangeants. Devoir rejoindre la navette et s'éloigner de Kh'iarah l'embêtait déjà bien assez pour qu'il n'ait en plus des problèmes d'avancée.
Pendant ce temps, le stormtrooper caché face à lui se penchait et essayait de regarder où se trouvaient l'ennemi, mais à peine eut-il montré sa tête que les tirs reprirent.
- Fais chier !! jura-t-il à son tour en se remettant à couvert.
Il baissa alors les yeux à sa ceinture, révélant une grenade flash, puis regarda Hux et les autres troopers.
- Préparez-vous... chuchota-t-il avant de décrocher l'explosif.
Il ne lui fallut qu'un minuscule instant pour le dégoupiller et l'envoyer en direction des rebelles. Aussitôt la bombe eut-elle explosée que les troopers sortirent des renforcements et tirèrent, abattant sur place les rebelles.
- La voie est libre, annoncèrent-ils ensuite lorsque tout fut redevenu calme.
Fébrilement, Hux sortit à son tour. Il jeta un coup d'œil aux corps des résistants, en poussa un du bout de la botte, puis dit :
- Ces vauriens n'auront eu-
Ses mots furent immédiatement recouverts par de nouvelles détonations. Hux se jeta de nouveau dans l'alcôve, suivi d'un des troopers tandis qu'un autre reprenait sa place face à eux. Le dernier soldat n'eut toutefois pas cette chance et n'eut pas même le temps de bouger que plusieurs tirs lui transperçaient déjà le corps.
- Bordel !! répéta sèchement le voisin du Suprême Leader pendant que le second soldat attrapait son comlink et appelait des renforts.
Armitage lança un rapide regard en arrière, observant le corps sans vie du trooper. En se détournant, un dégoût et une haine sourde des résistants montèrent en lui.
Hux songea néanmoins ensuite à un point plus réjouissant ; le fait que les tirs venaient cette fois-ci de leurs dos, par où ils étaient arrivés. Autrement dit, atteindre la sortie était donc toujours possible.
Les deux stormtroopers durent penser la même chose puisque l'un deux proposa :
- Lorsque nous attaquerons, sortez et courrez rejoindre la navette. Nous les retiendrons.
Armitage hésita un instant.
- Arriverez-vous à tenir jusqu'à l'arrivée de renforts ?
- Nous n'avons pas le choix... Nous ne pouvons pas prendre le risque qu'il vous arrive quelque chose.
Le Suprême Leader acquiesça.
- Très bien alors.
Rapidement, les stormtroopers se consultèrent du regard, s'assurèrent qu'Armitage était prêt, puis ils sortirent et ouvrirent le feu. Hux se précipita à son tour hors de l'alcôve, courant le plus vite possible vers la porte. Les tirs fusèrent derrière lui et des cris retentirent mais il refusa de se retourner. Il se jeta ensuite sur la porte et ne parvint à la déverrouiller qu'au bout de quelques secondes.
Avant de s'engouffrer dehors, il jeta toutefois un dernier regard par-dessus son épaule et vit l'un des stormtroopers se prendre simultanément des tirs aux torses et à l'abdomen. C'est peine perdue... songea Hux avec dépit. Il aurait eu beau faire demi-tour et tenter de se battre, les rebelles auraient fini par l'avoir à son tour. La meilleure solution était de fuir et rejoindre la navette. Là-bas, le reste des troupes pourrait venir en renfort.
Hux ignora donc les derniers coups de feu et franchit la porte avant de la refermer puis la boucler.
Armitage se retourna ensuite et, essoufflé, prit un court moment pour observer la plaine enneigée face à lui. Au loin, la navette lui apparaissait comme un point noir au-dessus de la poudreuse. L'étendue paraissait toutefois calme et vide, ce qui était bien assez. Hux laissa échapper un soupir de soulagement puis se remit en route, marchant puis trottinant tour à tour.
Plus il avançait à découvert et plus le vent glacial le traversait tout en lui apportant le bruit des derniers affrontements. Si rien n'avait changé depuis son départ du Finalizer, les troupes du Premier Ordre devaient toujours être en train de gagner. Elles devaient même être très proches du but. Hux esquissa alors l'ombre d'un sourire. Cependant ses pensées se tournèrent brusquement vers Kh'iarah, et son cœur se déchira de nouveau.
Était-elle blessée ? Morte ? Efrim avait-il réussi à atteindre les prisons et à la trouver ? Plus Armitage se l'imaginait souffrante, seule et terrifiée, et plus il mourrait d'envie de rebrousser chemin pour la rejoindre. L'officier n'arrivait pas à se dire que la veille encore ils dansaient dans les bras l'un de l'autre, et qu'il en était maintenant à devoir s'attendre à ce qu'on lui annonce sa mort. Sans elle, ses victoires n'auraient aucun sens. Il ne voulait gagner qu'avec sa Kh'iarah à ses côtés.
Fatigué et rongé de tristesse et de colère, Armitage s'arrêta de courir. Il toussota un instant puis ferma les yeux et serra les dents. Kh'iarah allait forcément survivre. Ce n'était pas possible autrement. Hux était obligé de croire qu'il la retrouverait et qu'ils seraient heureux ensemble. Il se voyait déjà l'enlacer.
Se remettant à courir, il essaya de se répéter qu'elle allait revenir, qu'ils allaient se retrouver. Il l'embrasserait et la serrerait de toutes ses forces en lui répétant encore et encore qu'il l'aimerait pour toujours. Armitage n'avait que cette image à l'esprit ; lui et elle ensemble. La Résistance se serait effondrée, il serait Suprême Leader et Kh'iarah serait avec lui.
Petit à petit, Hux accéléra sa course, le cœur et l'esprit remplis par ses pensées pour l'officière Wayshley. Ses jambes fatiguées parvenaient à le porter de plus en plus vite, sans qu'il ne s'en rende compte.
La navette était encore à plusieurs centaines de mètres lorsqu'une silhouette apparut brusquement sur sa droite, sortant de l'ombre de quelques arbres. A peine Armitage l'eut-il remarquée qu'une énorme détonation retentit. Il n'eut pas même le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'il fut violement projeté en arrière.
Lorsque tout cessa enfin, en l'espace d'un instant, Hux prit conscience que ses oreilles sifflaient. Son crâne paraissait être transpercé par des milliers d'aiguilles, ses yeux ne voyaient plus qu'un brouillard teinté de gris et de rose, et sa respiration était extrêmement difficile. Inspirer lui donnait l'impression qu'on lui arrachait la gorge.
- Kh'iarah... appela-t-il dans un gémissement inaudible.
Il ne comprenait pas ce qu'il s'était passé, il n'avait fait que courir et penser à elle.
Doucement, le sifflement puis le bourdonnement de ses oreilles s'atténua. Hux capta alors des bruits de pas tranquilles et légers dans la neige, encore loin de lui. Il remarqua ensuite une douleur progressive et intense dans son bras gauche et ce côté de l'abdomen. Il ne sentait quant au côté droit rien. Ou peut-être une lointaine sensation de brûlure et de désintégration, mais la douleur – ou la non-douleur – était si sourde qu'il n'arrivait pas à l'assimiler.
L'aveuglement de ses yeux s'atténua à son tour. Tout restait encore gris, mais Hux parvenait au moins à discerner les ombres et les contrastes. Il essaya alors de relever sa tête et le haut de son corps mais une douleur aigüe le paralysa. Il se laissa retomber en arrière dans la neige, pétrifié de souffrance et de terreur.
Kh'iarah... Pouvait-elle l'aider ?
Armitage essaya de rassembler ses derniers efforts et bascula son visage sur sa droite, observant l'endroit d'où il avait été projeté. La neige était noircie et des débris d'acier gisaient un peu partout. L'officier finit alors par reconnaître les traces d'une mine. Une petite, sans doute, puisqu'il était encore en vie. Il avait dû marcher dans ses alentours sans s'en apercevoir, jusqu'à ce qu'elle explose.
Hux baissa ensuite ses yeux vers son abdomen et fut pris de nausée ; ses vêtements étaient déchirés, sa peau elle-même parfois déchiquetée, brûlée ou transpercée de débris métalliques. Armitage essaya alors de bouger son bras droit mais rien ne se passa. Il n'arrivait ni à le sentir ni à le contrôler.
Les bruits de pas étaient maintenant plus proches et une résistante approchait. Bien que faible et paralysé de douleur, l'officier mobilisa le peu d'énergie qu'il lui restait pour rouler sur son côté gauche et essaya de ramper vers son fusil blaster, non loin de lui. Armitage n'avait pourtant pas fait un mètre que la soldate ennemie le rattrapait.
- Où est-ce que tu crois aller ? cracha-t-elle méchamment en lui donnant un coup de pied dans les côtes avant d'écarter de sa botte l'arme.
Epuisé et déchiré de douleur, Hux s'effondra lourdement dans la neige. Sa vision se brouilla et ses oreilles se remirent à bourdonner avant qu'il ne parvienne à finalement retrouver ses esprits. Il ignora alors les insultes de la fille et réessaya de ramper pour s'échapper, toutefois la résistante le frappa de nouveau. Le coup fut beaucoup plus fort cette fois-ci et l'impact l'envoya sur le dos.
Le visage de l'officier alors exposé, la résistance s'écria :
- Toi ?!
Elle se mit ensuite à rire d'une voix qui glaça le sang de Hux.
- Qui aurait cru que le Suprême Leader se baladerait ici, seul ?! Je n'aurais jamais pensé pouvoir me venger... !
En se concentrant, Armitage essaya à son tour d'analyser le visage de la résistante. Il était certain de l'avoir déjà vue. Il se rappela alors ; la fille blottie contre FN-2187 lors de la prise d'Ajan Kloss. C'était aussi cette même fille que Phasma avait manqué d'exécuter dans le hangar du Supremacy, peu avant sa destruction.
- Oh... ? Tu te rappelles de moi, c'est ça ? fanfaronna-t-elle. Tu te rappelles aussi de Finn alors ?
Finn ? Armitage ignorait qui il était, toutefois il nota que les yeux de la résistante se remplissaient de larmes. Très lentement, l'officier en profita pour glisser son bras gauche sous son dos, au niveau de sa ceinture.
- FN-2187 pour toi... ajouta amèrement la résistante en déchiffrant l'incompréhension de Hux.
Les yeux de la fille étaient maintenant complètement brouillés de larmes qu'elle peinait à ravaler.
- Je l'aimais... ! continua-t-elle en portant son bras à hauteur des yeux pour se les essuyer. Je l'aimais tellement, et toi tu l'as tué !! Espèce de sale ordu-
Une seule et simple détonation interrompit la résistante. Un trou logeait désormais au-dessus de sa poitrine, au niveau du cœur, tandis que son corps chutait mollement au sol.
Lâchant un soupir, Hux se laissa retomber en arrière dans la neige, les doigts toujours serrés autour de son pistolet blaster. La rebelle avait été si obnubilée par sa peine qu'elle n'avait pu voir l'officier se saisir de son arme personnelle, autre que le fusil qu'elle avait repoussé.
Mais cela ne pourra suffire à me sauver... pensa Armitage alors qu'une nouvelle vague de douleur irradiait son corps. Il eut beau essayer de respirer profondément, ses inspirations restaient trop faibles et ses expirations trop saccadées. L'officier dut mettre plusieurs secondes avant de pouvoir rassembler une toute dernière fois ses forces et basculer sur le côté. Il tenta alors progressivement de se mettre debout, serrant les dents et s'aidant de son unique bras utilisable, puis il commença à marcher. Chaque pas réveillait pourtant d'atroces douleurs dans son abdomen et sa jambe droite peinait à le supporter.
Exténué, Hux n'arriva qu'à faire que quelques pas avant que son arme ne glisse finalement de ses doigts et qu'il ne s'effondre dans la neige.
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