Chapitre 7
Superstitious Love
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Parapluie
.•*:。✩ 9 Novembre
« Jimin-ssi, dans quel état êtes-vous donc ? Vite, installez-vous, je vais aller vous chercher une boisson pour vous réchauffer. »
Pour la troisième fois de la semaine, Jimin venait de retrouver Hoseok, dans le même petit café de leur rencontre. Aujourd'hui, le blondin était arrivé trempé jusqu'aux os, et de ses mèches claires s'écoulaient de petites gouttelettes d'eau de pluie, pendant que certaines dévalaient ses joues rebondies et s'écrasaient sur la table.
« Cappuccino noisette, comme toujours ? demanda le châtain.
– C'est ça, merci beaucoup.»
Tandis qu'Hoseok partit en direction du comptoir, Jimin s'installa. Il ôta son écharpe humide pour la déposer sur le dossier de sa chaise, ainsi que sa parka. Cela faisait presque un mois, maintenant, qu'ils se côtoyaient, et le jeune homme appréciait grandement la compagnie du plus vieux (ils avaient une année de différence). Ce dernier avait pris l'habitude d'écouter ses mésaventures, lui portant un intérêt tout particulier dont Jimin ne saisissait toujours pas la nature.
Hoseok était doté d'une incroyable gentillesse, il avait une grande ouverture d'esprit et une bienveillance inégalable. En y repensant, le mignon petit blond, de nature assez timide et réservée, n'avait eu aucun mal à nouer un lien avec lui. À force de se faire juger par les gens, il avait pourtant appris à se méfier des inconnus et à ne pas trop en dévoiler sur sa personne. Mais avec Hoseok, tout était différent. Tout s'était fait si naturellement, qu'ils n'avaient même pas eu besoin de se concerter pour multiplier, chacun, leurs venues au coffee-shop afin de se voir.
« Et un cappuccino pour monsieur Park, un ! fredonna la voix enjouée du concerné, tandis qu'il déposa la tasse devant lui.
– Combien vous dois-je ?
– Absolument rien.
– Quoi ? Oh non, laissez-moi vous rembourser, j'insiste.
– Dans ce cas, je pense qu'un sourire de votre part serait un bon compromis. »
Une jolie teinte carmine se déposa sur les pommettes de Jimin, qui tenta malgré sa gêne d'esquisser un sourire correct.
« Vous êtes adorable, prononça-t-il à voix basse.
– Ce n'est rien, voyons ! »
Après avoir illustré ses paroles par un geste de la main, Hoseok avala quelques gorgées de son thé aux coings, sans quitter son benjamin du regard.
« Bon alors, Jimin-ssi. Comment cela se fait-il que vous soyez arrivé dans cet état ? Vous n'aviez pas vu la météo ?
– Oh, bien-sûr que si, chaque matin je me renseigne sur le temps à venir. Seulement, je n'ai plus de parapluie, et mon manteau n'a pas de capuche...
– Qu'est-il devenu ?
– Mon parapluie ? »
Hoseok hocha doucement la tête et Jimin répondit :
« Je me le suis fait voler.
– Voler ? Mais comment ? »
Jimin soupira doucement, avant de se lancer dans un nouveau récit :
« Lorsque j'avais dix ans, j'ai lu dans un article qu'ouvrir un parapluie ou une ombrelle dans une maison portait malheur. Sur le moment, je n'ai pas du tout vu le rapport, ni même compris en quoi cela pouvait attirer la malchance. C'est vrai ! Autant, l'histoire du Diable et de l'âme, il y a du concret. Pour la croyance concernant les cimetières, les pouces sont les doigts parents de la main, c'est donc logique que ceux-ci représentent nos propres géniteurs. Mais le parapluie... Pourquoi ?
N'ayant eu aucune information supplémentaire là-dessus, j'ai donc eu cette stupide idée d'essayer et d'en juger par moi-même. Un soir, j'ai pris le parapluie de mon père et l'ai ouvert en plein milieu du salon. Eh bien je peux vous dire que ça n'a pas loupé et que j'ai tout de suite compris en quoi c'était déconseillé de le faire.
Pendant la procédure d'ouverture de cet objet maléfique, un vase s'est renversé et a fini explosé sur le sol. En me retournant (un peu trop vivement sous le coup de la surprise), j'ai marché sur un débris et me suis ouvert le pied. Rendez-vous aux urgences, je suis sorti de l'hôpital avec cinq points de suture et des béquilles pendant six mois. J'en porte encore la cicatrice aujourd'hui.
Depuis, hors de question d'en ouvrir à nouveau un en intérieur. De ce fait, j'ai pris l'habitude, n'ayant pas de balcon, de le laisser sécher dans la cour intérieure de mon immeuble. Malheureusement, régulièrement, je me le fais dérober. J'ai alors fini par inscrire mon nom, bien en vue sur sa toile, afin que les autres locataires sachent à qui il appartient, mais rien à faire, mon bien disparait à chaque fois. Voilà pourquoi, aujourd'hui, je n'en ai plus. »
Jimin, légèrement honteux, baissa la tête une fois son monologue fini. Il avait déjà peur de la réaction de son interlocuteur. La plupart des gens lui disaient que c'était ridicule, qu'il n'avait qu'à le rentrer chez lui, plié, et de le faire sécher dans sa baignoire. Mais le jeune homme ne voulait pas non plus tremper le sol de son appartement, alors on le traitait de maniaque ou l'on disait de lui qu'il ne faisait aucun effort.
Pourtant, Hoseok ne prononça rien de tel, à aucun moment. Il conserva un certain silence, le temps de prendre une gorgée de sa boisson chaude, puis se mit à sourire gentiment.
« La prochaine fois que nous nous verrons, je vous ramènerai de chez moi un imper que je ne mets plus. Ce ne sera pas forcément la solution la plus esthétique, mais il est assez large et transparent, alors vous pourrez l'enfiler sans problème par-dessus votre manteau. »
Touché par cette attention, Jimin releva ses petits yeux embués sur son aîné et murmura d'une voix tremblante :
« C'est gentil... Mais ne vous sentez pas obligé de faire ça pour moi. On ne se connaît pas encore beaucoup et-
– Ça me fait plaisir ! Et puis entre nous... Les parapluies, c'est bien trop dangereux. Saviez-vous qu'une fois j'ai manqué d'éborgner quelqu'un avec l'une des baleines ? Oh, il faut que je vous raconte ! Sacrée histoire... »
Et tandis qu'Hoseok se lança à son tour dans la narration d'une de ses aventures, le cœur de Jimin se réchauffa, essuyant les dernières gouttes de pluie qui refroidissaient encore son être.
❧ La superstition du parapluie date du XVIIIe siècle. À cette époque, le mécanisme des premiers parapluies était assez dangereux. L'armature étant relativement tranchante et les ressorts ayant pour habitude de se détacher souvent, les blessures étaient fréquentes. Afin d'éviter les drames, les gens ont fini par préférer ouvrir leurs parapluies dans des espaces dégagés, en extérieur donc, et ce simple souci de prudence est avec le temps devenu une croyance.
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Faites un geste solidaire. Cotisez-vous pour offrir à Jimin un imper digne de ce nom.
J'déconne, Hobi est là pour ça.
À dimanche prochain ♡
Astëlya
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