Chapitre LIV

Pdv extérieur

Parcourant la pièce de long en large, il ne se passa pas une seule seconde sans que Hux ne pense à Kh'iarah.

A chaque pas, ses bottes claquaient sur le sol et tendaient toujours un peu plus les trois troopers en faction aux quatre coins de la pièce. Le Suprême Leader n'y prenait toutefois pas garde ; il réfléchissait et essayait d'anticiper la suite. Sous ses gants de cuir noir, ses poings étaient fermés si forts que ses phalanges étaient complètement crispées, cependant rien ne parvenait vraiment à extérioriser sa frustration et cette dernière menaçait de le submerger. Hux aurait voulu garder la tête froide et parvenir à trouver une solution mais son estomac était tellement noué d'angoisse qu'il n'arrivait plus à penser.

Après le départ de la générale pour les mines, Caleb Remington avait laissé les membres du Premier Ordre dans ces appartements. Il leur avait alors dit de se servir à boire et à manger en attendant le retour de l'officière Wayshley ou le sien pour apporter des nouvelles, seulement elles n'étaient bien entendu jamais arrivées et Armitage ne parvenait pas à joindre Kh'iarah. Il n'était pas dupe ; il savait qu'ils étaient tombés dans un piège.

Le Suprême Leader avait toutefois profité de ce moment d'isolement pour contacter la flotte du Premier Ordre. Il avait pu expliquer la situation à l'amiral Peavey et le commandant Opan, et une partie de la flotte impériale était désormais en route pour Geonosis. Hux craignait cependant qu'il ne soit trop tard pour agir et retrouver Kh'iarah.

Il était dorénavant certain qu'il s'agissait des résistants et il espérait de tout son cœur qu'ils n'aient pas encore quitté la planète, avec Kh'iarah. Se laisser aller à la panique n'avait jamais fait partie de sa nature, Armitage Hux avait toujours su se montrer rationnel et objectif, toutefois il sentait cette fois-ci son désespoir grandir depuis les tréfonds de son âme. Maintenant qu'il connaissait Kh'iarah et que sa présence l'avait réanimé, il ne pouvait envisager d'être séparé d'elle. S'il la perdait, il perdrait avec elle la dernière once d'amour qu'il était encore capable de ressentir.

Plus Hux arpentait la pièce et plus ses pensées tendaient vers sa peur de ne plus revoir l'officière Wayshley et plus il s'agaçait de lui-même. Mais cela ne vaudrait jamais la haine qu'il serait amené à éprouver s'il ne parvenait pas à retrouver la générale.

Serrant toujours plus fort ses poings, il s'arrêta de marcher, ordonna sèchement aux stormtroopers en faction près de la porte de se renseigner sur la position de la flotte, puis il se remit à parcourir le salon avec toujours autant de nervosité.

Une intervention trop massive du Premier Ordre sur la planète ne passerait jamais inaperçue, et ignorant la position exacte des résistants et de Kh'iarah, le Suprême Leader craignait que cela ne leur donne une opportunité de fuir de nouveau. Mais faire débarquer des forces spéciales pour les débusquer prendrait du temps, ce dont ils n'avaient pas. Il était cependant insupportable pour Hux de se résoudre à abandonner Kh'iarah.

Armitage s'arrêta de nouveau et, exténué, passa une main dans ses cheveux en soupirant. Toute cette angoisse lui donnait une sérieuse envie de vomir.

- Mon Suprême Leader, le tira de ses pensées la voix de l'un des lieutenants-troopers. La flotte est en train de franchir la Bordure Médiane. Le commandant Opan estime leur arrivée dans une vingtaine de minutes.

Hux regarda le soldat avec lassitude et répondit simplement :

- Dites-leur de se dépêcher.

Il marqua alors une légère hésitation avant de reprendre avec davantage de résolution :

- Puis lancez un blocus spatial et envoyez des escadrilles TIE quadriller les airs. Envoyez ensuite des escouades prendre le contrôle de ce foutu palais. Nous attendrons ici. Et je veux que des droïdes sondes passent au peigne fin la planète ! Rien ne doit leur échapper.

J'espère bien tous les faire pendre, un par un... compléta-t-il mentalement en contractant sa mâchoire. Hux comptait trouver la manière la plus cruelle de leur faire regretter leur tentative.

Le Death Trooper acquiesça puis alla transmettre les ordres tandis que le Suprême Leader tentait une nouvelle fois de joindre Kh'iarah.

Sans résultats.

Il se remit alors à arpenter la pièce de long en large quelques instants avant que le trooper ne s'approche en lui tendant un comlink.

- L'amiral Peavey veut vous parler, annonça-t-il.

L'officier roux se saisit brusquement de l'appareil et salua avec froideur son subordonné.

- Suprême Leader, on m'a tenu au courant de vos ordres. Je me dois d'être honnête avec vous.

Immédiatement, Armitage saisit où il voulait en venir et serra les dents de contrariété. Ses poings se fermèrent de toutes ses forces, au risque d'avoir d'horribles crampes.

- La Résistance est là, répliqua Hux. Ce sont eux qui ont planifié ce piège, c'est une certitude ! Je ne les laisserai pas nous échapper une nouvelle fois.

Il détestait que ses officiers contestent ses ordres.

- Vous vous basez sur une intuition, cela nécessite une meilleure enquête. J'ai également appris concernant la générale Wayshley, c'est pourquoi je doute que vous ne visiez qu'à arrêter les résistants.

- Nous n'avons pas de temps à perdre en protocole, riposta sèchement Hux. Et je ne vous permets pas de discuter mes objectifs, amiral ! La Résistance nous file entre les doigts depuis bien trop longtemps désormais, nous savons où sont une partie d'entre eux et nous devons les appréhender dès que l'occasion se présente !

- Suprême Leader, restez rationnel. Il ne s'agit comme vous le dites que d'une partie, bien trop ridicule par rapport au tout. Les déloger des mines afin de les abattre est prématuré ; nous devrions faire profil-bas et les tracer. Ce groupe nous mènera au reste de leur armée. Et une fois pour toute, nous les aurons.

Hux se sentait incontestablement frustré. Il ne pouvait dire que la vie de l'officière Wayshley était aussi en jeu, et que ce fait comptait énormément dans la prise de ses décisions. Il savait que cela était une faiblesse, mais il refusait de perdre Kh'iarah.

- Rappelez-vous le traqueur hyperspatial que vous avez fait mettre au point il y a quelques années ; il sera notre clé, reprenait Edrison Peavey. Nous ne devons pas nous précipiter, ou bien le coup porté n'aura aucun effet.

L'amiral marqua une pause pour essayer de sonder les pensées du Suprême Leader mais il se trouva face à un silence borné. Peavey savait pourtant que Hux comprenait et adhérait à son avis. Du moins, l'ancien grand général qu'il avait connu.

Il ajouta alors :

- Je vous connais depuis longtemps Hux, je vous ai bien souvent soutenu, mais cette fois-ci vous vous devez de reprendre votre neutralité. Seuls les intérêts du Premier Ordre comptent.

Ces paroles raisonnèrent dans la tête d'Armitage. Il aurait voulu les approuver, mais il n'en avait pas toute la force. Kh'iarah l'avait changé, c'était indéniable.

Face à l'incessant silence de Hux, Peavey termina :

- Le commandant Opan est de mon avis ; nous pensons qu'il faut attendre. Laissez la générale Wayshley et continuez votre devoir. Nous la récupérerons lorsque le moment sera venu. Et s'en sera terminé de la Résistance.

La gorge nouée, Hux repensa à tout ce qu'on lui avait toujours appris. Kh'iarah avait beau énormément compter, il songea que ces enseignements étaient finalement ce qui lui avait toujours le plus profité. Il avait toujours banni ses sentiments et se demandait désormais s'il n'avait pas commis une grande erreur – bien que plaisante – en laissant Kh'iarah entrer dans sa vie.

- C'est d'accord, capitula difficilement l'officier roux. Misez sur la discrétion. Et... laissez les résistants passer. Mais croyez-moi que si cela se passe mal, je vous en reconnaîtrais une importante part de responsabilité, amiral Peavey.

- Nous vaincrons, Suprême Leader.

Sur ces derniers mots, l'amiral coupa la communication et laissa Hux complètement désemparé. Le Suprême Leader rendit au trooper le comlink et songea qu'il venait de laisser tomber Kh'iarah. Mais en y réfléchissant bien, Armitage était presque certain que la générale comprendrait et validerait sa décision. Elle ne lui aurait jamais demandé de la choisir à la place du Premier Ordre, et Hux lui en était grandement reconnaissant. Il devait tout de même avouer avoir du mal à assumer sa décision. Autrefois, il n'aurait jamais eu ce mal.

Le Suprême Leader soupira de nouveau et passa sa main gantée dans ses cheveux. Il ne regrettait rien, mais il n'aurait jamais pensé avoir autant de mal à sacrifier quelqu'un. Son estomac était noué de peur et d'affliction.

Il allait demander aux troopers des nouvelles de la flotte quand une sonnerie se mit à retentir. Le Death Trooper répondit au comlink puis, après un court silence, rejoignit Hux pour lui tendre l'appareil.

- La personne s'identifie comme étant Vassili Boden.

Le sang d'Armitage se glaça. Il n'aurait jamais pensé que ce serait lui qui le contacterait le premier. Hux craignit davantage pour la vie de Kh'iarah.

Il se saisit du système comm et attendit un petit instant avant de dire :

- Ici le Suprême Leader Hux.

Sa voix paraissait aussi glaciale et indifférente qu'à son habitude, toutefois Hux était très inquiet. Il avait beau contrôlé la situation, il était pourtant incapable de faire quoi que ce soit pour Kh'iarah. Il espérait arriver à garder son calme.

- Je craignais que vous ne tentiez de raccrocher, vous êtes assez connu pour votre lâcheté ! répondit Boden.

Armitage ne prit la peine de relever la pique mais le nerf de sa joue tressauta de colère.

Il sentait son agressivité augmenter un peu plus chaque seconde. Cet abruti capturait Kh'iarah puis avait la prétention de le prendre de haut ? S'il s'était trouvé face à lui et non pas caché dans ces foutus mines, à parler derrière un comlink, tout aurait été différent. Hux bouillonnait de rage. Il se reprochait de ne pas avoir su détecter le piège plutôt, même si cette situation lui donnerait sans doute l'occasion d'éradiquer la Résistance pour de bon.

- Vous ignorez l'importance de l'erreur que vous venez de commettre... menaça le Suprême Leader. Geonosis n'est rien pour nous, contrairement à vous et pourtant vous venez de condamner cette planète. Vous n'auriez jamais dû trahir le Premier Ordre.

Lorsque la guerrier Geonosien se contenta de rire doucement, Armitage eut toutes les peines du monde à ne pas s'énerver. Il ne devait surtout pas passer pour impuissant, et montrer sa colère ou sa peur ne servirait qu'à prouver à Boden la réussite de sa trahison.

Hux allait renouveler ses menaces quand le Geonosien le coupa :

- Mon collaborateur aimerait vous parler.

L'officier roux sentit son cœur accélérer, puis une nouvelle voix le salua sans qu'il n'eût le temps de penser.

- Bonsoir Hux. Ici le général Poe Dameron. Vous vous rappelez de moi ?

L'estomac du Suprême Leader se tordit d'angoisse. Il avait donc bien eu raison, la Résistance était derrière tout cela.

Hux s'en voulut davantage ; pour que le coup des geonosiens soit aussi bien préparé, c'était que leur alliance avec les rebelles devait remonter à quelques temps. Et le Premier Ordre avait été incapable d'enquêter correctement. A l'heure qu'il était, le Gouverneur Remington devait déjà être loin.

- Je suis heureux de vous entendre, mentit Armitage. J'aurais le privilège de vous parler une dernière fois, avant que votre bande de parasites ne soit enfin éradiquée pour de bon. A moins que vous ne décidiez de vous rendre, nous aurons alors l'occasion de nous revoir lorsque j'ordonnerai votre exécution.

- Encore une fois, vous sous-estimez la Résistance. Vous vous croyez au-dessus de tout, mais vous n'êtes qu'un chef abusif et lâche. Le Premier Ordre n'aura jamais eu pire Suprême Leader que vous.

A sa propre déception, Hux se sentit touché par l'insulte du rebelle qui ne fit qu'amplifier sa colère. L'officier prenait sur lui pour rester calme et ne pas perdre la face. Il souffla un bon coup puis répondit méchamment :

- Vous me rappelez votre ami FN-2187, dans ses dernières secondes, avant que je ne le fasse abattre. La Résistance n'a toujours eu comme armes que son désespoir, sa haine et son instabilité. Je me ferai un plaisir d'enfin vous écraser, un par un jusqu'au dernier, et de libérer la galaxie de votre vermine !

Le Suprême Leader marqua une pause puis reprit dans un rictus haineux :

- Votre chute sera un merveilleux succès et un exemple parfait pour tous ! Rien ne vaincra jamais le Premier Ordre.

- Pourtant, nous savons tous les deux que j'ai un avantage sur vous.

Armitage émit un rire sans joie et espéra dissimuler son inquiétude grandissante ; Dameron détenait effectivement quelque chose d'important. L'officier roux se força à lui répondre aussi avec tout autant d'assurance, mais il savait que cela n'égalerait pas la sincérité du ton confiant du résistant.

- Et quel serait cet avantage ?

- Devinez. Kh'iarah ne vous manque-t-elle pas... ?

A l'entente du nom de sa compagne, Hux se figea et son sourire retomba. Il serra son poing et les dents puis se força à demander calmement :

- Où est la générale Wayshley ?

Le général rebelle rigola légèrement.

- Elle est là, à côté de moi. Inutile de vous affoler.

Hux dut fournir un véritable effort pour ne pas perdre patience, ainsi que pour ne pas exiger de parler à Kh'iarah. S'il montrait le moindre attachement pour l'officière, les résistants risquaient de se servir d'elle pour l'atteindre et Hux savait que cela ne serait bon pour personne. Il allait devoir l'ignorer et espérer que les rebelles commettent l'erreur de ne pas la tuer. Pour que le plan du Premier Ordre réussisse, il fallait que le groupe rebelle quitte Geonosis afin de les mener au reste de la Résistance. Cela voulait donc dire qu'ils emmèneraient Kh'iarah avec eux, sans que Hux ne puisse s'assurer de sa santé.

Mais Armitage préférait encore prendre le risque de la sacrifier que de laisser la Résistance filer, ou que de voir tout ce à quoi il avait dévoué sa vie s'écrouler.

Hux ne perdrait jamais de vue ses objectifs.

- Transmettez-lui ma déception. J'attends beaucoup de mes généraux, et non qu'ils se retrouvent à la merci du premier résistant venu.

Armitage regretta chacun de ces mots prononcés, toutefois il s'obligea à rester impassible. Pas même son visage ne put trahir le chagrin qu'il ressentait.

Le résistant douta un instant, puis il demanda :

- Dites-moi Suprême Leader, quel est le plus important à vos yeux entre le Premier Ordre et Kh'iarah ? Ne craignez-vous donc pas de la perdre ?

- La générale... ? Vous pouvez la garder, j'en trouverai une autre.

Le cœur d'Armitage se noua face à ses mots, mais il se força à continuer d'une voix toujours plus fanfaronne et insouciante :

- Le premier Ordre n'aura jamais rechigné à sacrifier quelques vies des siens pour maintenir la paix dans la galaxie.

Que cela soit un stratagème ou non, Dameron était sidéré. Il jeta un coup d'œil à la générale menottée à côté de lui avant de répondre au Suprême Leader.

- Alors vous ne verriez pas de problème à ce que j'exécute la générale Wayshley ?

Hux se crispa. Ce qu'il redoutait le plus était en train d'arriver. Il était hors de question qu'il supplie le résistant ni montre le moindre élan de faiblesse, mais était-il capable de réellement tuer Kh'iarah ? Armitage savait que les exécutions étaient rares au sein de la Résistance et qu'il ne s'agissait probablement que d'une ruse des rebelles pour le faire plier, toutefois il ne pouvait confier la vie de sa compagne au hasard.

- Dois-je en conclure que la générale ne représente rien pour vous, qu'elle est sacrifiable ? relança le rebelle.

L'officier roux garda de nouveau le silence. Il ne parvenait à articuler quoi que ce soit, son âme lui donnait l'impression d'hurler et il en perdait tous ses moyens. Choisir entre Kh'iarah et la victoire du Premier Ordre lui était atroce.

Armitage pensa alors à son père. Le dégout et le mépris que le visage du commandant Hux aurait affiché s'il avait été là n'étaient pas compliqués à imaginer.

Après un moment de silence, Hux déglutit avec peine puis, la gorge serrée, finit par répondre dans un presque murmure :

- Gardez-la...

Il n'y eut aucune réponse pendant un petit moment et Hux se demanda si le résistant avait réussi à le comprendre. Sa voix ne tarda pourtant pas à résonner dans le comlink un instant plus tard.

- Tu entends ça, Kh'iarah ? disait Dameron à l'officière à côté de lui. Il n'a que faire de toi, tu n'es rien de plus qu'un autre de ses instruments.

Instinctivement, Hux fit un pas en avant et dut se retenir pour ne pas crier le contraire. L'idée que l'officière puisse croire ces mensonges lui était insupportable. Elle devait lui faire confiance, jamais il ne se serait servi d'elle.

Le Suprême Leader tendit l'oreille en espérant entendre la réponse de sa compagne, qui peut-être lui donnerait le signe qu'elle comprenait sa ruse, seulement rien ne vint.

Hux espérait de tout son cœur qu'elle ne se laisserait pas avoir. Son cœur lui brûlait et il regrettait atrocement d'avoir à choisir entre le succès du Premier Ordre et elle. S'il l'avait pu, Armitage aurait tout nié sur le champ, tout expliqué à Kh'iarah en lui promettant qu'il l'aimait et qu'il n'avait agi ainsi que dans le seul et unique but de gagner. Il ne pouvait cependant que rester silencieux et impuissant.

Hux haïssait la Résistance, du plus profond de son être. Il les haïssait autant qu'il aimait Kh'iarah, et la vie de sa compagne reposait désormais sur le maigre espoir qu'ils ne l'exécutent pas avant de quitter la planète. S'ils la gardaient en vie d'ici là, le Premier Ordre aurait le temps d'intervenir pour la sauver et de détruire la Résistance.

La gorge nouée, Armitage n'eut d'autre choix que d'écouter silencieusement le résistant continuer ses provocations tout en suppliant intérieurement Kh'iarah de ne pas le croire. Etonnement, Poe Dameron paraissait être un incroyable manipulateur.

- Je suppose que vous avez des choses à vous dire... fanfaronna ensuite le pilote rebelle.

Un léger crépitement traversa alors le comlink puis la voix de l'officière s'y fit entendre :

- Armitage... ?

La voix si douce et familière de Kh'iarah lui retourna l'estomac. Hux ne parvenait pas à croire qu'il faille la réentendre dans de telles circonstances, alors qu'il devait choisir entre risquer la vie de sa compagne et rendre le Premier Ordre victorieux.

Armitage tenta de chercher quoi lui répondre, au mieux de lui faire discrètement comprendre qu'il s'agissait d'une ruse et qu'il ne l'abandonnait pas réellement, toutefois sa gorge était complètement nouée. Hux ne put que difficilement déglutir et prolonger son silence en serrant le poing. Chaque seconde lui paraissait durer une éternité, seulement il ne s'écoula qu'un petit instant avant que Kh'iarah ne redemande :

- Armitage, vous allez bien ? Parlez-moi...

A l'entente de ces mots, Hux sentit des larmes menacer de lui monter aux yeux. Il n'osait même pas songer à la peur, à la trahison et à la solitude que devait ressentir sa Kh'iarah, à cause de lui.

Armitage serrait dans sa main le comlink si fort que les jointures de ses doigts en devenaient blanches. Sa mâchoire entière était crispée et son cœur se déchirait un peu plus à chaque nouvelle seconde. Il aurait aisément pu sacrifier n'importe qui, mais abandonner Kh'iarah était comme s'abandonner lui-même ou comme laisser mourir les derniers sentiments qu'il était encore capable d'éprouver. Hux se sentait complètement minable face à son impuissance.

Un nouveau craquement passa dans le comlink puis la voix du pilote rebelle se fit de nouveau entendre.

- Ici le général Dameron... fit-il lassement.

Il avait toujours imaginé Hux comme étant cinglé, mais qu'il puisse ainsi laisser tomber sa supposée compagne le dépassait. A son plus grand étonnement, le Suprême Leader finit pourtant par réagir.

- Repassez-la moi !!

Son ton paniqué laissait enfin entrevoir sa peur.

- Vous n'aviez rien à lui dire, répliqua sèchement Dameron. Nous ferions mieux de ne pas perdre plus de temps.

Frustré, le Suprême Leader lâcha une légère expiration – bien qu'inaudible pour le pilote – avant d'encore garder le silence. Hux aurait eu besoin de crier sa peur et sa rage, d'insister et de menacer autant que possible le résistant, cependant il savait que cela ne l'avancerait à rien. Encore une fois, il devait s'en tenir au plan du Premier Ordre.

Les mots de l'amiral Peavey résonnaient toujours dans sa tête et l'hypnotisaient. Après toutes ces années de travail acharné et de sacrifices, Armitage ne pouvait accepter de mettre en danger son empire. Kh'iarah allait devoir attendre.

Les yeux piquants de presque larmes, Armitage bougea le coin de ses lèvres dans un rictus désespéré. Il s'apprêtait alors à dire quelques mots à la captive lorsque la voix du pilote rebelle le coupa sèchement.

- Nous avons assez perdu de temps. Dites-lui adieu.

- Non, attendez ! Kh'ia-

Hux eut à peine le temps de terminer son mot qu'un coup de feu éclata. Deux autres détonations ne tardèrent pas à retentir à la suite dans le comlink, balayant définitivement les derniers espoirs de l'officier.

En une fraction de seconde, son monde venait de s'écrouler, le cœur du rouquin qui quelques secondes plus tôt battait la chamade lui donnait maintenant l'impression de s'être arrêté et d'avoir été poignardé. Son âme entière venait de lui être arrachée et ses doigts tenant le système comm tremblaient.

Kh'iarah...

Il ne pouvait s'agir que d'elle.

Armitage ne voulait néanmoins pas croire la mort de sa compagne, il se devait d'avoir foi en la clémence et en la fourberie des résistants. Dameron n'avait pas pu la tuer ainsi. Cela était tout simplement impossible... Kh'iarah n'avait rien à voir avec Hux, elle ne méritait pas d'être impliquée dans tout cela.

Tandis qu'il essayait de calmer sa respiration douloureuse, Armitage entreprit de se convaincre qu'il s'agissait bel et bien d'une ruse des rebelles, mais plus il y pensait et plus son cœur se déchirait et plus ses yeux s'humidifiaient.

Une seule goutte finit par tomber, glissant lentement le long de son nez. L'officier roux ne pensait plus qu'à Kh'iarah, son sourire, ses yeux, son rire... Et qu'à cause de ses choix l'une des rares personnes qu'il avait véritablement aimées venait de se faire exécuter. La voix si douce de l'officière et ses derniers mots resteraient à tout jamais gravés dans la mémoire d'Armitage.

Dameron continuait de parler mais Hux ne l'entendait plus. Il eut beau tenter de faire le vide dans son esprit pour se calmer et, point par point, se prouver que l'exécution était fausse, cela restait vain. La peur prenait systématiquement le pas sur son argumentation intérieure et le prenait à la gorge. Armitage ne comprenait même pas comment ses jambes parvenaient encore à supporter son poids. L'officier aurait voulu s'effondrer sur place et cesser de respirer pour toujours. Tout lui aurait été préférable que de devoir supporter la mort de Kh'iarah en songeant que tout avait été selon son seul et unique choix. Il l'avait faite tuer.

Ce n'est qu'après une provocation finale que le résistant raccrochait, laissant Hux toujours aussi pétrifié et anéanti.

- Suprême Leader, ne devrions-nous pas rejoindre la flotte ? Ils sont arrivés... intervint doucement l'un des troopers de sa voix robotisée, qui parut pourtant indistincte et lointaine aux oreilles de Hux.

Il se sentait aussi bien mort de peur que de tristesse. Ses soldats n'en comprenaient pas la véritable raison, mais un deuxième trooper remarqua son état. Il confirma alors hasardeusement mais gentiment ses pensées, lui assurant qu'il s'agissait à coup sûr d'un stratagème et que la générale Wayshley était toujours sauve.

Il se rappela ensuite les mots du Suprême Leader disant que la générale l'avait déçue et le soldat s'attendit à un coup de rage de son supérieur. Seulement rien ne vint, à l'exception d'un simple regard abattu. Hux ressemblait en cet instant davantage à un homme brisé qu'au chef exigeant, impitoyable et impulsif que le Premier Ordre connaissait.

- Partez... murmura-t-il faiblement aux trois soldats. Laissez-moi...

J'ai fait tuer Kh'iarah... recommença-t-il à se répéter.

Les troopers hésitèrent un petit instant, se demandant s'il fallait attendre leur Suprême Leader à l'extérieur de la salle ou s'il fallait aller accueillir le reste de la flotte et transmettre leurs rapports oraux au plus vite. Mais lorsque l'un d'eux se risqua à interroger Hux, celui-ci leur hurla de partir.

A peine se furent-ils éclipsés et la porte refermée qu'Armitage crut s'écrouler. Sa vision se troubla brusquement dans des tons de gris et de rose tandis que ses oreilles ne captaient les sons que de manières étouffées et brouillées, lui donnant une violente envie de vomir. Son corps entier était sous pression, sans compter l'impression que son cœur se consumait puis se désintégrait.

Hux alla se soutenir contre un mur et ferma les yeux, essayant à tout prix de chasser les bruits des coups de feu qui envahissaient sa mémoire.

Il ne comprenait pas sa propre réaction, jamais depuis son enfance il ne s'était senti aussi détruit. Le Suprême Leader se sentait incapable de retrouver les autres et continuer de commander son armée comme si rien ne s'était passé, mais en repensant aux paroles de son père et de Peavey il n'eut d'autre choix que de se reprendre. Il n'allait pas pouvoir rester ici à se morfondre. Le Premier Ordre attendait.

Lâchant un cri de rage, Hux se redressa et espéra oublier sa Kh'iarah un court instant, ou ne serait-ce que suffisamment longtemps pour pouvoir rejoindre le reste de ses troupes et rester efficace, mais plus l'officier attendait pour reprendre le contrôle de son esprit et plus il se sentait défaillir. Retenant un sanglot de désespoir, Armitage ferma les yeux puis patienta quelques secondes, immobile, avant de marcher avec raideur vers la porte de sortie. Peut-être que se forcer à paraître impassible l'aiderait à l'être véritablement... Il l'espérait.

Le Suprême Leader rejoignit à l'extérieur les vaisseaux déjà débarqués et retrouva ses Troopers, qui avaient déjà transmis leur rapport sur les résistants. Il monta ensuite rapidement à bord d'une navette de transport et prit place dans le cockpit, puis le vaisseau ne tarda pas à remonter dans l'atmosphère et repartir pour le Finalizer.

En quittant la planète, Hux songea à combien il haïssait Geonosis. Il se jura alors de faire cruellement payer à Remington et Boden leur trahison, ainsi que d'anéantir pour de bon et dans le sang les résistants.

***

Lorsque le Suprême Leader Hux arriva sur la passerelle principale une dizaine de minute plus tard, l'ensemble des officiers présents perçurent son mal-être. Il suffisait de regarder ses yeux remplis de rage et injectés de sang pour comprendre que son problème dépassait le simple échec stratégique. Ce qui aurait dû n'être qu'une simple mission diplomatique se retrouvait être l'un des moments les plus désagréables de sa vie. Armitage était partagé entre son ambition et sa peur pour la générale Wayshley.

En le voyant arriver, Edrison Peavey essaya d'ignorer l'état du Suprême Leader. Chercher à comprendre ce qu'il pouvait ressentir était tout sauf son métier. Il n'était là que pour le Premier Ordre. Le commandant Opan, lui, jeta un regard compatissant à son supérieur avant de reprendre son travail. Il avait eu en travaillant à ses côtés le temps de connaître Kh'iarah et de s'attacher à elle.

Peavey informa une dizaine de minutes plus tard Hux que leur plan était pour le moment une réussite ; la Résistance avait été tracée tandis qu'elle se dirigeait vers Arkanis. D'après les radars et les informations collectées, leurs derniers vestiges devaient s'y trouver. Il ne fallait plus que le Premier Ordre investisse les lieux ou bombarde la planète pour que tout soit terminé. Les rebelles se croyaient en sûreté toutefois ils ignoraient que le Premier Ordre connaissait avec précision la position de leur flotte. Partout sur le pont les officiers se dépêchaient de préparer l'attaque et coordonner les troupes.

- Préférez-vous un bombardement direct, Suprême Leader ? demanda l'amiral Peavey en s'approchant de lui. Nous serions enfin tranquilles.

Armitage marqua une légère hésitation. Si Kh'iarah était encore en vie, alors elle se trouvait aussi là-bas. Hux ne prendrait pas de nouveau le risque de la faire tuer... Si jamais elle était encore en vie.

- Arkanis est ma planète natale. Je veux pouvoir en garder un contrôle, mentit-il. Clouez les chasseurs résistants aux sols mais ne détruisez ni les passages souterrains ni leurs bases. Nous enverrons des troupes sur place.

- Nous sommes d'autant plus mieux préparés ! appuya un officier avec résolution. Cela sera un nouveau D'Qar...

Le jeune officier croisa alors le regard menaçant d'Opan. Il se reprit immédiatement, tremblant de peur :

- Un nouveau D'Qar réussi... ! Ils ne nous auront pas par la ruse.

Si Hux avait pu avoir des problèmes concernant l'échec de ce blocus passé, il était toutefois désormais trop préoccupé pour en relever la mention. Qu'importe si cette bataille d'Arkanis serait un nouveau D'Qar, un nouveau Crait ou n'importe quelle autre humiliation ; tout ce qu'Armitage voulait était anéantir pour de bon la résistance et retrouver sa Kh'iarah. La manière d'y parvenir lui était égale.

Armitage sentait que la défaite de la Résistance approchait. S'il voulait l'éradiquer, ce serait maintenant ou jamais.

Mais qu'en était-il de Kh'iarah ? Était-elle sauve... ?

*** ***

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top